Forces et faiblesses de la filière EPR

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Message par th » 25 nov. 2007, 23:47

@Jägermeifter : Ton scenario me semble pertinent, mais il me semble que tu ne prenne pas en compte le remplacement des réacteurs nucléaires vieillissant. Ce seul point peut justifier le lancement de nouveaux réacteurs en France, non ?

Même s'il l'investissement arrive trop tôt, et que la conso va décroître comme tu semble le penser, l'énergie produite sera exportée vers des pays qui utilisent des centrales thermiques. On peut discuter de l'éthique de la chose, mais c'est positif d'un point de vue CO2.

Il ne faut pas voir l'EPR que du point de vue francais, mais européen. On peut très bien imaginer que chaque pays européen se spécialise dans une ou deux technos sans CO2, et s'échange les technos et les MW pas la suite. Ça ne me choquerais pas pour ma part d'exporter des MWh nucléaires à l'Espagne, si ça lui permet de moins construire de centrales au gaz et d'investir dans du solaire à concentration. L'Allemagne investirai dans l'éolien, le Danemark dans le stockage du carbonne, l'Islande dans la géothermie, la suède dans le BTL, les écossais dans l'éolien offshore, etc.....

On n'a besoin de TOUTES les solutions permettant de ce passer du fossile (BTL, eolien, nuke,..) , et une spécialisation au niveau européen est peut être préférable à ce que la R&D soit dispersée.

Concernant l'intermitance, c'est probablement un mythe tant que l'éolien reste minoritaire (disons les 47 TWh de tes hypothèse ), surtout dans un pays comme la France qui à plusieurs façades maritimes, mais je ne suis pas convaincu que ça le reste si la part est supérieure, ou dans des pays moins bien lotis.
http://www.ice.org.uk/downloads//Why%20 ... 0%20GW.pdf

"the greatest shortcoming of the human race is our inability to understand the exponential function"- Bartlett.

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Message par Jägermeifter » 26 nov. 2007, 00:59

@th
Pour l'éolien, la situation de la France est quasi unique de part la présence de 3 gisements de vent décorrélés, et les exemples danois, allemands ou anglais ne sont pas transposable. Cela est à notre avantage. Je te conseille la lecture du bilan prévisionnel de rte (source plus haut) qui traite largement de cet aspect. Même avec un parc éolien comparable à celui de l'allemagne, les marges resterons très faible et ne nécessite aucune capacité thermique supplémentaire.

Je refuse l'idée de faire de la France le "poumon nucléaire" (expression officielle), ou "poubelle nucléaire" (moins officiel) de l'Europe. Si les allemands ou les espagnols veulent consommer de l'électricité nucléaire à la place du charbon, et bien qu'ils mettent les réacteurs chez eux. On ne transporte pas de l'électricité sur des centaines de km sans pertes, et on aura déjà assez a faire pour démanteler nos centrales. Chaque pays est déjà spécialisé, mais cela n'empèche personne d'installer chez lui les solutions des autres.
Sinon, tu remarquera qu'on a mis déjà un certain nombre de centrale au plus près de nos amis européens. Chooz est un bon exemple !

Pour ce qui est du remplacement, on a encore un peu de la marge, marge suffisante pour continuer les recherches sur les gen4 par exemple, ou sur les réacteurs au thorium.

Pour compléter et préciser une précédente remarque sur les échanges d'électricité et le nuke, je conseille la lecture de cette page : http://futura24.site.voila.fr/electri/echange.htm. Je conseille aussi la lecture des deux autres pages sur le nuke présent sur ce site (notamment celle ci sur le prix). C'est extrêmement proche de ce que je pense.

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Message par Environnement2100 » 26 nov. 2007, 05:27

Jägermeifter a écrit :Pour ce qui est du remplacement, on a encore un peu de la marge, marge suffisante pour continuer les recherches sur les gen4 par exemple, ou sur les réacteurs au thorium.
Recherche oui, mais l'aspect industriel est important aussi : une trubine de 1550 MW, ça s'improvise pas, si t'en as pas fabriqué depuis 20 ans, tu vas avoir du mal :). Plus précisément, tu n'as plus l'outillage, les ingénieurs, les contremaîtres, le savoir-faire, tous partis faire autre chose.

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Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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Message par Jägermeifter » 26 nov. 2007, 12:41

@E2100
Pour cela, nous avons déjà les chinois comme client, et notre président comme VRP ! On ne va quand même pas construire un réacteur nucléaire simplement pour garder notre savoir faire !!!

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Message par Tiennel » 26 nov. 2007, 13:50

Il s'agit bien de cela pourtant : restaurer des compétences de maîtrise d'ouevre, d'ingénierie et de construction mécanique qui se sont étiolées ces 20 dernières années. C'est l'enjeu majeur des deux EPR en construction :
  • celle en Finlande pour Areva (qui n'était jusqu'alors qu'un fournisseur d'îlots nucléaires pour le maître d'ouvre EDF)
  • celle de Flamanville pour EDF Ingénierie (SOFINEL) qui n'a pas du tout envie de perdre sa position dominante vis-à-vis d'Areva
Méfiez-vous des biais cognitifs

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Message par energy_isere » 03 nov. 2009, 12:20

Réacteurs nucléaires EPR : systèmes de sûreté mis en cause par les inspecteurs de 3 pays

Les autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise ont émis lundi des réserves sur les systèmes de sûreté des réacteurs nucléaires EPR, demandant aux exploitants et fabricant "d'améliorer la conception initiale de l'EPR", selon une déclaration commune.

Les demandes de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n'ont pas d'impact "à ce stade" sur le calendrier du chantier du réacteur EPR de Flamanville, a assuré mardi EDF, alors que l'ASN a enjoint le groupe d'électricité de revoir le logiciel de pilotage du réacteur.

Deux réacteurs de troisième génération (EPR) sont en cours de construction en France et en Finlande. Le niveau de sûreté des systèmes de contrôle-commande, cerveau de l'EPR, avait déjà été mis en cause en avril par l'Inspection britannique des installations nucléaires (NII).

La critique porte sur la trop grande interconnexion entre deux systèmes de contrôle, supposés être indépendants, l'un faisant fonctionner le réacteur et l'autre assurant sa sécurité.

"L'indépendance de ces systèmes est importante. En effet, si un système de sûreté est appelé à servir en cas de perte d'un système de contrôle, alors ces deux systèmes ne doivent pas faillir simultanément", soulignent lundi les autorités de sûreté du nucléaire française (ASN), britannique (HSE/ND) et finlandaise (STUK). En conséquence, les exploitants se voient demander "d'améliorer la conception initiale de l'EPR".

"Il incombe aux exploitants et au fabricant Areva de répondre aux questions techniques soulevées par leurs Autorités de sûreté", des solutions différentes pouvant être proposées par chaque exploitant "pour pallier la perte de systèmes de sûreté", selon la déclaration commune.

Dans une lettre adressée au directeur de l'ingénierie nucléaire à EDF, le directeur général de l'ASN, Jean-Christophe Niel, lui demande "d'examiner dès à présent des dispositions de conceptions différentes", car la "certitude d'aboutir in fine à une démonstration de sûreté acceptable fondée sur l'architecture actuelle n'est pas acquise". L'ASN relève que la "complexité" de cette architecture "rend difficile l'élaboration d'une démonstration de sûreté satisfaisante".

Pour le groupe Areva, "la sûreté du réacteur n'est pas mise en cause". Areva "soutient la démarche commune des autorités de sûreté nucléaire qui vont dans le sens d'une standardisation du contrôle-commande", a déclaré à l'AFP une porte-parole du constructeur.

.........
http://www.boursorama.com/infos/actuali ... 98ba3acb26

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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par krolik » 03 nov. 2009, 13:49

La déclaration de l'ASN.
@+
Déclaration commune sur le réacteur EPR
2 novembre 2009
Traduction par l’ASN du « Joint Regulatory Statement » publié conjointement par HSE, STUK et l’ASN
1. L’Autorité de sûreté nucléaire britannique (HSE/ND), l’Autorité de sûreté nucléaire française
(ASN) et l’Autorité de sûreté nucléaire finlandaise (STUK) examinent actuellement la sûreté du
réacteur EPR.
2. Dans leurs examens respectifs, ces Autorités de sûreté ont chacune soulevé des questions
techniques concernant le système de contrôle commande de l’EPR, pour lesquelles les
exploitants et/ou le fabricant (AREVA) élaborent des éléments de réponse.
3. Bien que la conception des projets d’EPR dans chaque pays diffère légèrement, ces questions
techniques soulevées sur le système actuel du contrôle commande sont très voisines, l’objectif
des Autorités de sûreté étant d’obtenir collectivement le plus haut niveau de sûreté pour l’EPR.
4. Les questions techniques soulevées portent d’abord sur la garantie de l’adéquation des
systèmes de sûreté (ceux utilisés pour gérer les situations où l’installation est en dehors des
limites normales), et de leur indépendance vis‐à‐vis des systèmes de contrôle (ceux utilisés pour
exploiter l’installation en fonctionnement normal).
5. L’indépendance de ces systèmes est importante. En effet, si un système de sûreté est appelé à
servir en cas de perte d’un système de contrôle, alors ces deux systèmes ne doivent pas faillir
simultanément. La conception d’EPR, telle que proposée initialement par les exploitants et le
fabricant, AREVA, n’est pas conforme à ce principe d’indépendance dans la mesure où il y a
beaucoup d’interconnexions complexes entre les systèmes de contrôle et de sûreté.
6. En conséquence, l’Autorité de sûreté nucléaire britannique (HSE/ND), l’Autorité de sûreté
nucléaire française (ASN) et l’Autorité de sûreté nucléaire finlandaise (STUK) ont demandé aux
exploitants et au fabricant d’améliorer la conception initiale de l’EPR. Les exploitants et AREVA
ont convenu d’entreprendre des évolutions de l’architecture de la conception initiale de l’EPR
qui seront examinées par les Autorités de sûreté.
7. Il incombe aux exploitants et au fabricant AREVA de répondre aux questions techniques
soulevées par leur Autorité de sûreté. Cependant, comme les conceptions sont voisines, les
solutions proposées devraient être très proches, sans être nécessairement identiques, prenant
en compte les exigences de chaque exploitant et les exigences et les pratiques réglementaires
nationales. Par exemple, vis‐à‐vis de la défense en profondeur, des solutions différentes
pourraient être proposées pour pallier la perte de systèmes de sûreté. Dans tous les cas,
cependant, les solutions conduiront à un haut niveau de sûreté équivalent.
8. C’est un bon exemple de démarche dans laquelle des Autorités de sûreté, indépendantes entre
elles et coopérant étroitement, peuvent promouvoir une compréhension et une mise en oeuvre
partagées des standards internationaux existants, l’harmonisation de standards réglementaires
et la conception de réacteurs avec le plus haut niveau de sûreté.

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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par krolik » 03 nov. 2009, 13:57

Et maintenant : le détail ...
Comme cela en tant que spécialistes vous saurez tout..
Annexe à la lettre adressée par l'ASN à EDF — Monsieur le directeur
de la division ingénierie nucléaire
Site Cap Ampère
1, place Pleyel
93282 SAINT DENIS CEDEX le 15 octobre dernier.

@+
Demandes d'évolution de l'architecture
A. Défense en profondeur
Ai. Conduite des situations de fonctionnement RRC-A et RRC-B (niveau 2 du contrôlecommande)
L'ASN rappelle que les situations de fonctionnement RRC-A et RRC-B, même hautement
improbables, sont pleinement intégrées dans la démonstration de sûreté que vous devez produire pour
Flamanville 3.
L'ASN constate que, clans la conception actuelle du contrôle-commande, le moyen de •
conduite principal (MCP) constitue l'unique moyen de conduite de ces situations de fonctionnement, ce
qui n'est pas acceptable au titre du respect du principe de défense en profondeur.
Demande n° 1 L'ASN vous demande de diversifier les moyens de conduite des situations de
fonctionnement RRC-A et RRC-B. A ce titre, vous examinerez quelles sont les
fonctions nécessaires à la conduite de ces situations de fonctionnement qui
doivent être également disponibles au MCS (ou s ur la platine accidents graves
pour ce qui concerne certaines situations RRC-B). Vous transmettrez la
solution retenue et les justifications associées avant juin 2010.
B. Robustesse de l'architecture du contrôle-commande de Flamanville 3
Bi. Plate-forme de contrôle-commande SPPA T2000 - Conception du système SAS
L'ASN constate que l'analyse détaillée de la conception du système SAS a révélé que le
classement sismique de fonctions a structuré en grande partie la définition de l'architecture de ce
système.
Cette approche vous a donc conduit ii. regrouper au sein du même calculateur SAS des
fonctions de classement différent FIB et F2 au seul motif du classement au- séisme de ces fonctions
classées F2.
L'ASN constate que ce choix structurant du développement du système SAS constitue un
écart par rapport à l'approche préconisée par la nonne CEI 61513, pour laquelle le classement de sûreté
F1B des fonctions portées pax le système SAS doit constituer la base structurante de sa conception
pour en limiter la complexité.
Demainde n°2 L'ASN vous demande de limiter, voire supprimer, la présence de fonctions de
classement inférieur à FIB dans le système SAS. Toute intégration d'une
fonction de classement inférieur a F1B devra être identifiée et justifiée en
termes de sûreté. Vous transmettrez la solution retenue et les justifications
associées avant juin 2010.
5 / 10
B.2. Renforcement des dispositions de « noyau dur » au sein de la plate-forme T éléperm
IS (niveau 1 du contrôle-commande)
L'ASN considère que l'architecture du contrôle-commande du réacteur EPR doit être robuste
Pégard de la défaillance totale de la plateforme SPPA T2000, et ceci pour l'ensemble des conditions de
fonctionnement retenues dans la démonstration de sûreté.
Demande n°3 L'ASN vous demande d'une part d'étendre les dispositions dites de « noyau
dur » mises en place au sein de la plate-forme de contrôle-commande
Téléperm XS aux situations RRC-A (hormis celles impliquant la défaillance
d'une fonction classée F1 allouée au système de protection PS), d'autre part
de réaliser une analyse approfondie de l'ensemble des situations de
fonctionnement PCC et RRC-A afin de définir la stratégie de conduite
associée à ces dispositions (moyens de détection de la perte de la plateforme
SSPA T2000, critères d'initiation des actions "noyau dur" associées, état sûr
visé). Vous transmettrez la solution retenue et les justifications associées
avant juin 2010.
B.3. Mise en ceuvre de fonctions classées de sûreté FIA ou F1B au moyen de conduite
principal MCP
L'ASN constate que la stratégie commune a toutes les fonctions pilotées par l'opérateur
consiste a utiliser de manière préférentielle le moyen de conduite principal MCP, classé de sûreté F2,
pour conduire toutes les situations de fonctionnement, tant que celui-ci est jugé disponible ou que ses
erreurs ou défaillances ne sont pas détectées.
Dans diverses situations de fonctionnement du réacteur, PASN constate que l'opérateur peut
inhiber ou activer certaines fonctions classées de sûreté. FIA du système de protection PS a. partir du
MCP. Cette disposition génère le risque qu'un dysfonctionnement d'une fonction de sûreté classée F2
provoque un dysfonctionnement d'une fonction de sûreté classée FIA.
Demande n°4 L'ASN vous demande de réaliser un dispositif de validation des commandes
qui inhibent ou permettent l'activation des fonctions Fa du système de
protection par un moyen câblé totalement indépendant du MCP. Vous
transmettrez la solution retenue et les justifications associées avant juin 2010.
La nonne CEI 61513 précise que les systèmes doivent être conçus de telle manière que les
erreurs et défaillances soient détectées suffisamment tôt pour assurer la disponibilité requise pour le
système.
L'ASN constate que, à ce stade de conception du MCP, la couverture des autotests, ainsi que
l'étude des conséquences des défaillances matérielles et des erreurs logicielles du MCP, ne garantissent
pas le respect des exigences de la norme CEI 61513 rappelées précédemment.
6 / 10
Demande n° 5
L'ASN vous demande de mettre en oeuvre un moyen classé FIB permettant de
détecter avec une fiabilité suffisante les erreurs et défaillances du MCP afin
d'indiquer aux opérateurs la nécessité de conduire le réacteur à partir du
MCS. Les dispositions architecturales retenues, notamment fondées sur une
extension du signe de vie et sur Pautosurveillance du MCP, ainsi que leur
déclinaison dans les procédures de conduite du réacteur, seront présentées et
justifiées avant juin 2010.
C. Défense en profondeur
Ci. Conduite des situations de fonctionnement RRC-A et RRC-B
L'ASN considère que l'ensemble des dispositions architecturales et matérielles du contrôlecommande
permettant de faire face aux situations de fonctionnement RRC-A et RRC-B, doivent
bénéficier d'un niveau de confiance élevé à la conception.
Demande no 6 A ce titre, PASN vous demande, avant juin 2010, de préciser les moyens mis à.
la disposition de l'exploitant en situation de fonctionnement RRC-B en cas de
perte totale de la plate-forme de contrôle-commande SPPA T2000. Vous vous
prononcerez 'également sur l'intérêt ou non de les étendre, en justifiant votre
position.
7 / 10
ANNEXE 2 A LA LETTRE DEP-DCN-0568-2009
Demandes de justifications complémentaires
D Indépendance des fonctions de contrôle-commande de classement différent
La norme CEI 61513 précise que la conception du système doit garantit que les exigences des
sous-systèmes ou équipements des classes supérieures sont remplies, même en cas de défaillance
d'équipements de classes inférieures.
D.1. Moyen de conduite principal MCP et Terminal Bus
L'ASN constate que le MCP et le réseau Terminal Bus, tous deux classés de sûreté F2, sont
connectés en permanence d'une part, des équipements non classés de sûreté dont ils reçoivent des
informations et des commandes, d'autre part au niveau 3 du contrôle-commande pat l'intermédiaire de
stations d'ingénierie. Par ailleurs, les systèmes de défense actuellement prévus, du type verrouillage
logiciel ou pare-feu, ne sont implantés que dans des équipements non classés de sûreté et ne permettent
donc pas de garantir le bon fonctionnement du MCP et du Terminal Bus en cas de transmission
d'informations ou commandes correctement formatées mais fonctionnellement erronées.
L'ASN constate que l'absence de systèmes de défense interne classés de sûreté F2 au sein du
MCP et du Terminal Bus ne peiniet pas de respecter les exigences de la norme CEI 61513 rappelées
précédemment.
Demande no 7 Afin de limiter les possibilités de perturbation du MCP et du «Terminal bus»
classés de sûreté F2 par des équipements non classés de sûreté, l'ASN vous
demande de mettre en place un processus permettant de vérifier qu'après
chaque connexion d'une station d'ingénierie, l'état de chaque calculateur du
MCP est conforme â, la configuration globale validée. Vous présenterez ces
éléments au plus tard en janvier 2010.
Demande n° 8 L'ASN vous demande de démontrer que les autres équipements non classés
de sûreté connectés au Terminal Bus ne permettent pas de reprogrammer,
reconfigurer, ou de changer le mode de fonctionnement des calculateurs
classés F2 du MCP. Vous présenterez cette démonstration au plus tard en
janvier 2010.
D.2. Plate-forme de contrôle-commande SPPA T2000 - Système d'automatisme de sûreté
SAS
L'ASN constate que les automates classés de sûreté FIB du système SAS sont connectés en
permanence par réseau à. des systèmes de classement inférieur F2 ou non classés.
Par ailleurs, les automates classés de sûreté F2 du système SAS, assurant les fonctions dédiées
aux situations de fonctionnement du réacteur RRC-B, sont également connectés en permanence par
réseau à des systèmes de classement inférieur non classés.
Aussi, considérant les constats relatifs au MCP et au Terminal Bus présentés au § D.1, l'ASN
constate que la démonstration du respect des exigences de la norme CEI 61513 rappelées
précédemment n'a toujours pas été produite.
8 / 10
Demande n° 9 L'ASN vous demande de démontrer que la conception de la partie du SAS
classée FIB permet de garantir le respect des exigences de sûreté associées
ce système, même en cas de défaillance d'équipements de classement
inférieur. Vous présenterez ces éléments au plus tard en juin 2010.
Demande no 10 L'ASN vous demande de démontrer que la conception de la partie du SAS
assurant les fonctions dédiées aux situations de fonctionnement du réacteur
RRC-B, classée F2, permet de garantir le respect des exigences de sûreté
associées à ce système, même en cas de défaillance d'équipements de
classement inférieur. Vous présenterez ces éléments au plus tard en juin 2010.
D.3. Plate-dorme de contrôle-commande SPPA T2000 - PrédictibiLité du comportement du
système SAS
La règle fondamentale de sûreté 11.4.1.a relative aux logiciels des systèmes électriques classés
de sûreté requiert une validation du modèle de comportement du système SAS, tenant compte
notamment de la conception débillée et de toutes les situations de fonctionnement pouvant être
rencontrées. Cette validation comporte en particulier une démonstration de prédictibilité.
Demande no 11 L'ASN vous demande d'inclure dans la démonstration de prédictibilité du
système SAS classé FM, en sus de la prédictibilité du temps de réponse,
toutes ses situations de fonctionnement résultant des variations du procédé,
des demandes issues des équipements auxquels il est connecté et de tous ses
traitements internes. Vous présenterez ces éléments au plus tard en janvier
2010.
9 /

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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par Alain75 » 03 nov. 2009, 14:01

4. Les questions techniques soulevées portent d’abord sur la garantie de l’adéquation des
systèmes de sûreté (ceux utilisés pour gérer les situations où l’installation est en dehors des
limites normales), et de leur indépendance vis‐à‐vis des systèmes de contrôle (ceux utilisés pour
exploiter l’installation en fonctionnement normal).
5. L’indépendance de ces systèmes est importante. En effet, si un système de sûreté est appelé à
servir en cas de perte d’un système de contrôle, alors ces deux systèmes ne doivent pas faillir
simultanément. La conception d’EPR, telle que proposée initialement par les exploitants et le
fabricant, AREVA, n’est pas conforme à ce principe d’indépendance dans la mesure où il y a
beaucoup d’interconnexions complexes entre les systèmes de contrôle et de sûreté.
6. En conséquence, l’Autorité de sûreté nucléaire britannique (HSE/ND), l’Autorité de sûreté
nucléaire française (ASN) et l’Autorité de sûreté nucléaire finlandaise (STUK) ont demandé aux
exploitants et au fabricant d’améliorer la conception initiale de l’EPR. Les exploitants et AREVA
ont convenu d’entreprendre des évolutions de l’architecture de la conception initiale de l’EPR
qui seront examinées par les Autorités de sûreté.
Dans ces critiques de non découplage suffisant des systèmes, cela porte t'il avant tout sur du hardware, du software, ou les deux ?
(Est ce plutôt des capteurs et systèmes de régulations mécaniques qui sont partagés, tout le logiciel qu'il y a derrière, les deux ?)

Edit : bon je vais déjà essayer de lire le laïus détaillé ajouté ! :)

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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par krolik » 03 nov. 2009, 14:13

Alain75 a écrit :Dans ces critiques de non découplage suffisant des systèmes, cela porte t'il avant tout sur du hardware, du software, ou les deux ?
(Est ce plutôt des capteurs et systèmes de régulations mécaniques qui sont partagés, tout le logiciel qu'il y a derrière, les deux ?)
Apparemment, si j'ai bien compris, (et je ne suis pas spécialiste de l'EPR) ça doit toucher les deux, le soft d'une part et le hard d'autre part qui a été regroupé pour des questions de tenue au séisme... A vouloir rajouter la sécurité de la sécurité ça se mord la queue à un moment, les types ne pensent plus "simplement" et oublient les principes fondamentaux.
Une vision extérieure par des types qui n'ont pas la tête dans le guidon est intéressante.
Mais je le répète, je ne suis pas un spécialiste de l'EPR. Dès que j'ai d'autres infos je vous les passe, mais notre dévoué modo/animateur / fouilleur pourra nous en trouver également.
Des trucs comme cela, des questions / réponses... il y en a dans tous les grands projets, nucléaires ou non.

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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par energy_isere » 03 nov. 2009, 18:20

Sans étre spécialiste (le texte emploi du jargon de la spécialité visiblement) ca cause à la fois du hardware ( ... les calculateurs ....) et de software (.....pare feux....).

Mais on va laisser l' ASN faire son travail. ;-)

Maintenant j' espére que EDF et AREVA vont pas pleurnicher pour le surcout des études. Pas de compromis.

Et comme dit Krolik, effectivement des projets de cet ampleur génerent ces problémes.
Ceux qui on connu les début du radar et calculateur du Rafale il y a une dizaine d' années vous en toucherons un mot.

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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par energy_isere » 03 nov. 2009, 19:06

dans l' Usine Nouvelle la journaliste est pas tendre :
Contrôle commande de l’EPR : quel est le problème?

Le 03 novembre 2009 par Ana Lutzky

Les critiques de trois autorités de sûreté sur la conception de l'EPR portent un nouveau coup dur à la filière nucléaire française.

Les autorités de sûreté du nucléaire française (ASN), britannique (HSE/ND) et finlandaise (STUK) ont émis lundi d'importantes réserves sur le "contrôle-commande" (ou système de pilotage) du réacteur développé par le français Areva et l'allemand Siemens.

La faille concerne l’indépendance des systèmes de sécurité. Sur un réacteur fiable à 100%, un mécanisme qui tombe en panne est immédiatement remplacé par un autre dispositif prenant le relais. Mais sur l’EPR d’EDF, les deux systèmes sont totalement dépendants. Le risque est qu'en cas de panne, l'exploitant perde le système de secours censé se mettre en route... en même temps que le système d'exploitation normal devenu défaillant ! « L’ensemble des concepts de sûreté d’un réacteur nucléaire repose sur des logiques de redondance et d’indépendance », précise le spécialiste Michaël Schneider interrogé sur les ondes d’Europe 1. Par exemple, un système de refroidissement a toujours au moins un suppléant. «Si vous avez toute une logique de système défaillante, une autre logique de système se met en place », répète Michaël Schneider.

un defaut presque grossier

"L’indépendance d’un système de secours vis-à-vis du système dont il doit pallier le dysfonctionnement est une condition basique de la sûreté", réagit la Criirad. "Il s’agit d’un défaut de conception presque grossier et d’autant plus incompréhensible qu’il concerne le système de contrôle commande, un élément majeur de la sûreté qu’un responsable de l’ASN qualifie d’épine dorsale de l’installation."

Par ailleurs, le communiqué officiel indique que les autorités de sûreté nucléaire britannique, finlandaise et française ont découvert le problème simultanément et chacune de leur côté." Cela paraît peu probable et demande en tout cas à être vérifié", indique la Criirad. Un opportunisme multilatéral, profitant du changement de patron à la tête d'EDF (Henri Proglio succéde à Pierre Gadonneix à la fin du mois), à l'oeuvre pour pointer du doigt un dysfonctionnement de sûreté?

Le travail à fournir pour remédier aux failles du logiciel informatique est d'une telle ampleur que l'ASN doute de l'aptitude d'EDF et d'Areva à le mener à bien. L'autorité les enjoint d'ores et déjà à examiner un système de pilotage alternatif. Areva a promis de trouver une solution d’ici la fin de l’année.

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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par kercoz » 03 nov. 2009, 22:31

Ca me parait un peu gros comme "faille" . Il est probable que c'est un leurre . Du "grain a moudre" pour les chieurs du controle . Pour qu'ils ne cherchent pas plus loin . C'est vraiment trop basique . Meme sur les normes de qualif des "machines dangereuses" on utilise des circuits differenciés dont obligatoirement un electro mecanique ou hydraulique .
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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par krolik » 03 nov. 2009, 23:03

kercoz a écrit :Ca me parait un peu gros comme "faille" . Il est probable que c'est un leurre . Du "grain a moudre" pour les chieurs du controle . Pour qu'ils ne cherchent pas plus loin . C'est vraiment trop basique . Meme sur les normes de qualif des "machines dangereuses" on utilise des circuits differenciés dont obligatoirement un electro mecanique ou hydraulique .
Vous oubliez le théorème fondamental :
- Pourquoi faire simple, lorsque c'est si facile de faire compliqué..
Et la les gars du controle-commande ont certainement repris des trucs existants qu'ils ont voulu "améliorer", complexifier en fait avec des changements de technologie des automates programmables et tut i quanti.
Souvenez vous du premier tir d'Ariane 5 qui est partie directement avec les moteurs en biais complet avant de procéder à l'auto-destruction.. Les gars avaient repris un logiciel 32bits d'Ariane 4 et l'avaient plaqué sur du 64bits...
Mais ce ne sont que des suppositions...
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Re: Forces et faiblesses de la filière EPR

Message par Remundo » 04 nov. 2009, 00:07

Moué, alors j'ai entendu parlé de ça à la radio...

3 solutions :
- soit les ingés du contrôle informatique d'EPR sont des billes notoires
- soit il s'agit d'un coup médiatique ou des "influences" s'affrontent
- soit les 2 en même temps (pas incompatible :roll: )

Dans tous les cas, ce sera bien à l'image de la relance hâtive du programme civil nucléaire français. Je rappelle que EPR coûtait initialement 3Mds € et maintenant 5 Mds, c'est comme à la roue de la fortune ! J'espère qu'il n'y a pas de cas banqueroute, quoique l'environnement s'en portera mieux :mrgreen:

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