Re: Démographie, naissances...
Publié : 29 sept. 2022, 06:03
https://www.vie-publique.fr/parole-dexp ... e-lafriqueDes perspectives économiques incertaines et variables
Après des taux de croissance économique supérieurs à 5% par an entre 2000 et 2014, la croissance de l’Afrique subsaharienne a été divisée par deux pour s’établir à 2,2% en moyenne entre 2015 et 2018 du fait notamment de la baisse des prix mondiaux du pétrole et des matières premières. Mais, selon les estimations 2019 du Fonds monétaire international (FMI), la croissance économique devrait reprendre, quoique dans un climat de fortes incertitudes, et se stabiliser à près de 4% à moyen terme. Toutefois, le maintien de taux de croissance démographique supérieurs à 2% par an d’ici à 2040 devrait continuer à absorber la moitié, voire davantage, de la croissance économique espérée.
Ces chiffres globaux masquent toutefois des différences considérables entre pays. Environ la moitié des pays dont les performances économiques ne sont pas trop dépendantes des exportations de pétrole et de matières premières pourraient enregistrer des taux de croissance de 5% par an ou plus, ce qui leur permettrait d’avoir à moyen terme des augmentations de leurs PIB par tête plus rapides que dans le reste du monde. Selon les projections faites pour les années 2019-2024, seuls 21 pays sur les 45 pays de la zone subsaharienne pour lesquels on dispose des données pourraient avoir une croissance économique moyenne égale ou supérieure à 5% par an.
Parmi ceux-ci, 11 pays auraient une croissance supérieure à 6% (Sénégal, Rwanda, Éthiopie, Niger, Côte d’Ivoire, Bénin, Sud-Soudan, Ouganda, Mozambique, Kenya, et Burkina Faso). Mais, même pour ces pays, la part de leur croissance économique absorbée par les investissements démographiques requis reste importante, de l’ordre de 30 à 50%. Trois pays seulement, le Rwanda, le Sénégal et l’Éthiopie, dont les taux de croissance démographique sont un peu plus faibles, seraient en mesure d’avoir des augmentations d’environ 5% par an de leurs PIB par tête qui pourraient alors doubler en une quinzaine d’années.
À l’autre extrémité, les croissances économiques projetées pour 2019-2024 sont inférieures aux croissances démographiques pour six pays. Celle projetée pour l’Afrique du Sud est quasiment égale à sa croissance démographique. Cette tendance signifie pour ces pays des reculs de leurs PIB par tête et une stagnation de celui-ci pour l’Afrique du Sud. On notera que le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Angola totalisent la moitié du PIB de la région.
Pour les 18 pays restants, la part de leurs croissances économiques absorbée par les investissements démographiques devrait rester comprise entre 45% et 95%. La croissance de leurs PIB par tête devrait se situer entre 0,5 et 2,5% par an. Mais le Cap-Vert, Maurice et les Seychelles, qui ont achevé leur transition démographique et ont déjà des PIB par tête assez élevés, font mieux avec des croissances projetées de leur PIB par tête de 3 à 4% par an.
Des évolutions démographiques variables
Les dernières projections démographiques des Nations unies pour la période 2020-2100 publiées en juin 2019 s’appuient sur une hypothèse de baisse de la mortalité, une hypothèse de migrations internationales, et sur trois hypothèses, moyenne, haute et basse, pour l’évolution de la fécondité, principal facteur d’évolution des populations.
Pour l’Afrique subsaharienne, l’hypothèse moyenne se base sur une fécondité de 4,6 enfants par femme en 2020, de 3,1 enfants en 2050 et de 2,1 enfants en 2100. Ces chiffres sont le résultat des évolutions projetées pour les 48 pays de la région, qui convergent à des dates différentes vers 2,1 enfants par femme. Par pays, comme pour l’ensemble de la région, l’hypothèse haute est quant à elle définie par convention en ajoutant aux chiffres de l’hypothèse moyenne 0,5 enfant, et la variante basse en retranchant 0,5 enfant.
Partant pour l’Afrique subsaharienne d’une population estimée en 2020 à 1,1 milliard, soit 14% de la population mondiale, ces projections aboutissent à une population comprise en 2050 entre 1,9 milliard et 2,3 milliards d’habitants, soit 22% de la population mondiale. Et en 2100, les estimations s’établissent entre 2,7 et 5,2 milliards d’habitants, soit entre 33 et 37% de la population mondiale. À l’horizon 2050 donc, la population de la région devrait ainsi plus ou moins doubler. À l’horizon 2100, elle pourrait être multipliée entre 2,5 et 5 fois, les taux de croissance démographique se maintenant au-dessus de 2% par an jusqu’au milieu des années 2030 avec l’hypothèse basse, et jusqu’à la fin des années 2050 avec l’hypothèse haute.
Par pays, dans les 30 ans à venir, avec l’hypothèse basse (2,6 enfants par femme en 2050), huit pays pourraient voir leurs populations plus ou moins doubler avec des croissances démographiques moyennes de 2% à 3% par an. Les deux tiers des pays verraient leurs populations augmenter de 50 % à 90 %, avec des croissances démographiques moyennes de 1,5 à 2% par an.
Mais avec l’hypothèse haute (3,6 enfants par femme en 2050), ce sont 32 pays sur 48 qui pourraient voir leur population quasiment doubler d’ici à 2030, avec des croissances démographiques moyennes de 2% à 3% par an. Seulement 10 pays verraient leurs populations augmenter de 50% à 90%, avec des croissances démographiques moyennes de 1,5% à 2% par an.
Viennent ensuite six pays avec des croissances démographiques faibles de l’ordre de 1% par an ou moins : Djibouti, Afrique du Sud, Lesotho, Cap-Vert, Seychelles et Maurice, qui ont pour certains de fortes croissances de leurs PIB par tête et des économies qu’on peut déjà qualifier d’émergentes.
Dans l’hypothèse basse, le ralentissement de la croissance démographique est le résultat d’une augmentation moindre du nombre de naissances et d’enfants par rapport à l’hypothèse haute. Mais même avec 2,6 enfants par femme en moyenne en 2050, ce nombre continuera d’augmenter et, avec lui, les besoins en santé et en éducation. Ce qui est donc en jeu pour la plupart des pays d’Afrique subsaharienne est bien la stabilisation, voire la diminution, des effectifs des moins de 15 ans via une maîtrise rapide de la fécondité, comme cela a été observé dans les pays émergents.