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par CP3 » 11 mars 2019, 19:39
Selon moi , là où les considérations d' Aurélien Barrau sont dangereuses , c' est sur ce sujet là :
Extrait : " Mais il n’y a pas que sur le plan politique que le discours d’Aurélien Barrau s’égare. S’il cite correctement quelques symptômes du désastre écologique en cours, sur lesquels il n’est pas utile de revenir, son diagnostic, dans l’ensemble, est plus que discutable. Ainsi lorsqu’il affirme que la destructivité dont fait actuellement montre la civilisation industrielle serait « endémique à ce que nous sommes », puisque « on sait que, même dans un passé lointain où nous étions encore chasseurs-cueilleurs, dès qu’une zone de la planète se trouvait colonisée par les humains, la macrofaune était massivement décimée. Souvent avec une volonté explicite d’extermination » (citation tirée de son appel publié sur Diacritik). Or, même en admettant qu’une partie des extinctions de la mégafaune (il écrit macrofaune, mais pense probablement à la mégafaune) du Pléistocène soit partiellement imputable à certains groupes humains (et pas à tous, ainsi qu’il semble le suggérer, amalgamant ainsi toute l’humanité dans un simplisme grossier), et sachant que nous restons ici dans le domaine de l’hypothèse, de l’incertitude, contrairement à ce que suggère son « on sait que », d’autant qu’une partie de la communauté scientifique formule une autre hypothèse selon laquelle le changement climatique serait davantage à blâmer, il est franchement grotesque de parler de « volonté explicite d’extermination », comme si les registres archéologiques disaient quoi que ce soit des volontés des humains de l’époque. En outre, dans plusieurs endroits du monde, la macrofaune n’a pas été anéantie, notamment dans certaines régions de l’Afrique et de l’Asie, malgré une très longue cohabitation avec l’espèce humaine. D’ailleurs, ceux qui tenaient à affirmer que l’être humain est un tueur-né recouraient souvent à l’argument selon lequel l’arrivée d’Homo sapiens coïncidait partout avec la disparition de la mégafaune qui s’y trouvait. Seulement, les découvertes archéologiques récentes ne cessent de repousser les dates d’arrivée d’Homo sapiens ici et là, et l’on sait désormais qu’en Australie, par exemple, la mégafaune a cohabité avec l’espèce humaine pendant au moins 17 000 ans[4]. La date d’arrivée d’Homo sapiens aux Amériques risque fort d’être repoussée elle aussi[5]. Bref, à partir d’une affirmation fausse il tire une conclusion fausse, selon laquelle la destructivité de la société industrielle est « endémique à ce que nous sommes ». Conclusion qui lui permet d’affirmer que le capitalisme n’est « pas le principal problème », d’autant qu’il a « aussi des vertus ». Et l’on retombe ici sur sa mauvaise analyse sociopolitique du problème. "