ben y a de tout, et ça reproduit à peu près l'éventail des réactions sur ce forum. J'ai lancé la discussion des coûts comparés du RC et de se passer de fossiles sur un forum interne au labo (après qu'on ait eu des messages pour relayer l'info sur une table ronde "Quelles relations entre scientifiques et décideurs"
https://www.osug.fr/grand-public/rendez ... deurs.html
qui tombait très bien dans le sujet. J'ai dit que peut etre les décideurs avaient besoin de chiffres simples pour se décider, comme justement comparer les coûts du RC et de la transition énergétique, et que le problème c'est que personne n'était capable de les chiffrer vraiment, et que ça pouvait expliquer qu'ils ne décidaient pas grand chose.
A partir de là coup de pied dans la fourmilière , plusieurs typologies comme ici :
* a la plupart se taisent prudemment et ne participent pas au débat. Ca les ébranle mais ils ne savent pas quoi répondre, mais pas d'hostilité non plus.
* les plus investis commencent à réagir comme les célébrités que j'ai contactés, envoyer des liens sur le rapport du GIEC. Je leur réponds pareil, que les rapports du GIEC c'est très indigeste, que personne ne le lit en détail (QUI a déjà lui soigneusement un chapitre entier d'un rapport du GIEC ici ?), et que donc on ne peut pas demander aux décideurs qui sont pour la plupart non scientifiques de faire ce boulot, ils ont besoin de chiffres simples. Et je leur dit "ben puisque vous semblez avoir lu à fond le GIEC alors vous en tirez quelle conclusion sur les coûts ?" Certains battent en retraite, d'autres commencent à argumenter à ta façon, sans répondre sur le fond mais en commençant à m'attaquer personnellement et en détournant le sujet . Mais bon comme par ailleurs les gens qui me connaissent bien savent que je suis plutot gentil, pas agressif, et plutot calme et rationnel dans la vie, c'est difficile de me faire passer pour un facho ou un débile. Je réponds calmement aux messages agressifs (comme ce que je fais maintenant) et j'essaie de recadrer le sujet. Mais je sens bien (comme chez toi, Nemo, ou Kercoz ) le conflit entre des positions affectives qu'ils n'arrivent pas à abandonner et l'impossibilité de trouver des contre-arguments rationnels, contradiction qu'ils ne peuvent exprimer que par des attitudes agressives.
* certains (une minorité ) me disent en privé qu'ils sont d'accord avec moi mais que c'est devenu impossible d'en discuter, et ils préfèrent éviter de s'exprimer publiquement.
C'est intéressant comme expérience de sociologie et de psychologie d'observer comment un groupe réagit à une situation de stress et comment la population se répartit. C'est assez comparable aux français sous l'occupation, 1% de résistants, 1% de collabos, et 98 % qui ne prennent pas franchement parti et attendent de voir comment ça va tourner. là les gens sont des scientifiques donc il sont quand même habitués à une certaine reationalité et ne peuvent pas dire n'importe quoi, mais certains réagissent quand même en disant "oui mais tu veux tout mesurer mais c'est impossible et des fois il faut agir sans avoir toutes les informations" (ce qui est une manière implicite d'admettre qu'ils n'ont pas la réponse à la question initiale). Je leur fais remarquer que c'était en gros ce que les partisans de Raoult disaient sur l'emploi de l'HCQ et que dans ce cas ils ne partageaient pas du tout cet avis, et qu'en l'occurrence ils avaient raison : il n'y a aucune raison d'agir si on ne sait pas si l'action n'aurait pas plus de conséquences négatives que ce qu'on veut éviter.
En fait les deux crises (covid et Ukraine) m'aident grandement parce que dans le premier cas, les partisans de l'orthodoxie (comme toi) avaient des arguments assez rationnels, en appliquant assez correctement les principes d'une analyse bénéfice risque, mais du coup ils se retrouvent pris en défaut quand j'applique la même logique au climat : je leur dis : mais on n'aurait jamais prescrit les vaccins si on n'avait pas pu mesurer leur efficacité et leur innocuité (qui n'était pas totale, ce qui a conduit par exemple à ne pas les recommander pour les très jeunes enfants en France (où leur état de santé général semble meilleur qu'aux US). Donc vous êtes bien d'accord qu'avant d'agir il faut avoir des infos sur l'analyse coût bénéfice ? Et à l'inverse, ce qu'on reprochait à Raoult, c'était bien d'avoir agi sans avoir ces informations suffisamment précises ? et là ils sont coincés...
La crise ukrainienne me permet de dire : ben si c'est si facile que ça de se passer de fossiles , pourquoi une telle panique face aux menaces de pénurie ? si les chiffres des dégâts du RC sont de moins de 1% du PIB, et que se passer quasiment totalement de fossiles coûte réellement moins que ça, donc nettement moins que 1%, alors avoir une rupture d'approvisionnement de 10 ou 15 % de l'ensemble de la consommation énergétique, ça devrait etre absolument indolore et rentrer dans les marges d'incertitude de l'estimation de la croissance, donc en gros ça devrait ne rien nous faire du tout, pourquoi donc c'est pas du tout ça qu'on observe ?
et là encore, soit pas de réponse, soit réponses agressives ne répondant pas à la question.