Emissions de GES durant l'extraction du gaz naturel

Discussions concernant les conséquences sur l'environnement de la course aux ressources.

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Tiennel
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Emissions de GES durant l'extraction du gaz naturel

Message par Tiennel » 30 oct. 2006, 09:45

Quelqu'un a-t-il déjà estimé les quantités totales de GES dégagées par l'amont pétrolier et gazier à l'échelle mondiale ? Ce que souligne diogene est assez effrayant :
diogene a écrit :Je rappelle pour ceux qui auraient loupé le fil que bon nombre de champs de gaz contiennent de plus en plus de CO2 équivalent, entre 20 et 35%. Dans le golfe de Thailande, on envoie tout ça dans l'atmosphère. 4 million de tonnes par an pour un tout petit champ ridicule. Alors le CO2 qui sera produit quand on brulera le gaz, pftt!
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GillesH38
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Message par GillesH38 » 30 oct. 2006, 13:01

ca parait assez simple, un CH4 donnant en brulant exactement un CO2, le pourcentage de CO2 libéré lors de l'extraction (par rapport à celui libéré lors de la combustion) est exactement la proportion en CO2 du gaz initial dans le gisement....
Zan, zendegi, azadi. Il parait que " je propage la haine du Hamas".

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Glycogène
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Message par Glycogène » 30 oct. 2006, 13:15

Attention, il n'y a pas que du CH4 et du CO2 à la sortie du puit : SO2, H2S, N2, He, H2O...

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Message par diogene » 30 oct. 2006, 13:41

Les 35% du champs sur lequel on planche sont 35% de CO2 équivalent. Ca regroupe d'autres trucs comme le méthane, mais je ne suis pas assez costaud sur le sujet pour dire exactement ce qu'il en est.

Pour répondre à Gilles, il semble que la teneur en CO2 était beaucoup plus faible auparavant, en gros que le gaz extrait était beaucoup plus propre. Une fois nettoyé, je pense que la proportion de CO2 émise durant la combustion est la même, qu'il s'agisse d'un gaz propre ou d'un gaz nettoyé.

La question est de savoir comment est comptabilisée cette émission de CO2 à l'extraction.

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Message par Environnement2100 » 30 oct. 2006, 15:07

Les puits à 35 % de CO2 sont rares en proportion parce que... on ne les a pas exploités jusqu'à maintenant.

L'exploitation du gaz est une mode récente, puisqu'il était, en règle générale, considéré pour une valeur nulle et brûlé sur place jusqu'en 1973, sans intérêt et non exploité seul jusqu'en 80.

Encore récemment, quand on tombait sur des puits à 35 % de CO2, on les fermait. Je subodore que les puits dont parle Diogène sont connus et identifiés depuis fort longtemps (>15 ans). Cela est également valable pour les puits à H2S, etc.

Ce n'est que parce que le pétrole a pris de la valeur, que le gaz a pris de la valeur. Aujourd'hui on va donc exploiter tout ce qu'on a sous la main, y compris des puits à CO2 (et à H2S, etc.).

Si le gaz représente pifométriquement 5 % de ce qui est brûlé, et les puits à CO2 représentent 5 % des puits, et la concentration en CO2 moyenne de ces puits représentant 5 % de ce qui précède...

Encore une fois, ce sujet est connu et identifié de longue date ; sans avoir les calculs sous les yeux, je suppose que le calcul des émissions CO2 dans l'atmosphère en tient compte ; j'ai signalé certaines opérations pétrolières qui réinjectent le CO2 dans le gisement, non pas pour protéger la planète, mais bien pour regonfler ce dernier.

Ces opérations sont les seules AMC qui démontrent la faisabilité technique et financière de la séquestration du CO2 en "grandes" quantités.
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Message par diogene » 31 oct. 2006, 04:25

Bien sur, on n'a pas encore exploite les champs a 35%. C'est ce qu'on commence a faire, la Thailande va etre a court de gaz et veut developper tout ce qui est possible. Cette tendance n'est pas prete de s'inverser.

Je rappelle que Lacq a debute en 1951. Le gaz n'a pas attendu 1980 pour etre exploite.

Le probleme, c'est quand on pompe du gaz a 5% de CO2, on n'a que 5% a envoyer a l'atmosphere ou a reinjecter. Quand cette proportion passe a 35% et que la solution choisie est l'envoi dans l'atmosphere, le probleme est un peu different.

Le probleme est connu de longue date, certes, mais pas de tout le monde.

Si l'Europe paye pour injecter le CO2 sur des champs norvegiens, ce n'est pas pour augmenter la production (la methode est plus que controversee) mais bien par souci pour l'environnement. Pour le petrolier, ce jeu n'est pas rentable.

Ce n'est pas parce qu'il est possible de reinjecter le CO2 que cette operation est facile et maitrisee. S'il fallait qu'on le fasse sur le projet sur lequel je travaille, il y a fort a parier qu'il serait abandonne.

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Message par Environnement2100 » 31 oct. 2006, 11:27

diogene a écrit :Ce n'est pas parce qu'il est possible de reinjecter le CO2 que cette operation est facile et maitrisee.
Disons que la chose a été faite, en vraie grandeur, éventuellement dans des coins "difficiles", et dans des conditions techniques et financières identifiées : c'est déjà beaucoup, dans la mesure où quasiment personne d'autre que les pétroliers ne l'a fait.

Les pétroliers, ou plutôt leurs petits camarades de CGGet consort, sont sans doute ceux qui connaissent le mieux la croûte terrestre et ses propriétés physico-chimiques.

Ces réalisations aideront à pousser les autres gros producteurs de CO2 à séquestrer, c'est quand même plus facile quand on peut leur mettre sous le nez des réalisations de grande envergure.

Les gros producteurs de CO2 :
- centrales fuel (s'il en reste)
- centrales au charbon
- cimenteries
- sidérurgie
- CTL
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Message par diogene » 31 oct. 2006, 14:17

E2100, on est sur la production de CO2 pendant extraction, c'est à dire avant que le gaz n'arrive chez le consommateur, EdF ou autre.
Sur les nouveaux champs, de plus en plus pourris, on en aura mis 35% dans l'atmosphère avant qu'on ne commence à le bruler.

CGG maitrise la croute terrestre, ils ne maitrisent pas la technologie de séparation ni celle de la réinjection.

Je ne me place pas du point de vue économique mais du point de vue énergie. La séparation et la réinjection diminuent l'EROEI. Il est déjà bien maigrichon, il sera bientôt grabataire.

Il faudrait savoir, un jour on nous dit que les gros consommateurs sont les transports et le chauffage et quand il s'agit des gros producteurs de CO2, on sort les centrales, cimenteries, acieries et autres. Quoi qu'il en soit, c'est déjà difficile de réinjecter le CO2 sur place désqu'on l'a séparé du gaz propre, prendre le CO2 à la sortie des cheminées d'une acierie, le compresser pour l'emmener sur la plateforme qui va le réinjecter, chapeau le gars qui va nous faire ça les doigts dans le nez, les mains dans les poches.

Et pour finir, la sempiternelle question, "Dans quel but doit-on coûte que coûte extraire du gaz?".

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Message par energy_isere » 31 oct. 2006, 15:48

diogene a écrit :....Et pour finir, la sempiternelle question, "Dans quel but doit-on coûte que coûte extraire du gaz?".
pour satisfaire le consommateur . :-D

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Message par Environnement2100 » 31 oct. 2006, 16:59

diogene a écrit :Il faudrait savoir, un jour on nous dit que les gros consommateurs sont les transports et le chauffage et quand il s'agit des gros producteurs de CO2, on sort les centrales, cimenteries, acieries et autres.
Bonne question.

Les vilains consommateurs ponctuels de calories sous toutes les formes possibles sont bien les ceux du secteur habitat-tertiaire : ils sont d'autant plus vilains qu'on ne peut en aucun cas leur demander de piéger le CO2 qu'ils génèrent : les quantités ponctuelles sont trop faibles.

En revanche, tous les producteurs que j'ai cités sont de gros producteurs de CO2 ponctuels, pour lesquels il est envisageable, techniquement et financièrement, de séquestrer.

Il y aura donc bien des réponses très différentes pour chaque secteur, type d'intervenant, pays, etc.
Quoi qu'il en soit, c'est déjà difficile de réinjecter le CO2 sur place désqu'on l'a séparé du gaz propre, prendre le CO2 à la sortie des cheminées d'une acierie, le compresser pour l'emmener sur la plateforme qui va le réinjecter, chapeau le gars qui va nous faire ça les doigts dans le nez, les mains dans les poches.
Je n'ai pas dit que c'était facile, ni réalisable sur tous les terrains : il faut quand même aller chercher une cavité adaptée. Mais techniquement c'est pas un problème, ce n'est jamais qu'un peu de génie chimique et un peu de géologie bien maîtrisés.

Ce qu'on appelle le "gaz de haut-fourneau" est piégé en quantités considérables et valorisé depuis des lustres, éventuellement à des dizaines de km de son point de création : il n'y a pas que des mauvaises nouvelles.
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Message par Tiennel » 31 oct. 2006, 22:39

Je ne vois pas pourquoi le gaz de haut fourneau illustre pour toi la faisabilité du piégeage géologique du CO2.

Le gaz de haut-fourneau est pour moi un mélange de CO, de CO2, de H2 et probablement d'autres joyeusetés qu'on incinère à proximité des aciéries pour récupérer chaleur et énergie mécanique (et électrique). Mais le CO2 qui est finalement dégagé part gentiment dans l'atmosphère.
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Message par Environnement2100 » 01 nov. 2006, 01:21

Juste pour montrer que le piégeage de gaz, quels qu'ils soient, en quelque quantité que ce soit, et quelque température que ce soit, c'est non seulement courant, mais ancien.
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Message par diogene » 01 nov. 2006, 03:44

Nous en etions sur ce fil a l'emission de gaz a effet de serre AVANT production au consommateur.
Nettoyer le gaz de plus en plus sale n'est pas chose courante et c'est nouveau. Quand on a bien transpire pour lui retirer le CO2, on n'a pas envie de transpirer encore pour renvoyer celui-ci d'ou il vient. La solution de facilite c'est la torche, et ca, ce n'est pas tres glorieux.

C'est tout ce qu'on voulait dire.

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