Produire quelques gouttes de pétrole en France

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Message par MadMax » 27 sept. 2007, 21:56

Pétrole: Vermilion n'a pas trouvé d'hydrocarbures au large de l'Aquitaine
L'exploration, à 45 km de la côte aquitaine, devait permettre d'identifier un gisement d'hydrocarbures dont le potentiel de production avait été estimé à 40.000 barils par jour. Ce forage, d'un investissement de 30 millions d'euros, avait été décidé après des études sismiques réalisées depuis plusieurs années.
http://www.romandie.com/infos/news/0709 ... 2rw92x.asp

Do-mmage :roll:

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Message par mobar » 27 sept. 2007, 22:33

MadMax a écrit : Do-mmage :roll:
Un puit sec ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de d'huile!

Surtout lorsqu'il s'agit du premier forage, un forage d'explo même s'il vise à "taper dans la patate" a surtout pour objectif de caler les horizons sismiques sur la géologie et de permettre une interprétation plus fine des données géophysiques.

Wait and see, au troisième forage sec tu pourras peut être dire dommage ... !

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Message par MadMax » 27 sept. 2007, 22:43

Aux infos de France 3, ils annonçaient se donner 24H de réflexion pour décider des suites à donner.

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Message par mobar » 27 sept. 2007, 22:54

MadMax a écrit :Aux infos de France 3, ils annonçaient se donner 24H de réflexion pour décider des suites à donner.
Il serait étonnant qu'ils ne décident pas de faire une second forage (puis un troisième) surtout si la poursuite vers les second objectif est également négative.

Une campagne d'exploration pour être exploitable doit collecter le maximum de données géologiques qui aprés dépouillement permettent de tenter (ou de ne pas tenter) les forages de production.

Un gisement est un volume, il est extrêmenent rare que l'on essaie de taper dans le mile au premier coup au risque de devoir mettre en production un puits en ayant une connaissance très limitée de la géologie.

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Message par Philippe » 27 sept. 2007, 23:25

Après un forage d’exploration sec, on se calme généralement, et le plus souvent, on abandonne définitivement. Mes 30 ans d’expérience de l’amont-pétrolier me permettent d’être catégorique. Les chances de voir Vermilion, ou un autre, faire un second forage sur la même structure géologique (les quelques dizaines de km² concernés par le forage) sont infimes. Par ailleurs, un forage sec dégrade aussi la prospectivité des environs. Suivant les causes de l’échec (absence de réservoir, absence de couverture, absence d’une forme favorable au piégeage, absence de roches-mères dans les environs ou d’un chemin de migration pour les hydrocarbures), on procède à une réévaluation de toute la région, généralement dans un sens défavorable. L’idée que les pétroliers sont assez masochistes pour jeter plusieurs fois de suite l’argent par les fenêtres ne tient pas la route.

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Message par mobar » 28 sept. 2007, 08:21

Moins de 25% des puits d'explo produisent, si on arrêtait de forer chaque fois qu'on tape à coté tu n'aurais plus de pétrole sur le marché depuis longtemps.

Le premier puits foré n'a pas que pour objectif de trouver le piège, il s'agit surtout de caler la sismique et de mieux connaitre la géologie.

As tu une idée du nombre de puits secs qui ont été forés dans le bassin parisien et en aquitaine?
Dernière modification par mobar le 28 sept. 2007, 08:33, modifié 1 fois.

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Message par mobar » 28 sept. 2007, 08:33

Quelques infos sur le site de Total et la procédure habituelle :

http://www.planete-energies.com/contenu ... puits.html
Quand on lance un forage d’exploration, rien n’est joué. Autrefois, seul un forage sur sept aboutissait finalement à la mise en production d’un gisement. Aujourd’hui, les méthodes d’évaluation se sont affinées et les zones peu connues sont plus rares. Aussi la moyenne est-elle plutôt d’un succès sur trois ou quatre forages d’exploration.

En cas de succès, on est bien sûr encouragé ! Mais ce n’est pas pour autant qu’on va mettre le gisement en production tout de suite. Même si on a levé une partie des incertitudes (il y a du pétrole et du gaz, il y a un réservoir…), il faut encore forer plusieurs puits pour bien connaître le gisement et les réduire encore.

Ces puits complémentaires qui permettent de mieux cerner le gisement constituent l’appréciation.
Dès que le puits d’exploration est terminé, on refait donc une étude complète du prospect devenu découverte et on établit un programme d’appréciation

Philippe
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Message par Philippe » 28 sept. 2007, 09:34

Je travaille dans l’amont-pétrolier depuis 30 ans, et je pense que ça me donne une autorité pour confirmer ce que j’ai écrit. Les quelques premiers puits dans un bassin inconnu ont, en effet, vocation de reconnaître la géologie et de caler la sismique. On appelle ça des puits stratigraphiques. Une fois que la géologie est connue, les forages d’exploration visent à évaluer les structures géologiques identifiées par sismique. Le forage de Vermilion a été réalisé dans un environnement géologique connu. La structure (quelques dizaines de km²) ne contient pas d’hydrocarbures, malheureusement pour Vermilion. Ce serait insulter leurs géologues de penser qu’ils n’ont pas choisi l’implantation optimale pour tester cette structure (surtout qu’en mer, il n’y a pas les contraintes que l’on peut rencontrer à terre, où la meilleure implantation est parfois impossible).

Le nombre de forages secs dans le Bassin Parisien est effectivement impressionnant. Chacun d’eux, à part les quelques premiers comme Courgivaux, Vacherauville, Royaumeix, etc., ont testé des structures reconnues par sismique. Quand le premier forage n’a pas donné de résultats, la structure a été abandonnée, et les explorateurs sont partis chercher ailleurs. Souvent, d’ailleurs, l’analyse post-mortem a montré que c’était l’interprétation sismique qui était fausse, à cause de problèmes de fortes variations latérales de vitesse du son dans la craie du sous-sol. C’est ainsi que le forage de Mitry-Mory, à côté des pistes de Roissy en 1988, avait montré après coup qu’il n’y avait pas de structure géologique favorable. Les échecs ont tous été analysés, c’est ce qui a permis d’améliorer les statistiques de succès, même si ça reste globalement modeste.

Je confirme que Vermilion ne fera probablement pas de second forage aux environs du premier. Je ne répondrai plus aux messages d’amateurs qui prétendront le contraire.

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Message par Seiya » 28 sept. 2007, 09:43

Ah, on dirait qu'il y a eu confusion entre "puit stratigraphique" et "forage d’exploration".

Post intéressant, merci Philippe.

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Message par mobar » 28 sept. 2007, 10:06

Quelques éléments sur le bassin aquitain et la densité des puits d'exploration.
5.1 Le Bassin d'Aquitaine

Le bassin d'Aquitaine peut être subdivisé en deux sous-bassins : au sud, le bassin terrestre d'Adour-Arzacq-Comminges, qui s'étend sur plus de 6000 km² le long de la bordure nord des Pyrénées et de leur avant-pays et comporte des gisements de gaz et d'huile ; au nord-ouest, le bassin pétrolier de Parentis, qui s'étend à la fois à terre (environ 1500 km²) et en mer.

En Aquitaine sud, après une découverte initiale de gaz à St Marcet en 1939, le principal succès de l'exploration a été la découverte du champ de gaz de Lacq par la SNPA, futur groupe ELF, en 1951. Le gisement de Lacq a produit environ 245 milliards de m3 depuis 1957 et produit encore au rythme de 1,5 milliard m3/an. Le gisement de Meillon, découvert en 1966, a produit environ 56 milliards de m3 depuis 1968 et produit maintenant au rythme de 0,31 milliard de m3/an.

Le plus important champ d'huile français, Parentis, a été découvert par Esso en 1954. En 2004, la production totale du champ s'élevait de près de 30 Mt et son rythme de production était encore de 143 kt par an. Grâce aux efforts de Vermilion (opérateur du gisement depuis 1997) le rythme de production du champ a pu être maintenu a un niveau relativement élevé, avec en particulier une augmentation de 25% en 1998. Depuis 1991, cinq nouvelles accumulations ont été découvertes par Esso, filiale D'Exxon : Les Arbousiers (1991, production 17,5 kt en 2004), Les Pins (1994, production 59,2 kt en 2004), Courbey (1996, production 49,3 kt en 2004), Tamaris (1998) et Les Mimosas (2004). Les autres gisements (Cazaux, Lugos, Mothes, Lucats) produisent ensemble (en 2004) environ 80 kt par an.

Au total, en Aquitaine, une vingtaine de gisements ont été découverts. Avec près de 300 puits réalisés depuis l'origine de l'exploration, c'est le bassin d'Adour-Arzacq qui a concentré l'essentiel de l'activité (4,7 puits pour 100 km²). Le Bassin de Parentis a été moins foré en termes absolus (environ 120 puits), mais la densité de forage d'exploration y est supérieure (environ 8 puits/100 km²); sa partie marine, plus étendue que la partie terrestre, n'a été reconnue que par une vingtaine de forages. Des travaux d'exploration (plus de 200 puits) ont reconnu le Seuil des Landes, la plate-forme aquitaine et certaines zones situées au sud des chevauchements nord-pyrénéens.
Un puit sec de plus ou de moins ne changera pas la face du monde, 8 puits d'explo ont été réalisés ... combien avant d'abandonner?

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Message par Philippe » 28 sept. 2007, 10:23

Une raison de plus de penser qu'il n'y aura pas d'autres forages dans les environs du forage négatif de Vermilion. A terre, les données d'un forage d'exploration, quel qu'en soit le résultat, tombent immédiatement dans le domaine public. En mer, les choses sont différentes. Les textes garantissent à celui qui a réalisé un forage d'exploration offshore, une confidentialité de longue durée des données obtenues (la confidentialité, qui était perpétuelle, a été revue à 10 ans récemment, si je ne me trompe).

Concrètement, cela signifie que, pendant 10 ans, seul Vermilion disposera des données géologiques acquises par le forage. Les autres sociétés ne pourront pas avoir accès à ces données, et ne connaîtront donc pas les raisons de l'échec.

Je serais surpris de voir quelqu'un d'autre prendre la relève de Vermilion, sans disposer de cette information capitale.

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Message par mobar » 28 sept. 2007, 11:25

Philippe a écrit : Je serais surpris de voir quelqu'un d'autre prendre la relève de Vermilion, sans disposer de cette information capitale.
S'il est un domaine ou il faut se garder des déclarations péremptoires et des certitudes, c'est bien celui de l'exploration pétrolières et de l'interprétation des résultats. Ce que l'on fera demain sur un gisement n'est jamais connu à l'avance.

Les permis actuels de Vermilion ont été rachetés à d'autres opérateurs historiques qui avaient passé la main persuadés eux aussi qu'il n'y avait rien à tirer de leurs concessions.

La surprise est le lot de l'explorateur, même si le jeu consiste à réduire les incertitudes tous les pétroliers savent que rien n'est jamais écrit.

Philippe
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Message par Philippe » 28 sept. 2007, 11:53

Merci de la leçon sur l'exploration pétrolière. Cela me servira sûrement pour mes 30 prochaines années de carrière.

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Message par mobar » 28 sept. 2007, 13:36

Philippe a écrit :Merci de la leçon sur l'exploration pétrolière. Cela me servira sûrement pour mes 30 prochaines années de carrière.
De rien, les miennes sont derrière moi .

Philippe
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Message par Philippe » 28 sept. 2007, 13:40

you're welcome. A l'issue de mes 30 prochaines années de carrière, j'aurai 84 ans. On se retrouvera pour une bière ?

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