La "tragédie" des déchets électroniques : à qui la faute ?
Le Point.fr - Publié le 20/05/2014
VIDÉO. Un documentaire diffusé sur Arte démontre l'incurie générale qui règne sur le trafic de nos rebuts électroniques. Une enquête sans appel.
Les chiffres sont connus, et pourtant, les nombreuses décharges africaines et asiatiques n'arrêtent pas d'être alimentées, chaque jour, par des conteneurs entiers de déchets électroniques et électriques (DEE) en provenance des pays riches. Carcasses de réfrigérateurs, ordinateurs plus ou moins désossés et smartphones jugés obsolètes remplissent ces cimetières à ciel ouvert, revers de notre modernité (sur)consommatrice. Dans La Tragédie électronique*, la réalisatrice Cosima Dannoritzer tente de remonter cette drôle de filière, dont le trafic illégal dépasserait celui... de la drogue.
Déjà auteur du film sur l'obsolescence programmée, Prêt à jeter, en 2011, l'Allemande a parcouru le monde à la recherche des sources de ce scandale. Au Ghana, où les décharges polluent les sols. Dans l'arrière-pays chinois, où des familles risquent leur santé pour "recycler" du matériel usagé destiné à être revendu comme neuf. En Espagne, où trois appareils électroniques sur quatre ne finissent pas comme prévu dans une usine de recyclage agréée.
Les chiffres sont connus, et pourtant, les nombreuses décharges africaines et asiatiques n'arrêtent pas d'être alimentées, chaque jour, par des conteneurs entiers de déchets électroniques et électriques (DEE) en provenance des pays riches. Carcasses de réfrigérateurs, ordinateurs plus ou moins désossés et smartphones jugés obsolètes remplissent ces cimetières à ciel ouvert, revers de notre modernité (sur)consommatrice. Dans La Tragédie électronique*, la réalisatrice Cosima Dannoritzer tente de remonter cette drôle de filière, dont le trafic illégal dépasserait celui... de la drogue.
Déjà auteur du film sur l'obsolescence programmée, Prêt à jeter, en 2011, l'Allemande a parcouru le monde à la recherche des sources de ce scandale. Au Ghana, où les décharges polluent les sols. Dans l'arrière-pays chinois, où des familles risquent leur santé pour "recycler" du matériel usagé destiné à être revendu comme neuf. En Espagne, où trois appareils électroniques sur quatre ne finissent pas comme prévu dans une usine de recyclage agréée.
Les chiffres sont connus, et pourtant, les nombreuses décharges africaines et asiatiques n'arrêtent pas d'être alimentées, chaque jour, par des conteneurs entiers de déchets électroniques et électriques (DEE) en provenance des pays riches. Carcasses de réfrigérateurs, ordinateurs plus ou moins désossés et smartphones jugés obsolètes remplissent ces cimetières à ciel ouvert, revers de notre modernité (sur)consommatrice. Dans La Tragédie électronique*, la réalisatrice Cosima Dannoritzer tente de remonter cette drôle de filière, dont le trafic illégal dépasserait celui... de la drogue.
Déjà auteur du film sur l'obsolescence programmée, Prêt à jeter, en 2011, l'Allemande a parcouru le monde à la recherche des sources de ce scandale. Au Ghana, où les décharges polluent les sols. Dans l'arrière-pays chinois, où des familles risquent leur santé pour "recycler" du matériel usagé destiné à être revendu comme neuf. En Espagne, où trois appareils électroniques sur quatre ne finissent pas comme prévu dans une usine de recyclage agréée.
Contrôles quasi impossibles
Face à ce grand fourre-tout des déchets 2.0, qui blâmer ? L'Europe semble, a priori, la moins coupable. En 2012, l'Union européenne a pris soin de renforcer sa législation en matière de recyclage des DEE. Un effort louable, mais sans effet, ou si peu. La réalisatrice découvre cruellement comment la majorité de ces déchets sont volés, détournés, rachetés, revendus et n'atteignent pas les points de recyclage, qui se plaignent de fonctionner... en sous-régime.
Les Européens payent pourtant, à l'achat de leurs télévisions par exemple, une éco-participation qui inclut le prix du recyclage. Une "taxe" qui va parfois dans les poches d'entreprises véreuses qui revendent les marchandises-déchets en Afrique ou en Asie sans avoir eu à les recycler. Les fraudeurs "sont payés deux fois", constate, amer, un de ses interlocuteurs.
Des fuites massives de déchets souvent organisées par de puissantes filières mafieuses. "C'est une bataille difficile à gagner du fait de la dimension internationale du trafic, des sommes en jeu et de la corruption", pointe la réalisatrice. Les nombreux ports, qui exportent chaque jour des milliers de conteneurs, constituent autant de points de fuite. À Hambourg, un seul conteneur nécessite une demi-journée pour être contrôlé par les policiers allemands. Ils vérifient, appareil par appareil, si tout est en état de fonctionnement. Un seul en panne et c'est la saisie. Leur exportation est purement et simplement interdite depuis la signature, en 1989, de la convention de Bâle par 190 pays. Problème : 10 000 conteneurs quittent ce seul port chaque jour. Les douaniers cherchent une aiguille dans une botte de foin.
Les États-Unis, premier producteur de DEE de la planète, sont le seul pays avec Haïti à ne même pas avoir signé cette convention. Selon un ancien de Greenpeace, il n'y a qu'un seul employé à l'Agence de protection de l'environnement américaine (EPA) qui s'occupe du dossier. Et encore, un tiers de son temps seulement ! Une incurie qui atteint son comble quand Cosima Dannoritzer trouve de vieux ordinateurs appartenant à l'EPA, stockés à ciel ouvert dans une décharge chinoise. Une certaine vision de la mondialisation...
Gâchis économique
Le gâchis environnemental est d'autant plus absurde que les 50 millions de tonnes de rebuts électroniques jetés chaque année renferment de vraies richesses. Cuivre, cadmium, mais aussi or, argent ou terre rare peuvent être récupérés à grande échelle, par un recyclage systématique de ces matériaux. Ce travail, partiellement fait en Europe, est aussi réalisé en Afrique ou en Asie, mais dans des conditions d'insalubrité incroyables. Ici, on trempe des circuits imprimés dans l'acide, qu'on rejette dans le cours d'eau voisin. Là, on brûle un bout de plastique au briquet et on le trie en fonction de l'odeur, s'abîmant les poumons au passage. Autant leur redistribuer directement les recettes de notre éco-participation (quatre milliards d'euros par an), suggère la réalisatrice, pour que ces travailleurs - souvent des enfants - puissent au moins oeuvrer dans des conditions décentes.
Malgré la crise, la vente de produits et gadgets électroniques ne s'est jamais portée aussi bien. Cosima Dannoritzer remonte donc, à la fin de son documentaire, jusqu'à la source du problème : ceux qui jettent. "Ne peut-on pas réparer, recycler ces produits ? Ne peut-on pas produire moins de déchets ? On ne cherche pas à savoir ce que deviennent vraiment nos déchets. Loin des yeux, loin du coeur."
"La tragédie électronique", écrit et réalisé par Cosima Dannoritzer, le 20 mai à 20h50 sur Arte. Rediffusion le 22 mai à 8h55, le 24 mai à 10h20 et le 4 juin à 8h55