[Raminagrobis] Synthèse de la production pays par pays.

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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 07 déc. 2008, 13:32

Mer de Chine orientale

La Mer de Chine orientale s'étend de la corée à taiwan, et est limitée à l'est par l'archipel japonais de Ryūkyū . il y a un conflit territorial sur cette mer : le Japon considère que le partage se fait à égale distance des cotes (entre la chine continentale et les iles Ryūkyū) tandis que la Chine se base sur d'argument du prolongement du bouclier continental pour revendiquer plus que la moitié de cette mer.

Cette caste étendue d'eau assez peu profonde renferme quelques ressources d'hydrocarbures. Il y a des estimations (surtout chinoise!) selon lesquelles on devrait trouver ici quelques 100 milliards de barils!
Mais les gisements connus sont de petite taille et contiennent surtout du gaz. Le plus grand, répondant Canxue, est estimé à 5 millions de barils, et ce ne sont même pas des réserves prouvées. Voir la fiche EIA

Comment une région qui, après des années d'exploration (concessions accordées en 1993) n'a révélé que 20 Mb environ de réserves dans une petite dizaine de gisements, peut-elle être estimée à 100 Gb (5000 fois plus) ?
Celà relève encore des mystères de la pensée officielle chinoise.

Les réserves de gaz sont un peu plus consistantes.
Pinghu, situé dans la zone chinoise non contestée, a commencé en 1999 à fournir du gaz naturel (débarqué directement dans la ville de Shanghai) au rythme de 440 millions de mètres cubes par an (équivalent à 7 kb/jours). En 2006, selon l'EIA, la production n'est plus que de 17 mmcf/d (ce qui donne 175 millions de mètres cubes par an), le gisement doit donc être à peu près épuisé.

Dans la zone contestée entre les deux pays, l'EIA signale six gisements totalisant 18 millions de barils de pétrole et 10 km3 de gaz naturel (soit l'équivalent 18+60=78 Mb de pétrole au total).

Les dispute territoriale dans la région sont souvent attribuées par la presse à ces réserves d'hydrocarbures, mais il y a parier qu'il s'agit en réalité plutôt de questions de zones de pêches, de contrôle de routes commerciales et d'amour-propre. Ces réseves sont du même ordre que celle de Seine-et-Marne, deux grandes puissances ne vont pas s'affronter pour ça !
Dernière modification par Raminagrobis le 07 déc. 2008, 13:53, modifié 1 fois.
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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 07 déc. 2008, 15:26

Bassin d'Ordos

Ce bassin se situe à l'intérieur du pays, pas très loin de la mongolie, dans les provinces et régions autonomes suivantes : Shaanxi, Shanxi, Gansu Hui, Mongolie intérieure. C'est encore un bassin d'origine lacustre.

Comme partout en Chine, il y a un énorme contraste entre les estimations officielles sur le potentiel de la région (60 milliards de barrils sont fréquemment évoqués) et l'ordre de grandeur des projets existants.

Le complexe de Changqing produit environ 400 000 barrils/jours, il a donc dépassé Liahoe comme 3e source de pétrole du pays. La production continue à augmenter et pourrait même à terme dépasser Daqing. Un objectif de 500 000 b/j a été annoncé pour 2015.

Les Chinois parlent souvent en terme de ressources initialement en place - ce qu'ils apellent des "réserves géologioques", ils annoncent connaitre 9 Gt (soit 65 Gb) de pétrole dont 2.4 (soit 17.5 Gb) récupérables (China Daily 03/03/2008). Peut être la production passée est-elle inclue. Le taux de récupération pris ne compte semble bas (27%).

Une strate plus profonde offre de réserves de gaz, et est devenue l'une des principales sources de ce combustible en Chine. Le gisement de Sulige, avec 500 km3, a été mis en production en 2003.


Bassin du Sichuan

Situé plus au sud, ce bassin possède surtout du gaz. Un des plus grands gisements de gaz de Chine, Puguang, avec 350 km3, y a été découvert en 2003. Un autre géant a été annoncé en 2006, longgang pourrait être le plus gros gisement du gaz du pays (700 km3 "en place") mais celà reste à confirmer.
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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 08 déc. 2008, 20:30

Sud est de la Chine

Le prolongement offshore du delta de la rivière offre un système pétrolier tertiaire (en gros, au large de Hong Kong). L'exploration a été menée par Chevron, Texaco et Agip (contrairement à l'onshore, l'offshore chinois est ouvert aux compagnies internationales) depuis 1983. La production a commencé en 1990, et elle a l'air à peu près constante (~110 kb/j) depuis 1995, grace à l'entrée en service successive de 10 gisements. Deux nouveaux doivent arriver en 2009, pour 14 kb/j.
En 2005, CNOOC reportait 170 Mb de réserves dans les 5 principaux gisements.

Dans une extension sud-ouest du même bassin (en dehors de la zone exploitée par le consortium cité ci-dessus) CNOOC (China National Offshore Oil Corporation) associé au canadien Husky a trouvé deux petits gisements dans le bloc Wenchang. Voir sur rigzone : http://www.rigzone.com/data/projects/pr ... ect_id=163 On parle de 50 kb/j de production et 100 Mb de réserves. La production a commencé en 2002. Ces gisements sont pratiquement épuisés aujourd'hui.

L'exploration s'oriente vers le prolongement en mer plus profonde du bassin. Husky (encore eux)à a découvert dans le bloc 29/26, en 2006, le gisement Liwan, la première découverte "deepwater" (>300 mètres) en chine. Husky annonce, au conditionnel, 110 à 160 km3 de ressources contingeante (donc pas forcément extractibles) de gaz. C'est peut être l'un des plus gros gisements de gaz offshore chinois, mais ça reste une découverte moyenne.

Document de Husky : http://www.huskyenergy.com/downloads/Ab ... tional.pdf

Encore plus au sud, on trouve quelques gisements autour de l'île de Hainan.

le block "Weizhou" (entre Hainan, la Chine continentale et le vietnam) contient de petits gisements. Dans un document audité (ici) d'une compagnie australienne qui y participe (Petsec), on lit
Beibu Gulf Block 22/12 is located approximately 60 kilometres off the southern coast of China, north-west of Hainan Island in shallow water, 25 to 40 metres deep. Four oil discoveries (12.2.1, 12.3.1, 12.8.1, and 12.8.2) were made on the lease in the early 1980’s and 1990’s. These discoveries contain an estimated 45.6 million barrels of recoverable oil, (per independent consultants July 2003). Petsec earned a 25% interest in the contract area in March 2002 by participating in the drilling of the Wei 6.12.1 well which discovered nine metres of net oil pay, estimated to contain 2.6 to 10 million barrels of recoverable oil.
Approximately 10 kilometres to the north and west of Block 22/12 are CNOOC’s (China National Offshore Oil Corporation) substantial Wei 12.1, 11.4 and 10.3/3N oilfields and two recent large discoveries of the 11.1 and 11.1 North fields. Production from these oilfields is via a pipeline to the Weizhou Island oil processing facilities. These CNOOC fields each contain an estimated 40 to 100 million barrels of recoverable oil.
Pas très précis tout ça, mais la région semble mineure (moins d'un milliard de barils probablemebnt). Ces réserves sont exploitées depuis 2005 par des petites plate-formes low-cost.

Enfin, on trouve deux gisements de gaz entre l'ile de Hainan et le Vietnam. Ya-13-1 a été mis en service en 1995, il a passionné les géologiques pour avoir la caractéristique quasi-unique d'avoir été chargé par du gaz de deux strates de roches sources complètement différentes. Dongfeng a été mis en service en 2001.


Dans l'ensemble, à l'exception de la baie de Bohai qui est une région proléfique, l'offshore chinois ne semble pas avoir de ressources importantes. Aussi bien la mer de Chine Orientale que la mer de Chine Mériodionale ont été exploré depuis plus de 15 ans, de nombreux puits ont été forés dans au moins quatre bassin complètement distincts, et celà n'a révélé que des gisements moyens dans le delta de la rivière des perles, des ressources marginales ailleurs. Les estimations chinoises, largement relayées dans la presse, parlant de dizaines de milliards de barils de potentiel dans chacune de ces deux mers semblent totalement illusoires - du moins, il n'existe rien de tangible allant dans ce sens.
Dernière modification par Raminagrobis le 08 déc. 2008, 20:40, modifié 3 fois.
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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 08 déc. 2008, 21:05

Bassin de Tarim

Dans la région du Xinjiang (ou Ouïghouristan pour les habitants turcophones), la bassin de Tarim est un bassin complexe avec des roches source de l'Ordovicien (deuxième période de l'ère primaire, ça date, -480, -440 Ma, pour vous donner une idée, Giscard était même pas né), du Crétacée, et du Jurassique.

La bassin de tarim est un craton, c'est un ancien microconcontinent aggloméré à la masse eurasienne durant l'ère primaire.

Des géologues chinois et australiens ont démontré (article dans sciencedirect) que la région contient ce qui était jadis un gisement de pétrole immense (comparable à Ghawar ou Burgan) qui a perdu son étanchéité suite à des mouvements tectoniques et dont le pétrole s'est échappé.
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Re: La Chine, future hyper-puissance mondiale ?

Message par Raminagrobis » 10 déc. 2008, 19:47

Comme il y a très peu d'information publique, je m'appuie sur les estimations que j'ai référencé plus haut, venant de gens qui ont sans doute un bien meilleur à l'information, pour un pic en 2015.

Je rajoute ca à d'autres hypothèses :
* 90 Gb ultimes
* Le Xinjiang qui atteind un plafond à 1Mb/j, la capacité du pipeline qu'ils sont en train de construire pour évacuer son pétrole
* Déclins plutôt lent (production techniquement conservatrice)

Ca donne :

Image
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Re: [Production] La Russie a-t-elle passé son 2e pic?

Message par Raminagrobis » 11 déc. 2008, 19:17

Enclave de Kaliningrad

L'histoire de Kaliningrad est fascinante tant elle reflète les espoirs et les drames d'un millénaire d'histoire européenne.

Le site de la ville fut occupé par des Wisigoths, puis par des Finnois vers le IXe siècle.

Au début du XIIIe siècle, le duc catholique de Mazovie, que l'on qualifiera de Polonais pour faire simple, se retrouve en difficulté militaire face aux Borusses (ou Prusses), un peuple balte païen. Il appela à l'aide les chevalier teutoniques, ordre militaire allemand fondé pour les croisades en Palestine, qui se cherchait un nouveau front après l'échec de la 5e croisade.
Les chevaliers répondirent avec joie à l'appel, mais outrepassèrent largement leur mandat. La croisade Balte réussit là où les chevaliers Polonais de l'ordre de Dobrin avaient échoué, et installa un état militaire sur le modèle des seigneureries des croisés. Les Chevaliers Teutoniques fondèrent plusieurs villes sur la cote, dont Königsberg, l'actuelle Kaliningrad, puis installent des colons venant de tout le saint empire romain germanique. Celà fait partie de la Drang nach Osten (poussée vers l'est) de l'histoire allemande.
Les borusses vivent sous un régime d'occupation, et sont progressivement exterminés. Il y a eu de nombreux génocides dans l'histoire, mais malgrès tout il reste des Juifs, des Tziganes et des Tutsis à notre époque. Les chevaliers teutoniques ont réalisés l'un des seuls génocides réussis.

Pendant près de trois siècles, le pays, qui curieusement reprend le nom du peuple exterminé, et devient la Prusse, sera un état teutonique, dont l'organisation sociale et la hiérarchie militaire ne font qu'une.
L'Etat déclinera après une guerre perdue contre la nouvelle union, née suite à un marriage, entre la pologne et la lithuanie (union dans laquelle il est enclavé). Par le traité de Cracovie, le territoire devient vassal de la Pologne, et le grand-maitre de l'ordre Teutonique devient le premier duc de Prusse. Il se convertit à la religion calviniste. Même devenue un pays "normal", la prusse reste un état profondément militariste, et, du moins symboliquement, le berceau du militarisme allemand.

Un siècle plus tard, suite à un marriage, la Prusse sera unifiée avec la marche de Brandebourg, qui était dirigée par une branche cadette des Hohenzollern. Le Traité de Welhau en 1657 affranchi la Prusse de la suzeraineté polonaise. La guerre de Tente Ans et la Guerre de Succession d'Espagne renforcèrent indirectement la Prusse, qui est érigée en Royaume et devient la force dominante au sein du Saint Empire Romain Germanique.

Celui ci disparait en 1806, l'Empereur vaincu par la France devient empereur d'Autriche, et par là, renonce, entre autre, à tout suzeraineté sur la Prusse. L'Empire d'Autriche est défait par la Prusse en 1866 et devient plus modestement l'Autriche-Hongrie.

En 1871, après la victoire contre la France, le roi de Prusse devient empereur d'Allemagne. Dans les faits, celà lui permet de vassaliser à la Prusse 3 autres royaumes (la Saxe, la Bavière et le Wurtemberg) des duchés, des principautés, et des villes libres comme brême. Tandis que l'Alsace-Lorraine, prise de guerre, est sous l'autorité directe de l'Empereur.

Même si la Capitale a été déplacée à Berling, Konigsberg reste une ville symbole pour la Prusse.

Ce que les Soviétique ne lui pardonneront pas. C'est un chapitre particulièrement tragique de siècles de rivalité Russe-allemande sur l'Europe de l'est. L'armée soviétique prend la ville en avril 1945. Les ordres d'Hitler sont simples : la ville doit résister jusqu'au dernier soldat. Ceux de Staline sont tout aussi limpides : tout doit disparaitre du berceau du militarisme allemand. Ce qui fut fait. Dans la bataille, la vieille ville allemande notamment le chateau des rois de Prusse et la cathédrole, est entièrement rasée - alors que des installations autrement plus stratégiques, comme des fortins et des gares, sont épagnées. Plus de la moitié de la population allemande de la ville est tuée. Les survivants seront expulsés peu près la guerre. Le nom même de la ville est intolérable allemand aux yeux de Moscou, elle devient Kaliningrad du nom d'un dignitaire soviétique. Dans l'ancienne prusse-orientale sera découpée ce qui devient l'enclave de kaliningrad, annexée à l'URSS, et même directement à la Russie, et repeuplée de colons russes - de façon générale, plus de 8 millions d'Allemands ont été "déplacés" après la seconde guerre mondiale.

La région est donc l'un des seuls endroits du monde ou la population a été entièrement éradiquée, puis remplacée par une autre population, par deux fois.

Après cette brève introduction historique, voici la carte des gisements de pétrole de la région : http://www.blackbourn.co.uk/databases/h ... baltic.pdf

Les premiers gisements seront trouvés, à Kaliningrad et en Lithuanie, au début des années 60. Comme pour le pétrole Autrichien, ce sont donc les Russes qui ont trouvé le pétrole dont le Reich avait si cruellement manqué.

Krasnobor, probablement le plus gros gisement onshore de l'enclave, est découvert en 1968. Une entreprise de production, Kaliningradneft, devenue ensuite Kaliningradmorneftegaz pour paumer ceux qui auraient encore réussi à prononcer le nom, est msie en place (source oilru) et le production commence vraiment en 1975.

25 gisements sont connus, dont deux offshore, selon Oilru. Lukoilen compte 26. La production cumulée jusqu'en 2004 est d'environ 215 millions de barrils, les gisements onshore sont presques épuisés. En 2005 la production était de 23 000 b/j (à peu près la production de la France).

Le gisement offshore de Kravtsovskoye a été découvert en 1983 et mis en production seulement en 2004. Fiche sur offshore-technology. Il avait des réserves initiales estimées à 65 millions de barrils. Avec 12 000 barrils/jours, niveau de production qui doit être maintenu jusque vers 2014, il représente maintenant près de la moitié de la production de l'enclave (en 2005 il ne produisait pas encore à plein régime).

L'enclave de Kaliningrad est donc une région pétrolière mineure (avec un EUR compris entre 300 et 350 Mb selon toute probabilité, du même ordre que le bassin parisien), largement post-pic, avec un petit rebond tardif de production du à gisement offshore que les soviétiques n'avaient pas développé.

KaliningradmorNefteGaz était rattaché à Rosneft jusqu'en 1995, date ou l'entreprise est passés sous le giron de Lukoil.
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Re: [Production] La Russie a-t-elle passé son 2e pic?

Message par Raminagrobis » 12 déc. 2008, 19:55

A 7000 km de là...

Sakhaline

Sakhaline se trouvé au large de la Sibérie et au Nord du Japon. Elle couvre 78 000 km², un peu moins que l'ile d'Hokkaido (l'ile nord du Japon). Sa population est faible, moins de 700 000 habitants.

L'ïle de sakhaline fut occupée par différents peuples indigènes (notamment les Aïnos, qui sont aussi les premiers habitants du Japon), avant d'être disputée entre Russes et Japonais, qui se partagnent l'île à moitié/moitié après la guerre de 1905. Elle deviendra entièrement russe en 1945.

Contrairement à une idée répandue, la production de pétrole à Sakhaline n'est pas nouvelle. D'abord la carte de blackbourn.

Géologiquement, la bassin qui couvre les deux tiers de la cote est de sakhaline (USGS) est un bassin deltaique tertiaire. Il s'agissait en fait du delta du fleuve Amour à l'époque où Sakhaline n'était pas encore une île (le bras de mer séparant sakhaline du continent, dans lequel se jette maintenant l'Amour, n'existait pas).

On a beaucoup de parler de Sakhaline ces dernières années pour les gisements offshore. Mais l'île possède aussi un chapelet de gisements onshore, même si ils sont beaucoup plus petits. L'exploitation pétrolière sur l'île a commencé dans les années 1920 (quelques forages d'exploration, encouragés par la présence d'affleurement naturels de pétrole. On trouve quelques infos ici et .

Les 29 gisements onshore ont été trouvés à partir de 1928 (Okha) et totalisent 1100 Mb de réserves initiales selon l'USGS. Les trois plus grands ont été trouvés avant 1936. Le plus important d'entre eux pèse 100 Mb. La taille médiane est, toujours selon l'USGS, de 2 Mb.

Toujours selon l'USGS, 850 Mb avaient déjà été extraits en 1995. Rosneft donne quelque chiffres ici, le déclin du gaz semble incroyablement rapide.

Si on excepte de tout petits gisements proche de la cote et forés en oblique depuis la terre, les premiers forages offshores datent de 1977. Selon Geoaktuel, 22 forages marins ont eu lieu entre 1977 et 1989 dans la bassin du nord est de l'ile, c'est relativement peu.
Cinq gisements ont été trouvés. Ils sont beaucoup plus grands que les gisements onshore.
Odoptu (1977)
Chaivo (1979)
Lunskoye (1984)
Piltun-Astokhskoye(1986)
Arkutun-Dagi (1989)

Quelques puits ont aussi été forés dans les baies d'aniva et terpaniya, sans résultats, ces deux zones semblent sans intérêt pétrolier.

Après la chute de l'URSS, il y eut un temps d'arrêt dans l'activité, puis elle est repartie sous la forme de joint-ventures avec des compagnies étrangères. Deux blocs ont été constitués avec les gisements connus (et sont donc discontinus), les autres sont des blocs d'exploration.

* Sakhalin-I comprend les gisements Arkutun-Dagi, Odoptu et Chaivo. Les partenaires sont la. compagnie nationale russe Rosneft, ExxonMobil, ONGC (Inde) et Sodeco (Japon).
Les réserves annoncées sont d'environ 1 milliard de barrils pour chayvo, 2.3 au total - ce sont probablement des réserves russes ABC1C2, à peu près équivalent au 3P
pendant les premières années (1996-2002), les partenaires ont surtout cartographié les gisements plus précisément, et développé les projets. La production a commencé en 2005 à Chayvo. Elle a atteind 225 000 b/j en 2007 mais est déjà en déclin. Odoptu doit commencer à produire en 2011. En 2014 commencera la production de pétrole de Arkutun-Dagi, ainsi que la production de gaz associé (pour l'instant réinjecté) des deux autres gisements. Il y a 300 milliards de mètres cubes de réserves P+P de gaz selon Rosneft.

* Sakhalin II se compose de deux gisements : Pitun Atoshkoye (PA), principalement pétrolier, et Lunskoye, principalement gazier. PA a commencé à produire en 1999 avec une plate-forme d'une capacité de 60 kb/j. Néanmoins, comme les pétroliers devaient venir chercher le pétrole à la plate-forme même, la production n'était possible qu'environ 6 mois par an, pour cause de glace. Ce qui donne une moyenne de 30 kb/j. Un peu plus de 100 Mb de barils ont ainsi été produits en neuf naisons, jusqu'en 2008.
La deuxième phase du projet a consisté en la construction de pipeline (doublés : gaz et pétrole) menant jusqu'à un port du sud de l'ile, qui n'est jamais gelé. Le tracé des pipeline a été modifié sous la pression des groupes écologistes pour éviter une zone de regroupement des baleines grises (une population très menacée).
Celà a permis la production toute l'année. De plus, une deuxième plate forme a été construite sur PA (70 kb/j) et Lunskoye a été mis en exploitation, fournissant 50 kb/j de liquides. Le gaz est réinjecté, il sera produit quand le terminal d'exportation de gaz naturel liquéfié sera fini (2009).
Shell commandait le projet au début mais a du en céder une part majoritaire à Gazprom, tout en restant partenaire, avec deux japonais (Mitsui et Mitsubitchi).
la compagnie estime les réserves originales des deux gisements à 1.0-1.2 Gb de pétrole et 450-500 km3 de gaz.

* Les blocs III, IV, V ont été crée sans gisements connus. Ainsi, certains documents de l'EIA (ici) attribuent à ces blocs bien plus de "réserves" que les blocs I et II, mais il ne s'agit en fait que d'estimations avant forages des ressources potentielles, donc non comparable aux réserves des deux premiers blocs.
Rosneft et BP coopèrent dans ces trois blocs.
Six puits ont été forés en trois ans dans ces trois blocs. Deux semblent avoir révélé des gisements.
Dernière modification par Raminagrobis le 19 déc. 2008, 20:29, modifié 7 fois.
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Re: [Production] La Russie a-t-elle passé son 2e pic?

Message par Raminagrobis » 16 déc. 2008, 13:44

On peut glaner qq infos dans les rapports "9 mois" des compagnies russes. Ce me permet de donner une estimation du taux de déclin de sibérie occidentale (SOc).
La sibérie occidentale (qui production plus des 2/3 du pétrole russe) est globalement une région mature, mais il y a un supergéant (Prioskoie) qui a été découvert en 82 mais mis en exploitation seulement vers 2000, sa production augmente d'année en année.

Voici un tableau que donne l'EIA (avec des datas IHS) sur les principaux gisemebnts russes.

Image

Rayons romashkino, c'est le seul pas à pas être en SOc.
On n'a pas de ryhtme de déplétion puisqu'on n'a pas les EUR, mais au moins un état estimé de déplétion (qui s'entend probablement en fin 2006 donc doit être augmenté d'une paire de points).
La somme de ces gisements fait 3.6 Mb/j, environ la moitié de la prod de Soc.

Clairement priobskoye est la principale source de hausse de production à court terme. Ce champs est partagé entre Rosneft et Gazprom Neft. Gazprom détient la partie sud, environ 30% du gisement.

Lukoil contrôle 15% de la production russe, et aussi 15% de celle de sibérie occidentale.

Voici leur rapport "9 mois"
http://www.lukoil.com/df.asp?id=31

La page 4 donne l'évolution de la production par région. La sibérie occidentale recule, et toutes les autres progressent. Mais comme la sibérie occid représente le plus gros de la production, la production globale diminue de 1.6%.

en SOc, la production diminue de 5.9%. Si on envlève 100 000 tonnes (sur 9 mois > 2.7 kb/j) gagnées grace à des "changements de structure" (c'est à dire des parts rachetées à une autre compagnie, je suppose), c'est 6.1%.


Rosneft fait près de 20% du pétrole russe.

http://www.rosneft.com/attach/0/58/81/F ... lue_Q3.pdf ici la production est en hausse de 6% - grâce à priobskoye de toute évidence.

Chez Gazprom neft (6% du pétrole du pays), on trouve dans la presse que la production a baisse de 5% sur les neuf premiers mois de l'année (mis à part ce qui a été gagné par l'acquisition de Tomskneft en décembre 2007). Pas d'infos par région.

Notons que cette baisse de 5% intervient malgrès la hausse de production dans la partie de Prioskoye qu'exploite Gazprom Neft.

Et du coté de TNK-BP qui représente 10% du pétrole russe?
Jonathan Kollek, TNK-BP vice-president for sales, said that 2008 would see a 6% reduction in the company's crude exports to 30.3 million metric tons (222 million barrels) alongside a 5% increase in crude supplies to Russian refineries to 10.8 million metric tons (79 million barrels).
32.2 -> 30.3
10.3 -> 10.8
Soit une baisse de l'ensemble de la production de 3.3%

Surgutneftegas, qui pèse 13% de la production russe (et produit pour l'essentiel en Soc comme son nom l'inquide), ne donne pas de chiffre directs d'évolution, mais en allant piocher dans les documents trimestriels, on trouve 16.301 millions de tonnes au 3e trimestre 2007 et 15.479 au 3e semestre 2008. Soit -5.05%

Il me parait donc raisonnable d'estimer qu'actuellement, le déclin de la Soc est d'environ 5 à 6% par an, en dehors de Priobskoye et de Vankor (un 'petit géant' qui ne produit pas encore). Celà nous donne 50 Gb de réserves restantes, un chiffre qui semble tenir la route.
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Re: [Production] La Russie a-t-elle passé son 2e pic?

Message par Raminagrobis » 19 déc. 2008, 21:06

Voici pour deux régions "nouvelles".

Pas facile de faire un pronostic pour sakhaline puisqu'il y reste beaucoup d'exploration à faire, je compte un EUR offshore de 9 Gb (ce qui revient à penser que les 5 grands gisements offshore de Sakhalin I et II ne font que 1/3 du total).

Image

Pour la Sibérie Orientale, je compte 6 Gb de production ultime (50% plus que les réserves classées ABC1 par les russes), un plateau à 600 kb/j (question de transport) et, sur le court terme (jusque 2015) je me base sur les projects en chantiers.

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Re: Raminagrobis

Message par Raminagrobis » 21 déc. 2008, 17:48

Russie méridionale

J'inclus ici tout ce qui est, grosso modo, au sud de Volvograd.

En termes pétroliers, celà inclut plusieurs régions, où Rosneft se taille la part du lion.

Le plupart des sources définissement un bassin nord-caucase, mais l'USGS l'inclut avec le bassin "central caspien" : ici et y définit trois systèlmes pétroliers.

Il y a un système tertiaire dans un bassin d'avant pays lié aux monts du caucase. La partie onshore inclue notamment les gisements de Tchétchénie : voir carte blackbourn.
Les gisements situés autour de Grozny représentaient 40% de la production soviétique à la fin des années 30.
Les Allemands tentèrent sans succès de s'en emparer pendant la seconde guerre mondiale.

Actuellement, la production est controlée par Grozneftegaz, division de rosneft. La production est de 42 000 b/j (pour 248 puits, soit 170 b/j/puits). C'est très exactement un dizième du pic de production atteint en 1971. Il y a des gisements très proches de la surface, dont l'exploitation (à la pelle!) a commencé en 1833. La Tchétchénie est donc évidemment une région pétrolière extraordinairement mature, donc il n'y a rien à espérer dans le futur.

Plus au nord, dans le Krai de Stavropol, Rosneft produit 21 kb/j, en baisse de 5% sur un an. Il n'est pas dit qu'il n'y ait pas de production d'autres compagnies, mais quoi qu'il en soit, la région est aussi extrêmement marutre.

La Kalmykie ne vaut pas mieux, avec environ 4000 b/j de production résiduelle.

Dans la région de Krasnodar, qui constitue la pointe sud ouest de la russe (entre l'ukraine et la géorgie, baignée par la Mer Noire),Rosneft produit 31 kb/j en 2007, en léger déclin,il y a aussi des productions moindres par d'autres compagnies. Ce n'est plus la même province géologique USGS : c'est le bassin d'Azov-kuban Le production de gaz est bien supérieure et en pleine croissance. Iml y a aussi de la production par d'autres compagnies, à une échelle moindre.
L'USGS distingue trois plays, dont un seul contient du pétrole, les autres n'offrant que du gaz.

Il y a des travaux d'explorations en offshore, dans la mer noire et la mer d'azov. Les perspectives sont plutôt limitées. D'autre secteus de la mer noire ont été explorés (Turquie, Géorgie, Roumanie, Bulgarie) et n'ont offerts que quelques milliards de mètres cubes de gaz (et aussi un peu de pétrole en Roumanie). La mer noire est un bassin sédimentaire très épais, mais pauvre en roches sources.

Selon cette source(qui est là pour vendre des services pétroliers en mer noire, donc à priori ne doit pas être biaisée dans le sens du pessimisme), il n'y a pas bcp de roches sources dans la partie est de la mer noire, ce qu'il y a de mieux est une strate de charbon, dont une extension onshore sud est exploitée en turquie, mais du charbon ne génère que du gaz sec, pas de pétrole.

Du coté Ukrainien de la mer noire, mais tout près de la frontière maritime, il a un petit gisement de pétrole nommé Subbotina, découverte minuscule qui n'a pas été déclarée commercialement exploitable.

Rien n'incite donc à anticiper des découvertes importantes dans la mer noir et la mer d'Azov.

La seule région vraiment intéressante en russie méridionale est donc le secteur la mer caspienne (et les zones le long de la côte).

La Russie possède une fraction du bassin pré-caspien - CARTE- voir la fiche sur le Kazakhstan pour les détails sur ce bassin.
Le principal gisement dans la région est Astrakhan, un géant gazier onshore, tout près de la cote et de la frontière kazakh. Il n'y a pas de chiffres précis de réserves, ça varie considérablement selon les sources, certaines vcont jusqu'à 4500 km3, ce qui le rendrait plus grand que Chtokman ! Ce serait alors le plus grand gisement de gaz d'europe (au sens géographique du mot)...
Mais le gaz d'Astrakhan est d'une qualité exécrable. C'est pour ca que, bien que connu depuis 1976, le gisement n'a été que faiblement exploité.
Sur 12 milliards de mètres cubes de gaz brut extraits en 2007, il ne reste que 6.8 de gaz commercial, après extraction du dioxide de carbone, du gaz de soufre (H2S) et des condensats (ça, les condensats, c'est bien).
Le fait que le gisement contienne environ 25% de H2 et 20% de CO2 peut d'ailleurs expliquer une partie de la dispersion des estimations de réserves : les chiffres les plus élevés comptent probablement le gaz brut.

Une article récent (y'a un mois) ici Voilà que Shell après avoir été expulsé de Sakhalin serait à nouveau le bienvenu en russie :lol:
Russia's Gazprom is actively discussing development of its huge Astrakhan
sour gas field in southern Russia with Shell, as it looks to ramp up
production from the technically challenging field in view of declining output
at traditional fields
, a Gazprom official said.

A pilot project at the Pravoberezhnoye (Right Bank) field, which is part
of the same structure as the 4.5 trillion cubic meter Astrakhan gas condensate
field, may kick-start full development, Alexander Kalinkin, deputy head of
Gazprom's production department, said Thursday on the sidelines of a sour gas
conference outside Moscow.

Output at Astrakhan is currently limited to 12 Bcm/year, or 6.8 Bcm/year
of dry gas, due to environmental and sulfur utilization issues, but could rise
to 60 Bcm/year or even more.

Gazprom's banking subsidiary Gazprombank "at the end of 2007 or the
beginning of 2008" acquired a 75% stake in the Astrakhan Oil and Gas Company
previously held by the Astrakhan regional government. The company holds the
license for Pravoberezhnoye.

"We need to work out and approve technical solutions, and to start
implementing them in order to conform to the license agreements. Due to these
license obligations, there is a high probability that it will all start at the
Right Bank, first of all," Kalinkin said.
(...)

Shell is in "a dialog on a technical level" with Gazprom, but is hoping
for cooperation, Shell's new business development manager Greg Barbour said at
the same Moscow conference Thursday. However, commercial issues and Shell's
role in a potential joint project have not been discussed yet.(...)

Shell, which has experience in sour gas field development, hopes it can
also advise Gazprom in technical decisions.

"We hope we will participate in also helping them make the decision, but
ultimately it is their decision," Barbour said, adding that Gazprom and Shell
seem to have similar approaches on technical solutions for the field so far.
He said there are "many, many options" that Shell can offer.

On the prospects for development of Pravoberezhnoye, he said: "We believe
that the Right Bank field is developable in combination with the Left Bank."

VAST RESOURCES, NUMEROUS CHALLENGES

Resources at Astrakhan, including Pravoberezhnoye and adjacent license
areas, are estimated at 7 trillion cu m, Kalinkin said, which makes annual
production of 80-100 Bcm possible, including 40-50 Bcm/year of commercial gas.
The Astrakhan field alone could produce 50-60 Bcm/year, including 25-30
Bcm/year of commercial gas. Soit astrakhan = 60% du total, réserves et estimations de productions sont donc cohérentes. Mais les réserves incluent prbablement les gaz parasites

These volumes could be supplied to the Southern Federal District, (...)

But, in addition to the with the technological challenges, the
utilization of sulfur extracted from the sour gas is also important, as
Gazprom expects global sulfur oversupply to be around 4-4.5 million mt in
2010-2016. Current low demand and prices for sulfur makes partial or full
injection of acid gases into the field the most attractive option, but this is
energy intensive, Gazprom officials have said.
(...)
Russia's resources of hydrogen sulfide gas are estimated at over 8
trillion cu m, mainly sitting in Gazprom's older Orenburg field and Astrakhan.

Sour gas reserves make up over 12% of Gazprom's total proven reserves,
which stand at about 30 trillion cu m - Ca c'est pas cohérant, si Astrakhan lui même,
faut 15% du total ! -
, Kalinkin said. However, sour gas
accounted for just 5% of Gazprom's total output in 2007, he said.

One of the reasons Gazprom has for so long neglected Astrakhan is that it
had to focus on its mega-projects such as the Nord Stream gas pipeline and
development of the northern Yamal Peninsula and East Siberia, Kalinkin said.
(...)
Another reason for prompt decision is declining output at Gazprom's
traditional fields in West Siberia
, which Kalinkin estimated at about 20
Bcm/year to 25 Bcm/year in the next two years.

Par ailleurs, il y aurait 3.4 Gb de liquides dans le gisement, en comptant un taux de déplétion des liquides un peu supérieur à celui du gaz, le développement complet du gisement pourrait donner 130 à 150 kb/j de liquides associés.... mais tout ça reste au conditionnel et y'a pas de date annoncée !
Dernière modification par Raminagrobis le 22 déc. 2008, 23:35, modifié 2 fois.
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Re: Raminagrobis

Message par Raminagrobis » 22 déc. 2008, 23:11

Mer Caspienne russe

Dans le secteur russe de la mer caspienne - où il n'y a pour le moment aucune production offshore -, le premier projet est Yuri Korchagin, de Lukoil. Les réserves sont estimées à 200 Mb (mais cette sourcerécente ne donne que 32 Mb!) et la production doit commencer en 2009. La production doit atteindre 40 kb/j - un project modeste à l'échelle russe.

Valery Filanovsky (appela Rakuschesmachin par d'autres sources, mais c'est bien le même gisement), toujours de Lukoil, doit suivre en 2012. Il est beaucoup plus vaste, peut être 1.6 Gb de réserves (c'est le chiffre annoncé par Lukoil en 3P) et la production prévue est de 210 kb/j.

Notons que contrairement aux développements en Sibérie Orientale, en Yamalie ou encore à Sakhaline, nous n'avons pas affaire ici à des gisements connus depuis l'époque soviétique qui n'avaient pas été exploitées : ce sont d'autentiques découvertes (YK en l'en 2000, VF en 2005).

Khvalynskaya, Sarmatskaya, sont d'autres découvertes de Lukoil (qui explore la zone depuis 1999), qui semblent importantes, mais il n'y a pas de chiffres précis.

Evidemment, on pense à Kurmangazi : le géant de 7.3 Gb pour lequel la Kazakhstan et la Russie avaient fait en grande pompe un accord de partage à 50/50 il y a qurelques années. Mais il s'agissait d'une estimation avant forage et le premier puits n'a rien donné, aibnsi se gisement qui avait été annoncé comme comptant parmis les plus grands gisements inexploités du monde pourrait tout simplement ne pas exister!

Egalement sous la frontière russo-kazakh, le prospect de Tsentralnaya a lui révélé un gisement qui pourrait être majeur (du même ordre que Valery Filanovsky?). Le projet est mené par un consortium Lukoil-Gazprom-KMG (kazakh).

Sinon, on peut aussi citer les concessions de la compagnie scandinave Lundin, qui a annocé une "découverte majeure" (à priori ça veut dire >100 Mb) nommée Morskaya en 2008. Un puits d'appréciation doit être foré en 2009, et un autre prospect doit être testé.

Globalement, le secteur russe de la mer caspienne est une zone émergeante, encore assez peu explorée, avec quelques découvertes importantes, mais ou il est assez difficile de distinguer le vrai du faux, tant les annonces tonitruantes revues à la baisse par la suite sont monnaie courante.

notez que cette carte donne encore des chiffres différents pour la taille des gisements! Bien plus pour YK, bien moins pour VF...
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Re: Raminagrobis

Message par Raminagrobis » 24 déc. 2008, 15:37

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Re: Raminagrobis

Message par Raminagrobis » 24 déc. 2008, 17:19

Assez rigolé avec les provinces russes mineures, il est temps de passer à la
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Cette énorme plate forme possède les conditions rêvées pour une région pétrolère
l'USGS a écrit :SOURCE ROCKS: The source rocks are of very high quality. They are deep-marine,
siliceous, calcareous, bituminous shales and siliciliths of the Volgian-lower Berriasian Bazhenov Formation. The formation is 20 to 50 m thick and contains 5 to 20 percent TOC. The kerogen is of Type II.
Les roches réservoirs, elles, correspondent pour beaucoup à des dépots de sables par des fleuves dont le tracé a changé sur des temps géologiques. Les pièges sont, pour les plus grands gisements, les sommets anticlinaux, pour des gisements plus petits se sont souvent des pièges stratigraphiques créés par les changements des dépots alluviaires.

La production cumulée à ce jour en Sibérie occidentale est d'environ 72 Gb, en se basant sur la thèse d'Aram Mäkivierikko et en ajoutant les 2 années passées depuis. C'est la moitié du total de la Russie, c'est plus que n'importe quel autre pays à part l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis. la production a commencé dans les années 60. Elle a augmenté rapidement pendant un peu plus de 20 ans et très fortement contribué à la puissance soviétique, sont apport de devises permettant à l'URSS de lutter dans la course à l'armement.

Le gros de cette région pétrolière, la deuxième du monde après le golfe persique, se trouve dans les deux Okrougs Autonomes associés à l'Oblast de Tymen : Kanthy-Mansii et Yamalia-Nenets. Une caractéristique notable est l'augmentation du GOR vers le nord : la pointe nord de la région ne donne que du gaz - l'Okroug de Yamalia-Nenets produit ainsi 90% du gaz russe, mais relativement peu de pétrole. A contrario, la production de gaz de Kanthy-Mansii est relativement modeste, limitée au gaz associé des gisements pétroliers.7

(wikipedia)ici on trouve :
April 4, 2008

The Okrug Governor’s press-service informs:

In 2007 278,4 million tons of oil were produced in the Okrug Soit 5.5 millions de b/j, ~57% de la production russe, dans ce district à lui seul (1 des 130 "sujets" de la défération russe). In January-February of 2008 the daily average production was 762,8 ths. tons. With the preserved tendency the remarkable event - the production of the 9 billionth ton of oil will take place on June 1-3, 2008.

Based on the data of the Department for Oil, Gas and Mineral Resources. The main contribution was made by 12 fields of the region: Samotlor (2522,1 million tons), Mamontovskoye (539 million tons), Fedorovskoye (536,4 million tons), Aganskoye (230,4 million tons), Ust-Balyk (207,7 million tons), Lyantorskoye (205,1 million tons), Varyegan (106,5 million tons), Povkhov (179,1 million tons), Vatinskoye (169,4 million tons), Zapadno-Surgutskoye (169,2 million tons), Yuzhno-Surgutskoye (165,6 million tons), Priobskoye (159,8 million tons).
Et voici des chiffres récents de production cumulée de 12 des plus grands gisements russes \:D/
Ce qui recoupé avec les taux de déplétion donnés par IHS (voir plus haut) permettra de bien avancer.

Le pétrole du coin étant plutôt léger, je converti en prenant une tonne = 7.3 bnarrils.

Ca nous donne les productions cumulées :
* Total de Kahnty-Mansis : 9 Gt soit 63 Gb (Autant que tout l'Europe!!)
* Samotlor 18.4 Gb
* Mamontov 4 Gb
* Fedorovskoye 3.9 Gb - note : le suffixe "oye" sert tout simplement à désigner un lieu
* Aganskoye 1.6 Gb
* Ust-Balyk 1.5 Gb
* Lyantorskoye 1.5 Gb
* Povkhov 1.3 Gb
* Vatinskoye 1.25 Gb
* Zapadno-Surgutskoye 1.25Gb (- zapad = ouest)
* Yuzhno-Surgutskoye 1.2 Gb, (- Yuzhno = sud)
* Priobskoye 1.16 Gb
* Varyegan 773 Mb,

On trouve aussi d'autres infos sur les géants ouest-sibériens ici

Image

Image
(attention les chiffres datent de 2004 ou 2005!)

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Carte de Balckbourn (Big PDF Alert)

L'EIA nous fournit cette avalanche de chiffres, mais difficile de savoir ce qu'ils valent (pas de source, on sait même pas de quand datent ces estimations)

Il n'est pas toujours facile de retrouver les gisements d'une source à l'autre car ils sont souvent regroupés : par exemple Ust-Balyk et Mamontov sont comptés ensemble par IHS energy, séparément par d'autres sources.


Samotlor
EUR : 24 Gb, produit 18.5

Samotlor, à l'est de la région, est probablement le 3e plus grand gisement de pétrole conventionnel du monde, après Ghawar et Burgan, en terme de productible ultime.
En comptant l'extension nord, le gisement contenait 52.7 Gb OOIP. La production cumulée à ce jour, depuis 1964, est de 18.5 Gb environ, les données de la presse russe citées plus haut et les chiffres de TNKBP sont d'accord là dessus. En prenant l'estimation intermédiaire de TNK-BP pour le taux de récupération ultime (colonne violette), l'EUR du gisement serait de 24 Gb, là aussi c'est cohérent avec les autres sources (EIA, USGS, IHS energy...).
La production a frisé les 3.5 mb/j dans les années 80. Le gisement était exploité intensivement car son pétrole était vital à l'URSS. Le débit d'affondra jusqu'à 300 kb/j vers l'an 2000. Après que TNK-BP ait pris le contrôle du gisement, la compagnie fait faire des travaux par les américains d'Halliburton, qui forent 4500 puits horizontaux. La production rebondit jusqu' 900 kb/j, puis décline à nouveau. C'est encore aujourd'hui le premier gisement du pays en production journalière.
On peut retenir le chiffre de 5.5 Gb restant (24 Gb ultime), celà donne un taux de déplétion de 5.5%, la production a diminué de 3% entre 2005 et 2007.


Fedorov-Surgutskoye
EUR : 9, produit 6.5

IHS donne un gisement de ce nom, je suppose, à l'aide de la carte de blackbourn, qu'il s'agit de la somme de Fedorovskoye, Zapadno-Surgutskoye et Yuzhno-Surgutskoye sur les document russe, doit environ 6.5 Gb de production cumulée.
Selon IHS, le gisement est, comme Samotlor, épuisé au 3/4 environ.
La production est en déclin (-10% entre 2005 et 2006).


Priobskoye
EUR : 12?, produit 1.2

Découvert en 1982, c'est le plus "jeune" des super-géants de sibérie occidentale. Rosneft exploite le nord du gisement (environ 60-70% du total), Gazpromneft le sud. La production est en croissance (2005 : 466 kb/j, 2006 : 552 kb/j, 2007 : 675 kb/j - nord 550, sud 125). Le gisement est actuellement, en production quotidienne, le 2e de Russie, et il dépassera très prochainement Samotlor. C'est aussi le 10e du monde d'après Meryll Lynch et là aussi il devrait gagner des places, croisant dans les prochaines années des géants déclinant comme Cantarell, Zakkum et Awhaz. Le production cumulée jusqu'ici est d'environ 1.25 Gb.
Le gisement est très étendu, il couvre 5466 km2 (pour comparaison : ghawar = 7500), mais la roche réservoir est mince.
Yukos, avant sa dissolution, exploitait le nord du gisement, et estimait son EUR à 27 Gb. Mais il s'agissait d'une estimation interne non auditée, et Yukos n'est guère reconnue pour son honnêteté.
Actuellement, les réserves prouvées SPE sont de 5Gb pour la partie exploitée par Rosneft, elles continuent à augmenter au fur et à mesure que les gisement est mieux étudié.
Je retiens pour l'instant un EUR de 12 Gb pour l'ensemble du champs, mais il faudra attendre quelques années pour avoir une estimation fiable. Gazpromneft a un objectif de plateau de production à 252 000 b/j (quelle précision!) pour 2012.
L'ensemble du gisement devrait atteindre un plateau dépassant un million de b/j.


Ust-Balyk Mamontov
EUR : 6.5 Gb, Production cumulée : 5.5 Gb

Selon la carte de blackbourn, ces gisements que IHS comptent ensemble sont en fait bien distincts, ne communiquant pas du tout. Faute de plus d'infos sur ces champs exploités par Rosneft, je retiens le chiffre de déplétion d'IHS, ce qui donne seulement 1 Gb restant. Ces gisements ont atteint leur pic de production il y a plus de 20 ans.


Sugmutskoye

Entré en service en 1995, ce gisement est plus "jeune" que la majorité, mais il est néanmoins sévèrement déplété. C'était le fleuron de Sibneft avant son absorption par gazprom, et il contribua de façon non négligeable à l'envolée de la production russe au début des années 2000.
Découvert en 1987, il était évalué à 650 Mb en 1994 puis a "grandi" à plus d'un Gb (source : documents sibneft de l'époque). Développé dès le départ avec des trechniques de production modernes et un fort taux de déplétion, il a piqué rapidement.


Vankorskoye

Un "nouveau" de 3 Gb au nord-est de la région, développé par rosneft qui annonce 420 kb/j.


Total région

Il est assez difficile d'estimer l'EUR de la région. Mäkivierikko donne trois estimations à 115, 149 et 185 Gb. L'USGS donne 140 Gb rien que pour les gisements connus, l'EIA donne 160 Gb également pour les gisements connus. Néanmoins les estimations EIA et USGS datyent d'il y a une dizaine d'années, et à l'époque on tendait à surestimer les réserves de l'ex-URSS - la preuve en est que l'opinion général était alors que la Sibérie occidentale ne déclinerait pas avant 2020.

Si on retient un ultime de 140 Gb, celà signifie qu'en dehors des 6 gisements listés ci dessus, il y a 83 Gb dont 40 déjà extraits.
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Message par Raminagrobis » 26 déc. 2008, 17:07

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Re: Raminagrobis

Message par Raminagrobis » 28 déc. 2008, 11:12

La région volga-oural est la deuxième du pays.
Carte et données USGS
Cartes Blackbourn
Samara
Tatarstan
Bashkortostan
oudmourtie

Image

Elle est plus mature que la sibérie occidentale, la production s'est développé 25 ans avant. Le pétrole du coin était connu vers 1930, mais la caucase suffisait alors à subvenir au besoin. Le développement du pétrole de la région a été précipité par la guerre 40 : le caucase était menacé par les troupes allemandes et il fallait une source de pétrole plus loin du front. Celà aboutit à la découverte de romashkino, un des plus gros gisements du monde, en 1942. Sachant que le Tatarstan fait la même taille que l'écosse, on appréciera l'étendue du gisement sur cette carte.
La production cumulée est d'environ 55 Gb. Il pourrait rester 10-15Gb de pétrole conventionnel, c'est donc une province pétrolière équivalente à la Mer du Nord.
Les roches sources sont siluriennes, e sont des schistes d'une épaisseur de 25 à 40 mètres avec un TOC qui frise les 25% ! Les structures pièges sont souvent des récifs fossilisés.

Le production actuelle peut s'approcher en glanant des infos par entité administrative :

République autonome du Tatarstan :
626 kb/j en 2006, dont 508 pour tatneft, donc 301 pour Romashkino
638 kb/j en 2007, donc 514 pour tatneft

République autonome du Bashkortostan
548 kb/j en 2006

Oblast de Samara
216 kb/j en 2006 (samaneftgaz : 187)
226 kb/j en 2007 (samaraneftgaz : 188)

Oblast d'Orenburg
336 kb/j en 2007

République autonome d'oudmoutie
Pas trouvé de chiffre, mais Udmurneft qui controle presque tous les gisements produit 123 kb/j.

En ajoutant les petits bouts oubliés dans d'autres entités administratives, on peut estimer que cette province pétrolière produit aujourd'hui 1.9-1.95 Mb/j.

Le Tatarstan et le Bashkortostan possèdent leurs propres compagnies pétrolières publiques, respectivement Tatneft et Bashneft.

Le pétrole est lourd et chargé en soufre, pour la vente il est souvent mélangé avec des pétroles de meilleure qualité venant de sibérie occidentale.

La région est extrêmement mature et la plupart des sources disent qu'environ 80% du pétrole est épuisé. Le principal gisement, romashkino, produit depuis un peu plus de 60 ans. L'autre géant de la région est le gisement de gaz à condensat d'Orenburg, qui concentre presque tout le gaz du bassin; il est parfois considéré comme le 4e gisement de gaz du monde (donc le 1e d'europe, devant groningen) en termes de réserves initiales mais cette estimation pourrait être surfaite (voir ici page 21). Exploité depuis les années 70, le gisement est maintenant en fin de vie, avec une production qui vaut moins du tiers de son sommet historique.

Cependant la situation est moins simple qu'elle ne le parait, car il y a beaucoup de pétrole extra-lourd, dont une grande partie rentre dans la catégorie des sables bitumineux, comparables à ceux de l'Alberta. Le pétrole se situe dans une formation permienne très proche de la surface, ce qui explique qu'il soit dégradé (mauvaise protection) et quasi-solide (température bien plus basse que dans un gisement profond), comme en Alberta.
Plusieurs sources parlent de 100-150 Gb de ressources en place - dont peut être 20% récupérable - 123 Gb en place pour Roadiffer. Grosso Modo, c'est de l'ordre d'un dixième des ressources présentes en Alberta.

Un accord a été signé il y a un an entre Tatneft et Shell pour un premier projet important des technologies déjà utilisées au Canada, mais l'objectif de production est plutôt modeste 30 à 40 000 barrils/jours, et seulement en 2020.

Les sables bitumineux de la région sont mieux connus et plus facilement accessibles que ceux qui existent en sibérie occidentale (climat moins rigoureux, infrastructures), ils sont donc meilleurs candidats aux développements.
Evidemment, comme au canada, on peut se poser la question de savoir si les sables bitumineux peuvent vraiment être viables, ou si les prix du pétrole qu'ils demandent pour etre rentable sont supérieurs à ceux que l'économie peut supporter.
De plus, les russes ayant déjà du mal à financer leurs projets conventionnels (notamment les très couteux développement gaziers dans l'arctique), il sera sans doute difficile de trouver les capitaux pour développer ces oil sands, du moins tant que le prix du pétrole ne remonte pas : on sait bien que les mégaprojets dans l'Alberta sont en train d'essuyer retard sur retard par manque d'investissements.

La production conventionnel a connu un rebond (moins spectaculaire que pour la sibérie occidentale) au début des années 2000 grace au développement de petits gisements et à l'application large des techniques de récupération assistée. Elle atteind maintenant un 2e pic. Je compte 15 Gb restant, ce qui est plutôt optimiste (c'est plus que les réserves 2P).

Image

Evidemment pour les bitumes c'est une simple proposition, vu que ça dépend surtout du contexte économique.
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