Dans le Tarn, Trifyl vise une valorisation optimale des déchets ménagers avec une nouvelle usine
MARINA ANGEL Usine Nouvelle le 22/10/2019
Un groupement d'entreprises conduit par Urbaser Environnement vient de remporter le marché de réalisation de la nouvelle usine de méthanisation du syndicat mixte tarnais Trifyl sur son site de Labessière-Candeil (Tarn). Un investissement de plus de 90 millions d'euros, avec la création d'une trentaine d'emplois.
a nouvelle usine de méthanisation verra le jour sur le pôle des énergies renouvelables de Trifyl à Labessière-Candeil, dans le Tarn.
Le projet de réalisation d'une nouvelle usine de méthanisation à Labessière-Candeil (Tarn), sur le site de Trifyl, syndicat mixte tarnais de valorisation des déchets ménagers et assimilés, vient de franchir une nouvelle étape vers sa concrétisation.
Le syndicat mixte vient de retenir un groupement d'entreprises conduit par Urbaser Environnement pour le marché de conception-réalisation. Urbaser Environnement, dont le siège est à Montpellier (Hérault) est la filiale française du groupe espagnol Urbaser, lui-même filiale d'un consortium chinois mené par le groupe China Tianyng Inc. Le projet, qui prévoit d'associer sur le même site une unité de méthanisation proprement dite et une ligne de production de CSR (Combustibles solides de récupération) dont une partie servira à alimenter le process de séchage dédié, porte sur un investissement global de 93 millions d'euros.
Le coup d'envoi des travaux est prévu pour le début de l'année 2021, pour une mise en service à l'horizon de l'été 2022. L'ensemble de l'installation devrait occuper près d'une quarantaine de personnes, avec la création d'une trentaine d'emplois nouveaux.
Une nouvelle filière de CSR
"C'est cette solution globale proposée par Urbaser Environnement, conjuguant méthanisation et production de CSR avec une partie d'auto-consommation de ces produits, qui a pesé dans la balance", explique Daniel Vialelle, président du syndicat mixte. Ce marché porte à la fois sur la conception, la réalisation, ainsi que l'exploitation et la maintenance pour une durée de cinq ans. Le groupement, qui associe les entreprises Socotrap, Albert & Fils et Touja, pour la réalisation des ouvrages de génie civil et de bâtiments, ainsi que le cabinet Alliage Architectes, pour la conception et l'intégration architecturale, était en concurrence avec trois autres regroupements, conduits respectivement par Tiru (filiale d'EDF), Vinci et Coved.
"Notre projet industriel va permettre d'atteindre une valorisation optimale du déchet ménager", insiste le président de Trifyl. Certains déchets non fermentescibles, dont des plastiques résiduels, seront aussi valorisés, via une ligne de production de CSR, pour environ 40 000 tonnes de produits par an. L'énergie requise pour le séchage de ces CSR sera issue d'une chaudière alimentée elle-même par une partie des CSR produits sur le site. "Environ un tiers de nos CSR seront ainsi auto-consommés sur site, le reste sera commercialisé vers les filières spécialisées", précise Camille Demazure, chef de projet industriel chez Trifyl.
Une production attendue de 65 000 MWh/an
La nouvelle installation est dimensionnée pour accueillir, trier et traiter pas moins de 110 000 tonnes de déchets par an (bio-déchets issus des ordures ménagères, de la restauration collective et de gros producteurs), en provenance principalement du Tarn, ainsi que de quelques communes limitrophes de la Haute-Garonne et de l'Hérault. A l'issue du process, le biométhane produit par le méthaniseur Valorga (filiale d'Urbaser Environnement) sera injecté directement dans le réseau de transport Terega, pour une production attendue de l'ordre de 65 000 MWh/an. "C'est l'équivalent de 10 % des besoins en gaz domestique des habitants du Tarn", souligne Daniel Vialelle.
Avec cette nouvelle usine, le syndicat mixte entend tourner une nouvelle page de son histoire. Pionnier de la production de biogaz à partir de déchets ménagers, Trifyl dispose déjà d'une unité basée sur la récupération de biogaz à partir de casiers d'enfouissement. Le site accueille environ 180 000 tonnes de déchets par an. Le biogaz issu de son bioréacteur est actuellement principalement transformé en électricité (23,8 millions de kWh produits en 2017). Une partie est aussi valorisée en biométhane-carburant (800 m3 par jour qui alimentent les véhicules du syndicat mixte).
"La nouvelle installation doit permettre de réduire au maximum l'enfouissement, qui risquait de nous pénaliser dans le cadre de la nouvelle réglementation qui prévoit une augmentation des taux de TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) sur ces activités de stockage", se félicite Daniel Vialelle. En outre, il positionne dorénavant le syndicat mixte comme un acteur majeur dans la production d'énergie renouvelable.
Créé en 1999, Trifyl emploie un peu plus de 250 agents, dont près de 80 sur le pôle des énergies renouvelables de Labessière-Candeil, où sont basés son siège et ses équipes de R&D. Urbaser Environnement affiche 200 millions d'euros de chiffres d'affaires consolidé en 2018 avec 1 550 salariés en France.