L’eau sera le principal atout de la Russie dans l’ère post-p

Discussions concernant les conséquences sur l'environnement de la course aux ressources.

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tom
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L’eau sera le principal atout de la Russie dans l’ère post-p

Message par tom » 28 déc. 2006, 21:18

L’eau sera le principal atout de la Russie dans l’ère post-pétrole
Le rapport 2006 des Nations Unies sur le développement humain recommande de considérer l’accès à l’eau douce comme un droit de l’homme. Les prévisions à long terme sont en effet plutôt inquiétantes : dans moins de vingt ans, 40 % des habitants de la planète seront confrontés à un grave déficit en eau et, entre 2025 et 2035, la consommation mondiale d’eau douce atteindra les limites des ressources disponibles.

Cette situation est annonciatrice d’une crise globale gravissime, car la concurrence en matière d’utilisation des ressources hydrauliques peut conduire à des conflits armés, à des actes de terrorisme "hydraulique", à de véritables guerres. Au cours des cinquante dernières années, on dénombre 37 conflits liés à l’eau. Dans le même temps, plus de 200 accords interétatiques ont été conclu concernant l’utilisation des ressources en eau. Le spectre des "guerres hydrauliques" pourrait cependant être écarté si l’humanité parvenait à mettre en place un système de coopération rationnelle et fiable dans cette sphère.

Tous les Etats ne disposent pas d’importantes réserves naturelles d’eau. Environ 90 % de la population mondiale vivent dans des pays qui doivent partager leurs ressources hydrauliques avec leurs voisins. De ce point de vue, la Russie bénéficie d’une situation privilégiée. Elle est riche en eau douce et occupe la seconde place dans le monde (derrière le Brésil) pour le volume de ses réserves naturelles. On recense sur son territoire 2,5 millions de cours d’eau et plus de 3 millions de lacs, dont les réserves cumulées sont estimées à 26 000 kilomètres cubes.

Aujourd’hui, la Russie n’utilise pour ses besoins que 2 % de ses réserves d’eau. Elle peut donc aisément les partager avec d’autres pays. D’ici 30 ou 40 ans, l’eau pourrait bien remplacer le pétrole en Russie et devenir la principale source de revenus de son budget.

Il ne s’agit pas, bien entendu, d’exporter de l’eau "brute" comme cela se fait pour le pétrole. En matière d’utilisation de l’eau, la loi du rendement décroissant intervient : le coût du transport des volumes nécessaires aux industries, à l’agriculture, aux besoins des particuliers s’accroît considérablement dès lors que l’on franchit les frontières du bassin d’origine.
Cet accroissement substantiel du coût du transport est l’une des principales raisons qui rendent impossible de commercialiser l’eau dans les mêmes conditions que le pétrole. A de rares exceptions, les marchés de l’eau ne pourront jamais être envisagés autrement que dans le cadre des bassins aquatiques. Pour atténuer la pénurie d’eau dans les pays où elle se fait déjà sentir il convient en premier lieu de mettre en place des technologies économes, de renoncer aux industries "aquavores", ce qui signifie le remplacement de leurs produits par des importations.

Il est donc rationnel et avantageux pour la Russie de passer aux nouvelles technologies d’utilisation efficace, économe et écologique de l’eau. Ce sont ces procédés qui vont se développer activement sur le marché mondial au fur et à mesure que s’aggravera le déficit global en eau. Je tiens à souligner qu’il s’agit du marché des produits issus de productions aquavores et non des matières premières. Pour que la Russie soit présente sur ce marché en tant que vendeur il ne suffit pas de disposer d’importantes réserves naturelles. Il importe surtout d’y inclure les industries qui consomment de l’eau. Et là, les perspectives pour la Russie sont très intéressantes. Parmi les industries aquavores figurent la production d’électricité, la sidérurgie et la métallurgie, la production de papier et de cellulose, de polymères chimiques, ainsi que l’agriculture. Dans tous ces domaines, la Russie est en mesure de réussir et de devenir un gros exportateur.

Seuls les pays disposant d’un surplus de ressources en eau pourront intervenir sur ce marché. A part la Russie, cela concerne le Canada, le Brésil, l’Australie. La restructuration de l’économie mondiale qu’implique le danger d’une crise mondiale de l’eau place ces Etats dans une situation particulièrement favorable puisque la croissance de la demande et des prix sur le marché des produits aquavores est inéluctable. Les exportateurs de ces produits se retrouveront dans une situation aussi prospère que celle que connaissent actuellement les exportateurs de pétrole. Il est donc très probable que les productions consommatrices d’eau seront l’axe dominant de l’économie russe dans l’ère post pétrole.
La menace de crise globale de l’eau, qui s’accompagne d’une hausse des prix de l’eau à l’échelle régionale et des prix des produits aquavores à l’échelle mondiale, ralentira certainement la croissance de la consommation d’eau. La question est de savoir quelles en seront les conséquences économiques, sociales et politiques. La réponse sera différente selon que cette limitation sera imposée par les aléas du développement économique et social face auxquels notre civilisation restera impuissante ou qu’elle sera le résultat d’actions réfléchies visant à assurer le développement durable de notre civilisation dans un contexte de déficit global en eau douce.

La communauté internationale a donc intérêt à veiller à ce que les ressources en eau, là où elles existent, soient utilisées de manière pleinement efficace. La question de la sécurité hydraulique au niveau national devra donc être abordée sous deux aspects : satisfaction des besoins de l’économie nationale et utilisation efficace des réserves excédentaires en fonction des besoins de la communauté mondiale. L’intérêt est réciproque : l’eau et les produits aquavores seront fournis aux pays qui en ont besoin, quant au pays exportateur il utilisera efficacement ses ressources en eau, les commercialisera sur le marché mondial et en tirera des bénéfices équitables. Reste à savoir si les élites (économique, administrative, politique) sauront bien défendre les intérêts de la Russie.

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