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par jean.thevenet » 05 juil. 2008, 23:17
ACTUALITÉS JDG – Mardi 1er juillet 2008
ENQUÊTE SUR UN GRAND PROJET À CHANTILLY
• Chantilly, la capitale du cheval
La ville cantilienne abrite le plus grand centre d’entraînement de chevaux
de course de France – et du monde – et le plus important club de polo
européen. Ces deux entités additionnées aux nombreux centres équestres – on
en compte une centaine dans le département de l’Oise - réunissent plus de 3
500 chevaux produisant environ une tonne de fumier par mois… chacun.
Al’heure de la protection de l’environnement via le développement durable,
la question se pose : comment gérer ces déchets de manière efficace et
écologique ?
• La méthanisation, source d’énergie
La transformation des fumiers en électricité et en chaleur apparaît comme
une double solution : la création d’énergie d’une part etla « destruction »
de ces déchets, d’autre part. Elle s’effectuera par un processus
d’élimination de la pollution organique par la méthanisation. Les coûts
engendrés par l’installation d’un complexe de méthanisation, de l’ordre de
10 millions d’euros, s’inscrivent dans un plan de retour sur investissement
de 10 ans. Celui-ci inclut la revente du courant électrique à EDF et de la
chaleur à des partenaires intitutionnels locaux à un prix inférieur à celui
du marché (estimé à 25% en dessous du prix du marché). 10.000MWH Thermique
serviront ainsi à chauffer le foyer AFASEC des apprentis jockeys, les
installations du centre de la Croix Rouge Bois Larris, le nouveau centre de
secours des pompiers de Lamorlaye et l’escadron de gendarmerie de Chantilly
avec le logement des familles. En hiver, la chaleur disponible sera
consommée en totalité alors que durant la période estivale, seuls 12% de
l’énergie créée sera utilisée. Le restant permettra la fabrication de
charbon végétal.
• Une usine à Chantilly
S’étendant sur trois hectares, les installations, dont les travaux devraient
être terminés durant le dernier trimestre 2009, doivent monter en charge en
fin d’année 2009 pour être totalement opérationnelles le 1er janvier 2010.
De l’écurie jusqu’à la livraison du produit, le procédé devra être effectué
dans un milieu anaérobie, c’est-à-dire en dehors de l’air. « Le site
cantilien sera important, mais nous envisageons de développer ce système à
la ferme, nous explique Didier Garnier, inspecteur général de l’agriculture
depuis 4 ans et nommé en qualité d’expert par Eric Woerth au sein du Conseil
de développement du Pays Sud de l’Oise. Car nous pouvons également en
construire des plus petits. Ainsi, le système ne serait pas centralisé à
Chantilly. »
• Une première mondiale
« Ce procédé n’existe nulle part ailleurs, nous a déclaré Didier Garnier.
Seules les méthanisations des fumiers de bovins et de porcs existent
aujourd’hui. » Directeur général de l’AFASEC pendant dix ans dans les années
90, Didier Garnier connaît parfaitement le monde des courses hippiques.
Travaillant depuis 2000 au ministère de l’Emploi et de la Solidarité puis au
ministère de l’Agriculture et de la Pêche, c’est très naturellement que
Didier Garnier a décidé de soutenir le projet de méthanisation des fumiers
équins. « J’ai soumis ce projet à Eric Woerth [maire de Chantilly et
ministre du budget] qui cherchait également une solution au problème
d’évacuation des fumiers. Je suis aujourd’hui confiant car les premiers
résultats des analyses que j’ai reçus sont encourageants. Nous avions déjà
soumis un premier projet au mois de mars où nous affichions nos intentions.
Celui déposé aujourd’hui en juin est un redéveloppement du premier.»
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L’AIRE CANTILIENNE A L’ÈRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Dans le cadre d’un pôle d’excellence rurale de l’Aire Cantilienne,
regroupant six communes du canton de Chantilly, un projet de méthanisation
des fumiers équins en électricité et en chaleur a été déposé courant juin à
la Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche (DGER).
LA MÉTHANISATION, UN BIOPROCÉDÉ
La méthanisation est un processus de dégradation. La matière dégradée se
transforme en biogaz. La méthanisation est un bioprocédé quand elle
participe à la dépollution tout en produisant de l’énergie thermique et/ou
électrique. Dans ce cas, la méthanisation du fumier devient une solution de
production d’énergie renouvelable. De plus, le digestat, c’est-à-dire le
reste du fumiernon méthanisé, sert de fertilisant et peut entrer dans un
cycle de production, comme celui des champignonnistes.
ACTUALITÉS JDG – Mardi 1er juillet 2008 page 3
ENQUÊTE SUR UN GRAND PROJET À CHANTILLY
• La « patte » des professionnels des courses
C’est main dans la main que Richard Crépon, entraîneur cantilien
représentant les professionnels du Cheval, et Didier Garnier ont mis sur
pied ce projet à travers l’association Lamorlay
B i o r e s s o u r c e s .
« Réalisant l’envergure du projet, nous nous sommes rendus compte qu’il ne
pourrait prendre forme seulement si nous maîtrisions les ressources
végétales, nous explique Bruno Battistini, consultant sur le projet. Nous
avons donc créé une société privée juridique, la CUMA du Pays Sud Oise dont
M. Crépon est Président. » Créée il y a un an, la CUMA concentre aujourd’hui
une centaine de chefs d’entreprises, tous actionnaires de la société de
droit agricole. Ayant pour vocation de rassembler tous les producteurs de
fumiers, la société abrite les différentes familles du cheval. La CUMA met
ainsi en commun le matériel nécessaire au projet, elle est le « maître
d’ouvrage » précise Bruno Battistini et assurera la sécurité dans
l’approvisionnement. « Le site se situera sur le Mont de Pô, ajoute Bruno
Battistini. Trois avantages découlent de cette localité : elle est au centre
des principales écuries, à courte distance des utilisateurs de chaleur et
offre une surface au sol minimale suffisante pour l’installation de la
plateforme. »
LES SOURCES DE FINANCEMENT
10 millions d’euros sont nécessaires à la construction du nouveau site.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) participe
au projet de financement. France Galop a participé au financement de
l’aménagement de la plateforme, mais n’a pas encore été sollicité pour
participer au financement de la deuxième phase, c’est-à-dire le
fonctionnement. Le ministère de l’Agriculture et de la Pêche doit également
participer au projet. Les initiateurs du projet pensent également aux
Sofaris, des fonds spécialisés détenus par les banques. Par ailleurs, la
FIVAL (Fédération interprofessionnelle du cheval de sport, de loisir et de
travail) participe financièrement au projet via les fonds Eperons. En résumé
de très nombreux organismes se trouvent impliqués dans ce projet complexe,
tant du point de vue du financement que de celui de la réalisation.
LE PÔLE DE COMPETITIVITÉ,
CENTRALISATEUR DU PROJET
Le Pôle de compétitivité de la filière équine a pour mission d’effectuer un
suivi scientifique, mais surtout de coordonner les actions des différents
porteurs du projet de Chantilly. « Je dois ensuite faire circuler
information, nous explique Lola Quitard, spécialiste de la valorisation du
fumier de cheval. »
HISTOIRE DE CROTTINS...
Que faire quand les contingences organiques de la vie vous rappellent chaque
jour à votre devoir ? Les chevaux mangent, urinent et produisent des
crottins. De manière abondante. La gestion de ces besoins et nécessités
primaires (souvenez-vous de la pyramide de Monsieur Masselot) est finalement
au coeur de la filière cheval. Nul n’est épargné, ni même les entraîneurs
dévoués à la sélection sportive absolue. Quand on sait qu’un cheval produit
quasiment une tonne de fumier par mois, ce sujet n’est pas anodin. Des
réseaux ont toujours existé : rachat du fumier par des entreprises souvent
adossées à des champignonnières. Puis, signe des temps, le rachat est devenu
simple échange contre de la paille. Puis l’échange est devenu payant… A
l’heure du grand choc énergétique, et écologique, les solutions innovantes
en matières de création d’énergie « propre » sont les bienvenues. C’est à
quoi répond un projet de méthanisation des fumiers équins de la zone
d’influence du centre d’entraînement de Chantilly.
LES CHIFFRES
Déchets : 49.900 tonnes
Dépôt du projet : 12 juin
Production d’énergie brute : 25.000 mégawattsheure (MWH)
Reventes : 125€ le MWH à EDF/30€ le MWH Thermique aux institutions
cantiliennes
Coût de l’usine : 10 millions d’euros
Mis en service : 1er janvier 2010