Je rejette certainement le consumérisme, tout au moins en tant qu'idéologie. J'abhorre le réflexe qui consiste à vouloir toujours plus toujours moins cher, parce que je suis matérialiste dans l'autre sens : j'aime qu'on respecte ce qu'on a la chance d'avoir et qu'on le fasse durer, et qu'on prenne conscience de l'abondance sans pour autant en abuser.Cela me ramène au sujet du fil: s'intéresser au PO est-il pathologique?
Je ne pense pas. Ceux qui s'y intéressent sont généralement des gens qui rejettent le consumérisme, ou le système capitaliste, ou encore la société industrielle et technologique. Je ne vois pas, à priori, en quoi cela serait une forme de "névrose". Simplement ils ont des valeurs différentes de celles de la majorité.
Je rejette sûrement aussi le système capitaliste. Purement appliqué, il ne ressemble à rien d'humain (dans le sens "humane" du terme, en anglais). D'ailleurs, les sociétés où on prend soin des plus faibles, où l'on a des assurances et des filets de sécurité comme le chômage, des indemnités, des impôts, ne me paraissent bonnes que justement parce qu'elles s'éloignent du plus pur dogme de l'offre et de la demande. Celà ne veut pas dire que je souhaite une gestion de type communiste (du moins pas sans le pendant démocratique), ni que je pense que l'agent doit être alloué à tous; simplement, il y a un juste milieu.
Par contre, justement pour ces raisons, je ne rejette en rien la société industrielle et technologique. Je considère que toutes les avancées technologiques sont des bienfaits, bien sûr avec une tendance à l'ambivalence. Ce qui est bon dans certaines situations peut se révéler nocif dans d'autres, ou lorsqu'on en use à l'excès. On peut citer par exemple la pilule contraceptive qui a permis des progrès phénoménaux de la maîtrise des naissances, de la vie des femmes, de la liberté et de la sécurité. Cependant, on peut regretter les pollutions aux hormones qui en résultent. Un autre exemple est la sempiternelle voiture. Ma grand-mère a vécu à la campagne, a eu la polio pendant l'enfance et en a gardé des séquelles toute sa vie. Comment aurait-elle pu aller faire ses course sans voiture? Voilà un exemple de nécessité de transport motorisé, et on peut en citer beaucoup : ambulances, livraisons... Tout ça pour dire que c'est justement parce que je me considère comme matérialiste, mais matérialiste respectueusement et lucidement, que j'aime notre société industrielle et technologique. C'est ce qui me fait peur pour le pic, pour les problèmes du réchauffement. J'aimerais qu'on puisse garder le côté vertueux du progrès en en gommant les excès, et qu'on poursuive sur cette base après. En résumé, je trouve que notre société industrielle et technologique a bien des défauts mais qu'il faut admettre que à l'instant présent les avantages sont en tête; il faut cependant l'améliorer pour qu'on ne les perde pas quand les inconvénients auront pris le dessus et nous laisseront sur le c*l...
On a encore tant à découvrir, et ça me fait peur qu'on revienne en arrière. Non, je ne veux pas perdre ma pilule contraceptive. Non, je ne veux pas devoir rationner le savon. Oui, je souhaiterais qu'on garde le pétrole pour les ambulances et la confection des tubes qui servent aux chimiothérapies, aux seringues qui permettent d'injecter des médicaments, au transport d'antibiotiques. J'aimerais qu'on garde l'électricité pour alimenter les machines qui permettent d'utiliser les ressources avec parcimonie (lessive collective et vaisselle, etc...).
Donc en résumé, je ne me considère pas du tout comme névrosée. Il me semble que dans toute chose il y a du bon et tu mauvais, qu'on se doit d'observer les faits rationnellement, ce qui implique qu'il faut se tenir au courant des possibles évolutions futures. On peut apprécier les bienfaits de certaines choses tout en souhaitant que d'autres meurent. Ce n'est pas forcément une haine de notre société actuelle qui peut nous pousser à examiner le PO ou le RC ou d'autres prévisions énergétiques à moyen terme qui peuvent bouleverser notre vie. Et on peut le faire tout en rejetant certains aspects mais en appréciant d'autres aspects.