Œufs de batterie : le marché et les industriels leur tournent le dos
Est-ce dû à l’obligation de mention du mode d’élevage et à des consommateurs qui privilégient les œufs de poules élevées en plein air, toujours est-il que la tendance semble de plus en plus favorable à ces derniers. Ainsi, alors qu’il n’y a pas si longtemps, en France, 80 % des œufs provenaient d’élevage en batterie, aujourd’hui leur part serait tombée à 60 % dans le secteur de la grande distribution.
Mieux encore, souvent sous la pression d’associations de protection des animaux (GAIA, PMAF, etc.), de plus en plus d’enseignes tournent le dos aux œufs de batterie. Ainsi, Mac Donald’s, dont 95 % des 123 millions d’œufs utilisés en Europe proviennent déjà de poules élevées en plein air, devrait proscrire à 100 % les œufs batterie de 23 pays de l’Union européenne, d’ici 2010. Autre géant de l’alimentation, Unilever, avec un volume de 475 millions d’œufs par an, est également en train de s’affranchir de la production des élevages en batterie pour la fabrication de ses mayonnaises et autres sauces commercialisées (Maille, Amora, Hellmann’s, Calvé). Ce sera le cas dès 2010 pour la plupart des pays d’Europe de l’Ouest et dès 2012 dans la totalité des pays de l’Union européenne.
Dans ce contexte, la Belgique est à la pointe, notamment grâce à un important lobbying des associations de bien-être animal. GAIA y a recensé 12 sociétés qui ont banni les œufs de batterie : Makro, Colruyt, Delhaize, LIDL, Aldi, Sodexo, IKEA, McDonald’s, Quick, Carestel, Panos et Carrefour. Ce dernier groupe, numéro un de la distribution en Belgique, vient en effet d’annoncer que depuis le début du mois ses différentes enseignes (Carrefour, GB et Express) ne commercialisaient plus que des œufs provenant d’élevages en plein air (soit plus de 100 millions d’œufs par an). Si officiellement la décision a été prise pour des "raisons de bien-être animal", Lars Vervoort, le responsable communication de Carrefour, reconnaît toutefois que "Le fait que le consommateur approuve cette initiative rend la transition plus aisée, même si des adaptations opérationnelles majeures sont liées à celle-ci".
Si avec ces décisions, ces différentes marques anticipent l’interdiction d’élever des poules pondeuses en batteries à partir de 2012 dans l’Union Européenne, elles font également le choix de l’élevage "plein air" quand l’Europe propose aux éleveurs le concept de "cages enrichies" où les poules bénéficient d’un peu d’espace supplémentaire, d’un grattoir pour leurs pattes et d’un nid en plastique.
Pour mémoire, depuis le 1er janvier 2004, chaque boîte d’œufs doit mentionner en toutes lettres le type d’élevage (souvent écrit en très petits caractères). De même, chaque œuf doit comporter la mention du type d’élevage, avant les 2 lettres correspondantes au pays de production. On distingue 4 possibilités :
- chiffre "0" : œufs de poules élevées en plein air (les volailles peuvent se déplacer librement, sur une surface correspondant à un minimum de 4 m2 de terrain extérieur par poule) selon un mode d’alimentation biologique ;
- chiffre "1" : œufs de poules élevées en plein air (les volailles peuvent se déplacer librement, sur une surface correspondant à un minimum de 4 m2 de terrain extérieur par poule) ;
- chiffre "2" : œufs de poules élevées au sol (élevage intensif où les poules vivent à l’intérieur au sol, sans cage, avec un maximum de 9 poules par m2) ;
- chiffre "3" : œufs de poules élevées en cage (soit un espace individuel maximal de 25x24cm au sol, pour 18 poules au m2).