Du gaz ou de la chaleur à partir de restes de repas
07/09/2011 Le Republicain Lorrain
L’usine de méthanisation de Morsbach, près de Forbach, fonctionne depuis hier. À partir de déchets de cuisine de tout l’Est mosellan, on y produira gaz, chaleur, électricité ou compost. Le procédé, très innovant, est déjà copié.
La première livraison de déchets fermentescibles a eu lieu, hier, à l’usine de Morsbach. Photo Philippe RIEDINGER
Ce que vous voyez là est unique en France, voire dans le monde pour certains procédés d’acheminements et d’ouverture des sacs de détritus. Personne ne va aussi loin que nous dans le domaine du tri et de la valorisation. D’ailleurs, chez nous, vous ne devez plus parler de déchets mais de ressources ».
L’enthousiasme de Charles Stirnweiss était débordant, hier. Le président du Sydeme (syndicat mixte de transport et de traitement des déchets ménagers de Moselle-Est) a participé à la mise en route de son bébé : l’usine de méthanisation de Morsbach, près de Forbach.
Méthavalor, c’est son nom, est une révolution dans le domaine du recyclage. Ici, à partir des restes de repas et des déchets verts de toute la Moselle-Est, soit les déchets dits fermentescibles, on va fabriquer du gaz, de la chaleur, de l’électricité ou du compost. Les premières livraisons de bennes pour Méthavalor ont eu lieu, hier. Le contenu de poubelles de cuisine a été déversé dans des fosses. Peaux de banane, coquilles d’œuf, épluchures de pommes de terre, restes de viande ou de légumes… vont être stockés, criblés, malaxés puis engloutis par un digesteur, immense cuve privée d’oxygène. Le mélange va se dégrader doucement dans une atmosphère à 55° durant trois semaines. Du biogaz, méthane et CO2, va s’accumuler dans le digesteur. Il sera récupéré pour alimenter une mini-centrale électrique qui pourra arroser le réseau domestique. Une production de chaleur sera réinjectée pour les besoins du site. Une unité de séparation CO2/méthane permettra d’obtenir du méthane pur pouvant être utilisé comme carburant des camions de collecte du Sydeme.
385 000 habitants/trieurs
« La livraison de biodéchets commence et la production de biogaz sera effective d’ici la fin de l’année. L’usine tournera à plein régime en 2012 », confie Serge Winkelmuller, directeur général du Sydeme.
Méthavalor a une capacité d’absorption de 32 000 tonnes de déchets par an pour une production annuelle de 5 500 000 m³ de biogaz. 160 000 foyers de Moselle-Est sont concernés, soit 385 000 habitants qui trient déjà ou trieront bientôt leurs biodéchets de Bitche à Bouzonville, via Sarreguemines, Forbach, Saint-Avold… Les restes des restaurants et cantines de tout le territoire, ainsi que les déchets verts broyés des déchetteries (10 000 tonnes par an) commencent également à arriver dans cette usine qui emploie une dizaine de personnes.
« Aujourd’hui, c’est la production qui commence mais si nous voulons rester à la pointe de l’innovation, il nous faut encore regarder plus loin. Il nous faut exporter le savoir-faire développer ici. Certains procédés mis en place à Morsbach font l’objet de brevets attribué en partie au Sydeme. S’ils sont repris ailleurs, cela va rapporter de l’argent à notre syndicat mixte. Une installation a déjà été copiée en Norvège. Des Canadiens doivent bientôt visiter l’usine. Dans le traitement de la biomasse, la Moselle-Est sert désormais d’exemple », se réjouit Charles Stirnweiss. Selon lui, le prix moyen du traitement des déchets dans l’Est mosellan est déjà 35 % inférieur au prix moyen pratiqué en Lorraine.