Birdy a écrit :Et bien voilà, tout le monde abat ses cartes. Donc, si par exemple 50 généticiens se disent sceptiques contre 10 climatologues qui pensent le contraire, il y a tout lieu de ne rien faire qui pourrait entraver notre mode de vie pépère ? Très Allegreto-Exxonien comme philosophie.
Je reviens sur ce point. Le problème, c'est bien de lire ce que disent les climatologues (pour le climat). Et aussi les généticiens quand on parle de sujets génétiques, bien sûr.
Par un étrange retournement de situation, on va se retrouver en 2007 avec un rapport GIEC/IPCC qui paraîtra presque "sceptique" par rapport à l'air du temps. Ce dernier est désormais rythmé par le catastrophisme médiatique à base d'énoncés assez fantaisistes climatiquement parlant (Al Gore, Nicholas Stern, etc.), d'études très minoritaires dans leur domaine (Overpeck, Otto-Bliesner, etc.), d'analyses très courtes avec de nouveaux instruments mal calibrés (GRACE et le Groenland, SeaWiFS et le phytoplancton, etc.). Le problème est qu'il devient ainsi impossible pour un "non-initié" de distinguer le vrai du faux, le très probable du très improbable, etc.
On peut évidemment balayer tout cela d'un revers de la main en adoptant la posture (la conviction) : s'il existe un risque, même minime, le principe de précaution doit s'appliquer. La discussion est alors close, il existe forcément des risques.
Mais on mesure vite les limites de cette approche extrême du principe de précaution. Il existe par exemple des risques épidémiologiques évidents et nombreux en situation de globalisation : doit-on dans ce cas interrompre net la libre circulation des biens et des hommes pour restaurer les quarantaines systématiques à toutes les frontières ? Ce serait sage si l'on veut circonscrire le sida, la grippe, la tuberculose, la malaria, l'hépatite, le chikungunya... et plus encore prévenir de nouvelles émergences plus graves encore. Le plus sage et le plus simple serait d'ailleurs d'empêcher quiconque de sortir d'un périmètre défini à l'avance, de manière optimale, par de bons modèles épidémiologiques.
Le risque étant à mon avis inhérent à toute activité humaine (surtout collective), on doit proportionnaliser la réponse à son évaluation. Et là, justement, on ne peut plus balayer d'un revers de la main les débats sur l'analyse précise du risque climatique. Prendre une mesure importante face à un risque faible ou une mesure faible face à un risque important sont deux manières symétriques de se tromper. Et les mesures en question représentent elles aussi de nouveaux risques (surtout quand elles sont importantes).
J'envisage pour ma part que les sceptiques soient dans l'erreur (logique si l'on est sceptique), j'aimerais simplement que mes interlocuteurs alarmistes en fassent de même. Mon discours n'est pas : "tout cela est une conspiration des lobbies écolos et nucléaires contre le bonheur spontanément sécrété par le capitalisme occidental", mais plus simplement : "la compréhension scientifique actuelle du climat ne suffit pas à légitimer des mesures importantes". Et cette dernière proposition est indépendante de la question énergétique.