Le sous-sol kenyan, prometteur pour la géothermie
Au cours des trois dernières années, un projet financé par le FME (Fonds pour l’Environnement Mondial) a permis de tester au Kenya des techniques sismiques et de forage destinées à favoriser l’exploitation géothermique des sous-sols. Communiqués le 9 décembre dernier, les résultats ont surpassé les attentes du PNUE (1) et de la compagnie d’électricité kenyane KenGen, tous deux impliqués dans le projet. Ils ont en effet révélé la présence de puits de vapeur capables de générer environ 4 à 5 MW, l’un d’entre eux présentant même un potentiel remarquable de 8 MW. D’après les experts, au regard du coût de fonctionnement peu élevé d’une centrale géothermique, cela pourrait représenter une économie allant jusqu’à 75 millions de dollars pour le promoteur d’une installation de 70 MW.
Potentiels géothermiques du Sud-Est de l'Afrique
Parmi les sites prometteurs identifiés, on retrouve sans surprise la ville kenyane de Naivasha, située à environ une heure de voiture de la capitale Nairobi. Naivasha a déjà accueilli plusieurs centrales fonctionnant à la géothermie, dont une de 45 MW « ayant opéré pendant près d’un quart de siècle » et une autre, entrée en service en 2000, d’une capacité de 70 MW. Pourtant, les puits actuellement exploités à Naivasha ne génèrent qu’environ 2 MW chacun. C’est de la volonté d’optimiser ce potentiel qu’est né le projet soutenu conjointement par le FEM (2) et le PNUE. En identifiant avec exactitude les sites les plus prometteurs et en améliorant les techniques de forage et d’exploitation, celui-ci espère faire de la géothermie une source d’alimentation énergétique majeure du Kenya ainsi que d’autres pays jalonnant le Grand Rift africain (3), dotés de capacités similaires. Selon le directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, il y aurait « au moins 4 000 MW d’électricité prêts à être récoltés le long du Rift ».
Considéré comme le pionnier africain en matière de mise en valeur géothermique, le Kenya ambitionne de produire 1 200 MW grâce à la géothermie d’ici 2015. A l’heure actuelle, sa demande en électricité est estimée à environ 1 000 MW et dépend principalement des centrales hydroélectriques, lesquelles ont pâti ces dernières années de précipitations déficitaires.
A la faveur d’un financement de près de 18 millions de dollars approuvé par le FEM, le PNUE et la Banque Mondiale dans le cadre du programme « Africa Rift Valley Geothermal Development Facility (ARGeo) » visant à soutenir le développement de la géothermie dans la vallée du Rift africain, d’autres pays devraient également bénéficier d’aides. S’étant déjà engagé à combattre les risques liés au forage à Djibouti, en Erythrée, au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, le projet devrait commencer dès début 2009.
Bien que présentant des risques, aujourd’hui relativement maîtrisés, relatifs aux activités de forage, la géothermie s’impose comme une source d’énergie tout à la fois régulière, renouvelable et occasionnant très peu de rejets. Flexible, la chaleur extraite du sous-sol à plus ou moins grande profondeur peut être mise à profit pour le chauffage urbain, pour alimenter certains procédés industriels ou encore transformée en énergie électrique via un système de turbines.
Nulle surprise donc que les candidats à l’expansion géothermique affluent, à commencer par les îles Comores, la République Démocratique du Congo et le Rwanda.
Cécile Cassier
1- Programme des Nations Unies pour l’environnement
2- Fonds pour l'Environnement Mondial
3- Un rift est un phénomène écologique consistant en une zone de fracturation lithosphérique, souvent caractérisé par une activité volcanique soutenue. Le grand Rift ou vallée du Rift africain s’étend du Sud de le mer Rouge au Zambèze.