Gaz Lybien

[energy_isere]

Le gaz réconcilie la Libye et l'Europe

L'ancien pays paria, dont les réserves gazières sont largement sous-exploitées, pourrait devenir un partenaire de choix pour l'Union européenne, en quête de nouvelles sources d'approvisionnement.

Benjamin Neumann, envoyé spécial en Libye - 01/06/2009

[.........]


Entre 2005 et 2008, la production commercialisée de gaz du pays de Kadhafi est passée, d'après Cedigaz, de 11,3 milliards à 15,9 milliards de mètres cubes. Près des deux tiers sont exportés vers l'Europe, soit environ 2 % de l'approvisionnement de cette dernière. Selon cette même organisation, qui regroupe près de 150 acteurs de l'industrie gazière dans 40 pays, les exportations de la Libye vers l'Europe pourraient dépasser les 30 milliards de mètres cubes en 2020, soit près de 5 % du total.

Du coup, certains voient dans la Libye le nouvel eldorado gazier de l'Europe. Pas du fait de ses réserves, qui pèsent moins de 1 % du total mondial, mais parce que celles-ci sont largement sous-exploitées. « Tout est ouvert, tout est à faire », assure-t-on au siège de l'une des grandes compagnies internationales implantées dans le pays. « Contrairement à l'Algérie et à l'Egypte, la Libye a peu valorisé son gaz, et en a aussi peu cherché », précise Thierry Debertrand, directeur de l'exploration-production de Total en Libye, en poste dans le pays depuis deux ans. Un eldorado, mais aussi l'occasion pour l'Europe de réduire sa dépendance à l'égard de ses fournisseurs. Avec le déclin rapide de sa propre production, essentiellement anglaise et néerlandaise, cette dépendance devrait atteindre 70 % en 2020. « L'Union européenne dépend de trois principaux fournisseurs extérieurs : la Russie, la Norvège et l'Algérie. En ajouter un quatrième serait très bien. C'est en tout cas ce qu'on espère », explique, confiant, Jean-François Arrighi de Casanova, patron de l'exploration-production Afrique du Nord à Total.

La situation est d'autant plus inquiétante pour le Vieux Continent que son principal fournisseur n'est autre que la Russie, avec 28 % du total en 2008. Or, depuis 2006 et la première crise russo-ukrainienne, Moscou ne fait rien pour rassurer. Ainsi, du 7 au 20 janvier 2009, l'interruption complète des livraisons de gaz russe à travers l'Ukraine, par laquelle transitent 20 % du gaz consommé en Europe, a affecté plus de la moitié des pays européens. « Cette crise a montré qu'en Russie les considérations politiques l'emportent sur les intérêts économiques, et que les Russes ne sont pas fiables à 100 %, souligne Jacques Percebois, directeur du Centre de recherche en économie et droit de l'énergie. En revanche, la Libye d'aujourd'hui est fiable en ce sens qu'elle s'ouvre, attire les capitaux et encourage fortement l'exploration-production. »

http://www.lexpansion.com/economie/actu ... 82036.html