Je savais bien que Gilles avait une petite idée derrière la tête en posant la question.
Mathématiquement, si vous voulez une démontration. Soit une quantité X à construire/entretenir (X = longueur des routes, surfaces habitables, etc....). X est déterminé par un certain rythme de renouvellement P possible techniquement, dépendant du nombre d'humains et de la technique. Pour m'abstraire de la variation démographique, je vais prendre pour X la quantité par etre humain, plus significative, qui ne dépend elle que de la technique. Supposons donc une technique n'évoluant plus. X évolue suivant le temps par
dX/dt = P - k X
où k = 1/T est l'inverse de la durée de vie de X
C'est un petit exercice taupinal de calculer la solution de l'équation en appelant X0 la quantité initiale : c'est
X = P/k + (X0-P/k) exp (-kt).
tout le charme de cette équation montre que X tend universellement vers la meme valeur P/k , quelle que soit la valeur initiale X0, qui n'influence que le regime transitoire (le 2e terme) , de durée typique T =1/k. Autrement dit, après la disparition des fossiles (instant "zéro"), la situation evoluera dans un temps caractéristique de quelques T jusqu'a la valeur ou le potentiel d'entretien equilibre juste la disparition, indépendamment de la valeur initiale, et ne pourrait évoluer que si on change l'efficacité de construction (P) ou améliore la durée de vie (k), ce qui peut changer , bien sur , mais qui a peu de chance de continuer à evoluer indéfiniment (en s'améliorant) dans le futur, et va probablement aussi se stabiliser à une valeur "sans fossile".
A moins de démontrer que l'équation de départ est tres fausse, ce qui m'étonnerait, je pense que c'est inattaquable....
Je suis un peu étonné. Gilles, qui en d'autres circonstances, nous explique à longueurs de messages qu'il fait se méfier des modèles, qu'ils ont leurs limites, semble ne pas avoir d'esprit critique vis à vis de son modèle.
Je note:
1) Le rythme de renouvellement P me semble dépendant du niveau d'infrastructure et ne peut être une constante comme dans l'équation initiale.C'est vrai que si on le considère, par exemple, comme une fonction linéaire de X, cela ne fait que changer la vitesse de décroissance de l'exponentielle, mais cela peut avoir son importance(point 3))
2) Les connaissances techniques ne sont pas constantes(d'une certaine façon, on peut peut-être considérer que le savoir fait partie de l'infrastructure, ce qui revient au point 1)
3) N'oublions pas que l'espèce humaine a peu de chance de devenir immortelle. Certains aspects de la structure sont sans doute éminemment durables(à condition de les concevoir ainsi) et ont donc une valeur de T suffisamment grande pour considérer que la limite asymptotique soit purement théorique.
Enfin, au delà de la critique du modèle mathématique, j'ajoute que la capacité de construire des civilisations non fondées sur les fossiles et donc d'entretenir n'est pas aussi faible que cela. Qu'on songe aux pyramides, au canaux, à la muraille de Chine, aux aqueducs romains qui servent encore. Il me semble qu'en considérant en plus mes points 1) 2) et 3) on peut avoir(ou plutôt on aurait pu avoir!) une utilisation rationnelle de fossiles.