Influence de la technologie sur l'extraction

Discussions libres mais portant sur le thème général de la déplétion.

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Qibu
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Influence de la technologie sur l'extraction

Message par Qibu » 11 août 2005, 16:43

Un des posts (en anglais) les plus importants que j'ai lu sur le phénomène de la déplétion lié aux techniques de récupération avancée :

http://theoildrum.blogspot.com/2005/08/ ... ction.html

J'ai cru lire que nous avions un lecteur averti dans ce domaine sur oleocene.org - Philippe je crois ? Qu'en pense-t-il ?
  • Simmons dit a peu prés la même chose.
  • Skrebrowski est sur la même ligne en disant que passé le plateau, le surplus (technique ou pas) ne change rien à la décroissance de la production - cf le fameux graphe vert de sa présentation à Edinburgh. Ici c'est plus grave puisque cela accroît le taux de déplétion...
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Philippe
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Message par Philippe » 11 août 2005, 22:57

C’est vrai que je suis producteur de pétrole, mais mon expérience est essentiellement l’exploitation de petits gisements (de quelques heures à quelques journées de consommation de la planète). Ce qui a un impact sur le monde, ce sont les 500 gisements (environ) dont les réserves (initiales) excèdent une semaine de consommation de la planète (en unités pétrolières, 500 millions de barils). Comment se comportent ces 500 gisements ? Plus spécifiquement, comment se comportent les très gros parmi les 500 ? Je n’ai aucune expérience de cela.

Je crois que Jean LAHERRERE a fait un gros travail sur certains de ces gisements, et est arrivé à des conclusions intéressantes. Qu’il s’agisse des gisements de la Mer du Nord (Forties, Brent, Statfjord, Gullfaks, etc.), des géants russes (Samotlor, Romashkino), des géants américains (Prudhoe Bay, East Texas), il a observé que les réserves ultimes ne dépendent pratiquement pas des investissements réalisés, pour autant qu’il en ait été fait suffisamment. En d’autres termes, au-delà d’un certain volume d’investissements, consistant en des puits, des pipe-lines, des installations d’injection d’eau ou de gaz, des systèmes de pompage pour les puits, etc., les investissements supplémentaires n’apportent pas de réserves additionnelles, mais accélèrent la récupération des réserves existantes. Cette accélération, à somme constante, a évidemment pour conséquence un déclin plus fort une fois que la chute est amorcée. Finalement, le rôle de l’ingénieur pétrolier est de trouver l’optimum économique d’un gisement, c’est-à-dire l’investissement qui maximisera le profit. Avec les taux d’actualisation utilisés dans l’industrie, qui sont de l’ordre de 12% à 15%, on biaise les calculs et on a tendance à accélérer la récupération, quitte à ce que la chute soit plus dure. Peut-être faudra-t-il en revenir à des taux d’actualisation plus soucieux de l’avenir, moins court-termistes ?

J’accorde beaucoup de crédit aux conclusions de Jean LAHERRERE, notamment puisque cela concorde avec ce que l’on observe sur les gisements plus petits. Je pense qu’il est dans le vrai. Maintenant, ses travaux ne portent que sur les gisements sur lesquels les statistiques sont accessibles (Royaume-Uni, USA, etc.). Or, les plus gros gisements sont ailleurs, avec Ghawar en Arabie Saoudite, Burgan au Koweit, etc. Pour cela, nous ne disposons pas de données précises. Ce manque de données explique le bruit fait par Matthew SIMMONS sur le potentiel de l’Arabie Saoudite. A-t-il raison, a-t-il tort ? Je ne saurais prendre parti. Il me faudrait, pour cela, éplucher les 200 publications saoudiennes disponibles auprès de la Society of Petroleum Engineers, sachant que chacune d’elles fait entre 5 et 10 pages écrit petit et en anglais. Je suis membre de la SPE et je pourrais le faire, mais c’est un travail de titan. Il me reste à prendre bonne note de ce qu’écrit SIMMONS, et à suivre avec une attention toute particulière ce qui se passe en production pétrolière en Arabie Saoudite. Si SIMMONS avait raison, les premiers éléments de confirmation devraient arriver dans les douze mois.

Pour conclure, je suis de l’avis que, dans la plupart des cas, les réserves d’un gisement augmentent avec les investissements qui sont consentis, jusqu’à un certain seuil où elles plafonnent. Tout investissement supplémentaire n’a plus, alors, pour vocation que d’accélérer la récupération.

Je voudrais juste, pour finir, tordre le cou aux 75% de taux de récupération annoncés dans l’article de Qibu. 75% de récupération du pétrole en place, c’est tout à fait exceptionnel. C’est le taux obtenu du gisement d’Intisar D en Libye, mais le gisement, un récif d’une qualité exceptionnelle, est totalement atypique. La norme pour les gisements est plutôt de 30 à 35%. Les très gros gisements, avec lesquels la nature s’est montrée particulièrement généreuse, peuvent atteindre 50%, voire 60%, mais rarement au-delà.

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Coûts de récupération Sables bitumineux 200$ le baril !!

Message par alan » 12 août 2005, 09:58

Un récent article sur les coûts réels de récupération :
Alberta: une expansion qui coûte cher à Shell - 10 août 2005- Denis Lalonde, LesAffaires.com http://www.lesaffaires.com/fr/Aujourdhu ... ?id=210418

La prochaine phase d'expansion des activités de la pétrolière Shell Canada dans les sables bitumineux du nord de l'Alberta coûtera deux fois plus cher que prévu :

Selon le Globe and Mail, la forte hausse des prix de l'acier et les composantes industrielles a fait grimper les prix du projet.

Selon la société, il lui faudra débourser environ 200$ pour chaque baril de pétrole extrait de ce projet.
Au moment d'annoncer l'investissement, au début des années 2000, Shell évaluait le prix de chaque baril à 100$.

L'investissement total est maintenant évalué à 7,3G$

On peut donc aussi supposer que si TOTAL a néanmoins récemment investit sur ces gisements, sachant que TOTAL ne va certainement pas investir à perte, le coût de 200$ le baril est effectivement amené à se généraliser...

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Message par epe » 12 août 2005, 10:14

Attention, ce site est canadien. Ce sont peut-être des dollars canadiens (200 C$ = 166 US$)mais ces chiffres me paraissent quand même tellement énormes (de 8 à 10 fois plus élevés que ce que j'ai pu lire de plus cher comme coût de production jusqu'ici) que j'aimerais les voir confirmés par d'autres souces. J'ai du mal à croire que des compagnies seraient déjà prêtes maintenant à investir en vue d'une production à des coûts aussi astronomiques :shock:
-Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.
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matthieu25
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Les compagnies...

Message par matthieu25 » 12 août 2005, 10:22

Elles sont surement au courant de l'arrivée du PPP, donc meme au prix de 166 dollars, il y aura encore des preneurs dans 5 ans...

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