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par Raminagrobis » 26 févr. 2013, 15:44
hop j'ai fait un petit résumé sur la question pour un autre fofo.
L'obsolescence, programmée ou non, peut être de quatre types:
1* Par disfonctionnement : l'appareil est grillé, cassé, mort. Soit il n'est pas réparable par nature (exemple une ampoule) soit il pourrait à priori être réparé, mais je préfère le remplacer, parce je ne peut le faire moi même (manque de connaissances et/ou de matériel) et que je ne le sens pas de le faire réparer : je ne sais pas où trouver un réparateur, ca va prendre du temps (alors qu'en remplaçant j'aurais le nouvel appareil immédiatement), et surtout, ça risque de couter un prix comparable au remplacement.
2* Par incompatibilité. J'ai un nouveau téléphone portable. Je remplace aussi le chargeur. Pourtant l'ancien marche encore parfaitement, mais ce n'est pas la même prise ni la même tension d'alimentation. A l'inverse, on peut être amené à remplacer un objet parce que les pièces détachées ou les consommables (exemple cartouches d'encre pour une imprimante) ne se trouvent plus (le fabricant a arrêté la production, voire il a disparu).
3* Par disparition du besoin. Par exemple j'avais acheté il y a quelques années un GPS de voiture, il marche encore nickel, mais maintenant j'ai un smartphone qui intègre la fonction GPS... Du coup le GPS mio traine au fond d'un placard.
4* Par désuétude : l'objet marche encore, mais on le remplace parce que maintenant y'a un nouveau modèle qui est mieux, ou parait mieux... Ici il y a beaucoup de subjectivité, un rôle important de la mode et du marketting, alors que les 1-2-3 sont plus factuels.
Quand à savoir pourquoi on ne réparre plus guère certains objets, il y a des raisons techniques : aussi bien par une volonté délibérée des constructeurs d'inciter au remplacement, que par conséquence des efforts pour réduire les couts et les encombrements, les objets sont plus intégrés, plus difficile à ouvrir, les pièces plus difficiles à remplacer.
Mais la raison principale est économique.
Les réparations sont des services. Hors du fait de la hausse de la productivité dans l'industrie, et de la délocalisation des industries dans des pays à bas salaires, l'échelle des prix s'est modifiée en faveur des services. C'est à dire que si on regarde depuis 50 ans l'évolution du prix d'un bien matériel donné (mettons une roue de vélo) et l'évolution du prix d'un service donné (une coupe chez le coiffeur, une nuit d'hotel, un repas au restaurant), on constate que comparativement aux salaires, le prix du bien matériel n'a cessé de dégringoler, tandis que le prix du service a volé de record en record. Maintenant les objets valent des prix dérisoires par rapport aux services : par exemple un téléphone portable bas de gamme (ne faisant presque rien d'autre que la téléphonie, dit dumbphone) coute moins cher qu'un repas pour deux personnes dans un restaurant bon marché !
Du coup Les réparations deviennent souvent non rentables. Par exemple une souris d'ordinateur USB de base (à fil) coute maintenant le prix dérisoire de 7€. Du coup, si il y a une panne qui serait très facile à réparer (genre une soudure à refaire) on remplace, tout simplement parce que personne ne voudrait réparer ça pour 2 ou 3€, et pour un coup supérieur on se dit autant remplacer.
Jadis il y avait des rémouleurs qui parcouraient les villes. On leur confiait toutes les lames de la maison (couteaux de la cuisine, canif du fils boy-scout, ciseaux du nécessaire à couture) et ils réaiguisaient tout ça pour leur rendre leur tranchant.
Cette profession a quasiment disparu. Quand un couteau est émoussé, on le remplace, sauf pour ceux qui ont de la valeur (collection).
Ce n'est pas qu'il soit devenu impossible de réaiguiser les lames. On pourrait encore le faire (même si c'est un peu plus dur avec les lames en inox). Mais les ciseaux et couteaux de consommation courante sont tellement bon marché, que ca n'aurait plus d'intérêt économique. Pour que le rémouleur puisse gagner sa vie correctement, il devrait demander un prix déraisonnable par rapport au prix de vente des objets au supermarché.
Ca s'applique aussi aux réparations qu'on fait soi même. Il y a 50 ans, ma grand mère réparait les chaussettes de ses enfants quand il y avait des trous. Maintenant les chaussettes trouées, on les jette. Bon une famille en grande précarité (chomage de longue durée) va peut être encore les recoudre... Mais mes grand parents n'étaient pas dans la misère. Mon grand père était journaliste, et fut même en fin de carrière directeur de la rédaction d'un quotidien régional, il était en outre adjoint au maire. C'était tout à fait normal de recoudre des chaussettes à l'époque, même snas être pauvre.
Mais là aussi les chaussettes fabriquées au bengladesh sont tellement bon marché (5€ pour 3 paires) maintenant que plus personne ne fait ça. En outre, ma grand mère, comme l'immense majorité des femmes de sa génération, était mère au foyer, et pouvait donc passer du temps à ce genre de choses, maintenant les mères de familles travaillent.
La "programmation" de l'obsolescence par les fabricants intervient dans l'obsolescence de type, 1, 2 et 4. Certains vont jusqu'à concevoir la panne future : par exemple en mettant un consensateur vendu pour 10 volts par le fabricants de composant en condo de lissage sur une alim 12V. Ca marchera "un certain temps" avant de claquer... Ce n'est pas une mesure d'économie (un condensateur concu pour une tension supérieure ne couterait que quelques centimes d'euro de plus) mais bien une programmation de la panne.
Il y a assez peu de limitations légales contre ça. Dans certains cas il y a des lois, par exemple pour l'obsolescence de type 2 pour les voitures : le constructeur d'une voiture est dans l'obligation de fournir toutes les pièces détachées pour les voitures vendues dans les 10 dernières années. Ma voiture date de 2005 mais le modèle a été fabriqué jusqu'en 2009. Le constructeur est donc obligé de fournir les pièces jusqu'en 2019. En plus, la plupart des pièces ont été utilisées dans d'autres modèles encore vendus après 2009, ce qui repousse l'échéance.
Le monde du vélo, par exemple, est relativement épargné par tout ça. Par exemple j'ai un vieux VTC converti en vélo de ville. Le cadre doit avoir 15 ans. Comme les vieux freins cantilever n'étaient pas efficace, j'ai installé des V-brake shinano modernes. Ca freine beaucoup mieux. Et il n'y a pas eu de probleme pour les installer, tout reste compatible. Les v brake se sont mis gentiment dans les trous des étriers des canti, et les poignées se sont aussi adapté au guidon.
Un autre domaine épagné est celui des armes à feu. Non seulement un révolver datant d'avant la seconde guerre mondiale marche encore si il a été un minimum entretenu, mais on trouve encore des munitions.
Toujours moins.