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Hydrates de gaz ... au fou !

Publié : 18 août 2005, 09:17
par epe
Pactole énergétique ou bombe infernale? Le pari de la «glace qui brûle»

On a trouvé au fond des océans des milliards de mètres cubes de gaz. De quoi résoudre tous les problèmes d’énergie. Le risque: rendre le réchauffement climatique totalement incontrôlable

C’est une sorte de glace étrange, constituée d’un agencement de molécules d’eau qui emprisonnent des molécules de gaz, par exemple du méthane, ou encore du propane. Les chimistes parlent d’«hydrates de gaz» ou, mieux, de «clathrates»

L’USGS (le Geological Survey américain) estime à plusieurs dizaines de millions de milliards de mètres cubes la quantité de méthane ainsi piégée dans ces glaces instables. «Cela représente au moins le double de tout le carbone contenu dans l’ensemble des gisements d’énergie fossile, pétrole, gaz et charbon compris», assure un spécialiste.

Même si on ne savait en récupérer qu’une toute petite fraction, les quantités accessibles seraient phénoménales: convenablement réchauffé et pompé, un seul mètre cube de clathrate donne pas moins de 164 mètres cubes de gaz naturel. Mais jouer avec cette glace, c’est aussi jouer avec le feu. D’abord parce qu’il s’agit de toute façon d’un carburant fossile, dont la combustion contribue au fâcheux effet de serre. Mais surtout parce que toute déstabilisation malencontreuse de ce méthane, gelé depuis la nuit des temps, pourrait entraîner le dégazage massif d’immenses gisements. On imagine des myriades de mètres cubes de cet hydrocarbure gazeux s’échappant d’un seul coup des fonds marins. Les bulles secouant l’océan avant de rejoindre l’atmosphère pour y accélérer le réchauffement climatique

Une équipe de l’Université du Michigan a même pu établir un lien entre une titanesque libération de gaz survenue dans l’Atlantique il y a 55 millions d’années et le réchauffement climatique concomitant: une hausse moyenne de 4 à 6 °C. Le climat de la planète avait mis 200000 ans pour s’en remettre. Espérons que nous ne sommes pas en train de le détraquer pour aussi longtemps.

:shock:

Publié : 18 août 2005, 10:06
par jerome
J'avais entendu parler des hydrates de méthane il y a 1 an ou 2 dans un Sciences&vie. Dans mes souvenir, il n'existait pas de méthode d'extraction, et effectivement les risques de dégazages sont importants.
De mémoire (mais il faudrait faire une recherche sur le net) j'ai aussi lu qu'une étude émettait la possiblité que le réchauffement en cours déclenche la fonte (je ne sais plus par quel mécanisme) de ces hydrate, augmentant encore plus le réchaufement. :?

Réchauffement planétaire et méthane

Publié : 18 août 2005, 10:14
par alan
Les hydrates de méthanes sont effectivement une réalité et constituent tout autant un potentiel de ressources en énergie, qu'un énorme risque planétaire en cas de fort réchauffement du climat.
De la même manière, le dégel des sols arctiques ( permafrost ), déjà largement entamé, va réactiver la décomposition des matières organique contenues dans ces sols et donc libérer dans l'atmosphère d'importantes quantités de méthane. Reste à savoir dans quelles proportions. Tout cela dépendrant de la vitesse du réchauffement.

Re: Réchauffement planétaire et méthane

Publié : 18 août 2005, 11:05
par epe
alan a écrit : De la même manière, le dégel des sols arctiques ( permafrost ), déjà largement entamé, va réactiver la décomposition des matières organique contenues dans ces sols et donc libérer dans l'atmosphère d'importantes quantités de méthane.
Je suis mois inquiet en ce qui concerne le permafrost. Ce dégel là n'est pas vraiment différent des conditions qui ont prévalu à la fin de la dernière glaciation, à l'époque de la formation des tourbières. Le méthane, c'est le gaz des marais. Dés que le terrain s'asséche la production de méthane cesse. Les forêts humides, y compris tropicales, sont de grandes productrices de méthane. Le cycle du méthane terrestre dépend donc plus des conditions hydrologiques à l'échelle de la planète que du réchauffement lui-même. De plus la durée de vie du méthane dans l'atmosphère n'est que de 8 ans et demi. Par contre un apport brutal et massif de méthane d'origine océanique...

Publié : 18 août 2005, 14:06
par jerome
epe, a mon avis tu devrais t'inquiété un peu plus de la fonte du pergélisol, car à priori, il y a un risque :
http://www.courrierinternational.com/ar ... il&bloc=14
Courrier international a écrit :ENVIRONNEMENT - En dégelant, le sol de Sibérie va changer le climat mondial
"La plus grande tourbière gelée du monde est en train de fondre", prévient le New Scientist du 11 juillet 2005, qui fait état d'un diagnostic établi récemment par une équipe de chercheurs russes. De retour d'un voyage d'étude en Sibérie occidentale, ces scientifiques ont constaté que, depuis les trois ou quatre dernières années, un grand nombre de lacs peu profonds étaient apparus dans la région. La formation de ces lacs serait causée par la fonte progressive du pergélisol. "Un glissement écologique probablement irréversible et indubitablement relié au réchauffement climatique", explique Sergueï Kirpotin, membre de la délégation.

Le pergélisol de Sibérie occidentale recouvre une tourbière géante de 1 million de kilomètres carrés, soit l'équivalent des territoires français et allemands. "La tourbe génère du méthane, un gaz à effet de serre vingt fois plus puissant que le dioxyde de carbone émis par les automobiles. Pour l'instant, 70 milliards de tonnes de méthane sont retenus par le pergélisol. Mais celui-ci se liquéfie à une vitesse surprenante, et le méthane qu'il contient s'échappe dans l'atmosphère. Les scientifiques craignent donc que le dégel du sol sibérien ne contribue de façon exponentielle au réchauffement de la planète", écrit New Scientist.

Publié : 18 août 2005, 15:14
par regivan
Absorbé par les plantes et l'océan probablement.

Publié : 18 août 2005, 15:17
par phylippe
J'ai déplacé ce sujet dans Energie, où il a plus sa place.

Publié : 18 août 2005, 15:26
par regivan
attention : ne pas confondre réserves et ressources.

http://www.hubbertpeak.com/laherrere/METATM.pdf

Chercher le chapitre sur les hydrates océaniques.

Publié : 18 août 2005, 15:29
par fabinoo
666

Publié : 18 août 2005, 15:37
par jerome
regivan a écrit :Absorbé par les plantes et l'océan probablement.
Je crois plutot qu'il est détruit (décomposé) par les ultra-violets. L'hydrogène est ensuite relaché dans l'espace.

Publié : 18 août 2005, 20:42
par epe
pour les chimistes : OH + CH4 -> CH3 + H2O

Publié : 18 août 2005, 21:13
par nicolasParis03
J'ai vu sur France5 un sujet consacré à la destruction -voilà 250 millions d'années- de 95% de la vie sur terre. Les intervenants ont évoqué une gigantesque éruption volcanique en Sibérie, qui aurait suffisamment réchauffé les océans pour déclencher la fonte des hydrates de méthane.
Si j'ai bien compris, l'effet de serre consécutif ('20X plus important qu'à quantité équivalente de CO2') aurait été la cause d'un 'cercle vicieux' réchauffement-dégagement de méthane, mais l'hécatombe aurait surtout été la conséquence, sans plus de précision dans le sujet, de la 'destruction' dans l'atmposphère de l'oxygène par le méthane. ????

Publié : 18 août 2005, 21:42
par epe
nicolasParis03 a écrit : la 'destruction' dans l'atmposphère de l'oxygène par le méthane. ????
Là je ne vois pas trop le rapport... mais je ne suis pas chimiste. Par contre les épisodes volcaniques majeurs peuvent obscurcir l'atmosphère assez longtemps pour provoquer un fort ralentissement de la photosynthèse qui produit l'oxygène.

Une théorie en vogue est de dire que les extinctions les plus massives ont été provoquées par la conjonction en un laps de temps assez court de plusieurs facteurs d'extinction.
Voir ce très beau site planete_terre
suivre histoire de la terre > la vie sur terre > La vie s'organise... > Les extinctions de masse

Publié : 18 août 2005, 22:20
par Perchou
J'ai vu aussi le reportage de France 5. Il m'a d'autant plus interpelé que j'avais découvert ce sujet ici même et récemment. :shock:
Les conclusions semblent être que, n'en déplaise aux éternels optimistes, non seulement il risque de ne pas y avoir de facteur atténuant l'augmentation de l'effet de serre par le CO2 mais qu'au contraire, cet effet de serre déclencherait une réaction en chaîne terrible en libérant ces quantités énormes de méthane dont le pouvoir d'effet de serre est beaucoup plus élevé. Phénomène apparemment irréversible... :-(
Cela rejoint les prospectives de manicore.com.
Mais si cette hypothèse est vraie et susceptible de se réaliser (elle l'aurait déjà fait une fois, pourquoi pas deux ?) les conséquences seraient réellement catastrophiques et les scénarii de montée des eaux sur les côtes feraient figure d'anecdotes par rapports aux problèmes de survie qu'on aurait à affronter dans une fournaise qui, il y a quelques dizaines de millions d'années, a éliminé 95 % de ce qui vit sur tere. Et aujourd'hui (ou plutôt demain) ce qui survivrait ce ne serait sûrement pas les mammifères mais plutôt des insectes, des saprophytes, des formes de vie extrêmes tirant leurs ressources de la chimiosynthèse, etc...

Et même si la duré de vie du méthane atmosphérique n'est que de huit ans et des brouettes, les conséquences d'un tel événement se feraient sentir pendant très longtemps (100 millions d'années d'effet de serre intense la dernière fois que c'est arrivé). Donc des formes de vie différentes se développeraient...

Enfin bref. Je suis pas un grand optimiste de la civilisation post pétrole mais je ne suis pas non plus un pessimiste maladif alors on va dire que ça va aller, qu'on va faire ce qui faut pour que le pire n'arrive pas en espérant qu'il ne soit pas déjà trop tard... sinon à quoi ça sert de se démener ?

Mais quand même ça fout les boules... :-( :smt087 :smt100

Publié : 18 août 2005, 22:28
par nicolasParis03
Merci pour le lien :)

Voici en outre une page perso qui décrit 'l'enquête' relatée par le document TV. Pas question de 'réaction' dans l'atmosphère, mais seulement de réchauffement du à l'effet de serre (4 à 5°C quand même pour la seule fonte de l'hydrate de méthane) :shock:

http://jcboulay.free.fr/astro/sommaire/ ... ncperm.htm