(suite et fin)
Du coup, avec tout cela, on est quand même un peu dubitatifs lorsque la guide conclut en disant que « Mais sinon, on a quand même une super production dans la serre ».
Et bien quoi ? Peut on se baser sur une impression due à des bestioles sur certaines plantes pour douter qu'il y ait une "super" production (disons plutôt "normale", le jardinnier montre là un enthousiasme qu'ont perdu depuis longtemps les exploitant agricoles blasés par le temps)? Pas très scientifique non plus, cette impression...
Ce qui n'empêche pas que je déplore l'absence de chiffres fournis...
Les dégâts dus aux bestioles, ça arrive aussi même avec pesticides, et ça arrivera tant que les légumes pousseront, on peut supposer.
aussi par l'étalage de non-production vivrière auquel nous venons d'assister ce matin,
Bon. Il y en a sûrement, des productions . Les photos n'ont pas été prises, c'est bien dommage.
J'ai connnu ça : le point de vue d'un même jardinier peut changer rapidement, selon comment évolue la santé des plantes, selon les plantes, selon qu'il soit ou non de bonne humeur. Avec une production diversifié, vous diront tous les paysans, il y a des choses qui réussissent une année, et d'autre non, c'est toujours ainsi.
Pour ces visiteurs, l'à priori était défavorable, ils ont surtout vu les dégats.
Petit calcul : 10 jours X 6 heures par jour X 150 personnes = 9 000 heures de travail gratuit par an
Les 6 h de travail par jour sont probablement majorée. Le travail n'est pas seulement dans les champs, il inclut aussi la transformation, la cuisine (étape qui se valorise assez chère en restauration).
Certes, supposons qu'il y ait 2000 heures, pour 2 tonnes de légumes, ça continue de faire cher , y compris tout prêt cuisiné servi...
TetH : Voilà c'est tout un ensemble, c'est une ferme polyculture élevage
AFIS07 : C'est énorme 4 à 5 ha pour ici
J'ai pas trop compris, je croyais que c'était la campagne mais après vue sur la carte : c'est assez peuplé, et peu de paturage.
Alors, il n'y a pas d'élevage sur la ferme, mais il y a du fumier du voisin, rien ne dit qu'il n'y a pas d'échange ou contre-don pour cette matière.
D'autres expériences existent. Certes, je conçois que les même personnes, déçues par cette visite, n'auront pas envie d'aller les chercher, étant plus loin. C'est tout à fait normal.
Par exemple, John Jeavons explique la microagriculture bio-intensive.
http://kokopelli-semences.fr/articles/john_jeavons (le nom de la conférence ayant inspiré celui d'une association montreuilloise)
Il donne des chiffre dans ses livres, y compris en temps de travail.
Il parle du temps de reconstitution d'un sol.
En effet, c'est trop loin pour vérifier...
Plus généralement, on peut distinguer 3 bilans pour établir la soutenabilité d'un type d'agriculture :
-rendement à l'ha
-rendement par heur travaillé
-rendement par ressource consommée. Notamment énergie et eau. Sur l'énergie, je suis bien plus calé, sur l'eau, moins. Cependant j'aurai tendance à dire que n'est pas soutenable un système qui consomme plus d'eau qu'il n'en tombe dans une zone accessible.
Concernant l'énergie a long terme , les systèmes sur la consommation de pétrole ne peuvent perdurer. Qu'il y ait des ressources fossiles pour 40 ou 200 ans, je pense que l'Afis sera d'accord pour dire qu'elles ne sont pas illimitées, ni ne vont au delà de deux siècles, et donc ça reste extrêmement limité par rapport à l'histoire de l'humanité, et qu'il y a un sérieux problème à baser notre alimentation sur la consommation de pétrole (qu'il soit pour aujourd'hui, comme le pensent certains, ou qu'il se pose dans plusieurs décennie, on se heurtera au même problème, à une fin inéluctable : manger indirectement du pétrole n'est pas durable).
Il en va de même pour la moto-mécanisation, qui allège bien le travail humain notamment pour les grandes cultures; à moins qu'un peu d'agrocarburant puisse entrer durablement dans le cycle.
On pourrait ajouter d'autre points comme critère de rendement, comme la consommation (ou création) de sol. Il semble que ce problème soit oublié de l'Afis. Et ce n'est pas aussi simple que
"pourquoi diable les agriculteurs conventionnels continuent à dépenser autant d'argent en intrants coûteux, si c'est si simple et que ce n'est qu'une question de « revitalisation »."
La dégradation des sols est quelque chose de mesurable, de réel.
L'Afis cite, sans commenter ni donner son avis presque, les propos sur le sol. Une sélection de termes comme "on revivifie le sol" sont laissés ainsi, laissant sous-entendre (en l'absence d'approbation ou réfutation) qu'il s'agit là de propos nébuleux sans importance. Je ne pense pas que l'Afis ait pris la mesure du problème.
Pour information, en grande culture, certains agriculteurs avec des centaines d'ha (et le souci de la rentabilité) ont pris le problème à bras le corps. Ils ont cessé le labour, pratiquent le semis sous couvert végétal. Pour certains ça marchent, évidemment pas tous tout le temps; mais cette pratique gagne du terrain. Ils réduisent progressivement les intrants, en plus de la suppression du labour. L'objectif pour beaucoup d'entre eux est de se passer complètement d'intrant. L'apport d'azote se fait par engrais vert, ou parfois légumineuses rases permanentes. La paille est restitué au sol. Ces apport de carbone et azote font un mulch permanent qui protège de l'érosion, offre la matière pour la vie des vers de terre qui aérent le sol par leurs galeries.
Chez T et H, ce sont des principes d'action commun, qui reprend aussi cette idée commune de créer du sol et laisser vivre les organismes (microbes, vers de terre), pour ceux qui travaillent à petit échelle.
Les membres de l'afis disent que TetH n'a pas à donné de leçons aux paysans africains, cependant, ils utilisent cet article pour servir leur soupe en faveur des engrais, des biocides, de la mécanisation pour les pays pauvres. D'autres recettes ont fait leur preuve...de toute façon, tout cela est lointain, je suggère qu'on ne s'en occupe pas, et qu'on pose uniquement la question de nous nous nourrir nous sous notre climat tempéré, à partir des exemples que nous avons aussi ici, accessibles et vérifiables.
Pour en revenir à l'idée de revoir les lieux qui présentent une alternative et étudier avec un regard acerbe s'il s'agit de quelque chose de crédible, je peux citer en région Rhône-Alpes ces endroits : le jardin de Terre Vivante, où il n'y a plus d'utilisation (ou presque?) de produit de traitement, même ceux autorisés en bio. Pour de très bon résultats à les croire(à voir cependant s'ils ont fait des mesures)
Comme tentative pour un autre organisation du travail , nous avons "Côté jardin", près de Lyon, où un jardinier à mi-temps fournit les légumes d'environ 100 personnes...et celles-ci sont engagées à venir travailler un certains nombre de jour par an. Cela existe depuis plusieurs décennies.
Des agriculteurs en semis direct sous couvert végétal, d'autre qui pratiquent l'agroforesterie (les arbres offrent un bon paillage de feuilles), ça doit pouvoir se trouver aussi localement, si le sujet de la régénération des sols venait à intéresser l'Afis.
Les Amap, on en trouve partout. En tout cas, à ce qu'on peut évaluer, on peut largement se nourrir en France sans mettre le sol sous perfusion d'engrais, pourvu de réduire le gaspillage alimentaire, et la quantité de viande consommée (sans parler de végétarisme). Il n'y a pas forcément de réflexion, ou de moyens d'action sur la sauvegarde des sols, cependant la diversité des productions et la taille des exploitation évite les biais du "bio industriel" évoqué, comme le hors-sol bio...