Patrimoine : des panneaux de rues à côté de la plaque
PATRIMOINE. Cocasses ou affligeantes, les fautes sur panneaux sont fréquentes. La dernière erreur a été relevée à Brest où la rue Proudhon est devenue Proud'hon.
Par Vincent Mongaillard Le 20 avril 2016 leparisien
Tonnerre de Brest ! Dans la cité du Finistère, la « rue Proud'hon » s'est entichée d'une malheureuse apostrophe. La faute vient tout juste d'être révélée par « Ouest-France » mais avait été repérée il y a cinq mois par le maire, François Cuillandre (PS), qui sait très bien que le célèbre théoricien de l'anarchisme s'écrit « Proudhon ». Il aurait, dit-on, « sursauté » à la vue de la bévue. « L'erreur est humaine, elle vient du fait qu'en breton, la lettre h est souvent précédée d'une apostrophe », explique-t-on à l'hôtel de ville.
A l'origine de la boulette, « vraisemblablement » une mauvaise saisie par ses services du nom du penseur révolutionnaire qui a été transmise au concepteur de plaques. La bourde, qui n'aurait pas choqué « l'anar » du XIXe siècle sera corrigée ces prochaines semaines. « C'est important qu'on la répare, mais il n'y a pas d'urgence absolue. Les commandes sont globales, pas individuelles et ont lieu une à deux fois par an après appels d'offres », rappelle-t-on à la mairie.
La faute revient souvent à celui qui passe la commande
La commune bretonne n'est pas la seule à avoir écorché l'identité d'une personnalité ou sa fonction. En 2013, à Reims, ville alors socialiste, l'« esplanade François-Mitterand », avec un seul « r », avait fait couler beaucoup d'encre. A Tourcoing, Marseille ou Dijon, on a aussi été parfois à côté de la plaque. Il faut alors retirer le panneau et le remplacer. « Une plaque en émail coûte entre 50 et 60 EUR », estime-t-on chez le fabricant Signaux Girod.
La faute revient dans la très grande majorité des cas à celui qui passe commande. « C'est le client qui va signer le BAT, le bon à tirer, juste avant l'impression de la plaque et donc vérifier l'orthographe. C'est important car il y a parfois des noms qu'on ne connaît pas, surtout quand ce sont des personnalités locales », souligne Luc Doublet, président du conseil de surveillance de l'entreprise Doublet, spécialiste, entre autres, des plaques de rue.
Adressé par courriel, le BAT est validé par le maire, sa secrétaire ou un cadre du service voirie. Exceptionnellement, le couac peut venir du fabricant qui s'emmêle les pinceaux dans la retranscription. C'est ce qui est arrivé en janvier dernier dans la capitale, lors du dévoilement de la plaque non pas de rue mais en hommage aux victimes des attentats contre « Charlie Hebdo ». Le dessinateur Wolinski avait été immortalisé dans le marbre avec un « y » à la fin. « Le BAT était correct, c'est la société qui a gravé avec une faute », précise-t-on à la mairie de Paris.
En principe, jusque dans l'atelier, le fabricant est toujours sur ses gardes en matière de patronymes. « Si, lorsqu'on nous renvoie le BAT, l'orthographe nous paraît bizarre, on rappelle le client », décrit Landry Chiron, porte-parole de la société Lacroix City. Il n'y a pas que l'orthographe qui peut interpeller le personnel. « Récemment, on a eu une commande pour une zone industrielle d'une plaque boulevard des Cochonnes. On a cru que c'était une blague, mais en fait non ! »