[Uranium] Ressources, production et consommation mondiale

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energy_isere
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Message par energy_isere » 15 mars 2007, 12:59

Les avions "renifleurs" reviennent ! Ca se passe en Inde. :lol:
L'accord récent avec les Etats-Unis concernant le nucléaire civil soulève bien évidemment le problème de l'approvisionnement en uranium.

L'Inde devrait dans un premier temps acheter du combustible à l'étranger, mais le pays souhaite aussi exploiter pleinement les ressources de son sous-sol. Six des 29 Etats Indiens se partagent l'essentiel des ressources en minerai, estimées aujourd'hui à 61.000 tonnes.

Dans le but de rechercher d'autres gisements, des technologies domestiques sont développées. L'une des plus avancées est le Airborne Time Domain Electromagnetic Survey System (AEM), qui consiste à embarquer à bord d'un avion ou d'un hélicoptère un système de détection. Ce dernier consiste en des conducting coils utilisés comme antennes, qui créent des champs magnétiques.

La mesure du champ magnétique secondaire permet de déterminer les inhomogénéités du terrain, et donc de repérer les gisements d'uranium. La fréquence utilisée varie entre 100 Hz et 50 kHz, et permet de travailler sur une profondeur de sol de 100m. Cette technologie a été développée en Inde par le Department of Atomic Energy (DAE) en collaboration avec des partenaires privés. Elle prouve que même si le programme nucléaire indien devrait reposer à long terme sur le Thorium, la recherche d'Uranium reste une préoccupation actuelle.
Faudra qu' ils expliquent comment une "inhomogénéité de terrain" différencie un gisement d' Uranium d' un gisement de fer ou de Cuivre. :roll:

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Ressources, production et consommation mondiale d'uranium

Message par Jägermeifter » 24 mars 2007, 00:45

La Terre n'est pas plate comme tout le monde le sait ici et la thématique des débits s'applique également à la production d'uranium. Voici quelques données afin de lancer ce nouveau fil.

Cette question est d'autant plus d'actualité aux vues des hausses vertigineuses de l'Uranium.
Image
Oléocène : le cours de l'uranium

Regardons tout d'abord l'état actuel du marché de l'uranium. Vous connaissez sans doute la "supply gap" de l'Uranium: la production mondiale actuelle est presque deux fois inférieure à la consommation.
Image
Source : World Nuclear Association
Il manque ainsi 25 kt d'U/an dans le monde (45% de la production mondiale). En comparaison, le gisement de Cigar Lake, le deuxième meilleur gisement au monde aura une capacité de 6,9kt/an (lorsque les problèmes d'inondation aurons été résolus). Ce gisement est vraiment énorme car les mines mises en production ont eut une capacité de 1 kt en 2005; 4,28 en 2006; 9,6 en 2007 (dont les 6,9 de Cigar Lake). La quantité présente à Cigar Lake est également énorme.
Les productions à venir sont de 3,15 en 2008. La "supply gap" de 25 kt annuel ne risque pas d'être résolu rapidement, ce qui laisse de belles marges de progressions pour le prix de l'uranium. Cel est inquétant car les resources secondaires qui fournissent le marché actuellement (uranium militaire HEU consommé dans les centrales) va se réduire progressivement jusqu'à épuisement du stock en 2013. Il risque d'y avoir plusieurs années très "tendues" sur les marchés, et dans les bureaux des directeurs d'achats d'EDF.

Petite visualisation des surplus et manques par pays pour se rendre compte niveau géotratégique:
Image
Source : WISE Uranium

Heureusement que le Canada et l'Australie sont anti-nucléaire ! (si l'Australie produisaient l'intégralité de leur électricité par le nuke, ils absorberaient les 4/5 de leur production. La production canadienne pourrait quand à elle fournir un parc nuke équivalent à un peu moins que leur production hydraulique).
On peut remarquer que la consommation française est ainsi équivalente à environ deux fois la production d'Areva, deux fois la production du Niger (grenier à Uranium français)...
La production mondiale actuelle "disponible" ne serait ainsi capable de ne suffire qu'aux seuls besoins des USA et de la Corée. Pas très rassurant.

Regardons maintenant les réserves actuelles en fonction de la consommation, et comparons les ressources restantes à la consommation:
Image
Source : Energy Watch Group

Ces valeurs sont plutôt faibles, car elles ne prennent en compte que les valeurs prouvées (4,7 Mt pour RAR + IR à 130$/kgU), et non spéculatives (qui montent alors ces réserves à 14,7 Mt). Les valeurs prisent en compte dans d'autres études bien plus optimistes prennent en compte les ressources spéculatives, bien plus importantes (voir tableau plus bas), mais bien "spéculatives". Par exemple l'étude de la LPSC de Grenoble part sur des bases de 23 MtU, arrivant alors à une date de 2080. Selon la NEA (agence pour le nucléaire), même les ressources spéculatives toutes catégories et prix confondus n'atteignent "que" 14,4 MtU permettant de suffire à 40 ans (soit tout juste ce qu'il nous faut pour avoir des Gen4 [Ouf!]). Voir par exemple ce document.
Image

Ces études "optimistes" ne prennent pas en compte le taux d'U contenu dans les mines. Il ne faut en effet pas comparer tous les gisements de la même façon, tout comme on ne peut pas comparer le light crude d'Arabie avec des bitumeux du Canada. Ce taux semble etre fondamental : lorsque celui ci diminue, le rendement (énergétique) s'effondre (voir la fameuse étude "batave" [très contreversée sur ce forum]). La quantité de CO2 émise augmente alors rapidement. On va oublier ce dernier point, qui ne préoccupe que les écologistes chevelus et les communicants d'EDF. Voir cette présentation.

Selon cette dernière étude "très controversée", le rendement énergétique global est quasiment nul lorsque la proportion d'U descend en dessous de 0,2 - 0,1%. Pour casser ce dernier argument, je ferai remarquer que certaines mines en fonctionnement actuellement ont un taux d'U inférieur à 0,1%, allant parfois jusqu'a moins de 0,04% (voir page 10-11 ici) Que ce soit vrai ou pas, cela représente tout de même les 2/3 des ressources mondiales :
Image
Source : Reichweite der Uran-Vorräte der Welt, Greenpeace Allemagne 2006.
Quoi qu'il en soit, il est évident que le rendement diminue avec le taux d'U et que l'on ne peux pas récupérer le précieux métal indéfiniment.
Sinon pour augmenter les ressources d'U, on peut récupérer le minerai avec d'autres produits, le phosphore en particulier (ajoutant alors 9Mt, surtout au Maroc).

En prenant en compte les projets de centrales partout dans le monde (26 GW) début 2007, on se dit que les ressources réellement accessible vont devenir rapidement très rares, bien avant le fin de vie de l'EPR de Flamanville. Le peak arrivera bien avant la fin des ressources.

Quoi qu'il en soit, on se rend compte rapidement que le nucléaire ne propose aucune solution viable ou durable à l'avenir pour fournir le monde en énergie propre et non émettrice de CO2. Les débits existent également avec l'Uranium, les gisements en dépletions également et les prochaines années risquent de faire prendre conscience à la communauté scientifique à l'urgence du problème de notre mode de vie.

Si cette page vous fait un peu peur, pour vous rassurer vous pouvez aller sur le site des grands schtrumpfs, la où le monde est beau et merveilleux pour cette source d'énergie garantissant à ses villageois indépendance énergétique, stabilité des prix et approvisionnement sur et garanti à long terme.


Bon, je ne suis ni géologue, ni ingénieur en production minière et j'ai encore beaucoup à apprendre de ce domaine si vaste, complexe et passionnant. Je ne suis pas non plus antinucléaire de base même si je peux en avoir l'air. L'uranium, c'est comme le pétrole : ce n'est ni mal ni bien, mais l'utilisation que l'on en fait, elle, est bonne ou mauvaise.

Dans tous les cas, merci d'apporter vos compétences afin d'éclaircir les forumeurs sur ce sujet. Pour ceux que ça intéressent, allez voir sur l'excellent site wise uranium, et en particulier cette page. on y trouve de très nombreux documents, chiffres et explications. Vos remarques, travaux et réflexions sont les bienvenues!
Dernière modification par Jägermeifter le 24 mars 2007, 22:47, modifié 4 fois.

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Re: Ressources, production et consommation mondiale d'uraniu

Message par energy_isere » 24 mars 2007, 00:53

Jägermeifter vient de poser la premiére pierre de Uranocéne ! ;)

mais je ferais remarquer qu' on avait déja "le cours de l' Uranium" : http://forums.oleocene.org/viewtopic.php?t=3614

et "réserve Uranium" : http://forums.oleocene.org/viewtopic.php?t=174&start=0

et "cout de l' Uranium dans le kWh final" : http://forums.oleocene.org/viewtopic.php?t=2315

je crains quelques redites ........

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Message par Jägermeifter » 24 mars 2007, 01:06

Exact j'avais oublié le fil "réserves d'uranium". Tu peux scinder les deux fils stp?
Merci!

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Message par Schlumpf » 24 mars 2007, 01:18

Jägermeister a posé des tas de choses, mais il se trompe sur les schtroumpfs ! D'abord il n'y qu'un seul grand schtroumpf et le site des schtroumpf est ailleurs ! Son lien est inexact.
L'Homo sapiens se conjugue à la première personne du présent irresponsable...

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Message par Environnement2100 » 24 mars 2007, 07:37

Merci Jägermeifter d'avoir fait ce résumé, il me semble en effet que nous avons évoqué certains de ces points en vrac dans plusieurs fils. Il me semble avoir retenu (avec difficultés) que les réserves actuelles représentent entre 70 ans et sept fois plus, selon qui on croit ; j'avoue ne pas trop apprécier les résultats de ce style.

J'ai déjà signalé que l'exploitation du minerai d'U en zones habitées pose de gros problèmes, la France a fermé toutes ses exploitations il y a 20 ans, les USA les ferment toutes sauf une cette année. Je suis tenté de dire que si nous avions une mine d'uranium sous la région parisienne, nous ne l'exploiterions pas (alors que nous exploitons le pétrole). La notion de réserve est donc délicate ; elle est sans doute compliquée par le fait que personne ne souhaite livrer tous ses secrets sur une marchandise potentiellement très chère.

D'autant que le problème ne me semble pas résider dans les réserves. En effet, les GenIV, entre autres miracles, devraient nous asssurer de produire autant de combustible qu'ils en consomment (ou plus) ; la spallation en général n'a visiblement pas livré tous ses secrets, surtout à la vitesse à laquelle le club GenIV s'y est mis ; rappelons que les Indiens, qui n'en font pas partie, viennent d'annoncer leurs investissements dans la filière Pu-Th, zero réaction d'AREVA.

A l'autre bout de la chaîne, il ya les déchets : plus on joue à la surgénération, plus on génère de déchets multiples et variés, ce que nos fonctionnaires télémanipulateurs savent mal traiter AMC : plus le mélange d'actinides est complexe, et plus leur traitement est long, difficile et coûteux.

De plus, certains scenarios (dont deux présentés ici) montrant une recrudescence d'investissement dans le nucléaire à partir de 2025-2035, soit... 15 ans avant que les GenIV soient prêts ; si cette prédiction se réalise, et si nous en sommes toujours aux GenIII, nous allons consommer le reste d'U à toute vitesse.

Ce n'est pas tout. Je serais fort surpris qu'EdF n'ait pas fait des stocks de minerai quelque part : quand on tient 80% de l'électricité d'un pays, on prend quelques précautions, non ? Je dirais même plus, vu le prix de l'U ces dernières années, j'aurais exigé qu'on me stocke le minerai nécessaire pour aller au bout de la vie de l'ensemble des tranches.

Et ça ne s'arrête pas là : EdF souligne qu'en 20 ans, l'amélioration de leur maîtrise du combustible et du retraitement font que la consommation nominale de nos réacteurs a diminué nettement, à puissance constante. La consommation des réacteurs est donc elle-même une variable (sauf j'imagine pour les Candu).

Et pour faire bon poids : les déchets, qu'ils soient à l'entrée ou à la sortie des réacteurs, risquent de trouver une nouvelle vie, là aussi avec l'amélioration des techniques de retraitement : les pays consommateurs ont vraisemblablement des réserves supplémentaires à cet endroit.

Si à la suite de tout ça, il y a quelqu'un qui prétend s'y retrouver et nous dire pour combien d'années il nous reste, je vous montrerai un gros menteur :).

Tous chiffres mis à part, nous risquons d'avoir besoin d'un gros nombre de TWh d'origine nucléaire à partir de 2025 (pas de 2040) ; le comportement des intervenants me donne l'impression que la planète investit de façon rampante dans des GenIII dès maintenant ; nous risquons d'avoir un hiatus dans la période 25-40.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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Message par diogene » 24 mars 2007, 08:29

L'uranium est une ressource naturelle finie comme les combustibles fossiles, les talcs et phosphates et les minerais métalliques (dont il fait partie). La courbe de production peut donc être assimilée à une cloche (voir le post de Gilles) avec un maximum ou pic.
L'accessibilité des réserves (et non ressources) est liée à l'énergie du pétrole, le déclin de celui-ci entrainera le déclin de celles-là.

Sans pétrole, il n'y a aucun avenir du nucléaire.

Pour ce qui est de la propreté du nucléaire, je suggère d'aller faire un tour sur Peak Oil Australia où l'on trouve cet excellent document (attention, gros fichier pdf) et cette présentation, ça remet les pendules à l'heure.

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GillesH38
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Message par GillesH38 » 24 mars 2007, 08:38

Bravo a Jägermeister d'avoir résumé aussi bien les données sur l'uranium, qui etaient effectivement assez peu discutées sur le forum, a part les réserves totales et le prix. Pour ma part, je n'avais jamais vu la comparaison de la demande avec la courbe de production au cours du XXIe siècle. Ca me parait fondamental de réaliser que justement, comme pour le pétrole (et surtout comme les sources non conventionnelles comme les sables bitumineux), le problème n'est pas tant dans les réserves que dans le taux de production.

Quand on voit la courbe de la demande, on a du mal à imaginer effectivement comment arriver à faire grimper la production assez vite !

Fondamentalement, il ne faut pas oublier que l'uranium, comme les sables bitumineux ou le charbon est un solide/. C'est tout bete, mais un solide ne s'exploite pas comme un liquide ou un gaz : ça se grignote petit à petit, et même avec des réserves énormes, le taux de production est limité.

La surgénération ne résout pas tout, pour la même raison : il y a un goulet d'étranglement dans la capacité qu'ont les réacteurs à produire du combustible surgénéré : là encore, il faut attendre un certain temps avant que les neutrons fassent leur oeuvre, a moins d'accélérer le processus en faisant exploser le réacteur et en balayant les cendres radioactives :lol: !

Ceci limite le taux maximal de croissance du nombre de surgénérateurs.

L'analyse détaillée faite par le LPSC (lien sur le wiki) montre que la filière surgénératrice U238-Pu n'est pas assez rapide pour répondre à la croissance des besoins énergétiques. Seule la filière U233-Th pourrait peut etre y repondre, a la condition optimiste :
a) qu'on la maitrise, ce qui n'est pas encore fait !
b) qu'on puisse générer des quantités importantes de U233 dans des centrales a plutonium qui servent de relais, avec une couverture de thorium, technique encore très hypothétique sur laquelle je crois qu'on a aucune expérience !

et un rappel : le scénario du LPSC fait de plus l'hypothèse qu'il n'y a pas de pic de fossile, et que le développement des renouvelables se fait à parité avec les réacteurs nucléaires (sans dire comment, ce n'est pas leur boulot).

Bref, on est pas très très loin du monde idéal de la fée Clochette...
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Message par Environnement2100 » 24 mars 2007, 08:39

diogene a écrit :L'uranium est une ressource naturelle finie .
T'es gonflé, on vient de te dire que non ! Tu pourrais au moins faire l'effort de lire les posts avant de les contredire.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.

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Message par diogene » 24 mars 2007, 09:21

GillesH38 a écrit :... technique encore très hypothétique sur laquelle je crois qu'on N a aucune expérience...
Depuis le temps que je cherche une faute chez Gilles, j'en ai enfin une.

@E2100, tu veux dire que suivant comment on lit le post de Jägermeister, on peut comprendre que l'uranium est une ressource naturelle infinie?
En tant que ressource, peut-être, pas en tant que réserves accessibles exploitables.

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Message par gte79 » 24 mars 2007, 10:57

Environnement2100 a écrit :J'ai déjà signalé que l'exploitation du minerai d'U en zones habitées pose de gros problèmes, la France a fermé toutes ses exploitations il y a 20 ans, les USA les ferment toutes sauf une cette année.
Aux USA des exploitations minières d'U sont remises en route ces dernières années. Faut pas confondre avec la France : il y a des états quasi désertiques avec une population très clairsemée, contrairement à la France. Par ailleur l'industrie minière ne s'y est jamais arrêtée, elle est donc mieux acceptée, en particulier à cause du charbon : les américains savent que la majorité de leur électricité est produite avec du charbon et que son extraction limite leur dépendance énergétique.

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Message par Jägermeifter » 24 mars 2007, 14:42

Oui effectivement EDF a très certainement des stocks d'U enrichi quelque part. Ils en avaient de toute façon de grandes quantités, puisque cela fait 20 ans que l'on pompe dedans!!! Je n'ai jamais trouvé d'éléments sur ce point (quantité, et qualité), et j'aimerai effectivement bien savoir ce que représente cette quantité aujourd'hui, en équivalent de consommation actuel. Si jamais quelqu'un a trouvé ou lu une info la dessus...

Pour la remarque de Gilles sur le caractère solide, cela ne me convainc pas vraiment, car on remarque dans le passé de très très fortes augmentations (et diminutions) de la production dans le passé. De tels hausses globales n'ont jamais été vues dans le pétrole ou le gaz. Toujours est il que nouvelles hausses futures de cette ampleur semblent difficiles, déjà parce que les meilleurs gisements sont déjà exploités ou en cours d'exploitation, et tout simplement parce qu'il 'y aurai alors pas les capacités d'enrichissement (qui augmentent fortement lorsque le taux d'U du minerai diminue).

Pour le gain de rentabilité des centrales, j'avais lu 20% depuis les années 70. Avec l'EPR, ca augmente aussi, mais c'est pas la panacée non plus. La aussi je n'ai plus de sources sous la main. Quelqu'un peut confirmer?

Pour ce qui est du rapport batave, on trouve d'autres éléments sur wise uranium sur la présentation donné en lien plus haut. Cela ne confirme pas les chiffres bruts (non rentabilité énergétique sous 0.1%) donnés par "l'étude controversée", mais confirme tout du moins les tendances. J'en copie deux graphs car je trouve ça assez parlant:
Image
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On voit la quand même que le besoin en énergie pour enrichir le minerai augmente très très rapidement lorsque ce taux descend vers les 0.2, 0.1%. En dessous de 0.1, on ne voit plus trop le gain. Cela s'aggrave en plus avec le temps en raison de l'augmentation de la demande mondiale en uranium (qui décale des points vers le haut). On trouve les chiffres de la quantité d'énergie nécessaire par SWU sur wikipédia.
On comprend alors d'autant mieux l'intérêt de l'abandon d'EURODIF pour la centrifugation.

Cela laisse de belles perspectives aux unités d'enrichissement d'uranium qui vont avoir un bel avenir. Si ces données sont vraies, il va falloir investir plus que massivement, du fait de l'augmentation de la demande mais surtout de la baisse de la qualité des gisements.

Bref quand on voit la NEA (qui sont quand même de beaux nucléocrates) évaluer les réserves toutes catégories à 14Mt, on peut quand même se poser de sérieuses questions quand à l'avenir des Gen2 et 3, du moins à un horizon de quelques dizaines d'années. Surtout que si les Gen 4 arrivent bien en 2040 comme l'espère Areva, il faudra tout de même quelques décennies de plus et pas mal d'énergie (dont pas mal de pétrole) pour remplacer le parc actuel (et comme le rappelle très justement Gilles, l'augmentation de gen4 ne peut être de toute façon que progressif pour des raisons de ressources, elles même produites par ces mêmes surgénérateurs). A ce moment, il ne restera alors plus de lac du cigare et de rivière de McArthur avec leurs 16 et 20%d'U.
L'uranium est aujourd'hui bien peu cher payé, et ne risque pas de voir baisser de sitôt, surtout vu les facilités de stockage.

Je rappelle tout de même qu'à 91$/lbU3O8 (soit le prix aujourd'hui pour ceux qui l'auraient oublié), le minerai brut représente un tiers du prix du MWh nucléaire (et non plus 5% comme dans l'temps). Lorsque le taux d'U baisse, le prix global du MWh nuke augmente encore plus rapidement, car à la hausse du prix du minerai se multiplie la hausse du prix de l'enrichissement. Si on y ajoute la hausse des énergies fossiles, dont la consommation explose littéralement lorsque le taux d'U diminue vers les 0.2%, on se demande bien comment nos beaux députés ont pu écrire "un investissement capitaliste pérenne pour des coûts stables à long terme".

Pour ce qui est de l'élasticité de la demande aux prix, pour le nuke, cela risque d'être plus tendu que pour le pétrole... Je vous laisse apprécier cette potentielle élasticité dans un pays ou 76% de l'électricité (l'énergie la plus indispensable) est fabriquée par ce moyen, sans aucune mine sur le territoire, et sans aucune alternative... Vive la république, et vive la France!

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Re: Ressources, production et consommation mondiale d'uraniu

Message par Glycogène » 24 mars 2007, 21:39

Une coquille :
Jägermeifter a écrit :Vous connaissez sans doute la "supply gap" de l'Uranium: la production mondiale actuelle est presque deux fois supérieure à la consommation.
En lisant, je me suis dis que je ne connaissais pas la "supply gap".
Puis comme c'est une coquille, en fait si.
Ouf, j'ai cru un instant que j'avais lu tous les fils sur l'U de travers...

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Message par phyvette » 24 mars 2007, 22:07

Jägermeifter a écrit :Oui effectivement EDF a très certainement des stocks d'U enrichi quelque part. Ils en avaient de toute façon de grandes quantités, puisque cela fait 20 ans que l'on pompe dedans!!! Je n'ai jamais trouvé d'éléments sur ce point (quantité, et qualité), et j'aimerai effectivement bien savoir ce que représente cette quantité aujourd'hui, en équivalent de consommation actuel. Si jamais quelqu'un a trouvé ou lu une info la dessus...
J'ai trouver ceci , mais est ce valable ?
Vieux de 12 ans, pas mieux.

B1- L'URANIUM NATUREL ENRICHI

.......Très peu de nouveaux réacteurs ont été mis en service dans le monde depuis 1992, de sorte que la demande en uranium n'augmente plus. D'après le récent ouvrage de Mary Davis ( La France nucléaire, Wise-Paris, avril 1997) , la COGEMA produit par an, 6200 tonnes d'uranium extrait au Canada, au Gabon, au Niger et un peu en France. 4200 tonnes (66%) sont destinées à EDF. Le stock d'EDF en 1995 était de 16 000 tonnes.
http://www.lesverts-lorraine.org/themes ... sortir.htm

Edit : mieux 29.08.2001
La France disposait, début 1999, de 12 460 t d’uranium à $80 ou moins par kg [OCDE 00] ; mais la fermeture de la dernière mine en France, Le Bernardan, en Haute-Vienne, a eu lieu en mai 2001.
http://www.francenuc.org/fr_sources/sources_unat.htm

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Message par Tiennel » 24 mars 2007, 22:42

Je suis allé regarder les rapports financiers d'EDF, évidemment cette donnée critique n'est pas mise en avant. On trouve juste une ligne "stocks" dans laquelle sont mis pêle-mêle les pièces de rechange, l'uranium... et tous les autres combustibles. :-(

Cache-t-on la misère ou au contraire l'abondance ?
Méfiez-vous des biais cognitifs

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