[Raffinage] la question qui tue !

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Glycogène
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Message par Glycogène » 26 mai 2007, 00:34

GillesH38 a écrit :on voit venir gros comme une maison la décision finale. Tout ça en regard des prévisions délirantes de l'EIA a un petit goût de fin de règne, genre déclarations des dirigeants communistes en 1989....
Et donc là, je me marre !

Non pas que je ne crois pas les dirigeants de BP et autres sur le coût et le risque des projets de raffinerie.
Mais que l'on a un bel exemple de :
- une technologie maitrisée depuis des décennies (le raffinage), même si on continue toujours d'améliorer le rendement
- diffusée à grande échelle dans le monde entier
- qui a fait l'objet d'un développement exponentiel jusque dans les années 70, avec des dizaines de raffineries construite en qq années, en anticipant la demande
- et malgré tout, on n'arrive plus aujourd'hui à seulement suivre la demande, à cause des coûts qui augmentent sans cesse, et on reste frileux pour des investissements qui paraissent dérisoires (en % d'augmentation de la capacité de raffinage) par rapport à ce qui se faisait à une autre époque.

On a donc un bel exemple montrant que malgré que l'on ait la technologie et les moyens de produire qqch d'indispensable, étant donné les coûts grandisssants, traduisant la disparition de l'énergie (et aussi souvent des matières premières) bon marché et le coût humain que l'on peut à payer (proportion de personnes travaillant dans la production d'énergie), et bien on ne produira pas cette chose.
Quant à ceux qui disent que la technologie à venir nous sauvera, alors que celle existante qui peut nous sauver aujourd'hui n'est pas utilisée, bon, on ne dira rien...
Et je pense que ce n'est qu'un début d'une grande série de désillusions...

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Message par Tiennel » 27 mai 2007, 12:14

Des investissements dans le raffinage, il y en a énormément, mais surtout en Asie : Chine et Inde ne consomment pas du brut "cru", et leur consommation ne cesse de croître ! Il faut bien raffiner tout cela.

Les tensions générées sur les matières premières (acier inox notamment) fait qu'il devient cher et lent de construire n'importe quelle raffinerie dans le monde, les marchés sidérurgiques étant eux aussi mondiaux.

Ajoutons à cela que les investisseurs occidentaux sont dans une logique de capitalisme financier anti-industriel et qu'ils préféreront acheter un projet de fermes éoliennes qu'une raffinerie "sur plans".

La saturation des capacités de raffinage n'est réelle que là où le réverbère éclaire l'économie mondiale : en Occident. Nous savons peu de chose sur le Moyen-Orient (même si certains croient monitorer Ghawar en temps réel via Google Earth) et quasiment rien sur l'Asie (Chine, Inde, mais aussi Corée, Vietnam, Thaïlande et même Japon).
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Message par nemo » 27 mai 2007, 14:56

Certes Tiennel mais la remarque de glycogébe reste pertinente et pose question justement sur les capacités occidentales a résoudre leur problémes. A une autre époque certain aurait parler de décadence.
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Message par Glycogène » 27 mai 2007, 15:56

Tiennel a écrit :Des investissements dans le raffinage, il y en a énormément, mais surtout en Asie : Chine et Inde ne consomment pas du brut "cru", et leur consommation ne cesse de croître ! Il faut bien raffiner tout cela.
Et oui ! Mais la Chine et l'Inde sont aujourd'hui dans une situation favorable, comme pour les US et l'Europe dans les 30 glorieuses.
Ce que je veux dire, c'est que malgré que l'on ait les moyens aux US d'étendre une raffinerie, on ne le fait pas car ça ne leur parait plus aussi indispensable et/ou aussi rentable qu'avant. Alors que ce n'est pas une technologie nouvelle dont on ne sait pas ce que ça donnera plus tard !
Mais on nous fait croire que construire des dizaines de centrales nucléaires gen 4 dans 30 ans nous sauvera ! (enfin sauvera notre société occidentale). Mais non, de la même façon que l'on est frileux aujourd'hui pour augmenter de 2-3 % les capacités de raffinages, d'ici 2050 on n'augmentera pas par 4 ou 5 (500%) notre capacité de production nucléaire (en moyenne dans les pays riches). Ni même par 50% !

Donc faut trouver autre chose.
Ah, je viens de recevoir un mail... il n'y aurait pas autre chose permettant un tel débit d'énergie.
Bon, ben, on va faire avec ce qu'on a, c'est à dire de moins en moins.
Mais faut en avoir conscience !!! Et ne pas faire des plans sur la comète avec de la croissance dans tous les sens !

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Message par Théorème » 28 mai 2007, 13:53

Aux Etats Unis il y a :
De l'essence pas cher qui a donné des habitudes de déplacement et des véhicules consommant beaucoup.
Un pays aux grandes dimension ou il y a très vite 1000km pour aller voir la famille.

Maintenant si l'essence devient cher que ce soit dû au manque de raffinerie ou au manque de brut légè, la demande va se réduire dans un 1er temps ils réduiront les déplacements inutiles et à plus long terme investiront dans des véhicules plus économes si les prix stagne ou ne montent pas trop. Les économies potentielles niveau consommation d'essence aux Etats Unis sont faramineuses. Nous l'avons fait en partie en Europe alors pourquoi pas eux.

Quel est l'interêt d'un raffineur quelconque d'investir aux states alors que la demande peut flancher rapidement alors qu'en Asie la demande est croissante et que la construction d'une raffinerie labas serait bcp moins risqué ? Même si des mesures d'environnement sont prise en asie la croissance de la demande restera soutenue pour un bon moment encore. Cela n'a à mon sens rien à voir avec la technologie, juste une logique économique.

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Message par Sylvain » 30 mai 2007, 20:13

Un extrait du « Journal des actionnaires de Total n°23 - Spécial Résultats 2006 ».
Disponible ici. Lien direct vers le PDF (12 pages, 1,6 Mo).
Image
Secteur Aval :

L’accélération de la croissance de la demande en 2004 a rapidement absorbé les excédents de capacités mondiales de raffinage qui avaient pesé sur le marché dans les années 90. Parallèlement à une demande de plus en plus tournée vers les produits légers, les bruts traités par les raffineries sont de plus en plus lourds et plus soufrés. D’où un besoin accru de capacités de conversion capables de transformer ces bruts. Pour adapter son outil de raffinage à cette évolution de la demande, moderniser ses unités et en améliorer la fiabilité, Total met en oeuvre, depuis près de deux ans, un programme d’investissements d’environ 1 G€ par an en moyenne d’ici 2010 :
  • en Europe, le premier projet d’envergure, l’hydrocraqueur de distillats (DHC) de la raffinerie de Normandie, est entré en service avec succès à l’automne 2006 ;
  • une unité de conversion similaire est prévue pour la raffinerie Cepsa de Huelva (Espagne), ainsi que des unités de désulfuration sur divers sites européens du Groupe.
  • En Amérique du Nord, le Raffinage étudie différentes pistes pour valoriser les huiles lourdes de l’Athabasca (Canada) ;
  • un projet d’unité de conversion profonde ou Coker est à l’étude pour la raffinerie de Port Arthur (États-Unis) ; il pourra, le cas échéant, venir en synergie des réflexions sur la valorisation des huiles lourdes.
  • Enfin, Total entend tirer profit de la forte demande asiatique, notamment au travers de son projet de raffinerie convertissante à Jubail (Arabie Saoudite), dotée d’un approvisionnement dédié en brut lourd saoudien et idéalement positionnée pour alimenter à la fois l’Asie et l’Ouest atlantique.
  • La construction d’un DHC à la raffinerie de Dalian (Chine) est également en cours.
Au travers de cet ensemble de projets, les capacités de raffinage de Total devraient augmenter de 10 % à l’horizon 2013 et la production de carburants croître de 15 % sur les 5 prochaines années.
La géologie pétrolière se moque de votre envie de conduire une automobile.

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Message par Tiennel » 13 juin 2007, 12:26

remonte petit fil

Un exemple de ce qu'on peut tirer du fameux BP World Energy Review qui vient de sortir :
Image
En gros, les capacités en Amérique du Nord, en Europe et en Asie représentent chacune 1/4 du total : le reste du monde (dont l'Afrique que je n'ai pas représenté car elle ne "pèse" que 3%) se partage le quart restant.

La chute du taux d'utilisation américain à partir de 2005 doit simplement s'expliquer par Katrina/Rita : le Moyen-Orient cherche à compenser mais comme il ne pèse que 8% du total des capacités, il ne peut pas tout absorber - et il doit y a voir des goulots d'étranglement logistiques tout au long de la chaîne (oléoducs, tankers, terminaux portuaires). L'Europe reste stable (et à un niveau assez bas) sans doute parce que ses installations sont vétustes (40% de la capacité est en Europe de l'Est et Russie).
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Message par Sylvain » 13 juin 2007, 18:57

Tiennel a écrit :La chute du taux d'utilisation américain à partir de 2005 doit simplement s'expliquer par Katrina/Rita
Cette chute du taux d'utilisation est donc accidentelle et temporaire, il faut un peu de temps pour reconstruire les capacités de raffinage mises à mal par les 2 soeurs soufflantes.
Tiennel a écrit :le Moyen-Orient cherche à compenser
J'imagine mal le Moyen-Orient construire des raffineries (couteuses et longues à rentabiliser) uniquement pour combler un déficit états-unien temporaire.
La géologie pétrolière se moque de votre envie de conduire une automobile.

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Message par Tiennel » 13 juin 2007, 20:22

Le Moyen-Orient compense en augmentant le taux d'utilisation de leurs raffineries existantes. Ils ont de la surcapacité là-bas, depuis les hôtels de luxe jusqu'aux raffineries en passant par les stations de ski :roll:
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Message par Tiennel » 13 juin 2007, 22:21

Qui veut un autre graphique ?
Image

Plusieurs surprises à l'analyse :
  • l'industrie pétrolière a continué à investir dans le raffinage jusqu'en 1980. là, la guerre Iran-Irak a convaincu le secteur de réduire la voilure ; ainsi, les capacités de raffinage françaises était en 1986 inférieures de 40% à celles de 1980.
  • ce n'est qu'en 1997 que le record de capacité de 1980 a été battu
  • la reprise des investissements a eu lieu dès 1993 mais il a été tempéré en 1999 par l'effondrement inattendu des marges de raffinage. Image
    Depuis, les investisseurs sont prudents et n'investissent que lorsqu'ils sont sûrs de gagner beaucoup d'argent :-P
  • il n'y a pas signe de ralentissement de l'investissement en 2006. Chine et Inde portent chacune 1/3 de l'accroissement total de capacité, suivies des USA (9%), de l'Iran, de l'Indonésie, de l'Allemagne et du Canada (3%).
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Message par Stéphane » 14 juin 2007, 11:05

Tiennel a écrit :Qui veut un autre graphique ?
Image
Tu es sûr de ton échelle de gauche, Tiennel ? :-k
Parce que ça fait beaucoup de raffinage 75 GTep/jour, alors qu'on ne consomme "que" 12 MTep/jour environ ... ;)

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Message par Tiennel » 14 juin 2007, 11:21

Oups, ce sont des milliers de barils par jour :?
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Message par Eric DUPONT 1 » 14 juin 2007, 11:47

t'avais pas verifié avant ?

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Message par Iguane » 14 juin 2007, 12:20

Ca va , M'sieur DUPONT 1, on fait tous des erreurs. Tant que c'est occasionnel, c'est normal et quasiment inévitable. Par contre écrire avec une douzaine de fautes de frappe/orthographe/syntaxe à chaque ligne, c'est inadmissible. Tu ferais mieux de construire ta bagnole en bois et à air comprimé et de la fermer. :smt013

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Message par energy_isere » 14 juin 2007, 12:36

L'appareil de raffinage américain toujours à la peine

Depuis fin février, le marché réagit, avec angoisse, à la difficile montée en puissance des raffineries - perturbées par des incidents à répétition - chargées de reconstituer les stocks d'essence américains avant le pic estival des déplacements automobiles. Ces difficultés expliquent en partie la remontée des cours du brut au-delà des 60 dollars le baril.
Les craintes sur les problèmes du raffinage américain sont aujourd'hui intégrées dans le niveau des cours et ces perturbations ne surprennent plus guère. Les faits n'en reste pas moins têtus. Alors que la "driving season" a commencé depuis quinze jours, les raffineries américaines ont toujours le souffle court, ce qui ne fait rien pour permettre aux prix des hydrocarbures de se relâcher sur le marché new-yorkais.

Une nouvelle preuve a été donnée aujourd'hui avec l'annonce des chiffres sur l'état du secteur pétrolier américain publiés par le Département de l'Energie. Point de fixation du marché, les stocks de carburant n'ont guère progressé - contrairement à ce qui était prévu par les spécialistes - se contentant de se stabiliser à un peu plus de 200 millions de barils. Depuis plus d'un mois, ils avaient (trop) lentement commencé à regonfler. Une bien mauvaise surprise.

Ce niveau reste inférieur à la moyenne observée ces cinq dernières années. Le rythme de production des raffineries a de nouveau ralenti, comme il l'avait déjà fait la semaine passée: ces installations tournent à 89,2 % de leurs capacités, soit 0,4 % de moins que la semaine dernière. Du jamais vu depuis quinze ans durant une période aussi délicate.

Cette fois, ce sont les sites de la Côte Ouest qui sont incriminés. Selon un analyste, il faudrait que les raffineries tournent bien au-delà de 90% de leurs capacités pour aider les prix à se détendre. Résultat, le remplissage des réservoirs provient avant tout de carburants importés par tankers. Or, cet afflux a également ralenti la semaine dernière.

Tournant moins vite, les raffineries puisent moins dans les réserves de pétrole brut à leur disposition: celles-ci ont gonflé de 100.000 barils en une semaine. Une abondance d'hydrocarbures en attente de raffinage sur laquelle ne s'attarde pas le marché. Les opérateurs apparaissent avant tout préoccupés par de possibles tensions dans les approvisionnements durant l'été, surtout si les ouragans remontant de l'Atlantique Sud décidaient de s'attarder sur des installations déjà à la peine.

Directement concerné par les problèmes de raffinage, le prix "de gros" de l'essence est également reparti à la hausse après le point hebdomadaires du Département de l'Energie: le gallon (3,8 litres) s'est renchéri de 1,5% à 2,17 dollars. Cette situation conduit les négociants à faire monter le prix du baril de WTI de 0,4% à 65,60 dollars à New York. Le phénomène fait également tache d'huile sur le prix du Brent à Londres, qui progressait en fin d'après-midi au-delà des 69 dollars.

La Tribune

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