Enquête sur la perte d'un sonar ultra-perfectionné
mer. avr. 19, 2006 6:32
Le ministère de la Défense penche pour la thèse d'un problème technique après la perte en mer de l'antenne d'un sonar ultra-perfectionné, fleuron de la défense sous-marine française.
Selon Le Canard enchaîné, le commandant de la frégate De Grasse a tenu à mettre le sonar à l'eau en dépit des mauvaises conditions météorologiques dans le golfe de Gascogne fin mars, lors d'un entraînement. Ses officiers, poursuit l'hebdomadaire satirique, auraient tenté de l'en dissuader.
Une enquête de commandement a été ouverte sur ce nouvel épisode embarrassant pour la marine française, deux mois après le fiasco du Clemenceau. Michèle Alliot-Marie devrait en avoir les résultats dans la soirée.
"Les premiers éléments montrent un problème technique de sortie du câble", a-t-elle déclaré à sa sortie du conseil des ministres.
"Il y a eu au retour, à la remontée, qui s'est faite dans des conditions de grosse mer (...), un problème technique puisque le filin est sorti de la réa dans laquelle il est", a-t-elle ajouté dans la cour de l'Elysée.
Pour le directeur du Sirpa-Marine, le service d'information de la Marine, le commissaire en chef Vincent Campredon, les premiers résultats de l'enquête "accusent les conditions météorologiques très défavorables dans le golfe de Gascogne plus qu'une décision inopportune du commandant".
BATAILLE NAVALE?
Il n'existe en France que deux exemplaires de ce sonar actif à très basse fréquence, composantes incontournables du Système de lutte anti-sous-marine (SLASM). Le second équipe la frégate jumelle du De Grasse, le Tourville.
"L'ensemble du programme (SLASM) vaut plus de 50 millions mais la partie qui est tombée vaut, à l'origine, trois millions d'euros", a déclaré Michèle Alliot-Marie.
L'antenne d'émission perdue mesure trois mètres de haut, cinq mètres de long et pèse dix tonnes. Elle ressemble à un gros poisson blanc et se trouve en temps normal à l'arrière de la frégate. Elle peut être descendue jusqu'à 300 mètres de fond pour repérer les sous-marins dans un rayon de plus de cent kilomètres.
Les sonars de ce type sont utilisés lors des patrouilles des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) français pour assurer la sûreté de la zone dans laquelle ils croisent. Ils participent également à la surveillance des porte-avions dans les zones délicates.
Pour le Canard enchaîné, cette "boulette" est un cauchemar pour la France et ses alliés de l'Otan. "La disparition de notre poisson de combat est une bonne nouvelle pour nos futurs ennemis experts en bataille navale", ironise le journal.
Des allégations réfutées en bloc au ministère de la Défense.
Non seulement la frégate De Grasse dispose toujours d'un "sonar de coque passif" qui pallie la perte du sonar actif mais quinze autres navires participent à la surveillance sous-marine, explique-t-on de source militaire.
"Les capacités stratégiques françaises tiennent encore bien la route", ajoute-t-on de même source.