Libération : le baril bientôt à 85$ ?
Publié : 18 avr. 2006, 17:53
Dans Libé :
Moncef Kaabi, économiste spécialiste des matières premières au sein du groupe Caisse d'épargne:
En cas de crise, «le baril de pétrole pourrait atteindre les 85 dollars»
onséquence du bras de fer entre l'Iran et la communauté internationale : la flambée du baril autour de 70 dollars. Téhéran n'a cessé de souffler le chaud et le froid, affirmant un jour sa volonté d'être un fournisseur fiable, évoquant le lendemain la menace d'une paralysie du détroit d'Ormuz qu'il contrôle en partie. Moncef Kaabi, économiste spécialiste des matières premières chez CDC Ixis (groupe Caisse d'épargne), détaille les conséquences possibles de la crise.
«L'Iran produit 4 millions de barils par jour, ce qui représente 4,7 % de la production mondiale, et en exporte plus de la moitié, en particulier vers l'Asie (1,4 million de baril par jour) et l'Europe (0,8 million). L'arrêt des exportations toucherait donc de plein fouet ces deux régions du monde, mais aussi les autres pays, comme les Etats-Unis, en raison de la hausse des prix. Certes, à la fin de l'hiver, la demande de pétrole ralentit, mais, en cas de suspension de ses exportations, il pourrait manquer aux alentours d'un million de barils par jour sur le marché. D'après nos calculs, si les 2,6 millions de barils iraniens venaient à manquer, le prix du brut pourrait grimper, presque mécaniquement, à plus de 80 dollars le baril, peut-être même 85 dollars.
«Les pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ont actuellement des capacités de production disponibles : 1,5 million de barils par jour pourraient être produits au bout d'un mois et demi. Seulement, rien ne dit que l'Opep souhaitera relever ses quotas. Ce qui est sûr, c'est que le blocage du détroit d'Ormuz, sur lequel l'Iran a déjà laissé planer la menace et qu'il est tout à fait capable de réaliser, serait une catastrophe totale. Ce sont entre 15 et 16 millions de barils qui transitent par ce détroit tous les jours, sur les 84 millions produits dans le monde. 20 % de la production mondiale, notamment en provenance de l'Arabie Saoudite, du Koweït, de l'Irak et des pays du Golfe, serait bloquée par l'Iran. Fermer le détroit d'Ormuz, c'est aussi condamner tous ces pays, et je ne sais pas si l'Iran est prêt à s'y risquer en cas d'escalade militaire.»