L'Inde à court de charbon
RFI le : 04/05/2022 Par : Marie-Pierre Olphand
'exploitation minière de Jharia, en Inde, est une mine de charbon à ciel ouvert. Getty Images/Daniel Berehulak
L’Inde est en manque de charbon. Face à la canicule et à des stocks trop bas, le pays se voit dans l’urgence d’augmenter ses importations. Un objectif qui pourrait faire grimper les prix mondiaux déjà très hauts.
Les besoins de l’Inde sont énormes. 37 millions de tonnes d’ici fin octobre, dont 19 millions de tonnes d’ici juin. C’est l’objectif que s’est fixé le gouvernement. À charge des importateurs privés et publics de l’appliquer.
Le volume demandé vise à répondre à la plus grave crise énergétique du pays depuis au moins six ans. Une crise accentuée par une canicule historique, qui fait tourner les climatiseurs plus que d’ordinaire et qui entraîne une pression supplémentaire sur les stocks de charbon. Ils étaient déjà très bas ces derniers mois et depuis ils ne cessent de fondre. Pour plusieurs des 165 centrales, ils ne seraient plus que d’un seul jour et au moins 8 ont été arrêtées depuis ce week-end.
La production locale plus faible que prévu
L’Inde, deuxième importateur mondial, n’avait pas anticipé une demande si forte, et malgré la volonté des autorités de développer les énergies renouvelables, le pays dépend toujours à plus de 70 % du charbon.
La pression démographique et l’élévation du niveau de vie font augmenter continuellement les besoins.
La production nationale de charbon – l’Inde est le deuxième producteur, derrière la Chine –, n’est pas suffisante pour combler le manque, d’autant qu’elle est même en deçà des objectifs fixés par les autorités. Pour le seul mois d’avril, le pays a produit 7 % de moins que prévu, soit 61,7 millions de tonnes au lieu de 66,8 escomptées.
La demande indienne risque de peser sur les prix
New Delhi va devoir importer massivement et à un prix fort au vu des coûts du fret maritime. Son salut viendra peut-être de la Russie, qui pourrait vendre à bon prix son charbon si le débouché européen venait à se fermer.
Cette demande indienne devrait tendre un peu plus les prix mondiaux, et peut-être les faire revenir au niveau historiquement haut du mois de mars. À 325 dollars la tonne, ils sont déjà trois fois plus élevés que la moyenne de 100 dollars observée ces dernières années : l’envolée des prix du gaz a poussé de nombreuses centrales thermiques dans plusieurs pays à repasser au charbon, dont les prix ont été automatiquement tirés vers le haut.