Publié : 18 nov. 2007, 15:22
Le cheval reprend du service
Source : Le Monde
Date : 16/11/2007
Source : Le Monde
Date : 16/11/2007
Ce matin, Pola est comme les enfants de maternelle qu'elle emmène à l'école : il lui faut un peu de temps pour se réveiller. Le meneur de l'attelage de ramassage scolaire de Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados) doit se montrer persuasif pour qu'elle conserve son trot régulier et sonore. Tous les matins, elle traverse cette ville de 4 000 habitants, entre Caen et Livarot, pour transporter en deux tournées 24 bambins d'un quartier périphérique. Depuis la rentrée 2006, la percheronne grise de 4 ans assure le ramassage d'une partie des 127 élèves : à la suite du regroupement des deux maternelles, Hervé Lucas, l'adjoint au maire chargé du tourisme, a pensé à la jument municipale, qui ramassait déjà les corbeilles à papier publiques, arrosait les jardinières...
Aux municipales de 1995, l'équipe sortante est battue ; la jument y est sans doute pour quelque chose. Le nouveau maire a promis de l'envoyer "à la boucherie". Grâce à la mobilisation d'une partie des habitants, elle échappe au couteau.
En 2001, le vent électoral tourne de nouveau. Uranie reprend du service puis, vieillissante, cède la place à Pola de Nesque, de son vrai nom. "Quand je vois les gens s'arrêter dans la rue pour regarder passer Pola, mon bonheur est là", souligne M. Lucas. Région et conseil général ont financé 50 % de l'investissement. Pour compenser les trois emplois nouveaux, quelques départs en retraite ne seront pas remplacés.
Le nouveau cheval urbain peut ainsi être éboueur, policier, auxiliaire pédagogique, thérapeute... Dans les ceintures ou les poumons "verts" des villes, il est "écogarde", agent forestier pour l'ONF. Partout, il a un gros avantage - le seul, disent ses détracteurs : il valorise l'image de l'homme. Du maire au gendarme, en passant par le modeste employé municipal à qui il donne une motivation précieuse.
Quelque 70 communes participaient au congrès de Trouville 2007, contre 15 en 2002. Les récalcitrants évoquent le crottin (problème réglé par des sacs pour les chevaux attelés), les dangers du cheval ; ils doutent de son efficacité, évoquent son coût... "On est dans un monde du minéral et on y rajoute du vivant, rétorque M. Linot. Cela n'a pas de prix !"