Ca ressort !
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Aux Pays-Bas, Shell fait le plein contre lui
La firme pétrolière est poursuivie par une plainte collective de vingt-six fonds de pension.
par Sabine CESSOU
QUOTIDIEN : samedi 14 janvier 2006
Amsterdam de notre correspondante
Le Fonds national de retraite des fonctionnaires néerlandais (ABP), le plus gros fonds de retraite européen, a lancé le 6 janvier un procès peu ordinaire contre Shell. Dans une class action procédure unique regroupant des plaintes identiques déposée auprès d'un tribunal américain, ABP réclame 150 millions de dollars (124 millions d'euros) au géant pétrolier. L'objectif : obtenir le maximum en dommages et intérêts, après les fausses déclarations de Shell sur ses réserves de pétrole, entre 1999 et 2000. Le scandale avait éclaté en janvier 2004, lorsque le géant pétrolier anglo-néerlandais avait admis avoir exagéré de 20 % ses réserves prouvées. Dans la frénésie de vente qui avait suivi sur les places financières, Shell avait perdu 15 milliards de dollars en valeur boursière.
Détermination. Pour remplir les conditions d'une class action, une plainte collective, ABP a fédéré les vingt-cinq fonds de retraite de fonctionnaires et d'enseignants qu'il représente aux Pays-Bas. Couronné deux années de suite, en 2003 et 2004, par le prix du «meilleur fonds de retraite européen» décerné par le magazine Investment and Pension Europe, ABP n'a pas la réputation de plaisanter avec l'argent de ses membres. Sa détermination paraît manifeste, dans les 150 pages du dossier déposé le 6 janvier devant un tribunal du New Jersey par le cabinet d'avocats américains Grant & Eisenhofer Partners.
Outre Shell sont aussi poursuivis devant la justice américaine l'ancien PDG du groupe sir Mark Moody-Stuart, de même que l'actuel PDG, Jeroen Van der Veer, et trois autres anciens dirigeants, sans oublier les sociétés d'audit KPMG et PricewaterhouseCooper (PWC), accusées de «fausses déclarations».
Silence. Shell, par ailleurs sous le coup d'une class action d'actionnaires américains, a déjà versé 99 millions de dollars (81,8 millions d'euros) à certains de ses actionnaires, dans des règlements à l'amiable de contentieux liés à l'affaire des fausses réserves. La multinationale a réagi à l'attaque d'ABP en annonçant son intention de se défendre «vigoureusement». Silence radio, en revanche, du côté de KPMG et PWC.