par Tiennel » 15 avr. 2006, 16:56
En direct de boursorama :
L’avis de quelques experts du secteur :
- Emmanuel Ferry, économiste chez Exane : « La probabilité d’un pétrole à 100 dollars le baril progresse ». « L’augmentation structurelle des prix du pétrole repose fondamentalement sur une problématique d’accès aux réserves (accès à une offre sécurisée, prime de risque géopolitique) et une mauvaise allocation des ressources (les faibles investissements ne sont pas dans la région du Golfe persique). Les trois grandes problématiques de long terme (demande, offre, transport) sont durablement haussières pour les cours du pétrole. Elles justifient pleinement un prix d’équilibre des cours du pétrole revu constamment en hausse, processus qui est favorable à l’extension des énergies alternatives, mais qui augmente les risques d’une nationalisation de la rente pétrolière et/ou d’une taxation accrue des profits des compagnies pétrolières. Certes, les investissements réalisés depuis 2002 vont se traduire par une offre additionnelle à partir de 2007, supposée reconstituer les marges de manoeuvre des pays producteurs (dont OPEP). Mais les aléas géopolitiques peuvent à tout moment remettre en cause ce scénario consensuel d’excès d’offre par rapport à la demande. C’est la raison pour laquelle la thèse d’un pic des cours du pétrole brut au-delà des 100 dollars le baril gagne en probabilité. »
- Olivier Rech, économiste à l’Institut français du pétrole : « Il est normal que le prix continue à monter » . « On se situe dans la continuité des années précédentes. En 2003, nous avions un ensemble de contraintes ponctuelles (comme le Venezuela, le Japon ou encore l’Irak) qui ne devaient pas prendre d’ampleur. Mais en 2004, la demande chinoise a explosé. L’année 2004 a totalement redistribué les cartes. Les surcapacités, qui existaient dans les pays de l’OPEP comme dans l’industrie du raffinage et qui n’avaient pas été voulues, ont brutalement disparu. L’OPEP s’est retrouvée dans l’incapacité de réguler les prix à la hausse comme à la baisse en raison de la perte de ses capacités de production excédentaires. 2005 a confirmé la tendance et a été amplifié par des problèmes spécifiques de raffinages (indépendamment des ouragans aux Etats-Unis). La demande ne se calmant pas et progressant toujours, il est normal que le prix continue de monter. 2006 n’échappe pas à la règle, dans la mesure où les contraintes structurelles sont toujours présentes, voire exacerbées, et que la demande mondiale est en constante augmentation. Le prix du pétrole peut croître tant que les revenus des consommateurs le permettent et que la croissance économique mondiale reste soutenue. A fin 2006, nous devrions connaître un prix du baril autour de 73-75 euros. Ce qui est essentiellement en jeu c’est le prochain cycle pétrolier, à savoir la décennie 2010, sur laquelle nous avons quelques raisons d’être un peu pessimistes sur le prix du baril ».
- Jean-Charles Lacoste, économiste chez CASA : « La hausse est préoccupante ». « La récente hausse du cours du baril est évidemment préoccupante car nous atteignons des sommets historiques. Les fondamentaux des marchés pétroliers ne justifient pas ces niveaux de prix. Aujourd’hui les tensions géopolitiques sont très fortes avec l’Iran et une éventuelle intervention des Etats-Unis ou de l’Onu. Il faut noter que l’Iran est le 4ème producteur mondial de brut et le 3ème exportateur mondial. Une intervention en Iran se traduirait vraisemblablement par une rupture d’une partie de la distribution de pétrole. Aujourd’hui, nous sommes dans ce que nous pouvons appeler le « 3ème choc pétrolier » mais le marché est correctement approvisionné. Peu de pays sont capables de se substituer à la production iranienne. Il y a également d’autres contraintes géopolitiques au Venezuela (renégociation des contrats avec les compagnies pétrolières), en Bolivie (nationalisations), au Nigeria (rébellions limitant la production),... Depuis décembre 1998, plus bas historique avec moins de 9 dollars le baril, le prix a été multiplié par 9. Cela est du à la forte augmentation de la demande en provenance de la Chine, des Etats-Unis et de l’Inde, ainsi qu’à une difficulté de la production à suivre cette croissance. Il n’a jamais été facile de prévoir le prix du pétrole mais aujourd’hui nous sommes face à une grande incertitude ».
Propos recueillis par Lucie Morlot
En direct de boursorama :
[quote][b]L’avis de quelques experts du secteur : [/b]
- Emmanuel Ferry, économiste chez Exane : [b]« [color=red]La probabilité d’un pétrole à 100 dollars le baril progresse »[/color][/b]. « L’augmentation structurelle des prix du pétrole repose fondamentalement sur une problématique d’accès aux réserves (accès à une offre sécurisée, prime de risque géopolitique) et une mauvaise allocation des ressources (les faibles investissements ne sont pas dans la région du Golfe persique). Les trois grandes problématiques de long terme (demande, offre, transport) sont durablement haussières pour les cours du pétrole. Elles justifient pleinement un prix d’équilibre des cours du pétrole revu constamment en hausse, processus qui est favorable à l’extension des énergies alternatives, mais qui augmente les risques d’une nationalisation de la rente pétrolière et/ou d’une taxation accrue des profits des compagnies pétrolières. Certes, les investissements réalisés depuis 2002 vont se traduire par une offre additionnelle à partir de 2007, supposée reconstituer les marges de manoeuvre des pays producteurs (dont OPEP). Mais les aléas géopolitiques peuvent à tout moment remettre en cause ce scénario consensuel d’excès d’offre par rapport à la demande. C’est la raison pour laquelle la thèse d’un pic des cours du pétrole brut au-delà des 100 dollars le baril gagne en probabilité. »
- Olivier Rech, économiste à l’Institut français du pétrole : [b]« [color=red]Il est normal que le prix continue à monter [/color]»[/b] . « On se situe dans la continuité des années précédentes. En 2003, nous avions un ensemble de contraintes ponctuelles (comme le Venezuela, le Japon ou encore l’Irak) qui ne devaient pas prendre d’ampleur. Mais en 2004, la demande chinoise a explosé. L’année 2004 a totalement redistribué les cartes. Les surcapacités, qui existaient dans les pays de l’OPEP comme dans l’industrie du raffinage et qui n’avaient pas été voulues, ont brutalement disparu. L’OPEP s’est retrouvée dans l’incapacité de réguler les prix à la hausse comme à la baisse en raison de la perte de ses capacités de production excédentaires. 2005 a confirmé la tendance et a été amplifié par des problèmes spécifiques de raffinages (indépendamment des ouragans aux Etats-Unis). La demande ne se calmant pas et progressant toujours, il est normal que le prix continue de monter. 2006 n’échappe pas à la règle, dans la mesure où les contraintes structurelles sont toujours présentes, voire exacerbées, et que la demande mondiale est en constante augmentation. Le prix du pétrole peut croître tant que les revenus des consommateurs le permettent et que la croissance économique mondiale reste soutenue. [b]A fin 2006, nous devrions connaître un prix du baril autour de 73-75 euros.[/b] Ce qui est essentiellement en jeu c’est le prochain cycle pétrolier, à savoir la décennie 2010, sur laquelle nous avons quelques raisons d’être un peu pessimistes sur le prix du baril ».
- Jean-Charles Lacoste, économiste chez CASA : [b]« [color=red]La hausse est préoccupante[/color] ». [/b]« La récente hausse du cours du baril est évidemment préoccupante car nous atteignons des sommets historiques. Les fondamentaux des marchés pétroliers ne justifient pas ces niveaux de prix. Aujourd’hui les tensions géopolitiques sont très fortes avec l’Iran et une éventuelle intervention des Etats-Unis ou de l’Onu. Il faut noter que l’Iran est le 4ème producteur mondial de brut et le 3ème exportateur mondial. Une intervention en Iran se traduirait vraisemblablement par une rupture d’une partie de la distribution de pétrole. Aujourd’hui, nous sommes dans ce que nous pouvons appeler le « 3ème choc pétrolier » mais le marché est correctement approvisionné. Peu de pays sont capables de se substituer à la production iranienne. Il y a également d’autres contraintes géopolitiques au Venezuela (renégociation des contrats avec les compagnies pétrolières), en Bolivie (nationalisations), au Nigeria (rébellions limitant la production),... Depuis décembre 1998, plus bas historique avec moins de 9 dollars le baril, le prix a été multiplié par 9. Cela est du à la forte augmentation de la demande en provenance de la Chine, des Etats-Unis et de l’Inde, ainsi qu’à une difficulté de la production à suivre cette croissance. Il n’a jamais été facile de prévoir le prix du pétrole mais aujourd’hui nous sommes face à une grande incertitude ».
Propos recueillis par Lucie Morlot [/quote]