Après quelques années de pratique de ces peurs on se doit de constater qu'elles sont complètement insensées :
- la peur du peak oil n'a pas empêché la croissance de la production et de la consommation de pétrole
- La peur du RCA coincide avec la croissance des émissions de CO2 et une ridicule hausse de 0.8°C de la température moyenne en 150 ans
- Le coronavirus après bientôt 3 mois de développements sauve plus qu'il ne tue
Quand des hurluberlus annoncent une catastrophe, on doit se réjouir, c'est probablement que la situation va s'améliorer!
Les peurs instrumentalisées au cours des âges :
http://www.gymnasedeburier.ch/site/imag ... e_peur.pdf
Selon la psychologie évolutionniste, nos peurs reposent sur des mécanismes parfaitement adaptés… à l'aube de l'Histoire. Nous sommes programmés pour fuir le danger visible et évident. Face à un ours agressif, celui qui commencera par calculer la probabilité de se faire attaquer afin de déterminer l'action optimale se retrouvera décapité avant d'avoir pu ébaucher un seul geste. Celui qui a peur, lui, se réfugiera en lieu sûr.
Dans l'environnement primitif, la peur augmentait les chances de survie. La théorie de l'évolution expliquerait alors que cette capacité à avoir peur ait été transmise de génération en génération : les individus imperméables à cette émotion seraient tout simplement morts avant d'avoir pu procréer. Mais pourquoi craignons-nous plus certains dangers que d'autres? Revenons sur l'exemple des «risques terrifiants». La peur prononcée qu'ils nous inspirent pouvait s'avérer rationnelle dans un environnement hostile, pour une humanité émergeante se limitant à un nombre restreint de petites tribus. Un risque qui emporte un nombre important d'individus d'un seul coup aurait alors pu signifier l'extinction du groupe, voire de l'espèce. A contrario, un risque qui fait le même nombre de victimes, mais régulièrement réparties dans le temps, représentait une menace bien moindre pour la survie du groupe. La peur reste d'ailleurs parfois bénéfique dans notre monde actuel : j'ai peur de l'accident de voiture, donc je réduis ma vitesse ; j'ai peur du sida, donc j'utilise un préservatif ; j'ai peur de me faire agresser, donc j'évite les quartiers dangereux…
Mais nos sociétés sont devenues si complexes et les risques ont tellement changé de nature, que nos peurs sont parfois mauvaises conseillères. Aujourd'hui, cette émotion est parfois adaptée, notamment dans deux types de situations : celles qui sont trop complexes à analyser, mais aussi celles qui requièrent une action très rapide… Lorsque nous n'avons pas le temps ou les capacités d'exercer notre raison, la peur se révèle être une bonne «heuristique», un bon moteur de décision et d'action - au sens que le psychologue allemand Gerd Gigerenzer et son équipe de l'institut Max-Planck pour le développement humain à Berlin ont donné à ce terme.
Plutôt que d'entreprendre un raisonnement élaboré, la peur nous enjoint à un comportement simple, rapidement applicable et parfois adapté (la fuite, la prévention, etc.). Parfois, mais pas toujours. Notre environnement contemporain diffère significativement de celui dans lequel nous avons évolué. Pensons aux bousculades meurtrières lors de paniques générales, comme à Bagdad en 2005, lorsque des centaines de pèlerins sont morts noyés après qu'une rumeur d'attaque kamikaze les a incités à se jeter dans le fleuve… Dans une foule, la panique crée plus de mal qu'autre chose. Par ailleurs, la peur latente générée par le terrorisme tue bel et bien : comme l'a estimé Gerd Gigerenzer dans un raisonnement apparemment paradoxal, il y a eu plus de morts supplémentaires (en comparaison des années antérieures) par accidents de voiture aux États-Unis dans les douze mois suivant les attentats du 11 Septembre que de victimes dans les quatre avions détournés.
Parce que les gens ont eu tendance à prendre davantage la voiture que l'avion, quand celle-ci est moins sûre. Mais il est temps d'en revenir à moi, Homo sapiens phobicus tout désorienté. Après la découverte de ces études, j'ai donc décidé de prendre de bonnes résolutions. Dorénavant, je préfère prendre les transports en commun pour aller au travail, je choisis de limiter ma consommation d'alcool et de tabac, j'ai la ferme intention de me débarrasser de mon arme à feu et de me protéger du soleil.