le QI moyen de la population

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Re: le QI moyen de la population

Message par GillesH38 » 25 oct. 2023, 10:10

si on remet à jour l'échelle régulièrement, oui :)
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Re: le QI moyen de la population

Message par LeLama » 25 oct. 2023, 12:07

Vu la facon dont le sujet est posé, je crois qu'on a le droit a de petites digressions :mrgreen:

tita a écrit :
24 oct. 2023, 10:15
Une vidéo de science étonnante l'expliquait:

https://www.youtube.com/watch?v=RVB3PBPxMWg
Pour moi, les méthodes telles que décrites dans cette vidéo ne sont pas une solution. Elles sont le problème. J'ecris parfois à mes étudiants de premiere année au premier cours la formule : QUANTITE_APPRISE = TEMPS_DE_TRAVAIL x NIVEAU_DE_CONCENTRATION.

J'ai beaucoup expérimenté depuis 20 ans, pour moi-même et pour mes etudiants. J'en suis rendu à l'idee qu'il n'y a absolument rien qui puisse permettre de gagner du temps, ou de faire plus efficace, et que la formule précédente est indepassable. Le seul enjeu pédagogique est de mobiliser la volonté et la concentration des étudiants, ou la notre quand on apprend.

Chaque fois qu'on met une methode en place, on perd du temps, on s'ajoute des contraintes, on applique des regles formelles qui remplissent le temps par du vide, et les 2 termes de l'equation précédente se dégradent. Je prends l'exemple de la boite de Steiner qui est discutée dans la video. Sur le court terme, tu prends du temps pour faire ta boite, pour remplir tes fiches, puis pour chercher ta boite et te mettre au travail. Ensuite, il est demandé 7 repetitions. Pourquoi 7 ? Si ca marche au bout de 3, c'est idiot d'en refaire, ca demotive. Et peut etre qu'il y a des données qu'on ne cherche pas a memoriser au maximum, parce qu'on n'en aura pas besoin pour longtemps et qu'on pourra l'oublier 3 semaines apres sans inconvénient, et que 2 repetitions suffisent pour un objectif moins ambitieux.

Il propose ensuite de fixer l'intervalle de temps entre 2 répétitions à une journée. Cette règle générale est absurde aussi, car ça depend du contexte. Si tu affrontes un sujet hyper-compliqué que tu ne connais pas bien, tu auras besoin de plusieurs jours de repos voire plus d'une semaine entre les passes. Ca depend aussi du temps que tu veux consacrer et du moment ou tu auras besoin de restituer. Quand je prepare un cours difficile, je le prepare 3 ou 4 jours avant, et je le relis en diagonale une heure avant le cours. C'est ce qui me va le mieux, et c'est different de ce qu'il annonce.

C'est un peu le probleme des methodes. Sur le plan qualitatif, elles apportent peu, car ce sont des remarques en général bien connues par échange d'experience. Les musiciens savent qu'ils doivent espacer les apprentissages, interrompre un morceau pour le reprendre plus tard. J'ai lu sur des forums l'expression "mettre le morceau au frigo". Le pb arrive ensuite, quand on veut quantifier et dire qq chose de précis pour transformer ces remarques bien connues en une méthode. Ca depend des gens et du contexte, de la tache... J'apprends finalement plus du partage d'experience dans un contexte précis ( par exemple, ta facon de retenir les prenoms est interessante) que par ces methodes générales qui tournent a vide.

L'autre inconvenient de ces methodes, c'est que l'apprentissage devient une corvee, et le temps de travail s'en ressent et diminue. J'ai appris de la biologie par mes lectures pendant la crise sanitaire. Si je m'etais imposé la contrainte d'une boite de Steiner au fil de mes lectures, j'aurais vite abandonné. Ce n'est pas jouable. Le plaisir est une variable clé, je ne vais pas transformer ma vie en une corvée ou je vérifie mes connaissances par des boites de Steiner.

On peut reflechir au contexte qui permet de maximiser les valeurs des termes de l'equation que j'ai ecrite : se construire un environnment plaisant, avoir un environnment culturel riche qui va eclairer le chemin et permettre de passer les points de blocage, etre au clair sur ses objectifs et ses motivations, trouver un rituel de travail, des taches qui soient adaptées a notre niveau... Mais ça dérape quand on veut systématiser et transformer ces remarques en une methode. Il vaut mieux ama décliner au cas par cas.

Ce qui est frappant pour moi, c'est que les personnes qui ont un bon niveau dans une discipline n'utilisent pas de "methode". Juste elles travaillent et elles echangent leurs experiences avec d'autres. C'est parfois la double peine pour les etudiants : ils ont moins de facilités que nous, et en plus ils subissent des méthodes couteuses et rébarbatives que les profs ne s'appliquent pas à eux-mêmes. J'ai un copain qui résumait par une phrase lapidaire la tendance de l'enseignement moderne : " La situation empire parce qu'à chaque problème, on remplace une unité de travail par une unité de méthodo à la con". Formulation excessive sans doute, mais y'a un fond de vérité.

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Re: le QI moyen de la population

Message par nemo » 26 oct. 2023, 14:40

D'expérience sans plaisir dans le processus d'apprentissage celui-ci devient inefficace à des degrés divers parfois jusqu'à rendre le résultat complétement nul. Dans le cas des analphabète à l'école par exemple au de là d'un certain seuil d'humiliation rien (ou presque) ne peut plus vaincre les "noeuds" de souvenir déplaisant (les engrammes pour ceux qui connaissent). Quand l'apprentissage est nécessaire sans être plaisant du à diverse obligation une méthode sera une aide car elle va structurer le temps consacré lui donnant un début, un milieu et une fin. Cela permet de "tenir" à travers le processus déplaisant. Après l'idéal est de rendre ça aussi plaisant que possible mais c'est parfois mission impossible...
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Re: le QI moyen de la population

Message par Glycogène » 27 oct. 2023, 00:32

LeLama a écrit :
25 oct. 2023, 12:07
les méthodes telles que décrites dans cette vidéo ne sont pas une solution.
Tu n'as pas bien compris.
L'objet principal de la vidéo n'est pas les méthodes d'apprentissage, mais le fonctionnement de l'apprentissage.
On peut en déduire des méthodes pour apprendre, ou plutôt pour détecter où est le problème quand on n'arrive pas à apprendre. Mais ce ne sont pas des méthodes magiques, ce sont juste des idées pour ceux qui galèrent. Pour les autres, en effet ça peut juste ajouter une perte de temps.

Malgré que ce qui est dit dans cette vidéo (comment fonctionne l'apprentissage + qq méthodes générales) est connu de beaucoup de profs, on ne m'en avait jamais parlé aussi explicitement (pourtant ma mère était instit et sait tout ça, mais ne m'en a jamais parlé explicitement, elles m'a juste parlé des méthodes qui en découlent et que je n'avais pas besoin d'appliquer consciemment).
Ca m'a permis d'enfin comprendre pourquoi j'arrivais facilement à apprendre et comprendre un nouveau cours en classe, mais pas tout seul. Comme j'étais bon élève, parfois je voulais prendre de l'avance en regardant les cours suivant dans le bouquin, mais impossible de vraiment comprendre aussi bien qu'en classe. Pourtant en classe je m'ennuyais souvent, ça n'allait jamais assez vite.
Le truc c'est qu'en classe, il y avait plein de sorte de stimuli, une notion était vue selon différents points de vue, je devais formuler des réponses, etc. Et visiblement j'étais incapable de simuler au moins un peu cela en étant seul.

Pour la répétition de l'apprentissage de plus en plus éloigné, je ne le faisais pas volontairement, mais sans faire exprès. On voit un nouveau cours en classe. Le lendemain le prof répond aux question de ceux qui n'ont pas bien compris => révision à +1 jour. Puis corrections d'exercices 2 ou 3 jours plus tard : révision à +3-4 jours. Etc. Le tout en ayant toujours suffisamment compris, c'est à dire sans avoir trop oublié, car j'avais bien compris dès le début. Ca donne la courbe idéale expliquée dans la vidéo. Ceux qui mettent 5 jours à comprendre le cours ratent le début de la courbe, c'est foutu pour apprendre sans faire exprès, ils sont obligés d'ajouter volontairement des révisions, mais dont la diversité de stimuli et point de vues est souvent plus faible, ça demande plus de travail, c'est plus chiant et plus fatiguant, et si les résultats ne sont bons, ça démotive, etc.

Par contre en arrivant en prépa ce n'était plus la même. Beaucoup moins de révisions sans faire exprès, et de toute façon vu le volume de nouvelles connaissances, on ne peut pas compter sur les révisions sans faire exprès, il faut les organiser.
LeLama a écrit :
25 oct. 2023, 12:07
QUANTITE_APPRISE = TEMPS_DE_TRAVAIL x NIVEAU_DE_CONCENTRATION.
Ben non, ce n'est pas ce que je constate pour moi.
Bien sûr, toute chose égale par ailleurs, si on fait juste varier le niveau de concentration, ou le temps de travail, on aura une corrélation entre la quantité apprise et la concentration ou le temps de travail.
Mais il n'y a pas que le temps de travail et la concentration qui interviennent dans la quantité apprise. Comme expliqué dans la vidéo, on peut obtenir une quantité apprise identique pour un temps de travail plus faible et une concentration identique (voire plus faible aussi), si le temps de travail est réparti judicieusement.
Et c'est comme ça qu'il faut réagir quand on ne comprends pas alors qu'on y a déjà passer un certain temps : arrêter de passer du temps à comprendre aujourd'hui, laisser passer une nuit ou 2 avant d'y revenir, prendre un autre point de vue, un autre type de stimuli, etc.

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Re: le QI moyen de la population

Message par LeLama » 27 oct. 2023, 01:43

Glycogène a écrit :
27 oct. 2023, 00:32
Et c'est comme ça qu'il faut réagir quand on ne comprends pas alors qu'on y a déjà passer un certain temps : arrêter de passer du temps à comprendre aujourd'hui, laisser passer une nuit ou 2 avant d'y revenir, prendre un autre point de vue, un autre type de stimuli, etc.
Pour moi, ca passe dans la case concentration. On ne garde pas la même concentration quand on comprend et quand on ne comprend pas. Dans un colloque, quand l'exposé n'est pas bon ou trop loin de leur specialité, les auditeurs décrochent. Je vais te raconter une anecdote à ce sujet. Quand j'étais thésard, j'étais impressionné, parce que je croyais que tout le monde comprenait les exposés. Puis, j'ai commencé à poser des questions aux autres auditeurs. Et souvent quand c'etait peu compréhensible, on me répondait "je ne sais pas, j'ai pas suivi". Tu peux faire l'experience : essaie de lire un livre dans une langue que tu ne comprends pas, tu ne vas pas garder ton attention longtemps.

Idem pour le changement de stimuli. On perd la concentration devant qq chose de repetitif comme quand on regarde un film plusieurs fois de suite. Quand il ne se passe rien de nouveau, c'est l'ennui, et la concentration baisse. Un bébé ou un jeune enfant jette les choses par terre pendant des jours, et observe avec attention ce qui se passe. Puis tout d'un coup, il se rend compte que ce n'est plus assez nouveau, que la chute sur le sol devient prévisible. Alors presque du jour au lendemain, il arrete de lancer les choses par terre, son esprit ne se concentre plus sur l'objet qui tombe, et il cherche un autre stimulus.

Peut etre on se comprend mal sur le sens du mot concentration. La concentration, ce n'est pas le volontarisme. C'est un état mental qui nous met en prise avec ce qu'on étudie, de sentir un flux de travail. On est pleinement a la tache, on a mis le doigt sur l'objet, et on ne le lache pas, parce qu'on sent comme le bébé qui jette un objet qu'il se passe qq chose qu'on veut comprendre. Si on appelle concentration cet etat mental du jeune enfant qui s'investit entierement pour comprendre qq chose, ca n'arrive pas quand on ne comprend pas ou que les choses patinent trop longtemps.

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Re: le QI moyen de la population

Message par LeLama » 27 oct. 2023, 02:31

Glycogène a écrit :
27 oct. 2023, 00:32
LeLama a écrit :
25 oct. 2023, 12:07
les méthodes telles que décrites dans cette vidéo ne sont pas une solution.
Tu n'as pas bien compris.
L'objet principal de la vidéo n'est pas les méthodes d'apprentissage, mais le fonctionnement de l'apprentissage.
Tu peux remplacer methodes par resultats scientifiques. Il veut discuter de l'apprentissage comme une discipline scientifique, il repete plusieurs fois qu'il a lu des papiers scientifiques. Et pour moi, l'education n'est pas une science qui donne des vérités. C'est un art, qui mele savoirs, representations culturelles, relations interpersonnelles, projections et objectifs... Je le vois avec les collegues. Nous avons des objectifs differents, donc des methodes differentes. Un exemple concret. Mon fils tracait en primaire les traits a la main sans regle, et trouvait que le temps passé ne valait pas le gain esthétique. La plupart des instits et autour de moi, on me disait qu'il fallait lui imposer la regle. Bof... Je vois mes etudiants qui prennent trop longtemps a faire la moindre figure avec leur regles, pfff, alors qu'il pourraient faire a main levée. J'ai choisi de demander a mon fils ce qu'il préférait, de le faire réfléchir sur la question. Je voulais à la fois qu'il affronte la question, mais en meme temps qu'il ait son libre arbitre, parce que je voudrais qu'il soit plus tard un adulte qui reflechit plutot qu'un adulte qui obéisse. Un choix pédagogique n'est jamais bon ou mauvais, ça depend beaucoup des objectifs et de nos représentations politiques a la fin. L'idee même d'optimiser son apprentissage est un point de vue culturel. L'auteur de cette vidéo croit viser l'objectivité, mais il véhicule sans s'en rendre compte des valeurs de petit bourgeois corvéable qui optimise son apprentissage pour avoir des bonnes notes. Le mot plaisir est étrangement absent alors que c'est une clé pour apprendre beaucoup.

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Re: le QI moyen de la population

Message par GillesH38 » 27 oct. 2023, 08:06

c'était mon point justement, je ne pense pas que l'échec du groupe était du au fait que les choses étaient trop difficiles à mémoriser. Je pense qu'il est dû juste à une proportion trop grande de gens qui s'en fichent un peu et ne font pas le petit effort nécessaire à la mémorisation, parce qu'ils ne considèrent pas que c'est super important. C'est pas un reproche, c'est juste une constatation.

Ce que je disais, c'est que si même un truc aussi simple et bébête on n'arrive pas à avoir la coopération d'une quarantaine de personnes, qui peut avoir l'illusion que ce sera possible de faire coopérer des milliards de personnes sur ces choses bien plus difficiles à admettre ?
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Re: le QI moyen de la population

Message par kercoz » 27 oct. 2023, 08:50

LeLama a écrit :
27 oct. 2023, 02:31
.... La plupart des instits et autour de moi, on me disait qu'il fallait lui imposer la regle. Bof... Je vois mes etudiants qui prennent trop longtemps a faire la moindre figure avec leur regles, pfff, alors qu'il pourraient faire a main levée. J'ai choisi de demander a mon fils ce qu'il préférait, de le faire réfléchir sur la question. Je voulais à la fois qu'il affronte la question, mais en meme temps qu'il ait son libre arbitre, parce que je voudrais qu'il soit plus tard un adulte qui reflechit plutot qu'un adulte qui obéisse........
Il y a eu une débat radio ces jours ci sur ce sujet avec les auteurs d' un livre psycho-pédago sur la question du trop de choix .....surprenant et déstabilisant ... Pour les jeunes enfant l'abondance de choix déstabilise et traumatise ....La phrase que j'ai retenu de ce long entretient c'est que : "Le choix s'apprend" ...c'est une activité non entièrement inné qui nécessite (obligation) un apprentissage.
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Re: le QI moyen de la population

Message par mobar » 29 oct. 2023, 08:27

https://palingenesie.com/le-discernement-francois-bert/
Suffit-il d’être intelligent pour prendre de bonnes décisions ?

« Un chef, ça ne court pas ! » Ce fut, écrit François Bert, dans Le discernement, l’une des premières phrases qu’il a entendues en tant qu’officier parachutiste à la Légion étrangère. Si le chef se met à courir, ce qu’il récolte c’est la panique. L’état d’agitation générale de nos sociétés requiert, pour y résister, un retour au rythme de la vie réelle et du discernement.

C’est la faute à Descartes et à son « je pense, donc je suis » (et, avant lui, à Platon et, après lui, à Hegel). Non seulement ils ont fait de l’idéologie un substitut à la réalité, mais ils ont aussi fait dévier la pensée de l’axe du temps. Au fait, qu’est-ce que la réalité ? François Bert en propose trois règles. Premièrement : « on commande à la nature en lui obéissant » (il ne s’agit pas ici de porter Gaïa au pinacle, mais simplement de tenir compte, par exemple, de la loi de la gravité, Icare l’a ignoré à ses dépens). Deuxièmement : « créer, ce n’est pas inventer ce qui n’existe pas, c’est écouter l’évidence cachée derrière ce qui existe déjà » (Newton n’a pas « inventé » la gravité, sa réalité en a préexisté l’énoncé). Troisièmement : « ce qui est juste dans l’ordre de la pensée, c’est ce qui est complet ; ce qui est juste dans l’ordre de l’action, c’est ce qui est simple » (c’est « passer de la carte au voyage », des multiples possibles au chemin à suivre).

Ignorer ces trois règles condamne à s’égarer. C’est en grande partie ce qui explique l’état dans lequel se trouve la vie politique. Hauteur de vue, indépendance, silence propice à la réflexion et temps donné au temps l’ont cédé à la communication et à la loi de circonstance. François Bert parle d’un « refuge irrésistible et addictif » pour le personnel politique sous la pression des médias, eux-mêmes soumis à la sensation (dans tous les sens du terme). Or, il faut vivre au contact des gens et des événements pour comprendre que « rien n’est acquis, rien n’est facile, rien n’est tout blanc » et que les réalisations valent bien mieux que les déclarations. De plus, si la légitimité de l’Etat repose sur la prospérité, la justice et l’épanouissement culturel et spirituel, il est coupable pour ses dirigeants de se disperser ailleurs. Le souci de l’image et une communication fébrile, par simple besoin d’exister, agissent à contretemps. Exister par l’image est ce qui engendre la dispersion.

Le discernement, c’est autre chose. François Bert le définit par « l’art de donner aux choses la portée qu’elles méritent ». Cet art confère à celui qui l’exerce l’autorité qui permet d’atteindre les objectifs. Les faits sont juges et le plus souvent ils désavouent les grands sachants et les beaux parleurs, trop sûrs d’eux-mêmes ou impatients pour accumuler l’écoute jusqu’à ce que la décision à prendre – hic et nunc – s’impose comme une évidence. François Bert paraphrase la chanson de Renaud : « Ce n’est pas l’homme qui prend la décision, c’est la décision qui prend l’homme. » Cette évidence n’est ni certitude, ni raisonnement, ni consensus, ni fantasme. Beaucoup confondent ces artéfacts du savoir, de l’esprit, de l’entre-soi et de l’imagination avec la réalité.

La médiocrité du politique relève toutefois aussi d’une erreur de casting. François Bert identifie trois moteurs de personnalité : le cérébral, le relationnel et le décisionnel. Nous sommes tous prophètes, prêtres et rois mais un aspect prévaut toujours sur les deux autres. Ils ne sont pas interchangeables. « Savoir, écrit François Bert, ne veut pas dire faire, encore moins tenir dans la durée. » Les « prophètes » équipés d’un moteur cérébral croient pouvoir mettre le contexte en phase avec leurs convictions. Ceux dont le moteur est relationnel, les « prêtres » dans la triade, ont en politique des opinions fluctuant en fonction des attentes de leur public : ils visent à l’adhésion. Seul le leader décisionnel – le « roi » – se libère des carcans de l’esprit et de l’émotion et se concentre sur l’objectif. Que le monde européen traverse une crise existentielle n’est pas un problème de connaissance, d’information ou de communication, toutes surabondantes, mais d’aptitude à la clairvoyance. « La démocratie, très dépendante des moyens d’accéder au pouvoir, écrit François Bert, fait advenir majoritairement des mauvais profils, brillants dans la vente ou l’expertise, mais naturellement non disposés au discernement. »
https://youtu.be/0pK01iKwb1U
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Re: le QI moyen de la population

Message par nemo » 29 oct. 2023, 10:53

mobar est devenu chrétien? :lol: Ce sont les chrétien qui se disent tous "prophéte prétre et roi" selon une parole de Jésus Christ.
Texte intéressant mais comment fait-on pour atteindre ce fameux discernement? Parce que manifestement il y a loin de la coupe au lèvre. C'est là un travail spirituel mais encore faut-il avoir une méthode un tant soi peu efficace. Tout ça n'a vraiment qu'un rapport très lointain avec le QI.
Dernière modification par nemo le 29 oct. 2023, 17:32, modifié 1 fois.
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Re: le QI moyen de la population

Message par nemo » 29 oct. 2023, 16:32

kercoz a écrit :
27 oct. 2023, 08:50
LeLama a écrit :
27 oct. 2023, 02:31
.... La plupart des instits et autour de moi, on me disait qu'il fallait lui imposer la regle. Bof... Je vois mes etudiants qui prennent trop longtemps a faire la moindre figure avec leur regles, pfff, alors qu'il pourraient faire a main levée. J'ai choisi de demander a mon fils ce qu'il préférait, de le faire réfléchir sur la question. Je voulais à la fois qu'il affronte la question, mais en meme temps qu'il ait son libre arbitre, parce que je voudrais qu'il soit plus tard un adulte qui reflechit plutot qu'un adulte qui obéisse........
Il y a eu une débat radio ces jours ci sur ce sujet avec les auteurs d' un livre psycho-pédago sur la question du trop de choix .....surprenant et déstabilisant ... Pour les jeunes enfant l'abondance de choix déstabilise et traumatise ....La phrase que j'ai retenu de ce long entretient c'est que : "Le choix s'apprend" ...c'est une activité non entièrement inné qui nécessite (obligation) un apprentissage.
La formule est pas inintéressante mais de façon générale faire des liens s'apprends et un choix est un type de lien particulier. Le problème étant que très souvent notre "champs de possible" est restreint par tout un tas de chose (habitude notamment avec tout ce que cela sous-entends). Cela vaux y compris pour des choses très basiques comme un mouvement du corps. évidemment plus le champs dont on parle est large plus le champs de possibles est théoriquement grand mais concrètement on s'aperçoit vite que les gens s'en tiennent à 2 ou 3 choix "populaire"/habituel. Sortir de ce qui est connu est une capacité qui ne nous est pas naturelle. Encore moins s'il s'agit de radicalement nouveau.
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Re: le QI moyen de la population

Message par kercoz » 29 oct. 2023, 17:56

nemo a écrit :
29 oct. 2023, 16:32
kercoz a écrit :
27 oct. 2023, 08:50
LeLama a écrit :
27 oct. 2023, 02:31
.... La plupart des instits et autour de moi, on me disait qu'il fallait lui imposer la regle. Bof... Je vois mes etudiants qui prennent trop longtemps a faire la moindre figure avec leur regles, pfff, alors qu'il pourraient faire a main levée. J'ai choisi de demander a mon fils ce qu'il préférait, de le faire réfléchir sur la question. Je voulais à la fois qu'il affronte la question, mais en meme temps qu'il ait son libre arbitre, parce que je voudrais qu'il soit plus tard un adulte qui reflechit plutot qu'un adulte qui obéisse........
Il y a eu une débat radio ces jours ci sur ce sujet avec les auteurs d' un livre psycho-pédago sur la question du trop de choix .....surprenant et déstabilisant ... Pour les jeunes enfant l'abondance de choix déstabilise et traumatise ....La phrase que j'ai retenu de ce long entretient c'est que : "Le choix s'apprend" ...c'est une activité non entièrement inné qui nécessite (obligation) un apprentissage.
La formule est pas inintéressante mais de façon générale faire des liens s' apprends et un choix est un type de lien particulier. Le problème étant que très souvent notre "champs de possible" est restreint par tout un tas de chose (habitude notamment avec tout ce que cela sous-entends)......
J'ai retrouvé le lien....:
https://www.radiofrance.fr/franceinter/ ... 23-3857404
Cette émission m'a pas mal déstabilisé.
L'enfant met un certain temps à se séparer de sa mère et à réaliser son individualité, l'existence d' un "moi"...c'est pas 0/1 ....Foucault dit que l'individu passe d'objet à sujet vers le 16e siecle ...ce qui pose question.
DE plus le choix ce n'est pas uniquement glace ou vanille ....c'est choisir l'ordre des gestes à effectuer pour s'habiller .....problème qui réapparait vers le grand age.
TRop de choix et surtout l'obligation de choisir me semble traumatisant pour un individu qui ne comprend pas le concept ...S'il accepte , il se réfèrera à ce qu'il connait et refusera d'ouvrir d'autres expérience ...de plus sa personnalité naissante va ramener l'extérieur à son moi et fabriquer le tyran que l'on connait tous.
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Re: le QI moyen de la population

Message par nemo » 29 oct. 2023, 18:40

kercoz a écrit :
29 oct. 2023, 17:56
nemo a écrit :
29 oct. 2023, 16:32
J'ai retrouvé le lien....:
https://www.radiofrance.fr/franceinter/ ... 23-3857404
Cette émission m'a pas mal déstabilisé.
L'enfant met un certain temps à se séparer de sa mère et à réaliser son individualité, l'existence d' un "moi"...c'est pas 0/1 ....Foucault dit que l'individu passe d'objet à sujet vers le 16e siecle ...ce qui pose question.
DE plus le choix ce n'est pas uniquement glace ou vanille ....c'est choisir l'ordre des gestes à effectuer pour s'habiller .....problème qui réapparait vers le grand age.
TRop de choix et surtout l'obligation de choisir me semble traumatisant pour un individu qui ne comprend pas le concept ...S'il accepte , il se réfèrera à ce qu'il connait et refusera d'ouvrir d'autres expérience ...de plus sa personnalité naissante va ramener l'extérieur à son moi et fabriquer le tyran que l'on connait tous.
C'est clairement pas 0/1 . Même pour la conscience moderne on est très loin d'être des égo auto-centré tout le temps. En fait c'est même une toute petite partie du temps en réalité. Mais la notion même de conscience est très mal comprise.
Toutefois dire que le sujet commence aux 16éme est carrément abusif il y a des degré là aussi mais la notion de conscience du moi apparaitre très longtemps avant cela même si ça porte d'autre nom.
On a pu observer que les égos se forment de plus en plus tôt pendant le 20éme siècle alors qu'aujourd'hui des enfant de 6/7 ans ont des égos bien constitué il était pas rare du tout de devoir attendre l'âge de 15 ans, voire 20 ans au début du 20éme siècle. Il semble d'ailleurs que la télé à jouer un rôle là dedans. Les facteurs culturels sont importants. Il y a tout une gradation entre des "débuts d'égo" dont la stabilité est très faible et un complexe central du moi qui a une certaine constance dans son fonctionnement. Sans compter les effets physiologiques (fatigue, maladie...) , les toxiques... Bref c'est un sujet ultra complexe...
Les choix significatif engendre du stress c'est d'ailleurs pourquoi la liberté consiste à pas avoir le choix paradoxalement. Il ne s'agit pas là de contrainte (le contraire en fait) mais que le "choix" s'impose de lui même comme une évidence. La fonction de l'égo c'est de hiérarchiser les choix. C'est même sa seule réelle utilité, pour tout autre chose il fout le boxon. Quand il y a un doute sur ce qui est le plus important au moment présent ça peut être un générateur d'anxiété/angoisse très élevé.
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Re: le QI moyen de la population

Message par LeLama » 29 oct. 2023, 20:19

Oui, c'est interessant cette discussion sur les choix. Je me retrouve un peu dans ce que dit nemo, la liberté arrive quand il n'y a pas de choix. Ca veut pas dire que les choses sont subies. Mais qu'elles ont leur place, qui est la bonne, et que tu ne ressens pas le besoin de remettre en cause. Ca rejoint aussi la notion de rituel, tu fais les choses comme elles doivent etre faites. C'est un des avantages de ne plus être jeune, les choix sont mieux compris, mieux assumés, ils sont passés en arrière plan et on fait ce qui doit être fait. Y'a un sentiment de liberté.

Notre société n'est pas facile, parce que les activités traditionnelles et rituelles ont disparues. Alors tout devient choix, ce que tu manges, ce que tu lis, comment tu occuppes tes journées... Une facon de repondre est de redécouvrir ce que faisaient les anciens. Si tu veux nettoyer ta maison, tu oublies toutes les nouveautés, et tu regardes comment faisaient les grands-mères. Si tu veux manger, tu essaies de manger comme les gens mangent depuis longtemps, sans chercher la nouveauté. Ça demande du travail, tu prends des légumes, tu les épluches, tu les cuisines, tu fais la vaisselle normalement à la main avec un savon de marseille. Bizarrement, tu retrouves beaucoup de temps libre en acceptant les taches que les gens veulent souvent éviter, parce que ta vie se simplifie, que ton esprit n'est plus accaparé par des choix futiles. Tu peux utiliser ton cerveau pour les choses qui sont centrales pour toi qui te permettent de te sentir à ta place.

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