L’OMC espère enfin avoir l’Inde de son côté pour l’accord sur les subventions à la pêche
Afin de lutter contre les subventions contribuant à la surcapacité et à la surpêche, un accord sur la pêche pourrait être conclu, lors la 13e conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce à Abou Dabi, du 26 au 29 février.
L’économiste Christine McDaniel explique que des recherches récentes démontrent que les pêcheurs indiens souffrent d’une surpêche subventionnée par de grands navires étrangers. | OMC
avec AFP. le 24/02/2024 Le marin
Ces derniers mois, les discussions à Genève ont permis de faire avancer le projet de texte sur les subventions à la pêche. À l’approche de la 13e conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui se tiendra du lundi 26 au jeudi 29 février 2024 à Abou Dabi, l’Inde fait souvent figure d’ élément perturbateur , s’étant déjà opposée à un projet d’accord bien engagé en 2017.
En demandant une longue période de transition, elle marche à contre-courant des gouvernements poids lourds des subventions mondiales (assumées à 58 % par la Chine, l’Union européenne, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon), fait remarquer l’économiste Christine McDaniel, qui dirige l’initiative Future Fisheries Management au sein du Mercatus Center de l’Université George-Mason aux États-Unis, lors d’un entretien avec l’AFP. Le texte constitue un grand pas dans la bonne direction. Mais si les pays en développement, comme l’Inde, étaient exemptés de suivre les règles de l’accord pendant 25 ans, cela nuirait à l’efficacité de l’ensemble de l’accord , regrette l’économiste.
Selon elle, les intentions de l’Inde restent ambiguës. Il n’est pas clair s’ils ne veulent vraiment pas conclure cet accord ou s’ils essaient simplement d’obtenir une monnaie d’échange pour négocier dans d’autres domaines , explique Christine McDaniel. Pourtant, le pays bénéficierait directement de cet accord, puisqu’elle se dit victime de la surpêche pratiquée par de grands navires étrangers subventionnés, par exemple chinois, pêchant dans leurs eaux ou aux alentours. Les pêcheurs indiens indépendants et les communautés côtières locales sont en première ligne pour subir les conséquences de cette surpêche.
« Une excellente opportunité de devenir leader du Sud »
Par ailleurs, de nombreux pays des Caraïbes s’opposent à cette longue période de transition. Si l’Inde veut vraiment être un leader des pays du Sud, elle devrait saisir cette excellente opportunité de défendre les nations côtières qui sont des pays en développement victimes des grandes flottes étrangères.
Dans tous les cas, la ratification de l’accord ne sera un succès que si la mise en œuvre suit. Et le maître mot est la transparence, annonce la chercheuse Un système de déclarations volontaires ne fonctionnent pas. Les pêcheurs ont besoin d’informations aisément accessibles sur les stocks de poissons qui sont surexploités et sur ceux qui ne le sont pas […] et les citoyens méritent que leurs gouvernements fassent preuve de transparence sur les accords d’accès (à leurs eaux N.D.L.R.) qu’ils signent avec des bateaux de pêche étrangers.
Ces négociations, en cours depuis plus de vingt ans, arriveront peut-être à bout, à Abou Dabi, cette semaine.