pragma tic a écrit :Bonjour,
Le scénario en dents de scie avait été prédit par un courant majoritaire sur ce forum, mené par Gillesh38, qui avait posé le principe d’une déplétion lente, conduisant à une évolution lente des comportements, eux même régulés de petite crise en petite crise suivante. (Autrement dit, après les cycles de croissance, les cycles de décroissance).
C’est en effet le scénario qui a commencé, avec une première crise en 2008.
Mais je doute de la continuité de ce scénario, peut-être encore une ou deux dents, mais je doute de plus.
Sur un plan théorique, d’abord : ce scénario postule un fonctionnement social représentatif de l’économie, c’est à dire que si l’économie va, tout va. Et donc, si l’économie ne connaît que de petites crise, tout va.
Oui, mais ça c’est la vision de monsieur tout le monde, qui est bien lointaine de la réalité.
Car dans la réalité, l’économie est une représentation des flux économiques que produisent nos sociétés, et rien de plus. Autrement dit, dans l’esprit de monsieur tout le monde, s’il y a beaucoup de flux économiques, tout va bien.
Seulement voilà, quiconque s’intéresse au fonctionnement social constate qu’il repose sur deux variables interdépendantes, qui sont : la quantité de richesses produites (ce dont on vient de parler), et la manière dont ces richesses sont réparties, et dans la réalité, c’est cette seconde variable qui est fondamentale.
Sans vouloir m’enfoncer dans la théorie, ce que j’essaie d’expliquer ici c’est que les petites baisses de quantité produite (la petite déplétion) prévues permettre une adaptation lente de nos sociétés dans l’esprit du scénario dentaire, ne permettront réellement une adaptation que si la moindre quantité produite est répartie de manière acceptable par tous.
Et là, il y a un énooooooorme problème, que je résumerai simplement, en disant que certains auront plus de facilités que d’autres à préserver leurs acquis, et que ces autres n’admettront peut-être pas sans rien dire ces facilités, ce qui risque de faire naître certaines tensions, nuisibles au fonctionnement social, et donc à l’économie, et ce, indépendamment du niveau ou elle se situera à ce moment.
Pour résumer, les tenants des dents de scie estiment que la décroissance sera le contraire de la croissance. Economiquement parlant, c’est incontestable. Socialement parlant, c’est une autre affaire.
Alors, il y a une dent qui risque d’être beaucoup plus longue que ne le prévoient les tenants de la théorie dentaire.
Sur un plan pratique, maintenant.
En 2008, première dent, à 147 dollars le baril. Ce qu’a révélé cette dent, c’est que la croissance de la production n’avait pas réussi à suivre la croissance de la demande. On ne parle donc pas encore de déplétion, il est encore possible que la production monte plus haut qu’elle n’a fait en 2008. Comme prévu par la théorie dentaire, le prix s’est effondré jusqu’à 35 dollars, puis, de façon plus surprenante pour la dite théorie, est remonté assez rapidement jusqu’à 70 dollars. Raison : L’OPEP s’est imposé des quotas, de manière à faire remonter le prix à ce niveau. Pourquoi cela ? Il semblerait bien que le coût de production marginal du baril (le prix du 85 millionième baril quotidien, quoi) soit actuellement de ce niveau de prix, compte tenu des investissements nécessaires pour le localiser, l’extraire, et le rendre consommable. Il en résulte que pour simplement maintenir la production en service sur les sites « chers » type sables bitumineux, il ne faut pas que le prix du baril descende durablement sous ce niveau de prix. Or 70 dollars, c’est déjà cher. Ca nous ramène à 2007, même s’il faut pondérer de l’inflation. Et les 85 dollars actuels, c’est du prix fin 2007, ça …
Clairement, alors que nous n’avons franchi qu’une « dent » et que nous n’avons peut-être pas encore entamé la déplétion pétrolière (en tous liquides) la marge entre le coût minimal de production possible et le coût maximal de fonctionnement économique supportable se fait déjà étroite.
Au point qu’une question pertinente à l’heure actuelle est : y aura-t-il seulement une seconde dent ? Car l’économie mondiale est mal en point.
Même aujourd’hui, avec une reprise annoncée partout, et un chômage qui devrait commencer à se résorber, la situation n’est pas claire. Car cette reprise a été obtenue au moyen d’investissements économiques monstrueux, qui ont mis à mal les finances publiques des pays. Qui vont devoir rapidement réduire leur train de vie, au risque de mettre à mal la reprise en question. Alors que le taux de chômage est encore très élevé partout …
On voit aisément à cette description que le principe dentaire proposé serait fonctionnel si l’économie (et la société) récupérait pleinement entre deux crises.
Ce serait le cas si le pétrole redescendait vraiment, on sait maintenant que ce ne sera plus le cas, ou qu’alors il y aurait de la casse chez les producteurs, qui à terme génèrerait de la casse partout dans un système aujourd’hui mondialisé.
Au vu de la « petite crise » même pas forcément déplétionnaire que nous testons depuis 2008, on voit bien que ça n’est pas gagné, loin de là.
Ou plutôt, ce qu’on va immanquablement gagner tôt ou tard, (maintenant ? la prochaine dent ? la suivante ?) c’est un crash économique mondial, à partir duquel il devient très difficile de conjecturer quoi que ce soit.
Ok avec toi comme je l'avais précisé, la théorie de la décroissance économique douce qui suivrait la déclin énergétique mondial est possible que si socialement ça suit dans le calme et la compréhension
Mais là j'ai des doutes...
Il suffit de voir les grèves pour la fermetures d'une usine, le refus d'une hausse de salaire de 2 % ou le refus des zones noires en vendée ou le refus d'un controle de la natalité !