[Raminagrobis] Synthèse de la production pays par pays.

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Re: [Production] Roumanie, Allemagne, Ukraine, Autriche

Message par Raminagrobis » 29 nov. 2008, 19:41

Europe

Voici ce que ça donne pour l'Europe, en excluant la Norvège et le Royaume-Uni qui sont des chapitres à part, et bien sur la russie. La région ainsi définie, la plus petite en termes de production de mon découpage du monde non-opec en 14 régions, a piqué en 2004.

L'ukraine n'est pas comptée avant 1991.

L'Allemagne est comptée dans '"divers UE27" jusqu'en 1991.

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[Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 30 nov. 2008, 17:36

Ce chapitre regroupe quatre pays : Azerbaijan, Kazakhstan, Turkmenistan, Ouzbekistan. Ensemble, ces quatre pays représentent 5.8% de la production NON-OPEC mondiale en 2007 selon les chiffres BP.


Azerbaijan
Pic de production : très probablement 2010.

Sources : ASPO newsletter, EIA, Blackbourn, USGS

Entre 2004 et 2008 (janvier à juillet 2008), à en croire les chiffres EIA, la production mondiale de liquides (LGN inclus) NON-OPEC a été presque parfaitement stable, n'augmentant que de 86 kb/j. Dans le même temps, la production de l'Azerbaijan a augmenté de presque 650 kb/j. Autrement dit, sans l'Azerbaijan, la production non OPEC aurait diminué de plus de 1%. Ce n'est pas le moindre des paradoxes. Le pays est en effet un producteur de pétrole extrêmement ancien.

Les Azéris sont un peuple de langue persane et de religion, proches de iranians donc, même si génétiquement ils semblent plutôt caucasiens. On peut faire commencer l'histoire moderne de l'Azerbaijan à la conquete de cette région par la Russie, au dépend de la Perse, en 1804. Comme tous les pays du Caucase, le pays abrite bien d'autres groupes ethniques.

Les gisements de pétrole onshore, principalement dans la péninsule d'Abşeron, ou se trouve la capitale, Bakou, donnent lieu à des affleurement naturels en surface qui sont exploités par la population depuis aussi longtemps que remonte l'histoire écrite du pays. Des puits ont été forés à partir du milieu du XIXe siècle. La Péninsule d'Abşeron est donc une province pétrolière extrêment mature, comparable à la Roumanie.

Géologiquement, le bassin sud caspien () USGS) est un bassin tertiaire, avec des roches sources marines très riches (jusqu'à 10% de matière organique).

L'exploitation se développa de façon anarchique au XIXe siècle et au début du XXe, dans des conditions environnementales et sociales très mauvaises. Les opérateurs de certains puits stockaient le pétrole dans des réservoirs creusés à même le sol, bien des sites sont encore pollués. Il y eu nombre de révoltes des ouvriers impliqués dans cette industrie, dans l'une d'elle, en 1905, on vit aparaitre un jeune leader révolutionnaire du nom de Joseph Staline.

A l'époque soviétique, l'exploitation offshore commenca dans les petits gisements proches de la péninsule d'Asberon. La production a connu plusieurs pics, le plus haut étant en 1941 à environ 450 kb/j.

Blackbourn, une firme qui vend de l'information géologique sur l'ex-URSS pour les compagnies pétrolière, fournit une carte (sorte d'échantillon gratuit) ICI Attention, elle date de 1997.

Le complexe d'Azeri-Chirag-Guneshli (ACG, ou GCA dans certains documents), au centre de la carte, était connu à l'époque soviétique, mais seule une fraction de Guneshli fut mise en exploitation (en 1981). Les Sovétiques, en effet, n'ont jamais développé les techniques de production offshore sauf à de très faibles profondeurs d'eau, sans doute parce qu'ils n'en avaient pas vraiment besoin, pouvant facilement augmenter la production de sibérie occidentale.

Après la chute de l'URSS, l'Azerbaijan créa une compagnie pétrolière nationale, SOCAR, et négocia des concession de partage de production avec des compagnies internationales pour les gisements offshore. Pour ACG, un vaste consortium mené par BP fut crée). Ironie de l'Histoire, la banque Rotschild, qui avait des gros intérêt dans le pétrole Azéri avant 1917, participe au financement.

Le développement eu lieu en plusieurs phases :
* "early oil" - Chirag commença a produit en nov.1997, avec une capacité de 130 000 b/j. Le pétorle était alors exporté via la Russie.
* "phase 1'" En 2005, deux plates formes entrent en service sur le gisement Azeri, leur production est développée en deux ans pour atteindre en 2007 leur capacité à 300 et 240 kb/j respectivement. La production du complexe atteint alors 650 kb/j. Le Baku-Tbilissi-Ceyhan est maintenant disponible pour transporter le brut.
* "phase 2'" Fin 2006, le troisième plate forme sur Azeri est mise en service, pour une capacité de 260 kb/j.
* "phase 3" Enfin, le gisement de Guneshli (sa partie inexploitée à l'époque soviétique) est arrivé en avril 2008, son plateau doit être de 320 kb/j et être atteind en 2010.

La production de l'ensemble du complexe devrait être de 1.1 à 1.15 Mb/j en 2010 (toutes les phase ne produisant pas tout à fait à plein régime). Les réserves ultimes, longtemps citées à 5.4 Gb, ont été réévaluées à 6.9. Ce qui signifie qu'en 2010, avec plus d' 1Gb déjà produit, le taux de déplétion du complexe sera de 7 à 8%. Ce qui est élevé pour un gisement de cette taille. Le plateau ne sera donc pas maintenu longtemps. D'ailleurs ce n'est pas un secret. Cette présentation de BP, qui exploite le complexe, montre (page 3, page 5) un pic de production pour le complexe à 1.2 mb/j en 2003, et une production tombant à environ 320 kb/j en 2002. Mon analyse est que, tout simplement, le pic de production d'ACG sera le pic de production de l'Azerbaijan, d'où la date ci-dessus - bien sur, ça pourrait être 2009 ou 2011. Notons qu'il y a un risque non négligeable d'interruptions plus ou moins longues dues à une coupure du BTC, c'est arrivé cet été.

Le problème est qu'il n'y a rien de taille pour prendre le relais ensuite. Les résultats de l'exploration ont été très décevants comparés aux espérances du début des années 90, à part Shah Deniz et Inam (voir ci dessous). La carte citée ci-avant est un peu trompeuse. Elle donne l'impression qu'il y a d'énormes réserves offshore en dehors d'ACG mais en fait, certains des gisements qui y sont figurés se sont révélés minimes, inexistants ou sous-commerciaux lors de forages d'appréciations récents. C'est le cas notamment d'Oguz et de Gryazevaya.

L'autre grand projet Shah Deniz (case D5 sur la carte), un gisement de gaz à condensats. Découvert en 1999, c'est l'un des plus grands gisements de gaz découverts dans le monde depuis 1990. Les chiffres de réserves vont de 420 à 1000 km3. Le gisement comprend deux réservoirs. Le moins profond est déjà exploité et a permis au pays de cesser d'importer du gaz russe et d'exporte un peu de gaz en géorgie et en turquie. Le plus profond doit nourir le pipe-line Nabucco.

Certaines sources disent que Shah Deniz possède aussi 2.5 milliards de barrils de pétrole, mais BP le présente comme un gisement de gaz et condensats seulement, considérons donc que c'est une information fausse (peut être un problème de traduction : 420 km3 de gaz sont l'équivalent de 2.5 Gb de pétrole). Par contre BP annonce 600 Mb de réserves de condensats. La phase 1 produit déjà 40 kb/j de condensats, mélangés au pétrole d'ACG.

Si Nabucco est construit, la production de gaz de Shah Deniz passera à 9 km3/an.

Enfin Inam est annoncé pour 2015 avec 200 kb/j, et des réserves de 2 Gb, j'inclue ce projet même si il semble que les réserves ne soient pas vraiment prouvées et que ça pourrait encore être des plans sur la comète.

Enfin, je compte 1 Gb de nouvelles découvertes et 2 Gb restant dans les gisements anciens.
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Re: [Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 30 nov. 2008, 21:00

Et voilà le travail.
Il est très difficile d'évaluer l'évolution future de la production, du fait d'estimations de réserves assez fumeuses, et parce qu'on ne peux pas exclure une grosse surprise en matière d'exploration, genre un nouveau gisement de 1 ou 2 Gb, mais le fait que le pays atteigne le pic vers 2010 ne fait guère de doute, d'ailleurs toutes les sources sont d'accord là dessus, et pas seulement les sources "piquistes".

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"Vous aviez commandé un pic ?"
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Re: [Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 01 déc. 2008, 22:11

Turkménistan

Ce pays vaste et peu peuplé (5 millions d'âmes) possède principalement des ressources de gaz dans le bassin mézosoique d'Amu Darya.

Carte de Blackbourn
http://www.blackbourn.co.uk/databases/h ... -darya.pdf

Le gisement de Dauletabad , découvert à la fin des années 50, est un super géant gazier, avec des réserves originale de l'ordre de 1500 km3, plus que Troll. Notons qu'il a été découvert avant les géants de la région Nadym-Pur-Taz. La carte laisse comprendre qu'il y a peu de chances de découvrir un autre gisement de même taille!

Le pays est un producteur considérable de gaz naturel, avec 67 milliards de mètres cubes en 2007. C'est autant que les pays-bas ou le royaume-uni, ça représente 2.3% de la production mondiale. La production était tombé très bas au cours de années 90, 12 milliards seulement en 1998, mais celà était du à un manque de débouché. Le Turkménistan n'a pas d'autre moyen d'exporter son gaz qu'en passant par le réseau russe, et à cette époque il y avait désaccord sur le prix entre les deux pays. Notons que si la Russie ne recevait plus le gaz exporté par le Turkménistan (environ 45 km3 par an), elle devrait réduire ses propres exportations d'un tiers! Le pays est donc un acteur très important, bien qu'oublié du marché mondial du gaz. Le pays espère d'ailleurs s'affranchir de cette tutelle russe : un gazoduc d'exportation vers l'inde et le pakistan, traversant l'Afghanistan, est envisagé. Il pourrait avoir une capacité de 36 km3 par an (source) , c'est à dire qu'il détournerait du réseau russe, et donc indirectement de l'Europe, l'essentiel du gaz Turkmène! Néanmoins la réalisation du projet ne progresse pas. L'Aghanistan est toujours trop instable politiquement, les relations entre l'Inde et le Pakistan (primordiales pour le succès du projet) sont toujours pour le moins houleuses, et sa pertinance est mise en par les interrogations sur le niveau réel des réserves de gaz Turkmènes.
En effet, même la très terre-platiste EIA estime que :
All major gas fields in Turkmenistan have been producing for more than a quarter century and are exhibiting signs of natural depletion. Most of the gas available for future exploration and development is sour gas which poses challenges for state-owned Turkmen firms as well as foreign investors [celà se semble-t-il pas familier et conforme à la loi des rendements décroissants?].
Pourtant, d'après cette source, le pays n'a produit que 9% de ses réserves initiales, 2200 km3 sur 22400 ! BP ne donne que 2600 km3 de réserves restants... Bref personne ne sait combien de gaz il y a.

L'autre région productrice du pays est sa portion du bassin sud caspien, on pourra se référer à la même carte que pour l'Azerbaijan, ici. Le plupart des gisements ont été exploités à l'époque soviétique.

Deux projets ont été repris par des compagnies étrangères et sont donc bien documentés.

Le gisement onshore de Nebit-Dag a été repris par l'anglais Burren energy, racheté depuis par le géant italien ENI. Il produisent actuellement 25 kb/j.

De son coté, Dragon Oil (UK) produit 32 kb/j dans les deux gisements offshore (Lam et Zhdanov) formant la concession Cheleken. Il y a 600 Mb de réserves certifiées.

Il y a quelques années, la presse pétrolière était extrêmement optimiste sur le pétrole turkmène .
En 2001 : http://www.gasandoil.com/goc/company/cnc13322.htm
Today, Turkmenistan has 27 oil deposits, including 3 oil deposits, 4 oil and gas, and 20 oil and gas condensate. Eighteen deposits are under development and nine under prospecting. The overall oil number of Turkmen oil reserves are estimated to be 12 bn tons. (Turkmenistan plans to attract more than $ 10 bn by the year 2010.)
(...)By 2010, Turkmenistan plans to produce 120 bn cm of naturalgas and 48 mm tpy of oil
12 milliards de tonnes correspondent à 80 milliards de barrils ! Et 48 M tonnes par an correspondent à un million de barrils/jours. On donnait un objectif de 500 kb/j en 2007

En réalité, la production, après avoir rebondi dans les années 90, est restée stable à 200 kb/j.

Si les sources terre-platistes attribuent la déception au climat d'investissement négatif (jusqu'en 2006, le pays était sous la dictature orwello-burlesque de Niazov, un véritable fou qui avait par exemple interdit l'enseignement supérieur, sauf celui des livres qu'il avait écrit), au moins une partie est du à des résultats géologiques décevant. Ainsi, exxon a abandonné sa concession de Garashsyzlyk en 2002, n'y ayant pas trouvé de pétrole, un an avant on annonçait des "réserves"et des objectifs de productions faramineux.
Almaty - U.S. oil major ExxonMobil is to pull out of Turkmenistan after disappointing well testing results at its only project in the former Soviet Central Asian state. A spokesman for ExxonMobil told Reuters that at the beginning of February the company tested samples from the Garashsyzlyk-2 oilfield after drilling to a depth of 3,450 metres, and after analysing the results decided not to carry on to the originally planned depth of 5,300 metres.

The company will close its office in the town of Balkanabat in western Turkmenistan as well as its Ashgabat office and will leave the country completely by May of this year. ExxonMobil has been operator of a consortium developing Garashsyzlyk-2 since 1998. It owns 52.4 per cent of the partnership, with Monument Caspian Resources Ltd holding 27.6 per cent and state company Turkmenneft the remaining 20 per cent.
De même Burren a été déçu par ses forages périphériques autour de Nébit Dag

http://www.rigzone.com/news/article.asp?a_id=27121
Well NDE001, the first of three consecutive exploration wells on the Nebit Dag East prospect in Turkmenistan which was spudded in mid October, has encountered hydrocarbon shows but has been subsequently plugged and abandoned as the zone is considered to be non-commercial at this time.
Il ont par la suite annoncé deux découvertes (lien) pour des réserves P2 de seulement 15 Mb, s'ajoutant aux 100 Mb de Nebit Dag... A comparer avec les annoncents d'il y a quelques années, de 500 à 700 Mb de réserves potentielles dans le bloc !

Shell, de son coté, a quitté le pays en 2003.

Si il existe probablement un potentiel inexploité dans le pays, surtout en offshore, il n'a aucune mesure commune avec les espérances qui étaient formulées il y quelques années.

Pour le pétrole, Deloitte affirme que la production cumulée est d'un demi milliard de tonnes (donc 3.6 Gb) ce qui semble plausible (depuis 1991 : 1.2 Gb) et donne des réserves restantes de 20 milliards de tonnes (soit 140 Gb!!!). Ils donnent un objectif de production de 110 Mt/an (2.2 mb/j) en 2030. Ces chiffres semblent complètement délirants en termes d'ordres de grandeur, lorsqu'on compare aux projets existants, aux gisements identifiés.
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Re: [Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 02 déc. 2008, 18:33

Pour tenter un bilan, le Turkmenistan est un exemple extrême : si on se base sur les projections de son gouvernement, le pays possède un potentiel pétrolier gigantesque, au delà de 100 Gb, dont une infime fraction a été exploitée jusqu'ici. Mais si on se fit aux données opérationnelles des producteurs qui travaillent dans le pays, on ne trouve que de petits gisements de pétrole dont la plupart sont exploités depuis l'époque soviétique, avec quelques découvertes nouvelles, mineures, ici et là.

Je tente un EUR de 8 Gb (dont 3.6 déjà extraits), qui pourrait très bien être deux fois trop haut ou deux fois trop bas.

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Re: [Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 02 déc. 2008, 19:09

Ouzbékistan (+Tadjikistan et Kyrgyzstan)

L'Histoire de ce pays est dominée par la présence de Sarmakande, ville très ancienne, berceau de civilisations successives au confins des zones d'influences successives des perses, parthes, macédoniens, romains, huns, arabes, mongols, chinois, et russes, et étape importante de la route de la soie. Comparé à ses voisins, le pays se caractérise par une population assez importante : 27 millions d'habitants, à comparer aux 5 millions du Turkménistan et aux 15 millions du Kazakhstan, pays presque 6 fois plus étendu.

L'Ouzbékistan partage avec le turkménistan le vaste bassin gazier d'Amu Darya. C'est aussi un gros producteur de gaz, avec 58 km3 en 2007, soit 2% de la production mondiale. Mais, contrairement à son voisin, l'Ouzbékistan n'est pas un gros pays exportateur, car il consomme lui-même 80% de sa production de gaz. Il parait assez difficile de croire qu'un pays peu industrialisé et comptant moins de 30 millions d'habitants consomme plus de gaz que la France (45 km3 contre 40), mais le gaz représente 98.4% de la consommation d'énergie primaire du pays ! Beaucoup de gaz sert à produire de l'électricité via des centrales classiques à chaudière-turbine à vapeur anciennes et assez peu efficaces. De façon générale, l'économie ouzbèque est classée parmis les moins énergétiquement efficaces du monde. Les gisements de gaz sont bien connus depuis longtemps et ont été fortement exploités par les soviétiques.

En 2007, le pays a produit 120 000 b/j selon les chiffres BP, mais seulement 99 000 selon l'EIA. La moitié de la production est consistuée de liquides de gaz naturel (butane et propane, principalement, récupérés lors du traitement du gaz) et une partie du reste est probablement des condensats, du coup la production de brut proprement dit est limitée. En 1988, le production tous liquides (BP) était de 288 kb/j.

Si le bassin d'Amu Darya est presque exclusivement gazier et assez mature, l'Ouzbékistan possède aussi des ressources dans le bassin de Fergana (une partie de la province géologique nommée bassin aghan-tadjik par l'USGS). Il se trouve dans la pointe est du pays, région presque enclavée dans le Kyrgystan. Ici, on trouve à la fois du gaz et du pétrole.

La compagnie suisse Manas y travaille (mais du coté Kygyze) et fournit quelques informations, même si c'est bien sur avec l'objectivité de celui qui cherche des investisseurs :
http://www.manaspetroleum.com/s/Kyrgyz. ... tID=175755

A les croire, le bassin de Fergana est un cousin du bassin de Tarim en Chine. Leur argumentaire est que même si la production a commencé dans la région en 1902, elle s'est toujours limitée à des petits gisements très peu profonds, et qu'il y a un potentiel plus important dans les strates inférieures qui commençait à peine à être exploré quand l'URSS s'est effondré et que les travaux ont été abandonné, après avoir été négligé pendant longtemps parce que la conformation des failles avait été mal interprétée.
Selon eux, 600 Mb ont été produits, les réserves identifiées sont de 1Gb et les réserves encore à découvrir sont du même ordre de grandeur. Celà comprend les parties Ouzbèque, Tadjik et Kygyz du bassin

Leur analyse est qualitativement confirmée par le gisement de Minbulak, découvert en 1992, que les Chinois vont exploiter. Il se situe en effet dans une couche très profonde (5000 mètres). Il est évalué à 30 millions de tonnes, soit 200 millions de barrils. Ils visent 40 000 barils/jours, c'est aparemment le plus grand projet pétrolier en cours en Ouzbékistan (mais il y a aussi des projects gaziers).

Le Tadjikistan et le Kyrgyzstan ne produisent pas de pétrole (pour être exact, moins de 3000 b/j à eux deux actuellement). Mais ils possèdent des parties du bassin de Fergana et ont donc un certain potentiel. Je décide donc de faire une exception à mes habitudes et d'associer les trois pays pour le scénario de production. J'espère qu'on m'en voudra pas.

Notons que le bassin de Fergana se situe sur la route des oléoducs et gazoducs prévus par la Chine pour importer les hydrocarbures Kazakhs.
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Re: [Production] La Russie a-t-elle passé son 2e pic?

Message par Raminagrobis » 03 déc. 2008, 00:37

Un jour j'examinerais en détail la production russe par région, et une première étape est sans doute de définir les régions.

Voici un découpage possible

-Russie méridionale
* Bassin nord-caucase, région très importante pendant la Seconde Guerre mondiale, très fortement déplétée. Pic de production ~1972.
* Caspienne : La russie possède le bassin "centre caspienne" et une petite fraction du bassin "pré-caspien". Il y a des ressources onshore (notamment le super-géant gazier d'Astrakan), l'exploration offshore est active depuis une dizaine d'années, et a donné quelques belles découvertes (Yuri Korchagin).
* Azov Kuban (région mineure).
* Mer Noire (petit potentiel d'exploration, région mineure)

Russie Européenne
* Volga Oural (y compris samara, tatarstan, Udmurtia), 2e région la plus importante du pays. Pic de production vers 1975 à près de 5 mb/j, production actuelle 2Mb/j.
* Timan-Péchora, région d'importance moyenne, post-pic, partiellement offshore (mer de péchora).
* Mer de Barents, grosse réserves de gaz (Shtokman!), moins de pétrole (Prirazlomnoye), encore pas mal d'exploration à faire.
* Baltique (enclave de Kaliningrad), région mineure (<1% de la production russe). fait

Sibérie
* Plaine de Sibérie Occidentale, de loin la région la plus importance du pays. 8 Mb/j à la fin des années 80, actuellement 7. Au plus on va vers le nord, au moins il y a de pétrole et au plus il y a de gaz. Le nord de la région est le coeur de la production de gaz russe
* Mer de Kara (prolongement offshore de la région précédente), deux ou trois gros gisements de gaz, encore pas mal d'exploration à faire.
* Sibérie orientale (bassin d'Angara Léna, Vilyuy), la production vient de débuter, environ 4Gb de réserves identifiées de pétrole, plus de gaz (Kovytka!). fait
* Yenisei-Khatanga , réserves de gaz (inexploitées apparemment), c'est sur la cote nord de la sibérie vers 110 degrés est (bref, faut pas y aller pour l'ambiance)
* Sakhaline, plusieurs Gb de réserves connues, encore de l'exploration à faire, production depuis quelques années. fait
* Kamchatka, Mer d'Okhotsk : région pionnière
* Mer des Laptev, mer de Sibérie Orientale, Mer des Tchouhtches : régions hypothétiques (enfin, non, ces régions existent, la présence d'hydrocarbures est hypothétique)

Soit 15 régions à étudier séparément #-o



IHS energy :
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Re: [Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 03 déc. 2008, 17:35

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En comptant un Gb dans le bassin de Fergana, développés à partir de 2012.
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Re: [Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 04 déc. 2008, 19:08

Kazakhstan

Production passée : 8.7 Gb

sources :
*ASPO,
*USGS,
*BP
*EIA cabs
*EIA liste des projects (attention, contient pas mal de chiffres de réserves douteux)


Le Kazakhstan est le 9e pays du monde par sa superficie, et le plus grand pays enclavé. C'est un pays très peu densément
peuplé, ses 17 M d'habitants correpondent à 6 habs/km², c'est moins que la Russie elle-même. Essentiellement peuplée de nomade, le pays est incorporé à l'union soviétique à sa création, moscou y impose la sédentarisation de la population et la collectivisation des terres, ce sera un fiasco qui provoquera des famines immenses, coûtant la vie au tiers de la population. On peut imaginer que comme beaucoup de régimes politiques au cours de l'Histoire, les Bolchéviks ne voulaient plus de populations nomades, une classe par nature difficile à contrôler, pour des raisons à la fois pratiques et culturelles.

Les ressources du pays sont pour l'essentiel situées dans le bassin précaspien, au nord de la mer de la mer du même nom.
Carte de blackbourn
http://www.blackbourn.co.uk/databases/h ... aspian.pdf
(la frontière internationale est la petite ligne mauve, Astrakhan est en Russie de même que certains des gisements de l'arche nord)

C'est un système pétrolier paléoïque (roches siluriennes). C'est un bassin très profond (20 km), caractérisé par une immense couche de sel satant du permien. Au centre du bassin les roches sources sont bien trop profondes, au delà de la fenetre de génération et de conservation du pétrole, les gisements se trouvent donc dans la périphérie du bassin (dans toutes les directions).

A la périphérie nord (près de la frontière russo kazakhe), on trouve le vaste gisement de pétrole et gaz à condensats Karashaganak, logé dans un récif corallien fossilisé encastré dans les roches sources. Ce gisement est évalué à 1400 km3 de gaz naturel et 8 milliards de barrils de liquides (bruts, condensat, propane/butane) - apparemment ce sont les quantités en place, et non la fraction récupérable. C'est donc un géant d'importance mondiale. Le gisement a été découvert par les soviétiques en 1979, il est en exploitation depuis 1984 mais n'a pas encore piqué. En 2007 il a produit 13 km3 de gaz (la moitié de la production du pays) et 270 kb/j de liquides.

Tengiz est un gisement de pétrole situé dans le sud du bassin, près de la cote de la caspienne. Il a été découvert par les soviétiques en 1979. C'est un super-géant avec 25 Gb en place initialement, dont 6 à 9 Gb récupérables. L'exploitation présente deux difficultés techniques majeures. L'un est la profondeur (3600 mètres), l'autre est l'énorme teneur en soufre du pétrole (plus de 10%). Les soviétiques n'avaient pas réussi à mettre en exploitation le gisement, le souffre rongeant leurs aciers. Après l'éclatement de l'URSS, le Kazakhstan confie à Chevron le développement du gisement, après d'énormes difficultés les américains parviennent à l'exploiter. Le souffre est extraits par des procédés chimiques et accumulé à coté du site, formant peu à peu une véritable montagne. La production continue à augmenter, elle pourrait atteindre 700 kb/j en 2010.

Kashagan fut découvert en 2000 dans un prospect que les Soviétiques avaient cartographié, mais non foré. C'est un gisement énorme avec quelques 38 Gb en place, et, selon les estimations, 7 à 13 Gb extractibles. Sachant que Prudhoe Bay, Samotlor, Romashkino et Cantarell sont fortement déplétés, il s'agit vraissemblablement du dexième plus gros gisement de pétrole conventionnel en dehors du Moyen-Oriet, en termes de reserves restantes, après Priobskoye en Sibérie occidentale.
Son développement a connu de nombreux avatars, procès, et retard. Le promoteur américain à l'origine du projet (Jack Grynberg) a du aller en justice pour récupérer ses fonds. Le géant italien ENI est maintenant l'opérateur technique du projet. Le cout prévu a augmenté plusieurs fois, pour atteindre aujoud'hui la somme coquette de 136 milliards de dollars (près de la muoitié du PIB de la Belgique!).

Depuis, d'autres gisements ont été trouvés aux environs : Kashagan South West, Aktote (gaz), Kalamkas, Kairan. Il n'y a pas bcp d'infos sur ces gisements mais ils sont bien sur considérablement plus petit. Un chiffre de réserves de 600 Mb a circulé pour Kalamkas, assorti de l'information disant que le pétrole était de meilleure qualité qu'à Kashagan.

Autre mégaprojet Kazakh, Kurmangazy est un gisement un peu particulier, puisque des accords de production ont été développés, que le projet a été négocié et financé, alors que le gisement pourrait très bien être inexistant ! Ce vaste prospect est situé à cheval sur la frontière avec la russie, en mer. Il fut donc convenu en 2002 de le partager à 50/50. Un vaste consortium fut établi, et les géologues étaient aparemment tellement confiants sur le fait que le prospect soit rempli de pétrole que les réserves furent évaluées à 7.33 milliards de barrils (quelle précision). Mais en mai 2006 le premier forage ne révéla aucun pétrole. De nouveaux relevés sismiques ont été faits depuis et un deuxième puits devrait être creusé en 2009. Le gisement pourrait ne pas exister, si il existe il sera probablement nettement moins gros que prévu.
Alibekmola et Kozhasai à la limite est du bassin ont été découverts en 1999 et développés ensemble, ils produisent 50 kb/j environ depuis 2003, leurs réserves initiales étaient de 550 Mb à eux deux, d'un pétrole lourd.
Pour le gisement de Tyub-Karagan, développé par le russe Lokoil, on a longtemps parlé de 7 Gb, mais le premier forage en 2006 a été décevant, comme pour Kurmangazy on placera ce gisement dans la catégorie incertaine.
Darkhan, développé par les Chinois (CNPC) a été annoncé à 11 Gb, là aussi c'est un chiffre hautement suspect.
Tsentralnoye est annoncé à 3.8 Gb sur la base d'estimation avant forage, le premier puits a été creusé en mai 2008 et a effectivement trouvé du pétrole, mais il faudra sans doute attendre des puits d'appréciation pour confirmer le chiffre.

Le Kazakhstan possède un autre système pétrolier dans le bassin de Mangyshlak/Ustyurt (carte blackbourn), principalement onshore, avec une prolongement dans l'est de la Mer Caspienne. Les gisements, alimentés par des roches jurassiques, sont moins gros que dans le bassin précaspien, en revanque ils ont des noms aussi imprononçables.
Uzen est un gisement important (probablement le plus gros du bassin en réserves initiales) mis en production en 1965, et qui a franchi son pic en 1975. Il a été redéveloppé récemment. Environ 2Gb ont été produits dans ce gisement mature. La production actuelle est de 130 kb/j.
Maersk oil (filiale pétrolière du groupe de transport maritime) vient d'y mettre en service le gisement de Dunga, près de la cote. La production doit y atteindre 150 kb/j, les réserves seraient de 400 Mb.

Il est assez difficile d'évaluer le potentiel exact du pays. La somme des "réserves" annoncées par les joint-ventures donnt environ 66 Gb (en se basant sur la page EIA et en prenant le haut de fourchettes) mais il est clair qu'une grande partie (la moitié environ) sont des estimation avant forages, c'est à dire en supposant que les structures sont remplies de pétrole.Les résults de forages décevant dans certains blocs incitent à la prodence. Il est d'ailleurs assez incroyable qu'ils annoncent des réserves présentées comme prouvées pour des blocs qui n'ont pas encore été forés.


Au passage, on notera que le Kazakhstan est aussi un énorme producteur d'uranium.
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Re: [Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 05 déc. 2008, 19:00

Voilà en comptant un EUR de 50 Gb, en supposant que chaque gisement décline à partir du moment ou il a épuisé la moitié de ses réserves, et quelques autres hypothèses plus ou moins gratuites (sauf pour Tengiz, Karashaganak et Kashagan, où il y a des objectifs de productions officiels).

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Incntestablement, le Kazahstan est l'un moins déplété des gros producteurs de pétrole, avec l'Iraq.
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Re: [Production] Pays de la Caspienne

Message par Raminagrobis » 05 déc. 2008, 19:17

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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 06 déc. 2008, 12:41

Chine

Production 2007 (BP) : 3.74 Mb/j;
Production cumulée : 37 Gb (fin 2008)

A force de parler de la Chine comme d'un consommateur et d'un importateur de pétrole, on tend à oublier que le pays est aussi le 5e producteur du monde, juste après l'Iran, devant le Mexique et le Canada.
Les 3.74 Mb/j que le pays a produit en 2007 représentent 4.8% de la production mondiale, 8.1% de la production hors opep, et 47% de la production de la région Asie-Pacifique.
D'autre part, le pic de production a été franchi pour la Russie (1987) et les USA (1971), la Chine est donc le plus gros producteur non-opep (en terme de production journalière actuelle) n'ayant pas encore franchi le pic pétrolier.
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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 06 déc. 2008, 15:01

Généralités
Une source utile : http://en.chinagate.com.cn/english/208.htm

Avant d'attaquer le pays bassin producteur par bassin producteur, quelques remarques d'ordre général. Je commence souvent mes articles sur les pays par une présentation de l'histoire du pays en quelques lignes, mais faire ça pour la chine serait pour le moins ridicule.

Selon World Oil, la Chine avait en l'an 2000 pas moins de 80 000 puits en production. Et ce chiffre avait augmenté de 2000 par rapport à 1999, il doit donc y avoir plus de 90 000 puits actuellement. C'est plus que n'importe quel autre pays à part la russie (plus de 100 000 puits) et les Etats-Unis (plus d'un demi-million!). En comparaison, l'Arabie saoudite a environ 2000 puits actuellement.

Ce grand nombre de puits avec une très faible production individuelle révèle que les gisements onshore chinois ont été exploités à l'ancienne, avec un forage très serré. Si la production pétrolière nationale n'a guère bénéficié, sauf très récemment, des innovations techniques occidentales récentes, ce qui a été perdu par la rusticité technique a probablement été rattrapé par la densité des puits, et les perspectives d'étendre les réserves par amélioration du taux de récupération sont donc probablement limitées.

L'ASPO a diffusé deux scénarios très différents pour la Chine. Celui de Campbell lui même (newsletter 40, avril 04) ne donnait qu'un EUR de 60 Gb. Il prévoyait aussi un déclin immédiat de la production du pays, qui n'a pas eu lieu. L'estimation a depuis était revue à 65 Gb, mais celà parait très bas. Il est difficile de croire qu'un pays a épuisé 57% de son EUR et n'est pas encore en déclin.
Par ailleutrs la courbe de deffeyes (linéarisation de l'évolution du rapport production annuelle/production cumulée), même si elle ne converge pas très bien (les résultats sont très différents qu'on prenne les chiffres depuis 1990 ou depuis 2000) semble donner bien plus.
Image

L'autre scénario (newsletter 89) est rédigé par trois membres de l'ASPO China, Feng Lianyong, Li Junchen et Pang Xiongqi. Il ne prévoit le pic de production que en 2026 (mais avec peu d'augmentation du débit d'ici là), et l'EUR pris en compte est ici de 155 Gb! Mais dans leur scénario, 80 Gb restent à découvrir (en se basant sur la figure 2). Il est peu vraissemblable que dans ce pays déjà bien exploté, 52% des réserves ultimes restent à trouver.


Liste des régions pétrolières

* Bassin de Songliao (nord est de la Chine, provincze de Heilongjiang, grosso modo de Harbin à Qiqihar. Gisement principal : Daqing.
* Bassin de Bohaiwan, dans la région de Pékin, partielle offshore (golfe de Bohai). Principaux gisements : Shangli, Liaohe, Jidong.
* Bassin d'Ordos, principalement dans le shaanxi, vers le centre du pays
* Bassin de Sichuan au sud du précédent
* Bassin de Tarim, pointe ouest du pays (dans la province autonome du Xinjiang, qui se trouve aussi être une région à majorité musulmane et avec une forte guerilla cecessionniste).
* Bassin de Junggar, également dans le Xinjiang.
* La Mer de Chine mériodionnale, plus spécialement le delta de la rivière des perles, au large de Canton.
* La mer de chine orientale (mineur).



Petite carte de l'offshore piquée à "china-alberta.com"
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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 06 déc. 2008, 19:21

Bassin de Songliao
USGS : http://energy.cr.usgs.gov/WEcont/region ... /P3144.pdf

Dans ce bassin du nord-est du pays, les principales roches sources sont des schistes lacustres du crétacé (c'est d'ailleurs l'un des plus important bassin pétroliers du monde dont les roches sources ne soient pas marines), même si il existe aussi de petites quantités de gaz dans un système plus profond (dans des structures d'origines volcaniques), générées par des charbons du Jurassique.
La zone productive est riche mais relativement peu étendue.

Les principaux gisements sont placés dans les sommets des anticlinaux, environ 15 Gb ont été trouvé dans ce type de structures d'après l'USGS (qui, tout en étend très ambitieux sur ses estimations de découvertes futures, tend à avoir des estimations plutôt basses sur les gisements existants). Les anticlinaux sont des structures de grandes tailles faciles à reprérer, il n'est donc pas étonnant que les découvertes de ce type de champs aient été faite très vite (presque toutes vers 1960, par les dix premiers puits forés dans le bassin).
En plus des anticlinaux, il y a des gisements plus petits dans des pièges moins évidents (stratigraphiques, failles), à travers le bassin. L'USGS recense (jusqu'en 1996, domage qu'ils ne mettent jamais leurs infos à jour) 35 gisements de ce type, aucun ne dépasse 250 Mb.

Daqing est le principal gisement, découvert en 1956 (curieusement l'USGS le place en 1960). l'USGS lui attribue 8Gb, mais d'autres sources donnent 16 Gb, ce qui peut s'expliquer en partie (mais pas totalement puisque ca dépasse ce que l'USGS donne pour l'ensemble de ce thème géologique) par l'inclusion de gisements périphériques. Dans ce cas la production annoncée pour Daqing se confond pratiquement avec l'ensemble du thème géologique "anticlinaux".
Daqing est percé de plus de 20 000 puits. La ville du même nom, construite spécifiquement, à l'origine, pour abriter les ouvriers travailllant sur le gisement, compte aujourd'hui 2.5 Millions d'habitants. Cette cité était le fleuron de l'idologie maoiste.
Des chiffres de production (en tonnes) sont diffusés par la compagnie nationale PetroChina qui l'exploite (via une filiale dédiée), on retiendra que 50 millions de tonnes = 1 millions de barrils/jours (avec une erreur minime, voilà une coincidence heureuse). Ils ne semblent pas regroupés quelque part sur le web, mais on les trouve ici et là dans la presse, année après année (ce qui est un peu laborieux). Des opérations de récupérations assistée (injection de polymères qui favorisent la fluidité du pétrole) sont en cours depuis une petite dizaine années et ont quelque peu ralenti le déclin.
La production a été supérieure à 1Mb/j (50Mt/an) de 1976 à 2002.

1998 : 57.5 Mt (36% de la production du pays)
2002 : 50.1 Mt
2003 : 48.4 Mt
2004 : 46.3 Mt
2005 : 44.9 Mt
2006 : 43.5 Mt
2007 : 41.7 Mt
2008-prevision : 40 Mt (21% de la production du pays)

Ce sont les chiffres de la production Daqing Oilfield Co, ils ne se limitent pas au gisement éponyme. En fait, il semblent inclure la quasi-totalité du bassin de Songliao.

Officiellement PetroChina "réduit la production du gisement année après année pour prolonger sa durée de vie", façon alambiquée de dire qu'il est en déclin terminal. La production de gaz augmente peu à peu, comme dans beaucoup de gisements en fin de vie on finit par vendre le gaz associé qu'on réinjectait jusque là.
En synthétisant les chiffres qu'on trouve, il semble que le gisement avait 16 Gb de réserves extractible (en comptant ce qui a été rendu extractible par la technologie d'injection de polymères) et qu'il reste moins de 2Gb. Ce qui donnerait un taux de déclin de 14% avec les chiffres de production ci-dessus! Ce qui est irréaliste et confirme que ces chiffres ne concernent pas que Daqing.

Pour prolonger le taux de déclin actuel de 4.5% il faudrait 7 Gb de réserves restant à extraire.
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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 06 déc. 2008, 21:20

Bassin de Bohai

Ici aussi les roches sources sont d'origine lacustre, mais cette fois de l'ère tertiaire. Le bassin est partiellement offshore, dans la baie qui porte le même nom.

Shengli a été découvert en 1961. Il se situe sur la cote, avec une petite extension en offshore.
Comme souvent en Chine, les données disponibles regroupent ce qui en occident serait considéré comme plusieurs gisements distincts.
Voir Sinopec
As the second largest oil production base in China, Shengli Oilfield was discovered in 1961 and put into production since 1964. By the end of 2007, 75 oil or gas fields of different types had been discovered, and the cumulative production of crude oil and natural gas were respectively 908 million tons and 39.164 billion cubic meters. At present, Shengli Oilfield Company has 22,891 producing wells and 17,817 of them are under production with an annual crude oil production capacity of 27 million tons. The average water cut of the entire field is 90.34%, with a natural decline ratio of 14.7%, and a composite decline ratio of 5.98%.
La production a dépassé les 600 000 b/j pendant 9 ans (1986-95). La production actuelle est à peine inférieure (540 kb/j). Le chiffre de 908 Mt pour la production cumulée correspond à 6.6 Gb.

La découverte de Liaohe date de 1964.
Ici encore il s'agir de nombreux gisements regroupés en une entité statistique

http://www.oilchina.com/eng/Service-Cen ... Liaohe.htm
In Liaohe oilfield, oil and gas exploration begun in 1955. The oil flow from well Xin 1 in Liaohe basin revealed the oilfield on 9th September, 1969. As a result of exploration over more than 30 years, 36 oilfields in various sizes have been found totally with 19×108t proven OOIP and 670×108 m3 OGIP. There have been 26 oilfields built up and developed and 9 production bases established, including Xinglongtai, Suguang, Huanxiling, Jinzhou, Gaosheng, Shenyang, Ciyutuo, Lengjia and Kerbqin. Now, Liaohe [1998] oilfield has established an annual oil production capacity of 1500×104 t.
On a donc le chiffre du pétrole initalement en place (OOIP) 1.9 Gt soit 14 Gb.
Actuellement Liahoe produit 257 000 b/j, contre 300 000 dans les années 90. Diverses techniques de récupération assistée ont été appliquées, dont l'injection de vapeur dans les gisements contenant le pétrole le plus lourd (à la manière de ce qui se fait dans les oil sands canadiens) et même l'injection de gaz d'échappements d'une centrale thermique (contenant 15% de CO2). Comme à Daqing et Shengli, le déclin est plutôt lent (de l'ordre de 2% par an ici) mais pourrait s'accélérer puisqu'un intense travail a été mené pour maintenir la production à tout prix.

Jidong : si uin gisement de ce nom figurait sur les cartes depuis des années, une extension (?) en a été découverte récemment, et des chiffres de réserves importants, mais pour le moins confus (mélangeant joyeusement réserves et ressources, associant le gaz au pétrole...), ont été annoncés. Voir l'analyse sceptique de Energybulletin.
Depuis quelques années, les découvertes de pétrole et de gaz en chine sont montées en épingles et politisées, et il est difficile de distinguer le vrai du faux. Quoi qu'il en soit, Jidong doit produire 200 000 b/j dès 2012.

Les Chinois ressortent périodiquement l'affirmation que le Baie de Bohai pourrait offrir 20 Gt de pétrole (soit 145 milliards de barrils!). Celà ne repose bien sûr sur rien, et les compaghnies internationales qui ont des concessions dans la régions (comme l'australien roc oil) ne semblent pas au courant.
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