Le Grand Inga du Congo surpassera le barrage des Trois-Gorges (Chine)
21 Mai 2013 Enerzine
La République Démocratique du Congo (RDC) a relancé le processus de sélection pour développer la plus grande centrale hydroélectrique du monde sur les rives du fleuve Congo d'une puissance installée de 40.000 MW : Grand Inga.
A terme, le complexe du Grand Inga a pour objectif de fournir massivement à plus de la moitié du continent africain une énergie renouvelable et bon marché. Le barrage Grand Inga aura le double du potentiel de celui des Trois-Gorges sur le fleuve Yangzi Jiang en Chine.
D'un coût estimé à 12 milliards de dollars, la première phase de la construction du projet "Inga 3 Basse Chute", (4.800 MW) devrait démarrer en octobre 2015. Partie prenante du projet, l'Afrique du Sud prévoit d'acheter une part conséquente de la production d'électricité du nouveau barrage. Le pays prendrait ainsi 2.500 MW de la puissance de la future centrale Inga 3 Basse Chute, devenant de fait l'acheteur de référence. "Nous avons concrétisé notre engagement en provisionnant d'ores et déjà ce poste d'achat à notre programme budgétaire", a souligné M. Garrith Bezuidenhoudt, chef de cabinet au ministère de l'énergie de la République Sud-africaine.
L'étude d'impact environnemental et social a montré que cette phase n'a pas d'incidence sur les populations. Celles-ci ne seront pas affectées par les zones inondées, qui resteront relativement faibles. Inga 3 n'aura pas non plus d'impact écologique sur la faune et la flore sur cet espace de savane clairsemée.
"L'originalité de l'étude de faisabilité technique a été de séquencer le projet de Grand Inga en plusieurs centrales", a indiqué Edouard Dahomé, directeur Afrique de EDF, qui, avec les bureaux d'études américain et français Aecom et Nodalis Conseil, a réalisé l'étude de faisabilité du projet. De mythe rêvé depuis 40 ans, Grand Inga se concrétise avec un plan d'actions séquencé en plusieurs centrales, qui seront ajoutées au fil des étapes.
Le site de Grand Inga offre une combinaison d'éléments naturels exceptionnels : "la zone d'affluence de la Bundi au fleuve Congo présente une chute de 100 mètres sur une quinzaine de kilomètres, avec un débit de 40 000 m3/ seconde." Inga 3 se divise en deux opérations. La première, qui démarrera en 2015, est dite Basse Chute, située en aval. Elle n'implique pas un barrage sur le fleuve mais une prise d'eau sur son affluent. Ces conditions permettront de produire une électricité à un coût très attractif. La seconde opération appelée Inga 3 Haute Chute, avec le barrage du fleuve et le rehaussement de la retenue faite en Basse Chute ajoutera 3.000 MW de capacité. Par la suite, cinq autres centrales seront installées sur le même barrage pour atteindre une capacité de 40.000 MW.
Un dispositif hydroélectrique existe déjà sur le fleuve Congo à ce niveau avec les barrages d'Inga 1 et Inga 2, deux centrales en service depuis 1972 et 1982 respectivement et d'une capacité totale de près de 1.800 MW.
Inga 3 Basse Chute devrait permettre de combler le déficit en électricité de la République Démocratique du Congo et répondre aux besoins croissants de la population et des industries, en particulier minières et à la demande de l'Afrique du Sud. A cette première phase s'adjoindront de nouvelles étapes qui permettront aux pays d'Afrique Australe, du Nord-est du Continent et d'une partie de l'Ouest de bénéficier de la production du site. Les questions de transport de l'énergie et de connexion resteront cependant à trancher : "Inga présente un caractère hautement intégrateur, à la fois à l'échelle régionale et au niveau international", a insisté le Ministre Bruno Kapandji Kalala.
** Ce projet s'inscrit dans le Programme pour le Développement de l'Infrastructure en Afrique (PIDA), une initiative commune de l'Union africaine, du Nouveau Partenariat Pour le Développement en Afrique (NEPAD), et de la Banque Africaine de Développement. Il prévoit la réalisation de projets régionaux dans les secteurs du transport, de l'énergie, des technologies d'information et de la communication (TIC), et la gestion des ressources en eau transfrontalières (GRET).