[Raffinage] la question qui tue !

Discussions libres mais portant sur le thème général de la déplétion.

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Yves
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Message par Yves » 11 avr. 2006, 09:32

Je pense aussi qu'il s'agit d'un problème de qualité de pétrole.
Le brut facile à raffiner, celui qui passe dans n'importe quelle rafinerie, qu'on a pas besoin de désoufrer se fait plus rare (son PO est dépassé et en plus il me semble que c'était ce brut qui sortait du Nigéria ...).

Le problème du rafinage américain est qu'il crée un goulot d'étranglement par manque de rafinerie. Du coup, bien sur l'essence augmente.

Mais comme il existe plein d'autres rafineries (dans le monde hein), il est possible de contourner le problème en augmentant leur production tant que c'est possible.
Sauf que comme y a pas eu d'investissement depuis des années, de nombreuses rafineries ne savent que rafiner du pétrole light. D'où (anticipation d'une) ruée sur ce brut là et monté du cours.
Trop tard, trop peu, trop cher, il n'y aura pas de miracle !!
Notre futur sera d'être la banlieue ouest de la Russie alors que celle-ci aura le regard tourné vers la Chine...

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Sylvain
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Message par Sylvain » 11 avr. 2006, 09:53

Sympa cet article. Il parle de pas mal de choses :
...
Le pétrole est soutenu par deux facteurs essentiels :
  1. les tensions géopolitiques qui font planer des craintes sur de possibles interruptions de production de brut (Irak, Nigeria) et bien sûr Iran (Les opérateurs craignent que la crise qui oppose les pays occidentaux et Téhéran sur le nucléaire ne débouche sur une attaque militaire de Washington, à laquelle l'Iran pourrait répliquer en coupant ses exportations de pétrole.)
  2. les craintes d'une pénurie d'essence cet été aux Etats-Unis au moment des nombreux déplacements en voiture (driving season)
....
Ces anticipations peuvent expliquer que tous les contrats à terme de "light sweet crude" à partir de l'échéance de juin s'échangent au-dessus de 70 dollars.
...
Les réserves américaines d'essence sont en baisse continue depuis plus d'un mois, en raison :
  1. d'une capacité de raffinage réduite due aux dégâts des ouragans de l'été dernier
  2. de nouvelles normes environnementales dans la composition de l'essence.
Demain mercredi seront publiés les stocks hebdomadaires états-uniens.

L'expression « pénurie d'essence aux Etats-Unis » apparaît 3 fois dans le texte. :?
Si on arrive effectivement à un manque physique d'essence aux USA (c'est-à-dire une question de quantités, pas seulement une question de prix), ça nous promet un beau foutoir, et espérons-le, une prise de conscience majeure. J'espère que Bush n'en profitera pas pour relancer la prospection de pétrole en Alaska.
Yves
Mais comme il existe plein d'autres rafineries (dans le monde hein), il est possible de contourner le problème en augmentant leur production tant que c'est possible.
Hum ... Pas vraiment. L'exportation d'essence vers les USA est délicate : les essences sont chimiquement différentes selon les états, ce qui complique le commerce. Cette situation devrait cependant s'améliorer avec une harmonisation vers les produits moins polluants.

sceptique
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Message par sceptique » 11 avr. 2006, 10:06

La cotation au NYMEX ou à Londres ce sont justement des bruts légers, de la meilleure qualité (Texas, Mer du Nord, Nigéria), ceux qui donnent le plus d'essence. Les bruts lourds, dans les raffineries classiques, donnent donc comparativement moins d'essence, et beaucoup plus de fuel lourd (genre cargaison de l'Erika ou Pestige) peu intéressant. D'ou une importante décote pour ces bruts lourds.
Maintenant, les raffineurs savent faire plus d'essence avec du brut lourd. Mais il faut pour cela investir dans de nouvelles raffineries, beaucoup plus chères, et longues à construire. Et les prix peuvent malgré tout baisser brutalement (pour mémoire le prix marginal maxi d'extraction est de 15-20$ par baril). Surtout, en cas de crise économique majeure. Et ces investisseurs seraient alors ruinés. Ils préfèrent donc attendre un épuisement "suffisant" de ce concurrent déloyal : le pétrole léger ...
En gros, quand le gouvernement américain exhorte les raffineurs à investir ceux-ci demandent au meme gouvernement américain de garantir les prix ou alors de subventionner (désolé pour ces obscènités :twisted: ). Aaaarrrgghhh! Difficile, à moins de renier sa doctrine libérale. :-D :-D
Et l'Arabie Saoudite, en cas de coup dur, ne peut proposer en plus que du brut très lourd et très soufré.
En informatique on appelle cela un "deadlock".

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Message par Yves » 11 avr. 2006, 10:38

Et aux échecs un PAT.
Trop tard, trop peu, trop cher, il n'y aura pas de miracle !!
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Message par energy_isere » 11 avr. 2006, 12:38

"Sylvain"

de nouvelles normes environnementales dans la composition de l'essence (aux US)
oui, j'ai meme crée un fil spécial pour ca dans actualité :

Modification de la composition de l'essence US / Ethanol
ici : http://www.oleocene.org/phpBB2/viewtopic.php?t=2416

il y a le cours du pétrole , les raffineries, et AUSSI les additifs dans l' essence à prendre en considération.
c'est un point clé à bien comprendre.

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Message par Frais derrick » 11 mai 2006, 10:45

...

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Sylvain
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Message par Sylvain » 11 mai 2006, 10:56

Frais derrick, ton post était trop intéressant pour le laisser se perdre dans « Ça monte ! ». Je me suis permis de le transférer ici. ;)
Je l'ai également modifié de façon à faire apparaître les images.

---- Message de Frais Derrick ----

Mince ! Vous m'avez tous précédé. Je voulais poster un message exactement en rapport avec la question des raffineries (initialement intitulé : Le faux argument des raffineries), mais il est maintenant un peu tard. Enfin, bon, tant pis, je me lance.

N.B. : Je suis incapable de mettre une image, je viens d'essayer par ailleurs, mais cela ne marche absolument pas. Je joins donc l'adresse où vous pourrez les consulter. Pardon pour l'amateurisme.


Parmi les nombreux arguments fréquemment invoqués pour expliquer la hausse des cours du pétrole, le manque des raffineries est assurément un de ceux qui reviennent le plus souvent. En première lecture, on comprend pourtant assez difficilement en quoi une insuffisance dans les capacités de raffinage devrait faire augmenter le prix de la matière première : le pétrole. Ce sont plutôt les produits transformées : essence, kérosène et autres gas-oil et fuel, qui devraient enchérir et non le pétrole lui-même.

Bien sûr, l’incohérence n’est qu’apparente. Il existe plusieurs variétés de pétroles : certains légers, qui fourniront par simple raffinage des produits à forte valeur ajoutée - les plus appréciés ; et d’autres plus lourds, d’où on extraira essentiellement, toujours avec les mêmes techniques de base, des matières moins convoitées, fuel lourd et bitume.

Les techniques de raffinage actuelles permettant également d’obtenir les fractions les plus recherchées à partir de pétroles lourds, par craquage et reformage, on comprend qu’un manque de raffineries modernes, seules à même d’assurer efficacement ces transformations, puisse avoir un fort impact sur le cours du pétrole, ou plutôt de certains pétroles. Avides d’essence, de kérosène, de gas-oil, et incapables d’obtenir ces produits autrement qu’avec les vieilles techniques de raffinage, c’est-à-dire autrement qu’avec des pétroles légers, les acheteurs se jetteraient sur ces derniers au détriment des pétroles lourds. Cette explication, tout à fait séduisante, permet de comprendre la hausse des cours actuels. C’est là notre deuxième lecture : forte demande du marché en essence, kérosène, gas-oil (fractions légères) + manque de raffineries modernes capables de traiter avantageusement les pétroles lourds = augmentation du cours des pétroles légers.

Cette explication ne résiste pourtant pas aux faits.
Dans la figure ci-dessous, nous avons représenté, entre janvier 2002 et avril 2006, l’évolution du cours (en échelle logarithmique) de trois pétroles bruts : le Mexico Maya, lourd, avec un degré API égal à 22° ; le Brent, léger, avec un degré API de 38° ; et finalement l’Iran heavy, moyen, avec un degré API intermédiaire de 30°. Que voit-on ? L’évolution du prix de ces trois bruts est très sensiblement équivalente, quasi parallèle (comme le montrent bien les courbes de régression respectives). Quand sur une période le Brent augmente par exemple de 30 %, les autres variétés, intermédiaire ou lourde, augmentent presque pareillement du même pourcentage. Ceci est évidemment incompatible avec l’explication que nous avons donnée plus haut, puisque selon cette dernière, on aurait dû théoriquement voir le Brent, léger, augmenter plus vite que l’Iran heavy, et encore plus vite que le Mexico Maya, lourd.

Image

Cette simple vision, avec trois « crus » seulement, loin d’être une exception ces dernières années, constitue bien au contraire la règle générale. Pour preuve, les données fournies par l’EIA-DOE exprimant le prix annuel moyen du pétrole à l’importation (et intégrant tous les crus du marché) en fonction de son degré API. Décomposées par intervalles de 5° (inférieur à 20,0° ; de 20,1 à 25,0° ; de 25,1 à 30,0° ; etc.), celles-ci ne montrent clairement aucune rupture entre les divers crus de pétrole. Légers comme lourds évoluent de la même façon, et l’appréciation des uns ne se fait pas au détriment des autres, les deux classes restant parfaitement liées. Une évolution assurément peu compatible avec l’argument des raffineries !

Image
Dernière modification par Sylvain le 11 mai 2006, 11:36, modifié 1 fois.

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Message par echazare » 11 mai 2006, 11:18

Une remarque, j'ai entendu dire que le prix gaz etait indexé a celui du petrole, pourquoi ne serait ce pas le cas des diverses variétés de petrole ?

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Message par Frais derrick » 11 mai 2006, 12:29

C'est bien sûr une possibilité. Pourquoi pas ? Mais dans ce cas on serait donc (si je ne m'abuse) face à une espèce de hausse auto-entretenue. Si n'y a aucun avantage économique à se rabattre sur les pétroles lourds, "par construction" (dans cette hypothèse) toujours aussi chers par rapport aux pétroles légers, alors le marché ne fera jamais l'effort de s'orienter sur les lourds - qu'y gagnerait-il ? il aurait tous les inconvénients : la mauvaise qualité et le prix élevé - et s'acharnera donc à vouloir du léger qui continuera donc à monter, etc. etc. Une histoire sans fin...
C'est donc tout à fait possible mais les effets de cette indexation seraient terriblement pervers.

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Message par Glycogène » 11 mai 2006, 13:39

echazare a écrit :Une remarque, j'ai entendu dire que le prix gaz etait indexé a celui du petrole, pourquoi ne serait ce pas le cas des diverses variétés de petrole ?
Le prix du gaz vendue par GDF est indexé sur le pétrole, mais je doute que Gazprom lui vende à un prix indexé.
On a bien pu voir fin 2005 l'envolée du prix du gaz qui n'était pas corrélée avec celle du pétrole (qui baissait plutôt à ce moment là).

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Message par Fish2 » 03 juil. 2006, 11:53

Toujours pas de réponse de Total à la lettre envoyée par Sylvain ?
« Sauf événements majeurs, la probabilité est forte que le prix du baril redescende vers 30 dollars l’an prochain. » Thierry Desmaret, Le Figaro, novembre 2004

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Message par Sylvain » 03 juil. 2006, 19:25

Aucune réponse de la part de Total. :-(
Je vais finir par les relancer ...
La géologie pétrolière se moque de votre envie de conduire une automobile.

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Message par energy_isere » 25 mai 2007, 19:17

On nous rabache les capacité de raffinage aux US qui sont insuffisantes ou au taquet (c'est dans l'actualité du moment).

Il conviendrait donc de les augmenter ?

Erreur ! voyez ci dessous. :lol:

je crois que c'est la news importante du jour sur Oléocéne.
Shell considers halting U.S. refinery plans


SAN FRANCISCO: Royal Dutch Shell, the biggest European oil company, may shelve a joint venture plan to create the largest U.S. refinery because of President George W. Bush's efforts to reduce gasoline use, a Shell executive said Monday.

"If you're an investor getting ready to put several billion dollars into expanded capacity, would you do that when the president himself says we want less gasoline?" John Hofmeister, Shell's top U.S. executive, said at a conference in Santa Clara, California.

At stake is a $3 billion plan by Shell and Saudi Arabia's state oil company, partners in the Motiva Enterprises venture, to more than double the processing capacity of a refinery in Port Arthur, Texas, to 600,000 barrels of crude a day. Bush called in January for the country to increase use of renewable and alternative fuels to curb reliance on imported oil, seeking a 20 percent reduction in gasoline use by 2017.

Motiva in April 2006 said it planned to begin the expansion in 2007 and complete it in 2010. The expansion would vault the Port Arthur refinery past Exxon Mobil's plant in Baytown, Texas, currently the largest in the United States.
pour les non Angliciste :

Shell pourrait mettre en veilleuse (shelve) un projet de doublement de la raffinerie de Port Arthur (TEXAS) de 600000 baril/jour.
Motif : la demande en rafinage va baisser à cause des carburants alternatifs et renouvelables, et de la demande de Bush de diminuer la consommation de pétrole importé.

source : http://www.iht.com/articles/2007/05/21/ ... /shell.php et c'est aussi rapporté sur Energybulletin : http://www.energybulletin.net/30076.html

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Message par GillesH38 » 25 mai 2007, 20:13

Confirmé également ici

http://www.chron.com/disp/story.mpl/hea ... 34682.html

Interview d'un autre ponte de Shell questionné sur les prix de l'essence et le raffinage.
Q: Construction is already under way to double the size of the Motiva refinery in Port Arthur, which Shell partly owns. But why hasn't Shell made a final investment decision on the project? What are you waiting on?

A: A final estimate, as simple as that. You wouldn't believe how fast costs are going up these days. Even over the period that we've been studying this thing, the price has gone up. So I want to have a firm estimate in my hand before I make a decision.

Q: Is there still a chance Shell would decide to kill the project?

A: I think chances are, this thing will go ahead. But I'm not going to confront our shareholders and say, let me give you an example, "starting out it was $4 billion and the final result will be $7 billion." That would be a disaster. You don't want that.

So we're managing this process the way we would manage any project in the business, and we'll make a decision when we have all the data in hand.
on voit venir gros comme une maison la décision finale. Tout ça en regard des prévisions délirantes de l'EIA a un petit goût de fin de règne, genre déclarations des dirigeants communistes en 1989....
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

transhuman
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Message par transhuman » 25 mai 2007, 22:01

GillesH38 a écrit :... un petit goût de fin de règne, genre déclarations des dirigeants communistes en 1989....
Pas mal la comparaison ! Bien vue! :D
Ce n'est pas en perfectionnant l'alumette qu'on a inventé l'électricité

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