Geispe a écrit :j'ai du mal à me faire à cette idée : l'humain a évolué et l'état d'esprit n'y est plus, nous sommes devenus bien plus intellectuels...
Non. Ce propos est une illusion qu'il est effectivement agréable d'entretenir (comme toutes les illusions consolatrices d'ailleurs). Cette "intellectualité" apparente n'est qu'un vernis provenant des contraintes imposées (heureusement d'ailleurs !) par la vie dans une société démocratique disposant d'un corpus de lois et d'un appareil repressif permettant de les faire respecter. Dès que les contraintes tombent (en cas de guerre ou de surgissement d'un régime non démocratique, par exemple), la violence primordiale resurgit. Féroce. Sans pitié.
Et pourquoi resurgit-elle si spontanément, me direz-vous ? Oh, c'est simple, cette espèce de primates qu'on appelle les
Homo sapiens n'a pu survivre dans des temps qui nous paraissent lointains - mais qui ne sont pas si éloignés que ça à l'échelle de l'évolution - que parce qu'elle était suffisamment agressive pour se tailler un bout de gras sur cette planète. Cette agressivité qui nous a permis de survivre pendant des millions d'années, elle est toujours là, bien vivante. Ça n'est pas en 10000 ans de civilisation (je compte très très large) qu'on balance quatre millions d'années d'évolution à la poubelle. Tiens, j'irais même plus loin, si l'humanité a finalement pu survivre, c'est parce que ses représentants, finalement,
aiment la mort. La mort des autres, évidemment. Et s'ils ne sont pas acteurs, alors ils se régalent du spectacle.
Vous trouvez que j'exagère ? Citez-moi une guerre où il n'y ait pas eu de volontaires pour aller au casse-pipe pour le plaisir de tuer ? Oh, ce sentiment de puissance qui habite celui qui tue (un autre être humain ou un animal). Il doit se sentir immortel, le gars. Y compris jusque dans les années les plus récentes de l'histoire de cette planète, il s'est trouvé des bons pères de familles pour massacrer, torturer, mutiler, exécuter. Au Kosovo, Irak, Afghanistan, Cambodge, Rwanda, etc. Et ne vous imaginez pas que, parce que ça n'est pas encore arrivé en Europe de l'Ouest (l'ex-Yougoslavie, vous vous souvenez ?) qu'il n'y pas des assassins potentiels ici. Il n'y a qu'un seul véritable monstre : l'Homme. Et si ça se trouve, il a la gueule de mon voisin de palier.
Même sur ce forum, qui pourtant part d'une bonne intention (comme en enfer, je sais, merci), il se trouve des imbéciles pour rêver de révolutions et de sanglantes vengeances "à l'ombre de la guillotine". C'est, je crois, un autre élément en faveur du fait que l'utopie ne sera pas.
Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, oui, le retour à la féodalité est le scénario le plus probable après l'effondrement complet de la civilisation industrielle. Mon scénario : ici et là, quelques bandes disposant encore de bribes de technologie meurtrière prennent le contrôle de communautés locales et utilisent le bon vieil argument mafieux de la protection : "Vous nous versez un tribut et on vous protège contre les autres bandes". Une fois les bribes technologiques en question devenues inopérantes (plus de munitions, etc.), la caste des brigands a eu le temps de recruter parmi les locaux des nervis armés d'outils plus rustiques, de les former à la discipline du clan, et hop, on est repartis pour la reconstitution de nos bons "seigneurs et maîtres" d'antan. Une troupe bien organisée, bien encadrée, même très minoritaire en nombre, est toujours plus efficace qu'une foule. Relisez Sun Tzu, si vous ne me croyez pas...