Grosse découverte de Oil shale en Australie

[Philippe]

Les sociétés qui font de l’exploration pétrolière de manière sérieuse ne souhaitent pas voir leur cours de bourse monter de façon aussi brutale. Si elles s’inscrivent dans la durée – plutôt que de voir leurs dirigeants se barrer avec le résultat de l’exercice de leurs stock-options – elles auront besoin de lever des fonds propres à de multiples reprises. En effet, l’exploration pétrolière ne se finance que par des fonds propres, en raison du risque d’échec. Pour réussir chaque levée de fonds, il vaut mieux que le cours de bourse soit plus élevé que pour la levée de fonds précédente. Ca donne confiance aux investisseurs. Au contraire, il est difficile de réaliser des augmentations de capital lorsque le cours de bourse est inférieur à celui des augmentations de capital précédentes. Dans un tel cas, les actionnaires sont plus frileux.

L’exemple typique est la société canadienne FIRST CALGARY PETROLEUM, qui avait un beau permis en Algérie. Cette société, cotée au Canada, a vu son cours monter progressivement de 2 à 14 dollars, et a levé quelque chose comme 70 millions de dollars en plusieurs fois (de mémoire). Le cours a continué à monter jusqu’à atteindre 22 dollars canadiens. La société a, alors, fait savoir qu’elle était à vendre. Tous les majors sont venus voir les données. Aucun n’a fait d’offre, parce que les actifs de la société étaient surévalués (je les avais évalués, pour le compte d’un client, à 8 dollars par action). Lorsqu’aucun acheteur n’a donné suite, le cours de bourse est aussitôt retombé à 8 dollars. La société avait toujours besoin d’argent frais pour tenir ses engagements en Algérie, mais elle n’a pas pu en trouver, en raison de l’évolution négative du cours de bourse. Elle a fini par se vendre, un an après, aux Italiens d’ENI pour 3,5 dollars canadiens par action. Tous ceux qui ont cru que les arbres montaient jusqu’au ciel ont perdu de l’argent…

L’évolution du cours de bourse de la société LINC permet d’anticiper un fiasco pour les gens qui auront acheté des actions trop cher. Ca monte trop vite pour que cette société puisse financer sainement l’exploration de son domaine minier. Ca pue les fuites organisées pour faire monter le cours de bourse et permettre à quelques petits malins de s’en mettre plein les poches à très court terme.

[energy_isere]

le site de Linc Energy : http://www.lincenergy.com/index.php

le communiqué de presse de la nouvelle :
http://www.lincenergy.com/data/asxpdf/ASX-LNC-458.pdf pdf 29 pages



Tout ce qu' ont pu raconter les média grands publics est parti de la.

[Hakim]

Merci pour les explications Philippe. Les diverses actions de propagande ou d'auto persuasion actuelles dans la lignée du dernier rapport de l'AIE (et EIA, et rapport Maugeri etc) sont vraiment impressionnantes, pour ne pas dire terrifiantes.

[oleotax]

La brochure http://www.pir.sa.gov.au/__data/assets/ ... aringa.pdf, émise par les autorités de South Australia ne justifie pas l’enthousiasme que l’on peut lire. Les roches-mères (source-rocks), dans lesquelles se trouveraient les ressources évoquées, ne sont que très faiblement enfouies, et la brochure écrit qu’elles ne sont pas arrivées à maturité pour la génération d’hydrocarbures, sauf peut-être dans les parties les plus profondes du fossé de Boorthanna, à l’est sur la figure 3. Autre manque de bol, la roche-mère potentielle la plus profondément enfouie, le Boorthanna, est celle qui contient le moins de matière organique. Les plus riches sont plus proches de la surface, et donc moins susceptibles d’avoir atteint le stade de la maturation.

Par ailleurs, l’historique de l’exploration y est extrêmement réduit, au contraire des autres bassins potentiels pour le shale oil, où nombre de forages ont permis d’échantillonner les roches-mères aux fins d’analyse : 7 puits seulement ont traversé ces roches-mères.

L’information disponible me paraît totalement insuffisante pour émettre un quelconque avis sur l’existence d’une gigantesque accumulation de shale oil.

Philippe, c'est une roche mère mature avec de l'huile générée non migrée , ou un mauvais réservoir avec plein de matière organique non mature ??
J'ai l'impression que c'est le problème primordial de toutes ces réserves non conventionnelles

[Philippe]

Oleotax, le rapport des autorités de Southern Australia indique qu’il y a bien des roches-mères, mais il ne semble pas qu’elles soient arrivées à maturité. Il est possible que, dans les temps géologiques, elles aient été plus profondément enfouies qu’aujourd’hui, mais il faudrait connaître l’histoire géologique de l’Australie pour le savoir. Dans tous les cas, le rapport des autorités ne permet pas de voir d’où GUSTAVSON et DE GOLYER-MC NAUGHTON sortent ces chiffres.

Par ailleurs, GUSTAVSON évalue le potentiel en hydrocarbures conventionnels (le pétrole normal) à plus de la moitié des volumes contenus dans la roche-mère ! Quand on sait que seule une infime fraction de ce qui est engendré dans les roches-mères finit par se piéger dans des réservoirs conventionnels (entre une fraction de pourcent et quelques pourcents, voir la page 2 du document suivant de Jean LAHERRERE : http://aspofrance.viabloga.com/files/JL ... 11long.pdf), le rapprochement des deux chiffres fournis par GUSTAVSON a quelque chose d’incongru.

[Hakim]

voir la page 2 du document suivant de Jean LAHERRERE : http://aspofrance.viabloga.com/files/JL ... 11long.pdf), le rapprochement des deux chiffres fournis par GUSTAVSON a quelque chose d’incongru.

Dans ce papier Laherèrre ne se mouille pas trop en termes de prévisions "shale oil" il me semble, depuis il aurait un avis plus précis, ou qqun d'autre à l'ASPO ?

Dans quelle mesure la "bosse de Hubbert" ajoutée par Patzek ci-dessous est "pessimiste" (ou pas) ? :
http://www.theoildrum.com/node/9619

Et pour cette bosse il ne compte que la Bakken et Eagle Ford apparemment, quid d'autres champs, comme en Californie (monterey) mentionné récemment par exemple ?

yt