Chine VS Japon

Impact de la déplétion sur la géopolitique présente, passée et à venir.

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Chine VS Japon

Message par lionstone » 16 juil. 2005, 18:09

L'exploitation du gaz naturel cristallise la tension entre Pékin et Tokyo

Tokyo : Regis Arnaud
[15 juillet 2005]

La tension est encore montée d'un cran entre Tokyo et Pékin. Objets de la querelle cette fois : les gisements de gaz naturel offshore en mer de Chine de l'Est, dans une zone à la territorialité disputée. Jeudi, le ministre japonais de l'Industrie, Shoichi Nakagawa, a accordé à la compagnie pétrolière Teikoku Oil un permis de forage exploratoire desdits gisements. Ceux-ci sont déjà forés depuis deux ans par des compagnies chinoises, à partir de plates-formes situées à 1,5 kilomètre de la limite de la zone économique exclusive (ZEE) nippone. Cette nappe de gaz s'étend probablement dans la ZEE de l'Archipel, qui s'estime lésé. «C'est comme un verre d'eau plein, que la Chine aspire d'un côté avec sa paille, mais que le Japon n'aspire pas», avait expliqué en avril Shoichi Nakagawa. Pékin a réagi fermement jeudi : «Si le Japon accorde délibérément des droits de forage à des entreprises privées, cela constituera une violation de la souveraineté de la Chine et compliquera la situation en mer de Chine orientale», a expliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Liu Jianchao.


Cette nouvelle dispute est très dangereuse, car elle concentre les deux pires sujets de friction entre le Japon et la Chine : l'accès aux ressources naturelles et la souveraineté maritime. De l'avis de plusieurs industriels du secteur, les gisements en question n'ont pas l'importance nécessaire pour justifier une telle crise. Mais ils ont valeur de symbole pour les deux puissances. «Teikoku Oil est téléguidé par le gouvernement. Les forages se feront sous l'oeil de la marine de guerre nippone, à portée de canon des vaisseaux chinois, de l'autre côté de la limite de la ZEE. Qui veut travailler dans de telles conditions ?», spécule le représentant d'un grand groupe pétrolier à Tokyo. Cette exploitation n'a même pas de sens économique tant la nappe est loin des côtes japonaises. De fait, Shoichi Nakagawa a indiqué benoîtement que les forages pourraient devenir un «projet d'Etat», donc financé par des fonds publics. «Le seul mérite de cette mer de Chine, c'est qu'on n'y trouve pas de pétrole, disait mon maître à la Sorbonne, Pierre Dabezies. Las, on y a trouvé du gaz !» se désole Michel Theoval, du Centre d'étude et de prospective stratégique à Tokyo. La lutte entre le Japon et la Chine sur leurs approvisionnements respectifs est en train de s'intensifier et on ne voit pas, puisque leurs besoins augmentent et que les ressources sont limitées, ce qui pourrait l'atténuer. Les compagnies pétrolières des deux pays sont à couteaux tirés dans le monde entier pour exploiter les gisements futurs.
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Message par MadMax » 21 sept. 2005, 19:50

CHINE
La Chine et le Japon s'affrontent pour le gaz de mer de Chine

Pressé par une demande énergétique grandissante, Pékin n'a pas hésité aujourd'hui à mettre en danger ses relations avec son voisin japonais en forant dans une zone maritime revendiquée par les deux pays.

La Chine n'entend pas donner le moindre répit à Junichiro Koizumi. Ses dirigeants n'auront patienté qu'une semaine après sa victoire législative, à la suite de laquelle le Premier ministre japonais avait répété son désir d'indépendance vis-à-vis de ses voisins asiatiques, pour le provoquer à nouveau. Après avoir déployé 5 navires militaires le 9 septembre dans une zone maritime contestée par les deux pays, ils ont en effet lancé aujourd'hui des opérations de forage. "Nous avons eu confirmation d'une flamme dans la cheminée de l'une des installations de forage installées par la Chine en mer de Chine orientale, a calmement expliqué le ministre japonais du commerce, Shoichi Nakagama. Nous ne savons si c'est du pétrole ou du gaz, mais nous avons eu confirmation qu'ils ont commencé à creuser."

Le mois dernier, CNOOC (China National Offshore Oil Corp), 3è groupe pétrolier chinois et leader national de la production off-shore, avait annoncé qu'il entamerait ses opérations de forage dans la zone à la fin de septembre. En juillet, Tokyo y avait de son côté accordé des droits de forage au producteur privé Teikoku Oil Co. La tension est d'autant plus vive que des prospections japonaises réalisées en 1999 avaient évalué la présence de 200 milliards de mètres cube de gaz naturel dans cette étendue maritime située dans le prolongement de l'archipel d'Okinawa et revendiquée par les 2 pays.

Les objectifs de l'opération chinoise s'avèrent aussi bien politiques qu'économiques. Les dirigeants pékinois entendent prouver à Junichiro Koizumi que sa victoire électorale ne les impressionne pas et n'a pas à leurs yeux renforcé sa stature. A cela s'ajoute un critère bien plus concret: la Chine a besoin d'énergie pour poursuivre son développement économique. Or, ce gisement représente 5 fois sa production de gaz de 2004, contre une consommation de 64,3 milliards de mètres cube, et la totalité d'une année de sa consommation de gaz estimée en 2020. Les récentes évaluations rendues publiques par le FMI et l'OCDE, confirmant le maintien au moins à court terme de la croissance chinoise aux alentours de 9% par an, crédibilisent l'explosion de sa demande.

Si le pétrole a souvent fait la une de l'actualité chinoise ces derniers mois, les responsables chinois ne sont pas restés inactifs dans le secteur du gaz naturel, qui couvrait en 2003 3% de la demande énergétique du pays. Leur principal succès international concerne un accord signé avant l'été avec l'Australie: le pays-continent leur fournira pour 25 milliards de dollars australiens (15,9 milliards d'euros) de gaz naturel au cours des 25 prochaines années.

Tritan de Bourbon, à Pékin.

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Message par MadMax » 21 sept. 2005, 20:18

ça me fait penser à un vieux (et bon !) jeu vidéo sur PC : Warcraft.

J'utilisais une technique assez vicieuse qui consistait à envoyer un petit groupe de péons construire des tours de garde (équipées de balistes ou de canons) à proximité des mines, en interdisant l'accès à l'adversaire qui, petit à petit, par manque de ressources, périclitait...

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Message par mahiahi » 21 sept. 2005, 20:19

MadMax a écrit :ça me fait penser à un vieux (et bon !) jeu vidéo sur PC : Warcraft.

J'utilisais une technique assez vicieuse qui consistait à envoyer un petit groupe de péons construire des tours de garde (équipées de balistes ou de canons) à proximité des mines, en interdisant l'accès à l'adversaire qui, petit à petit, par manque de ressources, périclitait...
Stratégie classique, utilisée aussi dans Dune2

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Message par lionstone » 22 déc. 2005, 10:26

Le Japon s'inquiète de la menace militaire "considérable" de la Chine
http://www.lefigaro.fr/perm/afp_depeche ... t7d09.html

Le ministre japonais des Affaires étrangères, Taro Aso, a mis en garde jeudi contre la "menace considérable" que commence à représenter la Chine, en raison de l'augmentation de son budget militaire et de ses armes nucléaires, une déclaration qualifiée d'irresponsable" par Pékin.

La Chine est "un pays voisin qui a un milliard d'habitants et qui possède des bombes nucléaires. Ses dépenses militaires enregistrent une croissance annuelle à deux chiffres depuis 17 années consécutives", s'est inquiété M. Aso. "Et la teneur de ces dépenses n'est pas transparente du tout", a déploré le chef de la diplomatie nippone. "Je pense que (la Chine) est en train de devenir une menace considérable", a souligné M. Aso.

Y a pas que la Chine


Les ventes d'armes en forte hausse
http://permanent.nouvelobs.com/economie ... S9568.html

La France reste l'un des principaux exportateurs d'armement mondiaux (9% du marché), et le deuxième européen derrière le Royaume-Uni 11,5%). Son marché se répartit principalement sur trois grands espaces: le Golfe arabo-persique, l'Union européenne et l'Asie.

Le marché demeure toutefois caractérisé par "une domination importante des Etats-Unis (60%) dont la place a tendance à s'accroître", tandis que la position européenne reste de l'ordre de 30% et que la Russie opère un retour "de façon très significative", d'après Jean-François Bureau.

Un monde brut j'vous dis...
Dernière modification par lionstone le 22 déc. 2005, 10:32, modifié 1 fois.
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Message par Tiennel » 22 déc. 2005, 10:32

Un petit coup d'oeil sur ce sitevous donnera l'idée de l'arsenal sous-marin dont dispose la Chine. Plus que ses armes nucléaires, la Chine a largement de quoi faire un blocus du Japon (on pense trop souvent à Taïwan, mais Taïwan "est" chinois, il suffit d'attendre dans l'esprit de Pékin pour que la frontière se redessine) même si les USA décident d'épauler les Nippons.
Quand le premier méthanier pètera, on saura que les choses sérieuses ont commencé...
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Message par lionstone » 22 déc. 2005, 10:36

Surtout s’il explose dans un port et que ce port à cessé d’exister sur la carte. Dans les faits l’énergie déployée étant égale à celle d’une explosion nucléaire, comment une puissance nucléaire réagirait-elle dans une attaque de cette ampleur ?
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Message par MadMax » 08 janv. 2006, 15:43

"Guerre du gaz": Chine et Japon craignent d'être les nouvelles victimes

AFP
[ dimanche 08 janvier 2006 - 11h22 ]



PEKIN (AFP) - La Chine et le Japon ont observé avec angoisse la "guerre du gaz" qui a opposé la Russie à l'Ukraine, de peur d'être victimes, eux aussi, de chantages à l'énergie.

"Contrôler l'énergie d'un pays revient à contrôler ses activités" : pour Hiroshi Watanabe, économiste basé à Tokyo pour l'Institut de recherche Daiwa, la confiance que porte l'Asie à la Russie "semble avoir été érodée du fait des menaces de réduction d'approvisionnement".

Moscou avait coupé en début de mois ses livraisons de gaz à l'Ukraine en raison d'un différend sur le prix du gaz exporté de Russie vers Kiev. Washington a récemment dénoncé une décision aux motivations "politiques", ce que Moscou a démenti.

Aujourd'hui, Tokyo et Pékin ont conscience d'être eux aussi vulnérables à une éventuelle détérioration de leurs relations avec la Russie. Deuxième producteur mondial de pétrole et détenteur des plus importantes réserves de gaz au monde, la Russie est une source essentielle d'approvisionnement pour l'Asie, grande dévoreuse d'énergie.

Le Japon assure ne pas être inquiet, mais sa dépendance croissante par rapport à l'énergie russe fait craindre que Moscou ne l'utilise, par exemple, dans le différend qui perdure sur 4 îles du sud de l'archipel des Kouriles occupées par l'Armée soviétique (puis russe) depuis la Seconde Guerre mondiale et revendiquées par Tokyo.

La Chine n'a pas de différend majeur avec la Russie, mais Moscou pourrait faire à Pékin ce qu'il a fait à Kiev "en cas de détérioration des relations", avertit Lim Tai Wei, membre de la Fondation du Japon.

Dans les années 1960, le divorce entre le Kremlin et la Chine avait poussé les soviétiques à abandonner leur coopération énergétique, laissant Pékin se débrouiller seul face à l'embargo américain.

La complexité du jeu diplomatique énergétique ne trouve pas de meilleure illustration que dans le projet russe de construire un oléoduc pour transporter le pétrole sibérien jusqu'à l'océan Pacifique.

Moscou a annoncé vendredi que sa construction, qui devrait coûter au moins 15 milliards de dollars, commencerait cet été. Il doit transporter 80 millions de tonnes par an sur 4.200 kilomètres.

Mais la Russie laisse planer le doute sur lequel des 2 puissants d'Asie aura la primeur des livraisons : le Japon, a assuré en novembre à Tokyo le président russe Vladimir Poutine, 2 mois après avoir affirmé que la Chine serait prioritaire.

La seule chose que Pékin et Tokyo puissent faire "est de continuer à travailler avec la Russie", mais "sans mettre tous leurs oeufs dans le même panier", explique David Zweig, expert à l'Université de science et de technologie de Hong Kong.

La Chine recherche activement des solutions de remplacement en ce qui concerne le gaz russe, dont l'importation de gaz naturel liquéfié (GNL) de Malaisie, d'Indonésie ou d'Australie.

Mais cette option est relativement onéreuse. "La question est de savoir comment équilibrer le risque politique et les cours élevés du GNL", explique Chi R. Zhang, expert pékinois de la société de consultants Cambridge Energy Research Associates.

Les Chinois ont réalisé l'importance de la sécurité énergétique lors de l'invasion américaine en 2003 de l'Irak, grand pays pétrolier s'il en faut. Pékin "a réalisé que l'ordre du jour des Américains n'avait rien à voir avec les armes de destruction massive, mais plutôt avec le contrôle des goulots d'étranglement de l'énergie mondiale", rappelle William Engdahl, auteur de "A Century of War" (un siècle de guerre), qui relate l'histoire du pétrole dans la politique internationale.

"La Chine a dès lors vraiment lancé une campagne agressive pour assurer sa sécurité énergétique", ajoute l'expert.

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Message par Loup Espiègle » 08 févr. 2006, 16:14

Pour ne pas mourrir idiot :smt042
Polémiques sur la succession impériale au Japon

Et ne me dites pas que vous êtes au courant.. :-D

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Message par TestadePibou » 08 févr. 2006, 16:34

Bien sûr que si, on est au courant, ma femme est Japonaise, je regarde NHK tous les jours.
J'avais justement envie de poster la-dessus: on discute du problème numéro 1 de l'humanité et il y en a d'autres qui discutent fille ou garçon. J'hallucine.
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Message par franck1968 » 28 févr. 2006, 20:51

La Chine et le Japon en compétition intense pour l’accès au pétrole russe


N. Stolojan


En 1959, la découverte d’importantes réserves de pétrole à Daquing (voir carte) dans la province NE de Manchourie, a permis à la Chine d’échapper à la dépendance énergétique de l’Union Soviétique et à résister aux pressions de son grand voisin pendant le long conflit qui a opposé les deux géants du cap socialiste à l’époque de la guerre froide. Mais actuellement les réserves du bassin de Daquing sont en voie d’épuisement et la Chine doit importer l’équivalent d’un tiers (environ 90 Mt.) de ses besoins en pétrole. Au rythme actuel de la consommation, les importations de pétrole pourraient atteindre 60 % des besoins de la Chine en 2030. Pour cette raison, la Chine a placé beaucoup d’espoirs dans le développement des champs pétroliers russes de Sibérie orientale qui pourraient contribuer de façon substantielle à satisfaire la demande sans cesse croissante du pays, et en particulier celle de sa zone côtière en plein boom économique.

Le problème pour la Chine c’est que le Japon a des visées similaires sur la même région de Russie, encore largement sous-développée et sous-explorée pour ses énormes ressources énergétiques de la région d’Angarsk, prés du lac Baikal (voir carte).


(Source : The Economist)





Actuellement, deux projets de pipeline sont en compétition, l’un chinois (voie Sud, Angarsk- Manzhouli- Daquing), l’autre japonais (Angarsk – Nakhodka, par le Nord du lac Baikal).

Le projet chinois prévoit que Daquing devienne le terminal d’un double pipeline (pétrole et gaz) de 2 300 km de long, grâce auquel la ville deviendrait le centre de raffinage du pétrole russe d’Orient. Ce pipeline pourrait fournir 20-30 Mt, soit jusqu’à un tiers des importations chinoises actuelles de brut. Le coût du projet est estimé à 2-3 milliards de dollars.

Le projet japonais, par la route du Nord, coûterait prés de 2 fois plus cher (5 milliards de dollars) et prendrait beaucoup plus de temps pour la construction. Il ferait aboutir le brut au port de Nakhodka, d’où il pourrait être exporté vers le Japon et d’autres marchés (Chine incluse). Pour les russes, le projet japonais présente néanmoins de grands avantages financiers, puisque les japonais seraient prêts à investir des milliards dans le développement de l’Extrême Orient, ainsi qu’à consentir d’importants avantages commerciaux puisque la vente du pétrole russe ne dépendrait plus d’un seul marché comme c’est le cas dans le projet chinois. Il serait théoriquement possible de raccorder la voie Nord à Daquing (voir pointillé en rouge sur la carte) mais d’une part cela serait extrêmement coûteux et d’autre part il n’est pas certain que le bassin pétrolier d’Angarsk – encore relativement peu exploré- suffise à ravitailler les deux destinations. D’ailleurs, quel que soit le projet de pipeline finalement choisi par les russes, le ravitaillement en pétrole au cours des premières années du projet devra se faire à partir de champs pétrolier déjà développés en Sibérie occidentale, alors que pétrole d’Angarsk n’a encore jamais été exploité commercialement. De nombreux observateurs pensent que la Russie a déjà choisi le projet japonais, sans l’annoncer officiellement, alors que le projet chinois a subi un grave revers avec l’affaire Yukos puisque son principal promoteur en Russie était justement Mikhail Khodorkovsky, Président de Yukos, actuellement en prison et inculpé de fraude fiscale et détournements de fonds.Quelles sont les alternatives qui se présenterait pour la Chine en cas d’échec du projet de pipeline Angarsk-Daqing ? La visite à mi-mai du président du Kazakhstan à Pékin pourrait voir la signature d'un accord portant sur la construction d’un pipeline de 1200 km reliant Atasu, au Kazakhstan, à Dushanzi au Xinjiang chinois. Ce projet d’environ 3 milliards de dollars pourrait démarrer l’été prochain, et pour une durée de quelques années il permettrait d’acheminer environ 20 millions de tonnes par an de pétrole kazakh vers le NW de la Chine. Par la suite, les chinois devraient construire au moins 3 à 4 000 km de pipeline supplémentaire pour acheminer le pétrole vers ses régions côtières, ce qui devrait coûter très cher.

Mais il semble bien que la Chine soit prête a payer n’importe quel prix pour assurer la sécurité de son approvisionnement énergétique en hydrocarbures. Pour preuve, le pays va inaugurer d’ici la fin de l’année un pipeline gazier de 4 000 km., entre Lunnan au Xinjiang et Shanghai (voir carte). Il s’agit d’un projet pharaonique qui a coûté 15 milliards de dollars et peu importe finalement que le prix du gaz livré à Shanghai soit plus élevé que celui d’autres combustibles accessibles sur place – mais pénalisé par ailleurs - tel que le charbon.

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Message par franck1968 » 28 févr. 2006, 20:52

La Chine et le Japon en compétition intense pour l’accès au pétrole russe


N. Stolojan


En 1959, la découverte d’importantes réserves de pétrole à Daquing (voir carte) dans la province NE de Manchourie, a permis à la Chine d’échapper à la dépendance énergétique de l’Union Soviétique et à résister aux pressions de son grand voisin pendant le long conflit qui a opposé les deux géants du cap socialiste à l’époque de la guerre froide. Mais actuellement les réserves du bassin de Daquing sont en voie d’épuisement et la Chine doit importer l’équivalent d’un tiers (environ 90 Mt.) de ses besoins en pétrole. Au rythme actuel de la consommation, les importations de pétrole pourraient atteindre 60 % des besoins de la Chine en 2030. Pour cette raison, la Chine a placé beaucoup d’espoirs dans le développement des champs pétroliers russes de Sibérie orientale qui pourraient contribuer de façon substantielle à satisfaire la demande sans cesse croissante du pays, et en particulier celle de sa zone côtière en plein boom économique.

Le problème pour la Chine c’est que le Japon a des visées similaires sur la même région de Russie, encore largement sous-développée et sous-explorée pour ses énormes ressources énergétiques de la région d’Angarsk, prés du lac Baikal (voir carte).


(Source : The Economist)





Actuellement, deux projets de pipeline sont en compétition, l’un chinois (voie Sud, Angarsk- Manzhouli- Daquing), l’autre japonais (Angarsk – Nakhodka, par le Nord du lac Baikal).

Le projet chinois prévoit que Daquing devienne le terminal d’un double pipeline (pétrole et gaz) de 2 300 km de long, grâce auquel la ville deviendrait le centre de raffinage du pétrole russe d’Orient. Ce pipeline pourrait fournir 20-30 Mt, soit jusqu’à un tiers des importations chinoises actuelles de brut. Le coût du projet est estimé à 2-3 milliards de dollars.

Le projet japonais, par la route du Nord, coûterait prés de 2 fois plus cher (5 milliards de dollars) et prendrait beaucoup plus de temps pour la construction. Il ferait aboutir le brut au port de Nakhodka, d’où il pourrait être exporté vers le Japon et d’autres marchés (Chine incluse). Pour les russes, le projet japonais présente néanmoins de grands avantages financiers, puisque les japonais seraient prêts à investir des milliards dans le développement de l’Extrême Orient, ainsi qu’à consentir d’importants avantages commerciaux puisque la vente du pétrole russe ne dépendrait plus d’un seul marché comme c’est le cas dans le projet chinois. Il serait théoriquement possible de raccorder la voie Nord à Daquing (voir pointillé en rouge sur la carte) mais d’une part cela serait extrêmement coûteux et d’autre part il n’est pas certain que le bassin pétrolier d’Angarsk – encore relativement peu exploré- suffise à ravitailler les deux destinations. D’ailleurs, quel que soit le projet de pipeline finalement choisi par les russes, le ravitaillement en pétrole au cours des premières années du projet devra se faire à partir de champs pétrolier déjà développés en Sibérie occidentale, alors que pétrole d’Angarsk n’a encore jamais été exploité commercialement. De nombreux observateurs pensent que la Russie a déjà choisi le projet japonais, sans l’annoncer officiellement, alors que le projet chinois a subi un grave revers avec l’affaire Yukos puisque son principal promoteur en Russie était justement Mikhail Khodorkovsky, Président de Yukos, actuellement en prison et inculpé de fraude fiscale et détournements de fonds.Quelles sont les alternatives qui se présenterait pour la Chine en cas d’échec du projet de pipeline Angarsk-Daqing ? La visite à mi-mai du président du Kazakhstan à Pékin pourrait voir la signature d'un accord portant sur la construction d’un pipeline de 1200 km reliant Atasu, au Kazakhstan, à Dushanzi au Xinjiang chinois. Ce projet d’environ 3 milliards de dollars pourrait démarrer l’été prochain, et pour une durée de quelques années il permettrait d’acheminer environ 20 millions de tonnes par an de pétrole kazakh vers le NW de la Chine. Par la suite, les chinois devraient construire au moins 3 à 4 000 km de pipeline supplémentaire pour acheminer le pétrole vers ses régions côtières, ce qui devrait coûter très cher.

Mais il semble bien que la Chine soit prête a payer n’importe quel prix pour assurer la sécurité de son approvisionnement énergétique en hydrocarbures. Pour preuve, le pays va inaugurer d’ici la fin de l’année un pipeline gazier de 4 000 km., entre Lunnan au Xinjiang et Shanghai (voir carte). Il s’agit d’un projet pharaonique qui a coûté 15 milliards de dollars et peu importe finalement que le prix du gaz livré à Shanghai soit plus élevé que celui d’autres combustibles accessibles sur place – mais pénalisé par ailleurs - tel que le charbon.

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Message par Tiennel » 28 févr. 2006, 21:03

Source (et carte) : http://www.mineralinfo.org/Lettres/L2004/L0405.htm
Article un peu vieux (juin 2004)
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Message par franck1968 » 28 févr. 2006, 21:16

Salut Tiennel

crois tu qu'il y a des sujet un peu vieux sur des projets à 15 milliards de dollards et dont il faut des années pour les mettre en oeuvre ?
Est ce que le contexte actuel est il le même que en 2004 ?

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Message par Tiennel » 28 févr. 2006, 21:22

Je n'ai pas suivi en détail mais je crois que les Japonais ont gagné (ça doit dater de fin 2004-début 2005), à moins d'un rebondissement ultérieur.

Par ailleurs, je crois avoir lu que le gazoduc flambant neuf qui devait alimenter Shanghai est branché sur un gisement qui est en train de se tarir et qu'il ne fonctionnera jamais à pleine capacité... Ce qui renforce l'appétit chinois pour du gaz russe !
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