Difficile de répondre sans avoir accès aux données chiffrées.
On trouve un profil de production, qui semble typique des puits du Bakken, au lien
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http ... ed=0CNUBEK.
On voit que ça commence à 1000 barils par jour, pour chuter à 250 au bout de 2 ans. La production cumulée, l’aire mathématique sous la courbe, peut se calculer, mais j’ai la flemme, et je dirais quelque chose comme 400 000 barils au total.
Si le baril reste à 30 dollars, pendant 35 ans, ça fait 12 millions de dollars de chiffre d’affaires cumulé en monnaie courante. Autant dire, avec l’investissement dans le forage qui est de l’ordre de 8 à 9 millions de dollars (
http://www.dtcenergygroup.com/bakken-5- ... on-trends/, une société de consulting qui fait de la supervision de forages, et qui chiffre à 3 à 3,5 millions le coût du puits + 5 à 5,5 millions de dollars la complétion dont la fameuse fracturation hydraulique, soit 8 à 9 millions de dollars du puits prêt à produire), que ça ne va pas gagner beaucoup d’argent.
Evidemment, il y a d’autres facteurs qui entrent en considération.
Les puits dont l’investissement (forage + complétion et fracturation hydraulique) est déjà réalisé peuvent continuer à produire avec profit à 30 dollars du baril, puisque l’essentiel de la dépense est derrière. Il ne reste plus que des frais d’exploitation à supporter, et ils sont probablement assez inférieurs à 30 dollars (bien que restant élevés du fait du transport longue distance du pétrole par chemin de fer, et des dispositions réglementaires pour éviter le brûlage du gaz).
Les puits non encore forés mais dont la décision de forage a été prise avant juin 2014, par emprunt bancaire, vont pouvoir être réalisés quand même, parce que les banquiers prêteurs ont probablement exigé la couverture, sur les marchés à terme, de la production future sur les 2 ou 3 premières années de l’exploitation. Une couverture à terme mise en place avant juin 2014 permet vendre le pétrole comme si son prix était toujours de 100 dollars. Bien évidemment, la contrepartie, les gens qui ont acheté le pétrole à terme à 100 dollars avant juin 2014 (qui ont donc fait le mauvais pari) vont boire un bouillon extraordinaire, et il y aura des faillites à attendre de ce côté-là.
En revanche, pour les puits dont la décision de forage interviendrait maintenant, avec un baril à 30 dollars, la question se résout simplement : projet ajourné sine die. Il n’y a pas moyen de justifier de claquer 8 millions de dollars + pour faire des puits neufs qui vendront l’essentiel de leur production à un prix misérable.
On constate, d’ailleurs, une baisse du nombre de « rigs » au travail (un rig est simplement un derrick de forage), et ça va s’aggraver au fur et à mesure que les puits financés par emprunt bancaire avec hedging (couverture sur les marchés à terme) de la production future vont se faire de plus en plus rares.
En résumé, exploiter l’existant à un niveau de prix très bas ne pose pas de problème particulier, mais l’investissement dans le neuf ne se justifie absolument plus. Du coup, quand on voit les courbes de déclin de la production des puits, l’excédent de production apporté par le Bakken va fondre comme neige au soleil. Idem pour l’Eagle Ford au Texas.