[Solaire] Énergie solaire photovoltaïque
Publié : 30 janv. 2008, 17:29
« Il est encore temps de créer une filière solaire française »
INTERVIEW : Une filière solaire française - Mercredi 30 janvier 2008
DAVID CORCHIA - DIRECTEUR GÉNÉRAL D'EDF ENERGIES NOUVELLES
LES ECHOS
EDF Energies Nouvelles développe, construit et installe des unités de production d'énergies renouvelables. Premier producteur français d'électricité éolienne, la filiale d'EDF se développe aussi dans le solaire. Elle distribue des équipements photovoltaïques, a des projets de fermes solaires en Espagne, en Grèce, en Italie ainsi qu'en France, et a pris des participations dans plusieurs sociétés : Fotosolar en Espagne, RETD en Grèce et Photon Power Technologies en France.
Quels sont vos objectifs dans le solaire ?
Il n'existe pas de filière solaire complète aujourd'hui en France. Seul Photowatt fabrique des cellules et des panneaux. Un deuxième acteur, Tenesol (filiale d'EDF et de Total), produit des panneaux à partir de cellules achetées. Il nous apparaît aujourd'hui stratégique de prendre pied dans l'amont pour être présent sur toute la chaîne, en complément de nos contrats à moyen terme d'achat de panneaux. Mais créer une filière en France exige un cadre accueillant pour les investisseurs.
N'est-ce pas trop tard pour créer une filière française, vu le retard pris face à l'Allemagne, aux Etats-Unis et à l'Asie ?
Il est encore temps, car l'industrie solaire est en pleine mutation. C'est une filière qui connaît une croissance très élevée. Cela favorise les réductions des coûts et l'émergence de nouvelles technologies, dont celle des « couches minces » pour la nouvelle génération de panneaux solaires. Or l'industrie française de l'électronique possède des compétences très proches, c'est une opportunité pour revitaliser des bassins d'emplois. Mais c'est maintenant que l'industrie solaire a besoin du soutien politique. Après, ce sera trop tard, comme dans l'éolien. Le solaire se développera en France mais nous installerons des équipements fabriqués ailleurs. De notre côté, nous sommes prêts.
Quels sont vos projets ?
Nous sommes en négociation avec des fabricants de panneaux à couche mince ainsi qu'avec des acteurs ayant développé de nouvelles technologies et qui en sont au stade de la mise en oeuvre. Nous cherchons à prendre des intérêts, minoritaires ou majoritaires, dans des coentreprises pour construire des usines ensemble. Selon les technologies, une usine peut nécessiter de 50 millions à 200 millions d'euros d'investissement. Si nous parvenons à rentrer dans la filière amont, ces investissements pourront représenter plusieurs centaines de millions d'euros. La décision de sceller des accords dans les couches minces sera prise courant 2008 et le choix du pays d'accueil dépendra du cadre réglementaire, notamment en France où nous suivrons la révision cette année de l'objectif de puissance à installer.
Mais la France ne produit pas le composant de base des cellules photovoltaïques, le silicium pur...
L'enjeu est en effet l'accès au silicium dans un contexte de pénurie et la baisse de son coût. Nous menons deux actions. Tout d'abord, une usine de silicium d'une capacité annuelle de 3.000 à 4.000 tonnes doit être construite cette année à Saint-Auban, en Provence, à l'initiative de Photon Power Technologies, dont nous sommes actionnaires depuis juillet 2007. Sur les quelques centaines de millions d'euros d'investissement nécessaires, plusieurs dizaines ont déjà été engagées. La construction est maintenant subordonnée à l'obtention du permis de construire et des aides sollicitées des pouvoirs publics. Nous participons à ce projet aux côtés de l'actionnaire majoritaire, le néerlandais Sol. L'usine devrait entrer en production en 2010 et pourra ultérieurement monter jusqu'à 8.000 tonnes par an, soit une capacité permettant la fabrication de 800 mégawatts de panneaux photovoltaïques par an. Deuxième axe, nous avons un accord pour la recherche (avec le Commissariat à l'énergie atomique) et la fabrication (avec Photowatt) de panneaux solaires à partir de silicium métallurgique, moins cher que le silicium pur et disponible sans limite. Ceci passe par la mise au point d'un système de purification du silicium avec une torche à plasma qui existe depuis un an sous forme de prototype.
PROPOS RECUEILLIS PAR M. C.
INTERVIEW : Une filière solaire française - Mercredi 30 janvier 2008
DAVID CORCHIA - DIRECTEUR GÉNÉRAL D'EDF ENERGIES NOUVELLES
LES ECHOS
EDF Energies Nouvelles développe, construit et installe des unités de production d'énergies renouvelables. Premier producteur français d'électricité éolienne, la filiale d'EDF se développe aussi dans le solaire. Elle distribue des équipements photovoltaïques, a des projets de fermes solaires en Espagne, en Grèce, en Italie ainsi qu'en France, et a pris des participations dans plusieurs sociétés : Fotosolar en Espagne, RETD en Grèce et Photon Power Technologies en France.
Quels sont vos objectifs dans le solaire ?
Il n'existe pas de filière solaire complète aujourd'hui en France. Seul Photowatt fabrique des cellules et des panneaux. Un deuxième acteur, Tenesol (filiale d'EDF et de Total), produit des panneaux à partir de cellules achetées. Il nous apparaît aujourd'hui stratégique de prendre pied dans l'amont pour être présent sur toute la chaîne, en complément de nos contrats à moyen terme d'achat de panneaux. Mais créer une filière en France exige un cadre accueillant pour les investisseurs.
N'est-ce pas trop tard pour créer une filière française, vu le retard pris face à l'Allemagne, aux Etats-Unis et à l'Asie ?
Il est encore temps, car l'industrie solaire est en pleine mutation. C'est une filière qui connaît une croissance très élevée. Cela favorise les réductions des coûts et l'émergence de nouvelles technologies, dont celle des « couches minces » pour la nouvelle génération de panneaux solaires. Or l'industrie française de l'électronique possède des compétences très proches, c'est une opportunité pour revitaliser des bassins d'emplois. Mais c'est maintenant que l'industrie solaire a besoin du soutien politique. Après, ce sera trop tard, comme dans l'éolien. Le solaire se développera en France mais nous installerons des équipements fabriqués ailleurs. De notre côté, nous sommes prêts.
Quels sont vos projets ?
Nous sommes en négociation avec des fabricants de panneaux à couche mince ainsi qu'avec des acteurs ayant développé de nouvelles technologies et qui en sont au stade de la mise en oeuvre. Nous cherchons à prendre des intérêts, minoritaires ou majoritaires, dans des coentreprises pour construire des usines ensemble. Selon les technologies, une usine peut nécessiter de 50 millions à 200 millions d'euros d'investissement. Si nous parvenons à rentrer dans la filière amont, ces investissements pourront représenter plusieurs centaines de millions d'euros. La décision de sceller des accords dans les couches minces sera prise courant 2008 et le choix du pays d'accueil dépendra du cadre réglementaire, notamment en France où nous suivrons la révision cette année de l'objectif de puissance à installer.
Mais la France ne produit pas le composant de base des cellules photovoltaïques, le silicium pur...
L'enjeu est en effet l'accès au silicium dans un contexte de pénurie et la baisse de son coût. Nous menons deux actions. Tout d'abord, une usine de silicium d'une capacité annuelle de 3.000 à 4.000 tonnes doit être construite cette année à Saint-Auban, en Provence, à l'initiative de Photon Power Technologies, dont nous sommes actionnaires depuis juillet 2007. Sur les quelques centaines de millions d'euros d'investissement nécessaires, plusieurs dizaines ont déjà été engagées. La construction est maintenant subordonnée à l'obtention du permis de construire et des aides sollicitées des pouvoirs publics. Nous participons à ce projet aux côtés de l'actionnaire majoritaire, le néerlandais Sol. L'usine devrait entrer en production en 2010 et pourra ultérieurement monter jusqu'à 8.000 tonnes par an, soit une capacité permettant la fabrication de 800 mégawatts de panneaux photovoltaïques par an. Deuxième axe, nous avons un accord pour la recherche (avec le Commissariat à l'énergie atomique) et la fabrication (avec Photowatt) de panneaux solaires à partir de silicium métallurgique, moins cher que le silicium pur et disponible sans limite. Ceci passe par la mise au point d'un système de purification du silicium avec une torche à plasma qui existe depuis un an sous forme de prototype.
PROPOS RECUEILLIS PAR M. C.