http://www.usinenouvelle.com/article/le ... le.N338017Les Etats-Unis pourront-ils conserver leur place de premier producteur mondial de pétrole ?
Usine Nouvelle le 25 juin 2015,
En 2014, les Etats-Unis sont devenus les premiers producteurs pétroliers. Pour Sandrine Cauvin, gérante chez Turgot AM, cette situation pourrait être transitoire. La production de pétrole de schiste à 70-75 dollars par baril pourrait ne pas supporter la guerre de prix lancée par l’OPEP en vue de récupérer des parts de marché, juge l’analyste.
D’après le dernier BP Statistical Review, les Etats-Unis sont devenus le premier producteur de pétrole en 2014, en tenant compte de la production de brut et la production de liquides de gaz naturel, dépassant ainsi l’Arabie Saoudite et la Russie. Alors que la production totale au niveau mondial a augmenté de 2,1 millions de barils par jour (Mb/j) en 2014, la production des Etats-Unis augmenté de 1,6 Mb/j l’an dernier, et a atteint 11,64 Mb/j, alors que la production de l’Arabie Saoudite est restée stable, à 11,5 Mb/j. La Russie est en troisième position, avec 10,84 Mb/j.
Les Etats-Unis ont ainsi réduit leur dépendance au pétrole du Moyen-Orient (importations en baisse de 20% depuis 2010) grâce au développement des pétroles de schiste.
Il nous semble que cette situation est transitoire compte tenu de la guerre de prix lancée par l’OPEP en vue de récupérer des parts de marché. Pour analyser la situation, prenons un peu de hauteur. La production de pétrole de schiste américaine ne représente actuellement que 5% de la production mondiale de pétrole et selon l’Agence de l’Energie Américaine (EIA), les réserves prouvées actuelles, à environ 10 milliards de barils, n’assurent que deux années de consommation américaine. La production de pétrole de schiste américaine reste donc marginale en dépit de la forte croissance qu’elle a connue ces dernières années. C’est donc un "game changer" à court terme mais le restera-t-elle à plus long terme ?
300 puits en Arabie Saoudite, 300 000 aux Etats-Unis
Il convient de souligner la forte intensité capitalistique de ces pétroles de schiste, qui nécessitent un nombre de forages très important, bien plus conséquent que pour les pétroles conventionnels en raison d’un taux de déplétion bien supérieur à près de 50% contre 5% pour le conventionnel. Cet épuisement rapide des forages impose un renouvellement permanent de ces derniers, et donc des investissements constants. A titre d’exemple, il faut environ 300 puits à l’Arabie Saoudite pour produire 11 Mb/j alors qu’il en faut 30 000 pour produire le même niveau de production de pétrole de schiste.
L’industrie des pétroles de schiste aux Etats-Unis est composée essentiellement de petites compagnies dont les conditions de rentabilité sont différentes de celles des grandes compagnies pétrolières qui ont elles aussi investi dans ce secteur. Si, pour certains forages réalisés par Exxon le seuil de rentabilité est à 45 dollars le baril, il est bien plus élevé pour les petites compagnies, estimé entre 70 et 75 dollars.
Ces dernières réalisent leurs investissements avec un très fort effet de levier bancaire. Le développement des pétroles de schistes a donc été rendu possible dans un environnement de prix du pétrole élevé, bien au-dessus des cours actuels et dans un contexte de taux bas, qui a permis au secteur de se financer à moindre coût. Dans un environnement où les taux vont commencer à remonter et avec des prix du pétrole qui vont rester faibles, les sociétés productrices de pétrole de schiste pourront elles continuer à investir ? Les Etats-Unis pourront-ils dans ce contexte maintenir leur rang de premier producteur mondial ? L’avenir le dira.
Sandrine Cauvin est gérante chez Turgot Asset Management
alors 30 000 ou 300 000 puis aux Etats Unis ? Contradictore dans le texte.