Il semble qu'il s'agisse d'un conflit à la fois ethnique (Touaregs contre Africains Noirs) et géostratégique : l'uranium produit dans la région. Pour résumer, nous sommes au Mali pour empêcher les islamistes touaregs de perturber l'extraction de l'uranium au Niger. Le gouvernement français se contrefiche de savoir si les Touaregs ont un Etat à eux ou pas, la ligne rouge a été franchie par les Touaregs lorsqu'ils ont pris la ville de Konna et menacé Bamako.
Je ne pense pas que l'Islam soit la raison majeure du conflit : dans la région, ils sont tous musulmans. L'opposition méchants Touaregs fanatiques pro-Al Qaïda, contre gentils Maliens musulmans modérés, ne tient pas la route.
Nos voisins européens ne sont pas très chauds pour nous aider au Mali. C'est compréhensible : l'implosion du Mali est au moins partiellement une conséquence de la guerre en Libye, guerre apparemment décidée tout seuls comme des grands par Bernard-Henri Lévy et Sarkozy, qui ont tenu dans l'ignorance jusqu'au dernier moment Alain Juppé, qui était pourtant ministre des Affaires Etrangères.
L'un des motifs de cette guerre, qui a déstabilisé un Etat arabe certes dictatorial mais qui fonctionnait à peu près bien, aurait été de réduire au silence Kadhafi, qui aurait donné à Sarko 50 miilions d'euros pour sa campagne électorale de 2007. On peut penser ce qu'on veut de cette histoire, mais elle ne sort pas de la bouche de n'importe qui. Elle provient, entre autres, d'un ancien Premier ministre libyen, et aussi de Ziad Takieddine, ex-très bon ami de Jean-François Copé et Brice Hortefeux.
Enfin, Kadhafi aurait été assassiné par un libyen
agent des services secrets français. L'accusation a été faite par Mahmoud Jibril, ancien Premier ministre du gouvernement transitoire libyen.
Omrane Ben Chaabane, le Libyen qui a tué Kadhafi, a été blessé par la suite par des partisans de Kadhafi et est mort de ses blessures dans un hôpital parisien, ce qui tendrait à confirmer la thèse de ses liens particuliers avec les services secrets français : il n'est pas habituel que des combattants libyens aillent se faire soigner à Paris aux frais du contribuable français.
Précisons que, selon le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, la mort de Kadhafi pourrait constituer un crime de guerre. Un crime de guerre dans lequel la France serait impliquée.
Vu comme ça, avec toutes ces zones d'ombre, on comprend pourquoi la France ne fait rien pour que le fils de Kadhafi et l'ancien Premier ministre de Kadhafi, prisonniers en Libye où ils sont maltraités, soient jugés par un tribunal international : ils pourraient parler et mettre Sarkozy, et ceux qui étaient aux manettes avec lui à l'époque, dans l'embarras...
On comprend aussi pourquoi nos voisins européens préfèrent nous laisser nous démerder au Mali, en nous accordant un soutien minimal (essentiellement logistique). Ils ne sont pas là pour payer la facture de nos conneries.
Les gagnants, dans cette affaire, ce sont Bachar Al-Assad et ses alliés russes et iraniens : la France combat les extrémistes sunnites au Mali, elle ne va pas aller se battre à leurs côtés en Syrie contre les chiites du clan Al-Assad... Bachar Al-Assad aurait, paraît-il, contribué à faire chuter Kadhafi en donnant son numéro de téléphone portable aux services secrets français. Finalement, il a arrangé ses propres affaires en contribuant, involontairement, à créer un deuxième front à des milliers de kilomètres de chez lui pour occuper les Occidentaux et ses ennemis sunnites (dont font partie Al-Qaïda, le Qatar, l'Arabie Saoudite, etc).