Revenu inconditionnel
Publié : 09 juin 2013, 17:27
Après la lecture de "Pour un revenu dans condition", de Baptiste Mylondo (novembre 2012, 155 pages, éditions Utopia),
j'ai fort envie de débattre longuement sur ce sujet du revenu inconditionnel (et toutes ses déclinaisons)
Je choisis ce forum, quoiqu'on puisse me reprocher d'être un peu hors sujet. On pourra faire le lien avec notre thème de prédilection à l'occasion. Je n'ai pas vraiment trouvé de forum où le sujet est bien posé (sans trop chercher cependant). Il n'y a pas de sujet ouvert sur ce forum il me semble.
Aussi, le mieux serait d'en parler avec l'auteur : ainsi peut-être je chercherai à le contacter et à l'inviter à venir ici.
Car ainsi sur certains points, je suis d'accord avec lui. J'aime ajouter d'autres arguments. Et je suis pas du tout d'accord avec certains de ses propos enfin.
Allons-y donc. Voici comment je vois les choses, sur l'intérêt de ce revenu.
Il y a ceux qui travaillent et gagnent de l'argent. L'argent étant considéré indispensable pour acquérir de quoi vivre (c'est sûrement là le problème, je sais, mais passons).
Et il y a ceux qui ne peuvent pas travailler, par exemple :
-les vieux
-les chômeurs
-les étudiants
-les enfants
-...
Tout ces êtres (outre les enfants, normalement) doivent se justifier pour obtenir de l'argent pour vivre, s'il ne peuvent pas s'arranger avec des proches. Une partie des agents de l'Etat ont pour mission de contrôler, gérer des dossiers, pour savoir si tel ou tel individu a droit à telle prestation et à quelle niveau : aide au retour à l'emploi, RSA, bourse étudiante, retraite, allocation familiale, aide pour le logement,...On peut même ajouter une partie des subventions aux associations dans le lot (celles-ci trouveraient alors des bénévoles avec revenu sans condition). La multiplication des aides publiques a provoqué une inflation de la machine de l'Etat, qui la rend extrêmement complexe et qui, dit-on, laisse du monde dans le besoin sur le carreau...notamment, chez ceux qui ne connaissent pas bien les dédales administratifs.
Les chômeurs notamment, seraient particulièrement victimes de problèmes de manque de ressources du fait de difficulté à se justifier, ou encore de ne pas entrer dans la bonne case qui change tout. Le filet est trop "troué", trop lâche pour eux, et les autres aussi.
Avec le revenu inconditionnel, on ne s'embêterait plus avec tout cela. On donne à chacun un revenu suffisant pour vivre. Travailleurs comme chômeurs. Riches et pauvres. Cela réduirait le salaire des travailleurs, mais qu'importe, ils auraient ce revenu pour compenser. Il s'agirait de répartir équitablement une partie de la production de biens, le reste peut continuer à faire l'objet d'une concurrence capitaliste.
Dit comme ça, et j'aime bien voir les choses ainsi, le revenu inconditionnel devrait plaire à la droite. Précisons bien que comme beaucoup d'agents de la fonction publique travaillent à contrôler qui a bien droit à son RSA, ses APL, etc..., cela supprimerait pas mal de postes de fonctionnaires dans ce domaine (je ne saurai dire combien). Bien sûr, ils pourront trouver d'autres activités. Peut-êtrecela leur conviendraient? Car dans certains cas, c'est la vie de précaires qui est entre les mains de travailleurs sociaux, qui ont à arbitrer.
Autre propos qui devraient plaire à droite, c'est l'idée que ce filet étant posé clairement, pas besoin d'en mettre d'autres. A commencer pour les chômeurs. Chacun peut s'il le veut se constituer une épargne pour se préparer à l'éventualité d'une perte d'emploi (ou encore voir avec une assurance privée), en voulant gagner plus que ce minimum. Mais sinon, plus besoin de cotiser (ce même si aujourd'hui, c'est 3% du PIB affecté à l'indemnisation chômage, évitant à 10% de la population de mourir de faim, voilà qui n'est pas un drame)
Certes, cela aurait d'autres conséquences multiples, difficiles à prévoir sur les règles du code du travail. Je ne veut pas dire par là aussi que les patrons pourront licencier comme ils veulent, je parle du service d'indemnisation.
Parmi les nombreux corolaires d'un tel revenu, le débat sur l'âge de départ à la retraite n'auront plus lieu d'être, chacun choisira quand partir.
Il y a aussi j'imagine la réduction de violence, et de là les frais de police, de justice, et d'enfermement (un prisonnier coûtant environ 3000 euros par mois à l'Etat). Ce dans l'hypothèse, à vérifier, où une bonne proportion des délits sont commis pour se fournir une subsistance.
Je souhaite critiquer le livre "Pour un revenu sans condition" sur quelques points (et non sur le principe d'un tel revenu) : l'auteur élude le sujet du financement. Il évoque quelques pistes, qui semblent bien insuffisantes. Il élude l'approche chiffrée pour le financement (disant que si on veut, on se donne les moyens), ce qui me semble très léger. Ainsi il avance quand même subrepticement un revenu à 1000 euros pars mois, disant que sa position a évolué, partant de 600.
Pour ma part, je proposerai 800, 1000 étant plus que suffisant. Pas en Ile-de-France, me direz-vous, certes, mais avec le revenu inconditionnel, il y beaucoup moins de raison de s'attacher à cette région où la spéculation sur le logement fait des ravages. Ce qui pourrait permettre à pas mal de gens de partir dans la campagne ou d'autres villes où il y a beaucoup de logements vides, de là dégonfler la bulle francilienne. (Cela va aussi avec l'idée d'en finir avec les APL)
1000 euros par mois, ça ferait presque la moitié du PIB à collecter pour redistribuer. Sans compter que j'imagine que l'auteur ne remet pas en cause explicitement certaines autres dépenses comme je le fais moi là ci-dessus. On ne voit pas comment tout ça peut se cumuler.
30% me semble plus réaliste. Il restera encore de l'argent pour l'action de l'Etat dans d'autres domaines ( santé, éducation, protection, environnement...), sans hausse du niveau de prélèvement.
Je suis d'accord avec l'auteur qui indique que cela n'implique pas une fuite massive du travail.
-D'une part parce que les gens apprécient en général leur travail, et c'est confirmé par des expériences menées par le passé : les gens qui ont touché un revenu inconditionnel n'ont pas quitté leur poste, par contre ils ont réduit leur temps de travail. Cela va dans l'idée qu'un tel revenu résorberait le chômage par une meilleure répartition du temps de travail, autre sujet qui m'importe.
-D'autre part, car ce devrait une partie fixe des ressources nationales prélevées et redistribuées (par exemple 30%). Une baisse générale de ressource réduirait le revenu inconditionnel, incitant alors plus de monde à travailler. A priori c'est auto-régulé, mais cela m'amène à cette autre réflexion :
L'auteur n'évoque pas la question du travail au noir. Un revenu inconditionnel risque de favoriser fortement ces pratiques.
Ou même simplement le travail "autonome", pour soi, qui ne pourra être compté dans le PIB. Ou s'il est compté, alors il faudra mettre des armées de contrôleurs, ou faire fonctionner la délation...Ce travail autonome ou au noir réduiraient la production soumise à l'impôt qui finance le revenu inconditionnel.
Je cesse là pour l'instant , en attente d'éléments à discuter.
j'ai fort envie de débattre longuement sur ce sujet du revenu inconditionnel (et toutes ses déclinaisons)
Je choisis ce forum, quoiqu'on puisse me reprocher d'être un peu hors sujet. On pourra faire le lien avec notre thème de prédilection à l'occasion. Je n'ai pas vraiment trouvé de forum où le sujet est bien posé (sans trop chercher cependant). Il n'y a pas de sujet ouvert sur ce forum il me semble.
Aussi, le mieux serait d'en parler avec l'auteur : ainsi peut-être je chercherai à le contacter et à l'inviter à venir ici.
Car ainsi sur certains points, je suis d'accord avec lui. J'aime ajouter d'autres arguments. Et je suis pas du tout d'accord avec certains de ses propos enfin.
Allons-y donc. Voici comment je vois les choses, sur l'intérêt de ce revenu.
Il y a ceux qui travaillent et gagnent de l'argent. L'argent étant considéré indispensable pour acquérir de quoi vivre (c'est sûrement là le problème, je sais, mais passons).
Et il y a ceux qui ne peuvent pas travailler, par exemple :
-les vieux
-les chômeurs
-les étudiants
-les enfants
-...
Tout ces êtres (outre les enfants, normalement) doivent se justifier pour obtenir de l'argent pour vivre, s'il ne peuvent pas s'arranger avec des proches. Une partie des agents de l'Etat ont pour mission de contrôler, gérer des dossiers, pour savoir si tel ou tel individu a droit à telle prestation et à quelle niveau : aide au retour à l'emploi, RSA, bourse étudiante, retraite, allocation familiale, aide pour le logement,...On peut même ajouter une partie des subventions aux associations dans le lot (celles-ci trouveraient alors des bénévoles avec revenu sans condition). La multiplication des aides publiques a provoqué une inflation de la machine de l'Etat, qui la rend extrêmement complexe et qui, dit-on, laisse du monde dans le besoin sur le carreau...notamment, chez ceux qui ne connaissent pas bien les dédales administratifs.
Les chômeurs notamment, seraient particulièrement victimes de problèmes de manque de ressources du fait de difficulté à se justifier, ou encore de ne pas entrer dans la bonne case qui change tout. Le filet est trop "troué", trop lâche pour eux, et les autres aussi.
Avec le revenu inconditionnel, on ne s'embêterait plus avec tout cela. On donne à chacun un revenu suffisant pour vivre. Travailleurs comme chômeurs. Riches et pauvres. Cela réduirait le salaire des travailleurs, mais qu'importe, ils auraient ce revenu pour compenser. Il s'agirait de répartir équitablement une partie de la production de biens, le reste peut continuer à faire l'objet d'une concurrence capitaliste.
Dit comme ça, et j'aime bien voir les choses ainsi, le revenu inconditionnel devrait plaire à la droite. Précisons bien que comme beaucoup d'agents de la fonction publique travaillent à contrôler qui a bien droit à son RSA, ses APL, etc..., cela supprimerait pas mal de postes de fonctionnaires dans ce domaine (je ne saurai dire combien). Bien sûr, ils pourront trouver d'autres activités. Peut-êtrecela leur conviendraient? Car dans certains cas, c'est la vie de précaires qui est entre les mains de travailleurs sociaux, qui ont à arbitrer.
Autre propos qui devraient plaire à droite, c'est l'idée que ce filet étant posé clairement, pas besoin d'en mettre d'autres. A commencer pour les chômeurs. Chacun peut s'il le veut se constituer une épargne pour se préparer à l'éventualité d'une perte d'emploi (ou encore voir avec une assurance privée), en voulant gagner plus que ce minimum. Mais sinon, plus besoin de cotiser (ce même si aujourd'hui, c'est 3% du PIB affecté à l'indemnisation chômage, évitant à 10% de la population de mourir de faim, voilà qui n'est pas un drame)
Certes, cela aurait d'autres conséquences multiples, difficiles à prévoir sur les règles du code du travail. Je ne veut pas dire par là aussi que les patrons pourront licencier comme ils veulent, je parle du service d'indemnisation.
Parmi les nombreux corolaires d'un tel revenu, le débat sur l'âge de départ à la retraite n'auront plus lieu d'être, chacun choisira quand partir.
Il y a aussi j'imagine la réduction de violence, et de là les frais de police, de justice, et d'enfermement (un prisonnier coûtant environ 3000 euros par mois à l'Etat). Ce dans l'hypothèse, à vérifier, où une bonne proportion des délits sont commis pour se fournir une subsistance.
Je souhaite critiquer le livre "Pour un revenu sans condition" sur quelques points (et non sur le principe d'un tel revenu) : l'auteur élude le sujet du financement. Il évoque quelques pistes, qui semblent bien insuffisantes. Il élude l'approche chiffrée pour le financement (disant que si on veut, on se donne les moyens), ce qui me semble très léger. Ainsi il avance quand même subrepticement un revenu à 1000 euros pars mois, disant que sa position a évolué, partant de 600.
Pour ma part, je proposerai 800, 1000 étant plus que suffisant. Pas en Ile-de-France, me direz-vous, certes, mais avec le revenu inconditionnel, il y beaucoup moins de raison de s'attacher à cette région où la spéculation sur le logement fait des ravages. Ce qui pourrait permettre à pas mal de gens de partir dans la campagne ou d'autres villes où il y a beaucoup de logements vides, de là dégonfler la bulle francilienne. (Cela va aussi avec l'idée d'en finir avec les APL)
1000 euros par mois, ça ferait presque la moitié du PIB à collecter pour redistribuer. Sans compter que j'imagine que l'auteur ne remet pas en cause explicitement certaines autres dépenses comme je le fais moi là ci-dessus. On ne voit pas comment tout ça peut se cumuler.
30% me semble plus réaliste. Il restera encore de l'argent pour l'action de l'Etat dans d'autres domaines ( santé, éducation, protection, environnement...), sans hausse du niveau de prélèvement.
Je suis d'accord avec l'auteur qui indique que cela n'implique pas une fuite massive du travail.
-D'une part parce que les gens apprécient en général leur travail, et c'est confirmé par des expériences menées par le passé : les gens qui ont touché un revenu inconditionnel n'ont pas quitté leur poste, par contre ils ont réduit leur temps de travail. Cela va dans l'idée qu'un tel revenu résorberait le chômage par une meilleure répartition du temps de travail, autre sujet qui m'importe.
-D'autre part, car ce devrait une partie fixe des ressources nationales prélevées et redistribuées (par exemple 30%). Une baisse générale de ressource réduirait le revenu inconditionnel, incitant alors plus de monde à travailler. A priori c'est auto-régulé, mais cela m'amène à cette autre réflexion :
L'auteur n'évoque pas la question du travail au noir. Un revenu inconditionnel risque de favoriser fortement ces pratiques.
Ou même simplement le travail "autonome", pour soi, qui ne pourra être compté dans le PIB. Ou s'il est compté, alors il faudra mettre des armées de contrôleurs, ou faire fonctionner la délation...Ce travail autonome ou au noir réduiraient la production soumise à l'impôt qui finance le revenu inconditionnel.
Je cesse là pour l'instant , en attente d'éléments à discuter.