Bonjour,
papy_russe a écrit :ce qui me gêne un peu dans vos explications , Bruno, c'est la déconnexion que vous faîtes entre la réalité et l'économie. ...
Bonne remarque, Papyrusse ! Et bonne réponse de Bruno, qui précise son positionnement, sans le modifier j’en conviens, réponse que je vais intégrer dans mon développement.
En fait, cette remarque ne concerne pas que Bruno, mais tout ceux qui s’appuient sur la macro économie pour leurs positionnements. Songent-ils toujours à les recroiser avec la réalité ?
Je vais m’employer à le faire pour eux, ça contribuera peut-être à mettre en lumière certains enjeux du débat, et d’autres approches entraînant des compréhensions différentes et des conséquences bien différentes !
Alors, voici comment je me permets de représenter les positionnements de nos amis économistes :
A) La monnaie crée la richesse (qui semble découler de : « le crédit crée le dépôt »)
B) La manière dont est répartie la monnaie, en raison de son mode de création, est dès lors un problème majeur (mais pas forcément unique même si majeur pour Bruno),
Conséquence : il faut prioritairement modifier le mode de création / répartition monétaire en vue de remettre en fonctionnement l’économie.
Alors, sur le A) : Dans nos modes de fonctionnement, je comprends aisément comment on peut en arriver à cette conclusion, il suffit d’estimer que le cycle économique commence par l’investissement. Ceci serait imparable si l’investissement était toujours nécessaire, ce qui n’est pas toujours le cas. L’investissement, même lorsqu’il est nécessaire, n’est pas toujours obligatoirement monétaire, et sort ici également de cette modélisation. Enfin, il me parait évident qu’une fois l’investissement réalisé, le processus de production/vente prend soin d’intégrer les besoins nouveaux en investissement, de sorte qu’une fois un processus de production lancé, la question de l’investissement ne se pose plus, elle est dans le prix. Ce dernier point me semble concerner plus de 95% de la production de richesse à un moment M !
De plus, il me semble bien que les processus de création de richesse sont antérieurs à ceux de l’usage monétaire, ce qui impliquerait qu’il resterait à démontrer le retournement qui aurait eu lieu …
Passons au niveau supérieur du positionnement de nos interlocuteurs économistes sur ce point.
L’économie est en difficulté car des agents n’ont plus assez de monnaie pour mettre en œuvre l’investissement … (car il est mal réparti : point B).
Ici, ce qui m’interpelle, c’est qu’il y a seulement trois ans, en 2007, la question ne semblait pas se poser. L’économie fonctionnait, chacun semblait avoir suffisamment de monnaie pour réaliser ses investissements. Qu’est-ce qui a changé ? Est-ce le mode de création/répartition de la monnaie ? Pas que je sache !
Ici, chacun apportera la réponse qui lui conviendra. Moi je crois que ce qui a changé, c’est que le pétrole (entre autres matières premières et énergies) a augmenté fortement de 2005 à 2007. Et encore plus en 2008. Avec une conséquence que j’ai bien vue, une forte poussée inflationniste, que j’ai estimée à 4% annualisée lorsque j’ai dû rembourser de l’argent prêté à titre gratuit. 4 % l’an ! Beaucoup l’ont certainement oublié, mais à ce moment, nos amis pêcheurs, routiers et agriculteurs ont grondé un bon coup, se retrouvant, d’après eux, en difficulté. Nul doute qu’il n’en ait été de même, à un moindre niveau, pour beaucoup de monde. Ne serait-ce pas ici, plutôt, qu’il conviendrait de chercher ce qui a changé, et le pourquoi des difficultés actuelles ? Nos difficultés actuelles ne seraient alors que le contre coup de cette brève mais traumatisante période, avec pour effet que chacun se préoccupe davantage de renforcer son épargne que d’investir, en prévision de la prochaine « flambée inflationniste » ?
Sur le B) : La manière dont est répartie la monnaie (richesse ?), par son mode de création, est un problème majeur.
Il se trouve que je suis en capacité à modéliser le fonctionnement social, très simplement (deux contraintes interactives), ceci sans quitter le cadre étroit du consensus scientifique en science humaines, et que cette modélisation aboutit à une conclusion très simple, qui est que la distribution des richesses est très certainement quasi optimisée, car elle s’auto optimise en période de stabilité politique. (Et ça fait quand même 60 ans de stabilité concernant notre société).
Dès lors, si tant est que ma modélisation soit pertinente, ce que je crois, soit les modifications que vous préconisez tiennent leur place dans ce processus d’auto optimisation (ce que je crois sans peine concernant certains abus de grandes banques), et elles auront un effet positif socialement parlant, mais mineur, soit elles ne font pas partie de ce processus auto optimisationnel, et elles auront plus d’inconvénients que d’avantages, et entraîneront un effet contraire à celui attendu.
En clair, chers interlocuteurs économico modélisateurs, je vous soupçonne de croire que la monnaie est une richesse, quand elle n’est pour moi qu’un outil qui ne fonctionne que dans une plage d’étroites conditions qu’il convient de préserver (association de la création monétaire à la création de richesses autant que faire ce peut), et il en découle que pour moi vous cherchez des solutions à ce j’estime n’être qu’un symptôme du vrai problème, celui de la baisse de la productivité du travail par la difficulté d’accès à la ressource en matières premières et énergies, et non pas des solutions à ce que j’estime être le vrai problème.
Avec pour conséquence que si vous ne voyez pas le vrai problème, vous ne risquez pas de chercher des solutions pour le résoudre. Je crois qu'il n'y en a plus, d'ailleurs.
Mais je ne suis sûr de rien !
Feu sur le malotru !
Il est plus tard que vous ne pensez.
Votre plan B est mon plan A.