La course à l'uranium menace les Touareg, selon un Français détenu au Niger
AFP - 12 octobre 2007 - Un réalisateur français, François Bergeron, qui a été détenu 45 jours au secret au Niger pour "complicité" avec les rebelles touareg, raconte comment la course à l'uranium dans ce pays menace les nomades du désert et appelle à soutenir les journalistes nigériens emprisonnés. M. Bergeron a été expulsé du Niger le 5 octobre, après une détention sans jugement, qu'il a voulu garder secrète pour préserver ses chances d'être libéré plus vite. De retour à Paris, il témoigne.
"En 2005, j'avais fait un film sur la condition des Touareg au Nord Niger, de l'indépendance à aujourd'hui. Certains sont aujourd'hui membres du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ, rébellion armée), j'ai voulu faire une suite et les rencontrer", explique-t-il à l'AFP. "Je ne suis pas un propagandiste". Pour lui, la résurgence d'une guérilla touareg et l'exploitation des richesses de l'uranium, dans le nord du pays, sont liées.
"Il y a une course pour exploiter l'uranium", raconte M. Bergeron. Le Niger, pays parmi les plus pauvres au monde, est le 3e producteur mondial de ce minerai convoité. "
Les Chinois, les Français, les Etats-Unis, les grande majors, tout le monde est désormais là", assure-t-il. La délivrance de permis d'exploration bat son plein. "Or les Touareg habitent là, il y a des camps, des puits, des zones de pâturages dans ces zones", une région qui risque d'être dévastée, selon lui. Le MNJ revendique notamment une meilleure répartition des richesses et un développement de cette région.
A la mi-août, le réalisateur se rend à Arlit pour tenter de rejoindre le MNJ dans les montagnes. "La ville était ceinturée par les militaires", se souvient-il. Il est arrêté à la sortie d'Arlit. Son passeport et sa caméra sont confisqués. Il est détenu quatre jours dans une petite baraque en fer : "Le commandant me protégeait des hommes de troupes, très excités". Le sentiment anti-français est vif. La société française Areva, premier groupe mondial de nucléaire civil, a été accusée de financer la rébellion par les autorités. Début août, le Niger a retiré le "monopole" que détenait depuis 40 ans Areva sur la prospection et l'exploitation de l'uranium.
M. Bergeron est transféré à Agadez, puis ramené à Niamey, la capitale. Là, il est placé dans une cellule de police. "Trois centimètres d'urine et d'excréments par terre, des prisonniers de droit commun nus, ligotés aux poignets et au cheville", raconte-t-il. Il est ensuite transféré à la gendarmerie. Il passera le reste de sa détention au secret, seul, dans un bureau transformé en cellule. "J'ai été bien traité", dit-il.
M. Bergeron est accusé d'atteinte à la sûreté de l'Etat et de complicité avec les rebelles, comme Moussa Kaka, qu'il a croisé rapidement durant sa détention. Ce journaliste, correspondant de RFI, est incarcéré depuis le 26 septembre. Un autre journaliste, Ibrahim Manzo Diallo, vient d'être arrêté.
"Il faut absolument que les médias internationaux soutiennent ces journalistes", martèle M. Bergeron. Pour lui, Niamey ne veut pas que des journalistes enquêtent sur le MNJ et expliquent que ce ne sont pas des brigands et des trafiquants de drogue -comme les accusent les autorités- mais des membres d'un "mouvement de rébellion aux revendications politiques".
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J'ai pousuivi mes recherches sur le net rapidement inquiété par ce qui risque de ce passer pour certains journalistes Nigériens mais bien plus grave pour les Thouareg qui risquent d' etre décimés prochainement.
Quelques liens:
http://occitan-touareg.over-blog.com/ca ... 55429.html
http://www.republicain-niger.com/
http://m-n-j.blogspot.com/2007_10_07_archive.html
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"À quelque chose, malheur est bon". Cette maxime, le président du Niger Mamadou Tandja pourrait en faire sienne. La rébellion touareg qui sévit depuis plusieurs semaines dans le nord du pays se révèle dans une certaine mesure pain bénit pour lui. Elle a en effet poussé Areva à faire un faux pas. Une erreur qui est tombée à point nommé pour les autorités nigériennes. Les cours de l’uranium s’envolent sur le marché mondial, et Niamey, qui supporte de moins en moins l’«arrogance » du groupe nucléaire français, souhaitait depuis un bon moment remettre en cause son omnipotence. Ainsi, Niamey a délivré plusieurs permis de recherches et d’exploitation d’uranium à des compagnies chinoises et canadiennes depuis la remontée des cours de l’uranium qui s’étaient effondrés dans les années 80, et surtout à la suite de la décision de la Chine de développer le nucléaire civil.
Néanmoins, Areva, numéro un mondial du nucléaire civil, détenait depuis quarante ans un quasi monopole sur la prospection, l’exploitation et la vente de l’uranium nigérien. Autant dire que l’entreprise française faisait la pluie et le beau temps au Niger, car l’uranium est le principal pourvoyeur de devises du pays. Près de la moitié de la production annuelle d’uranium du « géant » français du nucléaire provenait de deux gisements, l’un à ciel ouvert à Arlit (nord du pays) et l’autre à Akokan, près d’Arlit. L’imposant complexe industriel et militaire français bénéficiait ainsi d’un uranium à un prix défiant toute concurrence. Un tiers des centrales d’EDF (Électricité de France) fonctionnent avec l’uranium nigérien. Le Niger est le troisième producteur mondial d’uranium avec 9 % de parts de marché (chiffres 2003).
Un exemple du comportement un peu cavalier d’Areva avec Niamey. En 2006, à Paris, la société oppose avec condescendance une fin de non-recevoir à une mission conduite par Alélé El Hadj Abibou, ancien ministre des Affaires étrangères nigérien et actuel président du Conseil d’administration de la Comina (Compagnie minière d’Akouta, une filiale d’Areva). Mission dont le but était de renégocier à la hausse le prix de l’uranium payé à l’État nigérien par le groupe français. Une humiliation jamais digérée par Niamey. D’autant qu’en décembre de la même année, Areva organise une méga fête à Arlit pour célébrer l’extraction du soussol nigérien de la cent millième tonne du précieux métal. Des dépenses jugées somptuaires par beaucoup de Nigériens qui, de plus, ont ressenti ces «festivités » comme une provocation dans un pays classé parmi les plus pauvres au monde. C’est donc non sans une délectation certaine que Aïchatou Mindaoudou, la ministre nigérienne des Affaires étrangères déclare, début août 2007, à la télévision nationale: «Le Niger est déterminé à mettre en oeuvre une politique de diversification de ses partenaires, ce qui signifie que le monopole que détenait Areva dans notre pays est cassé. » En clair, Areva doit désormais partager sa rente de situation.
http://www.continentalmag.com/archives/ ... iger_areva
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Voir aussi:
http://www.targuinca.org/blog/index.php ... bservateur