Israël frappe l’Iran : de hauts responsables militaires tués, des sites nucléaires touchés
Article de Par P.B., Jé. M. et J.M. avec Reuters 13 juin 2025
Une action « préventive ». C'est ainsi qu'Israël a qualifié ses frappes en Iran qui ont visé des dizaines de cibles « militaires et nucléaires » dans la nuit de jeudi à vendredi, notamment le site de Natanz. « Notre combat n'est pas contre le peuple iranien, notre combat est contre la dictature iranienne », a déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, ce vendredi 13 juin. L'Iran, de son côté, a répliqué avec « environ 100 drones » lancés en direction du territoire israélien ? d'après Tsahal ? quelques heures après que la République islamique a promis une « réponse forte ».
Alors que les négociations se poursuivaient entre Téhéran et Washington, l'État hébreu assure qu'il était urgent d'agir, affirmant que le régime des mollahs disposait de suffisamment de matière fissible pour fabriquer 15 bombes nucléaires en l'espace de quelques jours. Israël a proclamé l'état d'urgence, s'attendant à une riposte de Téhéran, même si un certain mystère plane sur ses capacités militaires. Washington, de son côté, a évoqué une action « unilatérale » à laquelle les États-Unis « ne participent pas ».
Quelles cibles ont été visées ?
« Nous nous trouvons à un moment décisif dans l'histoire d'Israël », a déclaré le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, dans une allocution enregistrée. Israël a visé des scientifiques iraniens qui développaient une bombe nucléaire, le programme de missiles balistiques de Téhéran, ainsi que le site d'enrichissement d'uranium de Natanz dans le cadre d'une opération prévue pour durer plusieurs jours, a-t-il précisé. D'après les médias locaux, au moins six experts scientifiques sur le sujet du nucléaire sont morts pendant l'attaque. Sur des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, on voit de la fumée noire s'élever du site de Natanz.
D'après l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), aucune hausse des niveaux de radiation n'a été constatée sur le site d'enrichissement d'uranium de Natanz. C'est le directeur général de l'instance, Rafael Grossi, qui l'a annoncé sur ses réseaux sociaux, reprenant des informations transmises par les autorités iraniennes.
« Après l'attaque préventive menée par l'État d'Israël contre l'Iran, une attaque de missiles et de drones contre l'État d'Israël et sa population civile est attendue de manière imminente », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, dans un communiqué. De son côté, le général de brigade Effie Defrin, porte-parole de l'armée, a annoncé dans un message télévisé que les pilotes israéliens « ont attaqué et continuent d'attaquer des cibles militaires et des cibles liées au programme nucléaire dans diverses régions d'Iran ».
Quels responsables iraniens ont été éliminés ?
Les frappes israéliennes ont également visé des responsables militaires. Les médias d'État iraniens ont confirmé la mort du commandant des gardiens de la Révolution, Hossein Salami. Le chef d'état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, a également été tué, a confirmé la télévision nationale d'État de Téhéran après un premier démenti, ainsi que plusieurs responsables du programme nucléaire. Selon des sources de Reuters, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, est en vie.
Quelle est la réaction de Téhéran ?
Téhéran a accusé Israël d'avoir frappé des cibles civiles, affirmant que des enfants faisaient partie des victimes dans la capitale. En réponse à l'attaque israélienne, l'Iran a promis une « réponse forte ». L'Iran a par ailleurs averti que les États-Unis seront tenus pour « responsables des conséquences de l'attaque d'Israël ».
Quelques heures après ces déclarations, « environ 100 drones » ont été lancés sur Israël, d'après l'État hébreu. Des pilotes de chasse et le Dôme de fer étaient en train d'essayer de les intercepter.
Quelle est la réaction de Washington ?
« Ce soir, Israël a mené une action unilatérale contre l'Iran. Nous ne participons pas aux frappes contre l'Iran et notre priorité absolue est la protection des forces américaines dans la région. Israël nous a informés qu'il considérait cette action comme nécessaire à sa légitime défense », a déclaré dans un communiqué le secrétaire d'État américain Marco Rubio. Les Américains ont averti Téhéran de ne pas s'attaquer à leurs intérêts au Moyen-Orient. Donald Trump a convoqué une réunion d'urgence de son cabinet.
Quelles sont les réactions internationales ?
Quelques heures après l'attaque, Keir Starmer, Premier ministre britannique, a appelé à un « retour à la diplomatie » et à une « réduction des tensions », jugeant les frappes israéliennes « préoccupantes ». Et d'ajouter : « La stabilité au Moyen-Orient doit être la priorité. C'est le moment de faire preuve de retenue, de calme et de revenir à la diplomatie. »
De son côté, le Japon a été le premier pays à réagir, condamnant « fermement » les frappes israéliennes en Iran, qui marquent pour Takeshi Iwaya, le chef de la diplomatie japonaise, « une escalade ». Il a également déclaré à la presse qu'il était « extrêmement regrettable que des mesures militaires aient été prises alors que les efforts diplomatiques sont en cours », exhortant « toutes les parties concernées à faire preuve de la plus grande retenue ».
La Jordanie a, quant à elle, indiqué fermer son espace aérien et immobiliser tous les avions. Elle a également déclaré qu'elle n'autorisera aucune violation de son espace aérien dans le cadre d'un quelconque conflit, après les frappes lancées par Israël.