L'Europe à la merci d'une pénurie d'électricité, (CapGemini)
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L'Europe à la merci d'une pénurie d'électricité, (CapGemini)
Pas poste depuis longtemps, apparemment ce forum est devenu tres actif!
LE MONDE | 16.10.06 | 15h15
L'Europe en général - et la France en particulier - est plus que jamais menacée de délestages, voire de coupures brutales d'électricité en période de forte consommation. C'est l'avertissement que lance le groupe de conseil Capgemini dans l'édition 2006 de son Observatoire européen des marchés de l'énergie. La hausse de la demande a été plus soutenue que la reprise des investissements amorcée en 2005. "L'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité s'est détérioré, note Colette Lewiner, directrice internationale du secteur énergie du groupe de conseil. La marge de capacité de production a diminué pour passer de 5,8 % en 2004 à 4,8 % en 2005."
Pour les gestionnaires de réseau de transport de l'électricité comme le français RTE, une telle marge est importante puisqu'elle traduit ce qu'il reste de ressource disponible pour faire face à un pic de consommation. Qu'il s'agisse d'une période de grand froid entraînant une forte demande de chauffage ; ou de grosses chaleurs, qui nécessitent plus de climatisation alors que des centrales nucléaires connaissent des difficultés de refroidissement en raison de la température et de l'assèchement des cours d'eau.
Les experts de Capgemini notent que la France, la Belgique, la Grèce et la Hongrie sont "dans une situation d'équilibre fragile, ayant eu des marges négatives pendant plus de trois mois". Dans l'Hexagone, ajoutent-ils, la situation a été particulièrement tendue pendant les vagues de froid de janvier-mars 2005 et de novembre-décembre 2005.
La forte hausse des prix à moyen terme, qui ont dépassé 50 euros/MWh, aurait dû inciter les grands opérateurs comme EDF, E.ON, Enel, Suez ou Endesa à augmenter encore leurs investissements. Elle a été jugée encore insuffisante pour justifier une accélération d'engagements à la fois lourds et risqués. La durée de vie d'une centrale est, en effet, d'au moins vingt ans, et même de près de cent ans pour les nouvelles centrales nucléaires (études, exploitation, démantèlement) dotées du réacteur franco-allemand EPR. La volatilité des prix sur les marchés de gros et des bases de clientèle avec l'ouverture à la concurrence ne les a pas non plus incités à prendre trop de risques.
PRIX ÉLEVÉ DES HYDROCARBURES
Capgemini évalue les besoins en investissements à 700 milliards d'euros d'ici à 2030 au sein de l'Union européenne (UE), dont 30 milliards d'euros par an entre 2006 et 2010. Or Mme Lewiner estime qu'ils sont de 30 % inférieurs à ce qu'ils devraient être pour assurer la sécurité des approvisionnements notamment mise à mal, en janvier 2006, par la crise du gaz russo-ukrainienne. Un risque qui sera plus important, en 2030, quand l'Europe devra importer 80 % de son gaz (contre 50 % en 2005), notamment de Russie.
La menace d'un retour d'une crise entre Moscou et Kiev, le prix élevé des hydrocarbures et les restrictions d'émissions de CO2 vont pousser à de nouveaux investissements dans les centrales au charbon dit "propre", à une relance des débats sur le nucléaire (amorcée en Grande-Bretagne et en Allemagne) et à "un accroissement des programmes d'innovation et d'économie d'énergie", note Capgemini. Le renforcement de l'efficacité énergétique permettrait à l'Union de ne pas consommer plus d'électricité en 2020 qu'aujourd'hui.
Ces besoins d'investissement confortent les acteurs des grands projets de fusion actuels de la pertinence de leurs opérations (E.ON-Endesa, Gaz de France-Suez). Mais elles risquent aussi de donner naissance à "des oligopoles qui iraient à l'encontre de l'intensification de la concurrence souhaitée par Bruxelles", remarque Mme Lewiner.
Les groupes d'énergie ont les moyens de leur volonté de puissance, avec "un trésor de guerre de plus de 90 milliards d'euros", révèle Capgemini. A lui seul, l'allemand E.ON disposait en 2005 de 51,4 milliards d'euros. GDF, un peu vite ravalé au rôle d'acteur de second rang arrive en deuxième position avec 11,8 milliards, soit deux fois plus qu'en 2004, devant l'italien Enel (9 milliards), qui a réaffirmé, lundi, son intérêt pour le marché français, et Suez (4,9 milliards). Premier électricien européen, EDF n'arrive qu'en huitième position (1,5 milliard).
Jean-Michel Bezat
LE MONDE | 16.10.06 | 15h15
L'Europe en général - et la France en particulier - est plus que jamais menacée de délestages, voire de coupures brutales d'électricité en période de forte consommation. C'est l'avertissement que lance le groupe de conseil Capgemini dans l'édition 2006 de son Observatoire européen des marchés de l'énergie. La hausse de la demande a été plus soutenue que la reprise des investissements amorcée en 2005. "L'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité s'est détérioré, note Colette Lewiner, directrice internationale du secteur énergie du groupe de conseil. La marge de capacité de production a diminué pour passer de 5,8 % en 2004 à 4,8 % en 2005."
Pour les gestionnaires de réseau de transport de l'électricité comme le français RTE, une telle marge est importante puisqu'elle traduit ce qu'il reste de ressource disponible pour faire face à un pic de consommation. Qu'il s'agisse d'une période de grand froid entraînant une forte demande de chauffage ; ou de grosses chaleurs, qui nécessitent plus de climatisation alors que des centrales nucléaires connaissent des difficultés de refroidissement en raison de la température et de l'assèchement des cours d'eau.
Les experts de Capgemini notent que la France, la Belgique, la Grèce et la Hongrie sont "dans une situation d'équilibre fragile, ayant eu des marges négatives pendant plus de trois mois". Dans l'Hexagone, ajoutent-ils, la situation a été particulièrement tendue pendant les vagues de froid de janvier-mars 2005 et de novembre-décembre 2005.
La forte hausse des prix à moyen terme, qui ont dépassé 50 euros/MWh, aurait dû inciter les grands opérateurs comme EDF, E.ON, Enel, Suez ou Endesa à augmenter encore leurs investissements. Elle a été jugée encore insuffisante pour justifier une accélération d'engagements à la fois lourds et risqués. La durée de vie d'une centrale est, en effet, d'au moins vingt ans, et même de près de cent ans pour les nouvelles centrales nucléaires (études, exploitation, démantèlement) dotées du réacteur franco-allemand EPR. La volatilité des prix sur les marchés de gros et des bases de clientèle avec l'ouverture à la concurrence ne les a pas non plus incités à prendre trop de risques.
PRIX ÉLEVÉ DES HYDROCARBURES
Capgemini évalue les besoins en investissements à 700 milliards d'euros d'ici à 2030 au sein de l'Union européenne (UE), dont 30 milliards d'euros par an entre 2006 et 2010. Or Mme Lewiner estime qu'ils sont de 30 % inférieurs à ce qu'ils devraient être pour assurer la sécurité des approvisionnements notamment mise à mal, en janvier 2006, par la crise du gaz russo-ukrainienne. Un risque qui sera plus important, en 2030, quand l'Europe devra importer 80 % de son gaz (contre 50 % en 2005), notamment de Russie.
La menace d'un retour d'une crise entre Moscou et Kiev, le prix élevé des hydrocarbures et les restrictions d'émissions de CO2 vont pousser à de nouveaux investissements dans les centrales au charbon dit "propre", à une relance des débats sur le nucléaire (amorcée en Grande-Bretagne et en Allemagne) et à "un accroissement des programmes d'innovation et d'économie d'énergie", note Capgemini. Le renforcement de l'efficacité énergétique permettrait à l'Union de ne pas consommer plus d'électricité en 2020 qu'aujourd'hui.
Ces besoins d'investissement confortent les acteurs des grands projets de fusion actuels de la pertinence de leurs opérations (E.ON-Endesa, Gaz de France-Suez). Mais elles risquent aussi de donner naissance à "des oligopoles qui iraient à l'encontre de l'intensification de la concurrence souhaitée par Bruxelles", remarque Mme Lewiner.
Les groupes d'énergie ont les moyens de leur volonté de puissance, avec "un trésor de guerre de plus de 90 milliards d'euros", révèle Capgemini. A lui seul, l'allemand E.ON disposait en 2005 de 51,4 milliards d'euros. GDF, un peu vite ravalé au rôle d'acteur de second rang arrive en deuxième position avec 11,8 milliards, soit deux fois plus qu'en 2004, devant l'italien Enel (9 milliards), qui a réaffirmé, lundi, son intérêt pour le marché français, et Suez (4,9 milliards). Premier électricien européen, EDF n'arrive qu'en huitième position (1,5 milliard).
Jean-Michel Bezat
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- ktche
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Une boîte qui vit principalement des projets d'investissements des "grands comptes" donne ce conseil d'ami de relancer... les investissements. Cela serait risible si ce n'était tragique.
Extrait de la synthèse citée par Tiennel
Extrait de la synthèse citée par Tiennel
A propos de Capgemini
Capgemini, un des leaders mondiaux du conseil, des services informatiques et de l’infogérance, a développé une façon
unique de travailler avec ses clients, appelée «Collaborative Business Experience» et basée sur les capacités de dialogue et
de collaboration que lui reconnaissent ses clients. Plus qu’une philosophie, le «Collaborative Business Experience» est un
mode de travail qui renforce l’engagement de Capgemini vis-à-vis de ses clients. En définissant conjointement les
objectifs, en mettant en place des processus simples et plus efficaces, en partageant les risques comme les expertises, en
structurant des équipes communes, Capgemini aide les entreprises à mettre en place des stratégies de croissance, à
développer leurs technologies et à prospérer.
Dernière modification par ktche le 24 oct. 2006, 22:00, modifié 1 fois.
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C'est plutôt pour l'anecdote, ce qu'ils proposent. On se souvient que tout le monde aux US pensaient que le prix élevé de l'essence était dû aux faibles capacités de raffinage, pas mises a jour depuis les années 70. Et à votre avis, pourquoi n'ont-elles pas été augmentées ?Une boîte qui vit principalement des projets d'investissements des "grands comptes" donne ce conseil d'ami de relancer... les investissements. Cela serait risible si ce n'était tragique.
Mais ce qui importe, c'est de se souvenir que de nombreux scénarios (les moins "jolis") prévoient dans les toutes dernières phases (mois, années, plus ?) des coupures de plus en plus nombreuses et longues. Or, on observe ce phénomene en Chine, en Inde, on l'a vu dans le Nord-Est US en 2003, en Californie en 2000... Mauvais augure. Si vous êtes en train de vous préparer, maintenant est probablement le moment de mettre un coup de boost.
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J'ai déjà indiqué sur ce forum les différences importantes de situation entre la France et les Etats-Unis.tanguy a écrit :Or, on observe ce phénomene en Chine, en Inde, on l'a vu dans le Nord-Est US en 2003, en Californie en 2000... Mauvais augure. Si vous êtes en train de vous préparer, maintenant est probablement le moment de mettre un coup de boost.
Quand à la Chine, faudrait quand même pas trop se moquer de nos électriciens.
Trop de mépris entraîne des méprises - Phyvette, ca 2007.
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- Brut lourd
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Les lois de la physique y sont sensiblement les memes, le bon sens aussi: Lorsque la demande depasse la production, coupures. Partielles, tournantes, temporaires, mitigees par des efforts de baisse de conso, mais coupures quand-meme.J'ai déjà indiqué sur ce forum les différences importantes de situation entre la France et les Etats-Unis.
Je ne me moque de personne, j'ai juste lu a plusieurs endroits que la Chine souffrait de coupures nombreuses ces derniers temps.Quand à la Chine, faudrait quand même pas trop se moquer de nos électriciens.
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Re: L'Europe à la merci d'une pénurie d'électricité, (CapGem
N'y aurait il pas méprise sur l'emploi du terme "charbon propre" ?Le Monde a écrit :La menace d'un retour d'une crise entre Moscou et Kiev, le prix élevé des hydrocarbures et les restrictions d'émissions de CO2 vont pousser à de nouveaux investissements dans les centrales au charbon dit "propre"...
« Sauf événements majeurs, la probabilité est forte que le prix du baril redescende vers 30 dollars l’an prochain. » Thierry Desmaret, Le Figaro, novembre 2004
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- Brut lourd
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Crois-moi, je suis parfaitement au courant. Mais malgres tout, qu'est-ce qu'on observe? Des penuries sont a craindre en France aussi...Le réseau en France est bien meilleur qu'aux Etats-Unis et plus souvent entretenu.
Aux Etats-Unis, ils ont un réseau de transport de l'électricité assez vétuste et en plus pas bien entretenu.
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C'est vrai, Internet, en bon sucesseur d'Arpanet, est sensé résister à un attaque nucléaire, mais est-ce que ça résiste au PO, au black out ou tout simplement à la fin du monde ?
Le vrai drame existentiel est que le jour où ça arrivera nous ne pourrons même pas venir ici et dire nous l'avions prévu !
Le vrai drame existentiel est que le jour où ça arrivera nous ne pourrons même pas venir ici et dire nous l'avions prévu !
- Tiennel
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- Inscription : 12 mars 2005, 00:37
Sans tomber dans le catastrophisme, Google n'est qu'une société privée, en pleine croissance sur un business model fragile (publicité) avec tous les risques que cela comporte.
Une simple récession pourrait mettre Google en faillite et après, on pourrait tout d'un coup trouver Internet beaucoup plus fouillis...
Une simple récession pourrait mettre Google en faillite et après, on pourrait tout d'un coup trouver Internet beaucoup plus fouillis...
Méfiez-vous des biais cognitifs
- Malmedy
- Goudron
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- Inscription : 28 août 2006, 21:39
- Localisation : Belgique
Dans ma rue on a connu 2 coupures de courant aujoud'hui.
Ce matin alors que le jour n'était pas levé. Pas facile d'avoir les enfants pret pour l'école quand il fait noir !
A midi quand le repas n'était pas encore chaud. On a manger du pain !
Je peu vous dire que ça fait réfléchir. C'est pratiquement insupportable !
Motif la rue était provisoirement alimentée par un goupe électrogène qui a laché pour cause de surcharge.
Ce matin alors que le jour n'était pas levé. Pas facile d'avoir les enfants pret pour l'école quand il fait noir !
A midi quand le repas n'était pas encore chaud. On a manger du pain !
Je peu vous dire que ça fait réfléchir. C'est pratiquement insupportable !
Motif la rue était provisoirement alimentée par un goupe électrogène qui a laché pour cause de surcharge.